Sommaire :

Manuel d'économie politique

Sommaire détaillé du manuel

Les théories économiques (extrait)

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Numérisé dans son intégralité par mes soins, cet ouvrage indispensable est disponible au format PDF en téléchargement. Ce manuel est idéal pour assimiler les bases de l’économie politique marxiste-léniniste. Publié juste avant l’expurgation des œuvres de Staline, il contient les enseignements essentiels de l’expérience de l’édification du socialisme en URSS. Sa troisième partie comporte néanmoins quelques erreurs (comme l’appréciation anti-matérialiste du régime social en Yougoslavie et en Chine) ou omissions (concernant les apports de l’ouvrage de Staline « Les Problèmes économiques du socialisme en URSS », à l’exemple de l’absence du thème de l’introduction de l’échange direct de produits entre l’industrie et les kolkhozes), illustrant le début du triomphe de l’influence révisionniste au sein du PCUS. Cette version du manuel ne comporte cependant pas encore de modifications importantes touchant à la base de la compréhension de l’économie politique du socialisme telles qu’elles seront introduites dans la troisième édition du manuel en 1958, consécutivement à l’introduction en 1957-1958 des premières réformes du « socialisme de marché » dans l’économie soviétique.

V.G., le 05/02/2006

« Les économistes et les hommes politiques bourgeois présentent l'exportation des capitaux comme une « aide » et un « bienfait » qu'apporteraient les pays capitalistes développés aux peuples retardataires. En réalité, l'exportation des capitaux, tout en accélérant le développement des rapports capitalistes dans les pays retardataires, conduit en même temps à l'asservissement et au pillage systématique de ces pays par les monopoles étrangers. L'exportation des capitaux constitue une des bases du système de l'oppression impérialiste, dans lequel de riches pays-usuriers exploitent une grande partie du globe. Par suite de l'exportation des capitaux, le monde est partagé en une poignée d'Etats-usuriers et une immense majorité d'Etats-débiteurs. (...) Les défenseurs de la bourgeoisie présentent la domination impérialiste sur les colonies comme une « mission civilisatrice », ayant soi-disant pour objet d'amener les peuples retardataires sur la voie du progrès et d'un développement autonome. En réalité, l'impérialisme voue les pays coloniaux et dépendants au retard économique, et les centaines de millions d'habitants de ces pays à une oppression et à une servitude sans nom, à la privation de droits et à la misère, à la famine et à l'ignorance. » (Chapitre XVIII)

 

 

Sommaire détaillé du manuel :

Préface de la première édition (p. 5)

Préface de la deuxième édition (p. 6)

Introduction (p. 7)

PREMIÈRE PARTIE — Les modes de production précapitalistes (p. 12)

Chapitre I — Le mode de production de la communauté primitive : L'apparition de la société humaine — Les conditions de la vie matérielle dans la société primitive. Le perfectionnement des instruments de travail — Les rapports de production dans la société primitive. La division naturelle du travail — Le régime de la gens. Le droit maternel. Le droit paternel — Les débuts de la division sociale du travail et de rechange — L'apparition de la propriété privée et des classes. La désagrégation de la communauté primitive — Les représentations sociales à l'époque primitive  — Résumé (p. 12)

Chapitre II — Le mode de production fondé sur l'esclavage : La naissance de l'esclavage — Les rapports de production de la société esclavagiste. La situation des esclaves — Le développement de l'échange. Le capital commercial et le capital usuraire — L'aggravation des contradictions du mode de production esclavagiste — La lutte de classe des exploités contre leurs exploiteurs. Les révoltes d'esclaves. La fin du régime de l'esclavage  — Les conceptions économiques de l'époque de l'esclavage — Résumé (p. 19)

Chapitre III — Le mode de production féodal : L'avènement de la féodalité — Les rapports de production de la société féodale. L'exploitation du paysan par le seigneur — La ville médiévale. Les corporations. Les guildes des marchands — Les classes et les castes de la société féodale. La hiérarchie féodale — Le développement des forces productives de la société féodale — La naissance de la production capitaliste au sein du régime féodal. Le rôle du capital marchand — L'accumulation primitive du capital. L’expropriation violente des paysans. L’accumulation des richesses — Les révoltes des serfs. Les révolutions bourgeoises. La chute du régime féodal  — Les conceptions économiques de l'époque féodale — Résumé (p. 28)

DEUXIEME PARTIE — Le mode de production capitaliste (p. 45)

A — Le capitalisme prémonopoliste (p. 45)

Chapitre IV — La production marchande. La marchandise et la monnaie : La production marchande est le point de départ et le trait général du capitalisme — La marchandise et ses propriétés. Le double caractère du travail incorporé dans la marchandise — Le temps de travail socialement nécessaire. Le travail simple et le travail complexe — L’évolution des formes de la valeur. Le caractère de la monnaie — Les fonctions de la monnaie – L’or et le papier-monnaie — La loi de la valeur est la loi économique de la production marchande — Le caractère fétiche de la marchandise — Résumé (p. 45)

Chapitre V — La coopération capitaliste simple et la manufacture : La coopération capitaliste simple — La phase manufacturière du capitalisme — Le mode capitaliste du travail à domicile — Le rôle historique de la manufacture — La différenciation de la paysannerie. Le passage de l’économie fondée sur la corvée à l’économie capitaliste — La formation du marché intérieur pour l’industrie capitaliste — Résumé (p. 57)

Chapitre VI — La phase du machinisme sous le capitalisme : Le passage de la manufacture à l’industrie mécanique — La révolution industrielle — L’industrialisation capitaliste — le développement des villes et des centres industriels. La formation de la classe des prolétaires — La fabrique capitaliste. La machine comme moyen d’exploitation du travail salarié par le capital — La grande industrie et l’agriculture — La socialisation capitaliste du travail et de la production. Les limites de l’usage des machines en régime capitaliste — Résumé (p. 64)

Chapitre VII — Le capital et la plus-value. La loi économique fondamentale du capitalisme : La base des rapports de production en régime capitaliste — La transformation de l’argent en capital — La force de travail en tant que marchandise. La valeur et la valeur d’usage de la marchandise force de travail — La production de plus-value est la loi économique fondamentale du capitalisme — Le capital en tant que rapport social de production. Le capital constant et le capital variable — Le taux de la plus-value — Deux moyens d'augmentation du degré d'exploitation du travail par le capital. La plus-value absolue et la plus-value relative — La plus-value extra — La journée de travail et ses limites. La lutte pour sa réduction — La structure de classe de la société capitaliste. L'Etat bourgeois — Résumé (p. 73)

Chapitre VIII — Le salaire : Le prix de la force de travail. La nature du salaire — Les formes principales du salaire — Les systèmes de salaires de surexploitation — Le salaire nominal et le salaire réel — La baisse du salaire réel en régime capitaliste — La lutte de la classe ouvrière pour l'augmentation des salaires — Résumé (p. 84)

Chapitre IX — L'accumulation du capital et la paupérisation du prolétariat : La production et la reproduction — La reproduction capitaliste simple — La reproduction capitaliste élargie. L'accumulation du capital — La composition organique du capital. La concentration et la centralisation du capital — L'armée industrielle de réserve — La surpopulation agraire — La loi générale de l'accumulation capitaliste. La paupérisation relative et absolue du prolétariat — La contradiction fondamentale du mode de production capitaliste — Résumé (p. 93)

Chapitre X — Le cycle et la rotation du capital : Le cycle du capital. Les trois formes du capital industriel — La rotation du capital. Le temps de production et le temps de circulation — Le capital fixe et le capital circulant — Le taux annuel de la plus-value. Les méthodes d'accélération de la rotation du capital — Résumé (p. 102)

Chapitre XI — Le profit moyen et le prix de production : Les coûts de production capitalistes et le profit. Le taux du profit — La formation du taux moyen du profit et la transformation de la valeur des marchandises en prix de production — La baisse tendancielle du taux de profit — Résumé (p. 107)

Chapitre XII — Le capital commercial et le profit commercial : Le profit commercial et sa source — Les frais de circulation — Les formes du commerce capitaliste. Les Bourses de marchandises — Le commerce extérieur — Résumé (p. 114)

Chapitre XIII — Le capital de prêt et l'intérêt de prêt. La circulation monétaire : Le capital de prêt — L'intérêt et le bénéfice d'entrepreneur. Le taux d'intérêt et sa tendance à la baisse — Les formes de crédit. Les banques et leurs opérations — Les sociétés par actions. Le capital fictif — La circulation monétaire des pays capitalistes — Résumé (p. 119)

Chapitre XIV — La rente foncière. Les rapports agraires en régime capitaliste : Le régime capitaliste de l'agriculture et la propriété privée de la terre — La rente différentielle — La rente absolue. Le prix de la terre — La rente dans l'industrie extractive. La rente sur les terrains à bâtir — La grande et la petite production agricole — L'aggravation de l'opposition entre la ville et la campagne — La propriété privée de la terre et la nationalisation de la terre — Résumé (p. 126)

Chapitre XV — Le revenu national : Le produit social total et le revenu national — La répartition du revenu national — Le budget de l'Etat — Résumé (p. 137)

Chapitre XVI — La reproduction du capital social : Le capital social. La composition du produit social total — Les conditions de la réalisation dans la reproduction capitaliste simple — Les conditions de la réalisation dans la reproduction capitaliste élargie — Le problème du marché. Les contradictions de la reproduction capitaliste  — Résumé (p. 143)

Chapitre XVII — Les crises économiques : Le fondement des crises capitalistes de surproduction — Le caractère cyclique de la reproduction capitaliste — Les crises agraires — Les crises et l'aggravation des contradictions du capitalisme — La tendance historique du développement du capitalisme. Le prolétariat, fossoyeur du capitalisme — Résumé (p. 149)

B. — Le capitalisme monopoliste ou impérialisme. (p. 157)

Chapitre XVIII — L'impérialisme, stade suprême du capitalisme. La loi économique fondamentale du capitalisme monopoliste : Le passage à l'impérialisme — La concentration de la production et les monopoles. Les monopoles et la concurrence — La concentration et les monopoles dans les banques. Le nouveau rôle des banques — Le capital financier et l'oligarchie financière — L'exportation des capitaux — Le partage économique du monde entre les unions de capitalistes. Les monopoles internationaux — L'achèvement du partage territorial du globe entre les grandes puissances et la lutte pour un nouveau partage — La loi économique fondamentale du capitalisme monopoliste — Résumé (p. 157)

Chapitre XIX — Le système colonial de l'impérialisme : Le rôle des colonies dans la période de l'impérialisme — Les colonies, réserves de produits agricoles et de matières premières pour les métropoles — Les méthodes d'exploitation coloniale des masses laborieuses — La lutte des peuples coloniaux pour la libération nationale — Résumé (p. 170)

Chapitre XX — La place historique de l'impérialisme : L'impérialisme, dernier stade du capitalisme — L'impérialisme, capitalisme parasite ou pourrissant —  L’impérialisme, prélude de la révolution socialiste —  Le capitalisme monopoliste d'Etat — La loi de l'inégalité du développement économique et politique des pays capitalistes à l'époque de l'impérialisme et la possibilité de la victoire du socialisme dans un seul pays — Résumé (p. 177)

Chapitre XXI — La crise générale du capitalisme : L'essence de la crise générale du capitalisme — La première guerre mondiale et le début de la crise générale du capitalisme — La victoire de la Grande Révolution socialiste d'Octobre et la scission du monde en deux systèmes : capitaliste et socialiste — La crise du système colonial de l'impérialisme — L'aggravation du problème des marchés, la sous-production chronique des entreprises et le chômage chronique de masse — L'aggravation des crises de surproduction et les modifications dans le cycle capitaliste — Résumé (p. 185)

Chapitre XXII — L'aggravation de la crise générale du capitalisme. Après la deuxième guerre mondiale : La deuxième guerre mondiale et la deuxième phase de la crise générale du capitalisme — La formation de deux camps sur la scène internationale et la désagrégation du marché mondial unique — L'aggravation de la crise du système colonial de l'impérialisme — L'accentuation du développement inégal du capitalisme. L'expansion de l'impérialisme américain — La militarisation de l'économie des pays capitalistes. Les modifications dans le cycle capitaliste — L'accentuation de la paupérisation de la classe ouvrière des pays capitalistes — Le renforcement de la domination des monopoles dans l'agriculture des pays capitalistes et la ruine de la paysannerie — Résumé (p. 195)

Théories économiques de l'époque du capitalisme : L'économie politique bourgeoise classique — La naissance de l'économie politique vulgaire — L'économie politique petite-bourgeoise — Les socialistes utopistes — Les démocrates révolutionnaires en Russie — La révolution accomplie par K. Marx et F. Engels en économie politique — Le déclin de la science économique bourgeoise. L'économie politique bourgeoise contemporaine — La critique petite bourgeoise de l'impérialisme — Les théories économiques des opportunistes de la IIe Internationale et des socialistes de droite contemporains — Le développement par Lénine de l'économie politique marxiste du capitalisme. L'élaboration d'une série de nouvelles thèses de l'économie politique du capitalisme par Staline (p. 207)

TROISIÈME PARTIE — Le mode de production socialiste (p. 223)

A. — La période de transition du capitalisme au socialisme (p. 223)

Chapitre XXIII — Les principaux traits de la période de transition du capitalisme au socialisme : La révolution prolétarienne et la nécessité d'une période de transition du capitalisme au socialisme — La dictature du prolétariat, instrument de la construction d'une économie socialiste — La nationalisation socialiste — Les types d'économie et les classes dans la période de transition. L'alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie — L'apparition des lois économiques du socialisme — Les principes fondamentaux de la politique économique pendant la période de transition du capitalisme au socialisme — Résumé (p. 223)

Chapitre XXIV — L'industrialisation socialiste : La grande industrie, base matérielle du socialisme. La nature de l'industrialisation socialiste — Les rythmes de l'industrialisation socialiste — La méthode socialiste d'industrialisation. D'où viennent les ressources nécessaires à l'industrialisation socialiste — Les grands travaux. L'assimilation de la nouvelle technique et le problème des cadres — De pays agricole arriéré, l'U.R.S.S. se transforme en puissance industrielle avancée — Résumé (p. 237)

Chapitre XXV — La collectivisation de l'agriculture : La nécessité historique de la collectivisation de l'agriculture. Le plan coopératif de Lénine — Les conditions préalables à la collectivisation intégrale — La collectivisation intégrale et la liquidation des koulaks en tant que classe — L'artel agricole, principale forme de l'économie collective — L'U.R.S.S., autrefois pays de petites exploitations paysannes, devient le pays de l'agriculture la plus grande et la plus mécanisée du monde — Résumé (p. 245)

Chapitre XXVI — La victoire du socialisme en U.R.S.S. : L'affermissement du mode socialiste de production — Les changements intervenus dans la structure de classes de la société — La disparition de l'inégalité économique entre les nations — L'U.R.S.S. entre dans la phase de l'achèvement de l'édification de la société socialiste et du passage graduel du socialisme au communisme — Résumé (p. 254)

B. — Le système socialiste d'économie nationale (p. 263)

Chapitre XXVII — La base matérielle de production du socialisme : Les principaux caractères de la base matérielle de production du socialisme — L'industrie socialiste — L'agriculture socialiste — Les voies du progrès technique en régime socialiste — La répartition géographique de la production socialiste — Résumé (p. 263)

Chapitre XXVIII — La propriété sociale des moyens de production, base des rapports de production en régime socialiste : Le système socialiste d'économie nationale et la propriété socialiste — Les deux formes de propriété socialiste — La propriété personnelle en régime socialiste — Le caractère des rapports de production socialistes — Résumé (p. 272)

Chapitre XXIX — La loi économique fondamentale du socialisme : Le caractère des lois économiques en régime socialiste — Les traits essentiels de la loi économique fondamentale du socialisme — La loi économique fondamentale du socialisme et le développement de la production socialiste — La loi économique fondamentale du socialisme et l'accroissement du bien-être des travailleurs — Le rôle économique de l'Etat socialiste — Résumé (p. 280)

Chapitre XXX — La loi du développement harmonieux, proportionné, de l'économie nationale : La nécessité d'un développement harmonieux de l'économie nationale en régime socialiste — Les traits et les exigences essentiels de la loi du développement harmonieux de l'économie nationale — La loi du développement harmonieux de l'économie nationale et la planification socialiste — Les avantages de l'économie planifiée — Résumé (p. 289)

Chapitre XXXI — Le travail social en régime socialiste : Le caractère du travail en régime socialiste — Le travail, devoir des membres de la société socialiste. La réalisation du droit au travail — La répartition selon le travail, loi économique du socialisme — La coopération socialiste du travail — L'émulation socialiste — L'augmentation constante de la productivité du travail, loi économique du socialisme — Les sources et les réserves de l'augmentation de la productivité du travail — Résumé (p. 299)

Chapitre XXXII — La production marchande, la loi de la valeur et la monnaie en régime socialiste : La nécessité de la production marchande en régime socialiste; ses particularités — La valeur d'usage et la valeur de la marchandise dans l'économie socialiste — Le caractère de l'action de la loi de la valeur en régime socialiste — La monnaie et ses fonctions dans l'économie socialiste — Résumé (p. 310)

Chapitre XXXIII — Le salaire en régime socialiste : Le salaire et la loi économique de la répartition selon le travail — Les formes du salaire. Le système des tarifs — L'augmentation constante du salaire réel en régime socialiste — Résumé (p. 318)

Chapitre XXXIV — La gestion équilibrée et la rentabilité. Le prix de revient et le prix : La gestion équilibrée et la rentabilité des entreprises — Les fonds des entreprises. Les fonds fixes et les fonds circulants — Le prix de revient de la production — Le revenu net de l'entreprise d'Etat. Le revenu net centralisé de l'Etat — Le prix dans l'entreprise industrielle d'Etat — Résumé (p. 326)

Chapitre XXXV — Le système socialiste d'agriculture : La place et le rôle de l'agriculture socialiste dans l'économie nationale — Les stations de machines et de tracteurs, base industrielle de la production kolkhozienne — L'exploitation collective des kolkhoz. La planification de la production kolkhozienne — Les formes socialistes d'organisation du travail dans les kolkhoz. La journée-travail — La production kolkhozienne. Les revenus des kolkhoz — La rente différentielle en régime socialiste — La répartition de la production et des revenus des kolkhoz. Le bien-être croissant de la paysannerie kolkhozienne — Le développement des sovkhoz et les moyens d'élever leur rentabilité — Résumé (p. 337)

Chapitre XXXVI — Le commerce en régime socialiste : La nature et le rôle du commerce en régime socialiste — Les formes du commerce en régime socialiste — Les prix et les frais de circulation dans le commerce d'Etat et le commerce coopératif — Le commerce extérieur — Résumé (p. 354)

Chapitre XXXVII — Le revenu national de la société socialiste : Le produit social total et le revenu national en régime socialiste — L'augmentation constante du revenu national en régime socialiste — La répartition du revenu national — Résumé (p. 363)

Chapitre XXXVIII — Le budget d'Etat, le crédit et la circulation monétaire en régime socialiste : Les finances de la société socialiste — Le budget de l'Etat socialiste — Le crédit en régime socialiste — Les banques dans la société socialiste — La circulation monétaire en régime socialiste — Résumé (p. 368)

Chapitre XXXIX — La reproduction socialiste : Le caractère de la reproduction socialiste — La richesse nationale de la société socialiste. La composition du produit social total — Le rapport entre les deux sections de la production sociale — La formation et la destination des fonds sociaux en régime socialiste — L'accumulation socialiste. L'accumulation et la consommation dans la société socialiste — Résumé (p. 378)

Chapitre XL — Le passage graduel du socialisme au communisme : Les deux phases de la société communiste — La tâche économique fondamentale de l'U.R.S.S. — La création de la base matérielle de production du communisme — Comment disparaîtra la différence essentielle entre la ville et la campagne — Comment disparaîtra la différence essentielle entre le travail intellectuel et le travail manuel — Le passage au principe communiste : « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins » — Résumé (p. 388)

C. — L'édification du socialisme dans les pays de démocratie populaire (p. 400)

Chapitre XLI — Le régime économique des pays européens de démocratie populaire : Les conditions préalables de la révolution démocratique populaire — Le caractère de la révolution démocratique populaire — Les classes et les types d'économie — L'industrialisation socialiste — La transformation socialiste de l'agriculture — L'élévation du bien-être et du niveau de vie culturel des travailleurs — Résumé (p. 400)

Chapitre XLII — Le régime économique de la République populaire de Chine : Les conditions préalables à la révolution populaire en Chine — Le caractère de la révolution chinoise — Les transformations agraires révolutionnaires. La nationalisation socialiste — Les types économiques et les classes dans la République populaire de Chine pendant la période de transition — Les voies de l'industrialisation socialiste en Chine — La transformation socialiste graduelle de l'agriculture — L'élévation du niveau de vie matérielle et culturelle du peuple chinois — Résumé (p. 412)

Chapitre XLIII — La coopération économique des pays du camp socialiste : La naissance et l'affermissement du marché mondial des pays du camp socialiste — Le caractère des relations économiques entre les pays du camp socialiste — Les formes essentielles de coopération économique des pays du camp socialiste — Résumé (p. 428)

Conclusions (p. 435)

 

 

Extrait :

LES THÉORIES ÉCONOMIQUES DE L'ÉPOQUE DU CAPITALISME

Avec le développement du capitalisme et l'accroissement de ses contradictions, diverses tendances, exprimant les intérêts des différentes classes, se sont formées et développées dans la pensée économique.

L'économie politique bourgeoise classique.

Dans la lutte contre le féodalisme, pour l'instauration du régime capitaliste, la bourgeoisie a créé sa propre économie politique qui a détrôné les conceptions économiques des idéologues du féodalisme et a joué pendant un certain temps un rôle progressiste.

Le mode de production capitaliste s'est établi tout d'abord en Angleterre. C'est là qu'est née aussi l'économie politique bourgeoise classique dont les représentants ont essayé de découvrir le lien interne des phénomènes économiques. Déjà son fondateur, William Petty (1623-1687), dont l'activité remonte à la période de décomposition du mercantilisme, a défini en fait la valeur des marchandises comme étant la quantité relative de travail contenue en elles, bien qu'il ait fait preuve de beaucoup d'inconséquence dans cette question.

Les physiocrates qui apparurent en France dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, pendant la période de préparation idéologique de la révolution bourgeoise, jouèrent un rôle important dans la formation de l'économie politique bourgeoise. Ce courant avait à sa tête François Quesnay (1694-1774). De même que les représentants de la philosophie française « des lumières » de ce temps, les physiocrates pensaient qu'il existait pour la société humaine des lois naturelles, données par la nature. La France était à l'époque un pays agricole. Contrairement aux mercantilistes, pour qui l'argent était la seule richesse, les physiocrates ont proclamé que la seule source de richesse était la nature et, par suite, l'agriculture, qui fournit à l'homme les fruits de la nature. De là le nom de l'école — les « physiocrates » — composé de deux mots grecs qui signifient : nature et pouvoir.

Au centre de la théorie des physiocrates se trouvait la doctrine du « produit net ». C'est ainsi que les physiocrates appelaient l'excédent du produit sur les dépenses engagées dans la production, — la fraction du produit qui, en régime capitaliste, constitue la plus-value. Pour les physiocrates, la richesse était une masse déterminée de produits sous leur forme matérielle, naturelle, une masse déterminée de valeurs d'usage. Ils soutenaient que le « produit net », « don de la nature », naît sur la base de l'emploi du travail salarié dans l'agriculture et l'élevage exclusivement, c'est-à-dire dans les branches où s'opèrent les processus naturels de croissance des plantes et des animaux; tandis que dans toutes les autres branches, il n'y a qu'une modification de la forme des produits fournis par l'économie rurale.

L'ouvrage le plus important de l'école des physiocrates fut le Tableau économique de Quesnay. Quesnay a eu le mérite de faire une tentative remarquable pour présenter le processus de la reproduction capitaliste dans son ensemble, encore qu'il n'ait pu donner une théorie scientifique de la reproduction.

Partant du point de vue que le « produit net » n'est créé que dans l'économie rurale, les physiocrates exigeaient que tous les impôts fussent payés par les propriétaires terriens, et que l'on exemptât les industriels de toute charge fiscale. C'était là une manifestation évidente de la nature de classe des physiocrates en tant qu'idéologues de la bourgeoisie. Les physiocrates étaient partisans de la domination illimitée de la propriété privée. En affirmant que seule la libre concurrence est conforme aux lois naturelles de l'économie et à la nature humaine, ils opposaient à la politique du protectionnisme celle de la liberté du commerce; ils combattaient énergiquement les restrictions corporatives et l'intervention de l'Etat dans la vie économique du pays.

L'économie politique bourgeoise classique est arrivée au point culminant de son évolution dans les travaux de A. Smith et de D. Ricardo.

Adam Smith (1723-1790) a fait, comparativement aux physiocrates, un grand pas en avant dans l'analyse scientifique du mode de production capitaliste. Son ouvrage principal est intitulé : Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776). La richesse d'un pays réside, d'après A. Smith, dans toute la masse des marchandises qui y sont produites. Il a repoussé l'idée unilatérale et, par suite, erronée des physiocrates, selon lesquels le « produit net » n'est créé que par le travail agricole, et il proclame le premier que tout travail est source de valeur, quelle que soit la branche de production où ce travail est fait. Smith a été l'économiste de la période manufacturière du développement du capitalisme. Aussi voyait-il la base de l'augmentation de la productivité du travail dans la division du travail.

L'aspect le plus caractéristique de la pensée de Smith est l'interpénétration de deux manières différentes d'aborder les phénomènes économiques, D'une part, il analyse le lien interne des phénomènes en cherchant à pénétrer la structure intrinsèque ou, selon l'expression de Marx, la physiologie du système économique bourgeois. D'autre part, il décrit les phénomènes sous la forme qu'ils revêtent à la surface de la société capitaliste et, par conséquent, tels qu'ils se présentent au capitaliste praticien. Le premier de ces procédés est scientifique, le second ne l'est pas.

En recherchant le lien interne des phénomènes du capitalisme, Smith définit la valeur de la marchandise par la quantité de travail qui a été dépensée pour la produire; et il considère le salaire de l'ouvrier comme une partie du produit de son travail, déterminée par la valeur de» moyens de subsistance; quant au profit et à la rente, il les regarde comme une déduction du produit créé par le travail de l'ouvrier. Cependant Smith ne développe pas ces principes avec rigueur. La définition de la valeur des marchandises par le travail qui s'y trouve intégré, est confondue constamment par lui avec la définition de la valeur des marchandises par la « valeur du travail ». Il affirmait que la définition de la valeur par le travail ne se rapportait qu'à un « état primitif de la société », par lequel il entendait l'économie marchande simple des petits producteurs. Mais dans le cadre du capitalisme, la valeur de la marchandise est constituée par les revenus : salaire, profit et rente. Pareille affirmation traduisait l'apparence trompeuse des phénomènes de l'économie capitaliste. Smith estimait que la valeur du produit social total ne comporte, elle aussi, que les revenus — salaire, profit et rente, c'est-à-dire qu'il faisait l'erreur d'omettre la valeur du capital constant, consommé lors de la production de la marchandise. Ce « dogme de Smith » excluait toute possibilité de comprendre le processus de reproduction sociale.

Smith a décrit le premier la structure de classe de la société capitaliste, en indiquant que celle-ci se décomposait en trois classes : 1° ouvriers, 2° capitalistes et 3° propriétaires terriens. Mais Smith était limité par la conception bourgeoise du monde, et ses vues montrent combien la lutte de classes à cette époque était peu développée; il prétendait qu'une communauté d'intérêts règne dans la société capitaliste, puisque chacun aspire à son propre avantage et que, du heurt des diverses tendances, surgit l'utilité commune. S'élevant résolument contre les vues théoriques et la politique des mercantilistes, Smith défendait avec ardeur la libre concurrence.

Dans les écrits de David Ricardo (1772-1823), l'économie politique bourgeoise classique a eu son couronnement. Ricardo a vécu à l'époque de la révolution industrielle en Angleterre. Son principal ouvrage, Principes de l'économie politique et de l'impôt parut en 1817.

Ricardo a élaboré la théorie de la valeur-travail avec le maximum de rigueur possible dans les limites des conceptions bourgeoises. Après avoir rejeté la thèse de Smith prétendant que la valeur n'est déterminée par le travail que dans 1' « état primitif de la société », il a montré que la valeur créée par le travail de l'ouvrier est la source d'où naissent le salaire, aussi bien que le profit et la rente.

Ayant admis que la valeur est déterminée par le travail, Ricardo a montré l'opposition des intérêts de classes de la société bourgeoise telle qu'elle apparaît dans la sphère de la répartition. Il considérait que l'existence des classes est un phénomène éternel dans la vie de la société. D'après Marx, Ricardo fait « délibérément de l'opposition des intérêts de classes, de l'opposition entre salaire et profit, profit et rente, le point de départ de ses recherches; il la formule naïvement comme la loi naturelle immuable de la société humaine ». [K. Marx : Le Capital, livre I, t. I, p. 24.] Ricardo a formulé une loi économique importante : plus le salaire de l'ouvrier est élevé, plus le profit du capitaliste est bas, et inversement. Ricardo a montré également l'opposition entre profit et rente; mais il se trompait en ne reconnaissant que l'existence de la rente différentielle, qu'il associait à la prétendue « loi de la fertilité décroissante du sol ».

Ricardo a joué un grand rôle dans le développement de l'économie politique. Sa théorie suivant laquelle la valeur n'est déterminée que par le travail, a eu une immense portée historique. Observant le développement des contradictions capitalistes, certains de ses disciples en ont déduit que, si la valeur n'est créée que par le travail, il est nécessaire et juste que l'ouvrier, créateur de toutes les richesses, soit aussi le maître de toutes les richesses, de tous les produits du travail. C'est ce que réclamaient en Angleterre, dans la première moitié du XIXe siècle, les premiers socialistes, disciples de Ricardo.

D'autre part, la théorie de Ricardo portait en elle les caractères de l'étroitesse bourgeoise. Le régime capitaliste avec ses intérêts de classes opposés semblait à Ricardo, comme à Smith, un régime naturel et éternel. Ricardo ne posait même pas la question de l'origine historique des catégories économiques telles que la marchandise, l'argent, le capital, le profit, etc. Il concevait le capital en dehors de l'histoire, en l'identifiant aux moyens de production.

La naissance de l'économie politique vulgaire.

Avec le développement du capitalisme et l'aggravation de la lutte de classes, l'économie politique bourgeoise classique fait place à l'économie politique vulgaire. Marx l'appelait vulgaire parce que ses représentants substituaient à la connaissance scientifique des phénomènes économiques la description de leur apparence extérieure, en se donnant pour but de présenter le capitalisme sous un jour favorable, d'escamoter ses contradictions. Les économistes vulgaires ont rejeté tout ce qui était scientifique, et se sont emparés de tout ce qu'il y avait de non scientifique dans les vues des économistes antérieurs (notamment de A, Smith), — de tout ce qui était conditionné par l'étroitesse de classe de leur horizon.

« Désormais il ne s'agit plus de savoir si tel ou tel théorème est vrai, mais s'il est bien ou mal sonnant, agréable ou non à la police, utile ou nuisible au capital. La recherche désintéressée fait place au pugilat payé, l'investigation consciencieuse à la mauvaise conscience, aux misérables subterfuges de l'apologétique. » [K. Marx : Le Capital, livre I, t. I, p. 25.]

Dans le domaine de la théorie de la valeur, l'économie vulgaire a, à l'opposé de la définition de la valeur par le temps de travail, mis en avant une série de thèses déjà réfutées par l'école classique bourgeoise. Telles, par exemple : la théorie de l'offre et de la demande, qui ignore la valeur se trouvant à la base des prix, et substitue à l'explication de la base même des prix des marchandises la description des variations de ces prix; la théorie des frais de production, qui explique les prix de certaines marchandises à l'aide des prix d'autres marchandises, c'est-à-dire tourne pratiquement dans un cercle vicieux; la théorie de l'utilité qui, s'efforçant d'expliquer la valeur des marchandises par leur valeur d'usage, ignore volontairement le fait que les valeurs d'usage de marchandises hétérogènes diffèrent par la qualité et, par suite, ne sont pas comparables au point de vue de la quantité.

L'économiste vulgaire anglais T. R. Malthus (1766-1834) a prétendu que la misère des masses laborieuses, inhérente au capitalisme, était due au fait que les êtres humains se multiplient plus rapidement que ne peuvent augmenter les moyens d'existence fournis par la nature. D'après lui, la correspondance nécessaire entre le chiffre de la population et les moyens d'existence fournis par la nature, s'établit par la famine, la misère, les épidémies, les guerres. La « théorie » barbare de Malthus a été créée en vue de justifier le régime social dans lequel le parasitisme et le luxe des classes exploiteuses vont de pair avec le travail excessif et la misère grandissante des masses laborieuses.

Pour l'économiste vulgaire français J. B. Say (1767-1832), la source de la valeur est constituée par les « trois facteurs de la production » : le travail, le capital et la terre; de là, il tire la conclusion que les possesseurs de chacun des trois facteurs reçoivent les revenus qui leur sont dus : l'ouvrier, le salaire; le capitaliste, le profit (ou l'intérêt); le propriétaire terrien, la rente. La théorie des « trois facteurs », qui a été largement répandue dans l'économie politique bourgeoise, est destinée à cacher ce fait décisif que c'est seulement dans des conditions sociales déterminées que le travail se transforme en travail salarié, que les moyens de production deviennent du capital et la propriété de la terre, la source de la rente. Comme on le sait, le capital et la terre ne donnent un revenu à leur propriétaire qu'en vertu du fait que, par son travail non payé, l'ouvrier crée la plus-value, source réelle de tous les revenus ne provenant pas du travail dans la société capitaliste. En prétendant qu'en régime capitaliste il n'existerait pas de contradiction entre la production et la consommation, Say niait la possibilité de crises générales de surproduction. La théorie de Say était une grossière déformation de la vérité, dans le but de se rendre agréable aux classes exploiteuses. Des Inventions fantaisistes sur l'harmonie des intérêts de classe en régime capitaliste ont été diffusées avec le plus grand zèle par l'économiste français F. Bastiat (1801-1850) et par l'Américain H. Carey (1793-1879). Sous prétexte de défendre la « liberté du travail » bourgeoise, l'économie politique vulgaire a mené une lutte acharnée contre les syndicats, les contrats collectifs, les grèves ouvrières. A partir du deuxième quart du XIXe siècle, l'économie politique vulgaire exerce une domination sans partage dans la science économique bourgeoise.

L'économie politique petite-bourgeoise.

Au début du XIXe siècle, apparaît en économie politique un courant petit-bourgeois qui reflète la position contradictoire de la petite bourgeoisie en tant que classe intermédiaire de la société capitaliste. L'économie politique petite-bourgeoise a son origine dans les travaux de l'économiste suisse S. de Sismondi (1773-1842). Contrairement à Smith et à Ricardo, pour qui le régime capitaliste est l'état naturel de la société, Sismondi a fait la critique du capitalisme, qu'il condamnait en se plaçant sur les positions de la petite-bourgeoisie. Sismondi idéalisait la petite production marchande des paysans et des artisans, et formulait des projets utopiques de perpétuation de la petite propriété, sans se rendre compte que la petite production marchande implique le développement des rapports capitalistes. Partant du fait que les revenus des ouvriers et des petits producteurs diminuent, Sismondi concluait faussement à la contraction inévitable du marché au fur et à mesure du développement du capitalisme. Il affirmait à tort que l'accumulation des capitaux n'est possible qu'avec l'existence de petits producteurs et d'un marché extérieur.

En France, c'est P. J. Proudhon (1809-1865) qui a développé les conceptions de l'économie politique petite-bourgeoise. Il soutenait l'idée réactionnaire selon laquelle on pourrait guérir toutes les plaies sociales du capitalisme par l'organisation d'une banque qui serait spécialement chargée du troc des produits des petits producteurs et qui consentirait un crédit gratuit aux ouvriers. Proudhon semait des illusions réformistes dans les masses ouvrières, qu'il détournait de la lutte de classes.

En Russie, à la fin du XIXe siècle, c'étaient les populistes libéraux qui prêchaient les idées utopiques et réactionnaires de l'économie politique petite-bourgeoise.

Les socialistes utopistes.

Avec l'apparition et le développement de la grande industrie mécanique, à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe les contradictions du capitalisme et les calamités qu'il apporte aux masses laborieuses ont pris de plus en plus de relief. Mais la classe ouvrière n'avait pas encore pris conscience de son rôle historique de fossoyeur du capitalisme. A cette époque parurent les grands socialistes utopistes : Henri de Saint-Simon (1760-1825) et Charles Fourier (1772-1837) en France, Robert Owen (1771-1858) en Angleterre, qui jouèrent un rôle considérable dans l'histoire du développement des idées socialistes.

Dans l'explication qu'ils donnaient des phénomènes économiques, les socialistes utopistes demeuraient sur le terrain des philosophes du XVIIIe siècle, comme les représentants de l'économie politique classique bourgeoise. Mais, tandis que pour ces derniers le régime capitaliste était conforme à la nature humaine, pour les socialistes utopistes il était contraire à la nature humaine.

Le rôle historique des socialistes utopistes a été de faire une critique serrée de la société bourgeoise, dont ils flétrissaient sans merci les plaies telles que la misère et les privations des masses populaires vouées à un labeur pénible et exténuant, la vénalité et la corruption des milieux riches de la société, l'immense gaspillage des forces productives, résultat de la concurrence, des crises, etc. Ils ont eu une série d'intuitions remarquables sur le caractère du régime socialiste qu'ils opposaient au capitalisme. Mais les socialistes utopistes étaient loin de comprendre les véritables voies à suivre pour arriver au socialisme. Ignorant les lois du développement social et des lois de la lutte de classes, ils estimaient que les classes possédantes réaliseraient elles-mêmes le socialisme Lorsqu'on serait parvenu à les convaincre du bien-fondé, de l'équité et de l'utilité de ce nouveau régime. Les socialistes utopistes n'avaient pas la moindre idée du rôle historique du prolétariat. Le socialisme utopique « ne savait ni expliquer la nature de l'esclavage salarié en régime capitaliste, ni découvrir les lois de son développement, ni trouver la force sociale capable de créer la société nouvelle ». [V. Lénine : « Les trois sources et les trois parties constitutives du marxisme », dans Karl Marx et sa doctrine, p. 63, Editions Sociales, Paris, 1953.]

Les démocrates révolutionnaires en Russie.

Au milieu du XIXe siècle en Russie, apparut en pleine crise du servage, une brillante pléiade de penseurs, qui apportèrent une importante contribution au développement de la science économique.

A. 1. Herzen (1812-1870) a fustigé le tsarisme et le servage en Russie et appelé le peuple à la lutte révolutionnaire contre eux. Il a aussi critiqué violemment le régime de l'exploitation capitaliste, instauré en Occident. Herzen a marqué le début du « socialisme paysan » utopique. Il voyait le « socialisme » dans l'émancipation des paysans doté de terre, dans la possession communale de la terre et dans l'idée paysanne du « droit à la terre ». Il n'y avait rien de vraiment socialiste dans ces opinions, mais elles traduisaient les aspirations révolutionnaires de la paysannerie russe en lutte pour renverser le pouvoir des propriétaires fonciers et abolir la grande propriété féodale.

Un immense mérite dans le développement de la science économique appartient au grand révolutionnaire et savant russe N. G. Tchernychevski (1828-1889). Tchernychevski a pris la tête de la lutte des démocrates révolutionnaires contre le servage et l'autocratie tsariste en Russie. Il a fait une brillante critique non seulement du servage, mais aussi du régime capitaliste qui s'était solidement établi à cette époque en Europe occidentale et en Amérique du Nord. Il a fait nettement ressortir le caractère de classe et l'étroitesse de l'économie politique bourgeoise classique et il a soumis à une critique serrée les économistes vulgaires : John Stuart Mill, Say, Malthus, etc. Marx estimait que Tchernychevski avait magistralement montré la faillite de l'économie politique bourgeoise.

A l'économie politique bourgeoise qui sert les intérêts cupides des capitalistes, Tchernychevski a opposé « l'économie politique des travailleurs », dans laquelle la place prépondérante doit être réservée au travail et aux intérêts des travailleurs. Par suite du faible développement des rapports capitalistes dans la Russie de son époque, Tchernychevski, représentant du « socialisme paysan » utopique, n'a pas remarqué que le développement du capitalisme et du prolétariat créait les conditions matérielles et la force sociale nécessaires pour réaliser le socialisme. Cependant, par sa conception de la nature et de la structure de classe de la société capitaliste, du caractère du développement économique de cette société, Tchernychevski est allé beaucoup plus loin que les socialistes utopistes d'Europe occidentale et a fait un grand pas sur le chemin du socialisme scientifique. Contrairement aux socialistes utopistes d'Occident, Tchernychevski accordait une importance décisive à l'activité révolutionnaire des masses laborieuses, à leur lutte pour leur émancipation et il appelait à la révolution populaire contre les exploiteurs. Tchernychevski fut un démocrate révolutionnaire combatif et conséquent. Lénine disait que ses œuvres respiraient la lutte de classes.

La théorie économique de Tchernychevski est le point culminant du développement de l'économie politique avant Marx. Au point de vue philosophique, Tchernychevski a été un matérialiste militant. Comme Herzen, il est presque arrivé au matérialisme dialectique.

Les démocrates révolutionnaires Herzen, Tchernychevski et leurs partisans furent les précurseurs de la social-démocratie russe.

La révolution accomplie par K. Marx et F. Engels en économie politique.

Vers le milieu du XIXe siècle, le système d'économie capitaliste est devenu dominant dans les principaux pays de l'Ouest européen et aux Etats-Unis. Il s'était formé un prolétariat qui commençait à entrer en lutte contre la bourgeoisie. Les conditions étaient nées pour la formation d'une conception du monde prolétarienne d'avant-garde, le socialisme scientifique.

Karl Marx (1818-1883) et Friedrich Engels (1820-1895) ont transformé le socialisme d'utopie en science. La doctrine élaborée par Marx et Engels traduit les intérêts vitaux de la classe ouvrière, et elle est le drapeau des masses prolétariennes dans leur lutte pour le renversement révolutionnaire du capitalisme, pour la victoire du socialisme.

La doctrine de Marx « naquit comme la continuation directe et immédiate des doctrines des représentants les plus éminents de la philosophie, de l'économie politique et du socialisme. » [V. Lénine : « Les trois sources et les trois parties constitutives du marxisme », Karl Marx et sa doctrine, p. 59.] Le génie de Marx, disait Lénine, consiste à avoir fourni la réponse aux questions que la pensée progressiste de l'humanité avait déjà posées. Sa doctrine est l'héritière légitime de ce que la pensée humaine a créé de plus parfait dans le domaine de la science de la société humaine. En même temps, la naissance du marxisme a marqué un tournant révolutionnaire radical en philosophie, en économie politique, dans toutes les sciences sociales. Marx et Engels ont armé la classe ouvrière d'une conception du monde harmonieuse et complète, le matérialisme dialectique, fondement théorique du communisme scientifique. En étendant le matérialisme dialectique à l'étude des phénomènes sociaux, ils ont créé le matérialisme historique, une des plus grandes conquêtes de la pensée scientifique. A l'étude de la société humaine en dehors de l'histoire, ils ont opposé la méthode historique fondée sur une étude approfondie de la marche réelle de son développement. A l'idée d'immuabilité et d'immobilisme de la société qui régnait jusque-là, ils ont substitué une doctrine cohérente qui découvre les lois objectives du développement social, les lois du remplacement de certaines formes de la société par d'autres.

Marx et Engels furent les fondateurs d'une économie politique véritablement scientifique. En appliquant la méthode du matérialisme dialectique à l'étude des rapports économiques, Marx a opéré une révolution profonde dans l'économie politique. C'est en abordant l'économie politique en idéologue de la classe ouvrière qu'il a dévoilé jusqu'au bout les contradictions du capitalisme et créé une économie politique prolétarienne. Marx a élaboré sa doctrine économique au cours d'une lutte intransigeante contre l'apologétique bourgeoise du capitalisme et la critique petite-bourgeoise de celui-ci. Utilisant et développant plusieurs thèses des classiques de l'économie politique bourgeoise — Smith et Ricardo — Marx a résolument fait justice des conceptions antiscientifiques et des contradictions de leur doctrine. La doctrine économique de Marx dresse le bilan et fait la synthèse d'une documentation gigantesque sur l'histoire de la société humaine et, en particulier, sur la naissance et le développement du capitalisme. C'est à Marx que l'on doit la découverte du caractère historique transitoire du mode de production capitaliste et l'étude des lois présidant à la naissance, au développement et à la disparition du capitalisme. Sur la base d'une analyse économique pénétrante du régime capitaliste, Marx a fait apparaître la mission historique du prolétariat en tant que fossoyeur du capitalisme et artisan de la société nouvelle, socialiste

Les fondements de la conception marxiste du monde ont été proclamés dès le premier document-programme du communisme scientifique, le Manifeste du Parti communiste, écrit par Marx et Engels en 1848. Marx a publié les résultats de ses recherches économiques ultérieures dans son ouvrage Contribution à la critique de l'économie politique (1859), consacré à l'analyse de la marchandise et de la monnaie, on trouve dans la préface un exposé classique des principes du matérialisme historique. L'ouvrage principal de Marx, dont il disait à bon droit qu il était l'œuvre de sa vie, est Le Capital, dont le premier livre (Le Développement de la production capitaliste) fut publié par Marx en 1867; le deuxième livre (Le Procès de la circulation du capital) fut édité par Engels après la mort de Marx en 1885, et le troisième livre (Le Procès d'ensemble de la production capitaliste) parut en 1894. En travaillant au Capital, Marx se proposait d'écrire un quatrième livre, consacré à l'analyse critique de l'histoire de l'économie politique. Les manuscrits qu'il a laissés furent édités après la mort de Marx et d'Engels sous le titre Les Théories de la plus-value.

A l'élaboration de la théorie du communisme scientifique sont également consacrés plusieurs ouvrages classiques d'Engels : La Situation des classes laborieuses en Angleterre (1845), l'Anti-Dühring (1878) qui traite des questions les plus importantes en matière de philosophie, de sciences naturelles et de sciences sociales, L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat (1884), etc.

En créant l'économie politique prolétarienne, Marx a tout d'abord élaboré et développé de façon conséquente la théorie de la valeur-travail. En analysant la marchandise et la contradiction entre sa valeur d'usage et sa valeur d'échange, Marx a découvert que le travail incorporé dans la marchandise revêt un double caractère. C'est, d'une part, le travail concret qui crée la valeur d'usage de la marchandise, et, d'autre part, le travail abstrait qui crée sa valeur. La découverte du double caractère du travail a servi à Marx de clé pour expliquer scientifiquement tous les phénomènes du mode de production capitaliste, sur la base de la théorie de la valeur-travail. Marx a montré que la valeur n'est pas une chose, mais un rapport de production entre les hommes, recouvert d'une enveloppe matérielle, et c'est ainsi qu'il a révélé le secret du fétichisme de la marchandise. Il a soumis la forme de la valeur à l'analyse, il en a recherché l'évolution historique depuis les germes de l'échange jusqu'à la domination intégrale de la production marchande, ce qui lui a permis de découvrir la nature véritable de l'argent.

Sur la base de la théorie de la valeur-travail, Marx a élaboré sa théorie de la plus-value. Il a montré le premier qu'en régime capitaliste, ce n'est pas le travail qui est une marchandise, mais la force de travail. Il a étudié la valeur et la valeur d'usage de cette marchandise spécifique et il a expliqué le caractère de l'exploitation capitaliste. La théorie de la plus-value de Marx révèle jusqu'au bout la nature du principal rapport de production du capitalisme, le rapport entre capitaliste et ouvrier; elle met à nu les bases les plus profondes de l'opposition de classes et de la lutte de classes entre le prolétariat et la bourgeoisie.

Marx a non seulement mis en lumière l'origine et la source de la plus-value, mais il a montré comment l'exploitation capitaliste est camouflée et estompée. Il a étudié la nature du salaire en tant que prix de la force de travail qui se manifeste sous la forme modifiée de prix du travail.

Marx a fait une analyse scientifique serrée des diverses formes que revêt la plus-value. Il a montré que la plus-value se manifeste sous une forme modifiée, le profit; qu'elle revêt en outre la forme de rente foncière et d'intérêt. Et l'on a l'impression trompeuse que le salaire est le prix du travail, que le profit est engendré par le capital lui-même, la rente par la terre et l'intérêt par l'argent.

Dans sa théorie du prix de production et du profit moyen, Marx a résolu la contradiction qui consiste en ce qu'en régime capitaliste, les prix du marché s’écartent de la valeur. En même temps, il a fait ressortir la base objective de la solidarité de la classe capitaliste dans l'exploitation des ouvriers, le profit moyen de chaque capitaliste étant déterminé par le degré d'exploitation non point dans une entreprise donnée, mais dans la société capitaliste tout entière.

Marx a mis au point la théorie de la rente différentielle et il a, le premier, assigné un fondement scientifique à la rente absolue, II a défini le rôle réactionnaire, parasite de la grande propriété terrienne, la nature et les formes d'exploitation des paysans par les propriétaires fonciers et la bourgeoisie.

Marx a le premier découvert les lois de l'accumulation du capital, en établissant que le développement du capitalisme, la concentration et la centralisation du capital entraînent inévitablement un approfondissement et une aggravation des contradictions inhérentes à ce régime, contradictions à la base desquelles se trouve la contradiction entre le caractère social de la production et la forme privée, capitaliste de l'appropriation. Marx a découvert la loi générale de l'accumulation capitaliste qui détermine l'accroissement de la richesse et du luxe à un pôle de la société et l'accroissement de la misère, de l'oppression, des tourments du travail à l'autre pôle. Il a montré que le développement du capitalisme entraîne la paupérisation relative et absolue du prolétariat, qui creuse encore l'abîme entre le prolétariat et la bourgeoisie, aggrave la lutte de classes entre eux.

L'analyse de la reproduction du capital social total, faite par Marx, a une importance considérable. Ayant écarté l'erreur de Smith, qui consiste à ignorer le capital constant consommé lors de la fabrication de la marchandise, et établi la division du produit social du point de vue de sa valeur en trois parties (c + v + p), puis du point de vue de sa forme matérielle en moyens de production et objets de consommation, Marx a découvert la loi économique générale selon laquelle, quel que soit le régime de la société, les forces productives se développent quand l'accroissement de la production des moyens de production est plus rapide que celui de la production des objets de consommation. Marx a soumis à l'analyse les conditions de la reproduction capitaliste simple et élargie, les profondes contradictions de l'économie capitaliste qui conduisent nécessairement aux crises de surproduction. Il a étudié la nature des crises économiques et démontré qu'elles étaient inévitables en régime capitaliste.

La doctrine économique de Marx et d'Engels constitue une ample et profonde démonstration de l'inéluctabilité de l'effondrement du capitalisme et de la victoire de la révolution prolétarienne instaurant la dictature de la classe ouvrière et inaugurant une ère nouvelle, l'ère de la construction de la société socialiste.

Entre 1870 et 1890 déjà, le marxisme avait commencé à recevoir de plus en plus largement l'approbation de la classe ouvrière et des intellectuels d'avant-garde des pays capitalistes. Un grand rôle dans la diffusion des idées du marxisme, à cette époque, fut joué par Paul Lafargue (1842-1911) en France, Wilhelm Liebknecht (1826-1900) et August Bebel (1840-1913) en Allemagne, Georges Plékhanov (1856-1918) en Russie, Dmitri Blagoïev (1855-1924) en Bulgarie et par d'autres personnalités marquantes du mouvement ouvrier des différents pays.

En Russie, le parti ouvrier marxiste et sa conception du monde se sont formés au cours d'une lutte implacable contre l'ennemi du marxisme, qu'était le populisme. Les populistes niaient le rôle d'avant-garde du prolétariat dans le mouvement révolutionnaire : ils prétendaient qu'en Russie le développement du capitalisme était impossible. Contre les populistes se sont élevés Plékhanov et le groupe « Libération du travail » qu'il avait organisé. Plékhanov a été le premier à donner une critique marxiste des conceptions erronées des populistes et à défendre en même temps de manière brillante les conceptions marxistes. L'activité de Plékhanov entre 1880 et 1900 eut une grande importance pour la formation idéologique des révolutionnaires prolétariens en Russie. Plékhanov a écrit une série d'ouvrages remarquables sur la philosophie du marxisme. Il a popularisé avec succès les différents aspects de la doctrine économique de Marx, en la défendant contre la critique bourgeoise et les falsifications réformistes. Les travaux littéraires de Plékhanov ont porté un coup très dur aux positions populistes. Mais la défaite idéologique du populisme n'était pas achevée. Dès le début de son activité, Plékhanov donna de certains problèmes une appréciation erronée, qui contenait en germe ses futures conceptions menchéviks : il ne tenait pas compte du fait qu'au cours de la révolution, le prolétariat doit entraîner la paysannerie à sa suite; il considérait la bourgeoisie libérale comme une force susceptible de prêter appui à la révolution, etc. Il fallait achever le populisme en tant qu'ennemi du marxisme et réaliser la fusion du marxisme avec le mouvement ouvrier en Russie; ce fut Lénine qui s'acquitta de cette tâche.

Le déclin de la science économique bourgeoise. L'économie politique bourgeoise contemporaine.

Depuis que le marxisme a fait son apparition sur la scène historique, la tâche fondamentale et décisive des économistes bourgeois devint la « réfutation » du marxisme, toutes les variétés possibles et imaginables de philosophie idéaliste et de sociologie subjective servent de base méthodologique aux différentes écoles et tendances de l'économie politique bourgeoise.

En Allemagne, au milieu du XIXe siècle, apparaît ce qu'on appelle l'école historique de l'économie politique (F. Roscher, B. Hildebrand, etc.). Les tenants de cette école niaient ouvertement l'existence de lois économiques du développement de la société et substituaient à l'investigation scientifique la description de faits historiques épars. La négation des lois économiques leur servait à justifier l'arbitraire réactionnaire, la servilité devant l'Etat bureaucratique et militaire, qu'ils exaltaient systématiquement. Les représentants plus récents de l'école historique, avec G. Schmoller à leur tête, constituèrent ce qu'on appelle la tendance historico-éthique ou historico-juridique. Le trait caractéristique de cette tendance est qu'elle substitue à la recherche économique des considérations idéalistes réactionnaires sur les objectifs moraux, les normes juridiques, etc.

Certains économistes de l'école historique (Hildebrand) ont formé en 1872 avec d'autres économistes bourgeois (Adolf Wagner, L. Brentano, W. Sombart) ce qu'on a appelé « l'Union de politique sociale » pour « prêcher du haut de la chaire » des réformes sociales en vue de prévenir la fin du régime capitaliste. Tout en continuant les traditions de leurs prédécesseurs, les représentants de cette tendance, appelée ironiquement « socialisme de la chaire », se firent les valets de l'Etat militariste allemand. Certains d'entre eux qualifiaient de « morceau de socialisme » chaque mesure de cet Etat. Les socialistes de la chaire exaltaient la politique réactionnaire de Bismarck et l'aidaient à tromper la classe ouvrière.

Au cours des dernières décennies du XIXe siècle, au fur et à mesure que les idées du marxisme se propageaient, la bourgeoisie a eu besoin, pour les combattre, de recourir à de nouveaux moyens idéologiques. On vit alors apparaître sur la scène l’école autrichienne. L'appellation de cette école est liée au fait que ses principaux représentants — K. Menger, F. Wieser et E. Boehm-Bawerk — étaient professeurs dans des universités autrichiennes. Contrairement à l'orientation historique, les tenants de l'école autrichienne reconnaissait pour la forme la nécessité d'étudier les lois économiques, mais, pour présenter le régime capitaliste sous un jour plus favorable et en assumer la défense, ils reportèrent la recherche de ces lois, de la sphère des rapports sociaux dans le domaine psychologique subjectif, c'est-à-dire qu'ils suivirent la voie de l'idéalisme.

En ce qui concerne la théorie de la valeur, l'école autrichienne émit le principe dit de « l'utilité marginale ». Conformément à ce principe, la valeur de la marchandise est déterminée non pas simplement par son utilité, ainsi que l'affirmaient auparavant certains économistes vulgaires, mais par son utilité marginale, c'est-à-dire par l'appréciation subjective de l'utilité d'une unité de marchandise qui satisfait un des besoins les moins essentiels de l'individu. En réalité, cette théorie n'explique rien. Il est tout à fait évident, par exemple, que l'estimation subjective d'un kilogramme de pain est foncièrement différente chez un bourgeois rassasié et chez un chômeur affamé; mais cependant tous deux paient le pain le même prix. A la théorie de la plus-value de Marx, les économistes de l'école autrichienne opposent telle ou telle variété de la « théorie de la productivité du capital », qui n'est qu'une forme rénovée de la théorie vulgaire des « trois facteurs de la production ».

Le passage à l'impérialisme et l'aggravation extrême qui en résulte pour les contradictions sociales et la lutte des classes, déterminèrent la dégradation ultérieure de l'économie politique bourgeoise. Après la victoire de la révolution socialiste en Russie, qui donnait pratiquement un démenti aux affirmations des idéologues de la bourgeoisie sur le caractère éternel du régime capitaliste, de nombreux économistes bourgeois commencèrent à considérer comme une de leurs tâches principales le recours à la calomnie pour déformer la nature du régime soviétique, pour cacher aux travailleurs des pays capitalistes la vérité sur les réalisations historiques du pays du socialisme. L'économie politique bourgeoise de nos jours constitue une arme idéologique de l'oligarchie financière dont la majorité des représentants joue directement et ouvertement le rôle de défenseurs de la réaction et de l'agression impérialistes.

En commentant des catégories du capitalisme comme la valeur, le prix, le salaire, le profit, la rente, les économistes bourgeois contemporains se placent généralement sur les positions de la tendance psychologique subjective, dont une des variétés est l'école autrichienne examinée plus haut; et ils reprennent sur tous les tons la vieille théorie vulgaire des trois facteurs de la production. L'économiste anglais Alfred Marshall (1842-1924) a essayé de concilier de façon éclectique les trois théories vulgaires différentes de la valeur : celle de l'offre et de la demande, de l'utilité marginale et celle des frais de production. L'économiste américain John B. Clark (1847-1938), tout en prêchant l'idée mensongère de « l'harmonie des intérêts » des différentes classes de la société bourgeoise, a formulé la théorie de la « productivité optima », qui n'est en réalité qu'une tentative originale pour associer la vieille théorie vulgaire de la « productivité du capital » à la théorie vulgaire de « l'utilité marginale » de l'école autrichienne. Le profit, d'après Clark, serait la rémunération du travail de l'entrepreneur; les classes laborieuses, elles, ne créeraient qu'une faible part de la richesse et la recevraient intégralement.

Contrairement aux économistes bourgeois de l'époque du capitalisme prémonopoliste, qui chantaient la liberté de la concurrence comme condition fondamentale du développement de la société, les économistes bourgeois contemporains soulignent généralement la nécessité d'une intervention de l'Etat dans tous les domaines de la vie économique. Ils exaltent l'Etat impérialiste comme une force qui serait placée au-dessus des classes et qui serait capable de subordonner à un plan l'économie des pays capitalistes. Or, en réalité, l'ingérence de l'Etat bourgeois dans la vie économique n'a rien à voir avec la planification de l'économie nationale et ne fait qu'accentuer encore davantage l'anarchie de la production. Les apologistes des monopoles font hypocritement passer pour un « capitalisme organisé » la soumission de l'Etat impérialiste à l'oligarchie financière, la large utilisation par celle-ci de l'appareil d'Etat pour satisfaire son intérêt cupide et augmenter les profits des monopoles.

Dans les premières décennies du XXe siècle, en Allemagne, s'est répandue ce qu'on a appelé la tendance sociale ou l'école organique sociale d'économie politique (A. Ammon, R. Stolzmann, O. Spann et autres). Contrairement à l'école autrichienne qui aborde les phénomènes économiques d'un point de vue psychologique et subjectif, les représentants de la tendance sociale donnaient une interprétation des rapports sociaux des hommes, mais ils les considéraient de façon idéaliste, comme des formes juridiques dénuées de tout contenu matériel. Les économistes de la tendance sociale affirmaient que la vie sociale serait régie par des normes juridiques et éthiques. Ils camouflaient la ferveur qu'ils vouaient aux monopoles capitalistes par des considérations démagogiques sur le « bien-être général » et la nécessité de subordonner la « partie », c'est-à-dire les masses laborieuses, au « tout », c'est-à-dire à l'Etat impérialiste. Ils exaltaient l'activité des capitalistes, en proclamant qu'elle servait la société. Dans leur forme la plus réactionnaire, ces idées ont servi d'arme idéologique au fascisme en Allemagne et dans d'autres pays bourgeois.

Le fascisme allemand a utilisé les éléments les plus réactionnaires de l'économie politique vulgaire allemande, son chauvinisme extrême, son culte de l'Etat bourgeois, sa propagande en faveur de la conquête de terres étrangères et de la « paix sociale » à l'intérieur de l'Allemagne. Ennemis jurés du socialisme et de l'humanité progressiste, les fascistes allemands eurent recours à la démagogie anticapitaliste et se disaient hypocritement national-socialistes. Les fascistes italiens et allemands prêchaient la théorie réactionnaire de « l'Etat corporatif », selon laquelle le capitalisme, les classes et les contradictions des classes auraient été liquidés dans les pays fascistes. Les économistes fascistes justifiaient la conquête et le pillage des terres d'autrui par l'Allemagne hitlérienne, à l'aide de la « théorie des races » et de la « théorie de l'espace vital ». Conformément à ces « théories », les Allemands auraient été la « race supérieure » et toutes les autres nations des nations « inférieures », et la « race des seigneurs » aurait eu le droit de s'emparer par la force des terres des autres peuples, des peuples « inférieurs », et d'étendre sa domination au monde entier. L'expérience de l'histoire a montré nettement toute l'absurdité et l'inanité des plans hitlériens délirants de conquête de la domination mondiale.

Au cours de la crise générale du capitalisme, où le problème des marchés a pris une acuité sans précédent, où les crises économiques se sont multipliées et aggravées, où le chômage massif est devenu permanent, des théories diverses ont cherché à faire croire à la possibilité d'assurer le « plein emploi », de supprimer l'anarchie de la production et les crises tout en conservant le régime capitaliste. La théorie que l'économiste anglais J. M. Keynes (1883-1946) a exposée dans un ouvrage intitulé : Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936) a eu une large diffusion parmi les économistes bourgeois.

Tout en estompant les causes réelles du chômage massif permanent et des crises en régime capitaliste, Keynes s'applique à démontrer que ces « déficiences » de la société bourgeoise sont dues non pas à la nature du capitalisme, mais à la mentalité des hommes. Keynes affirme que le chômage résulte de la demande insuffisante en objets de consommation personnelle et industrielle. L'insuffisance de la demande en objets de consommation personnelle serait due à la tendance inhérente aux hommes à épargner une partie de leur revenu, et la demande insuffisante pour les objets de consommation industrielle au relâchement de l'intérêt des capitalistes pour le placement de leurs capitaux dans les différentes branches de l'économie par suite de l'abaissement général de la « rentabilité du capital ». Pour augmenter l'emploi de la population, affirme Keynes, il est nécessaire d'accroître les investissements, ce pour quoi l'Etat doit, d'une part, assurer une plus grande rentabilité aux capitaux en diminuant le salaire réel de l'ouvrier, moyennant l'inflation et l'abaissement du taux d'intérêt pour les prêts, et, d'autre part, effectuer de grands investissements sur le compte du budget. Pour élargir la demande en objets de consommation, Keynes recommande l'accroissement de la consommation parasite et du gaspillage des classes régnantes, l'augmentation des dépenses consacrées à des fins militaires et des autres dépenses improductives de l'Etat.

La théorie de Keynes n'est pas fondée. L'insuffisance de la demande en objets de consommation est due non point à une mythique « tendance des hommes à l'épargne », mais à l'appauvrissement des travailleurs. Les mesures proposées par Keynes soi-disant pour assurer le plein emploi de la population — inflation, augmentation des dépenses improductives pour la préparation et la conduite des guerres — conduisent en réalité à un nouvel abaissement du niveau de vie des travailleurs, à la contraction du marché et à l'extension du chômage. La théorie de Keynes est largement utilisée aujourd'hui sous une forme ou sous une autre par les économistes bourgeois, ainsi que par les socialistes de droite d'une série de pays capitalistes.

L'économie politique bourgeoise contemporaine des Etats-Unis est caractérisée par la théorie qui recommande l'accroissement du budget de l'Etat et de la dette publique comme moyen de remédier aux vices du capitalisme. Estimant que les possibilités de développement ultérieur du capitalisme par les seules forces économiques spontanées sont très restreintes, l'économiste américain A. Hansen démontre la nécessité pour l'Etat de « diriger » l'économie capitaliste en stimulant les placements de capitaux moyennant de fortes commandes de l'Etat. Selon la théorie de Hansen et de plusieurs autres économistes bourgeois américains, les dépenses de l'Etat doivent servir de « régulateur de l'emploi » : pendant la crise et la dépression, le gouvernement doit augmenter ses dépenses et, pendant l'inflation, les réduire. Partant de là, ils réclament l'extension de la pratique des commandes d'Etat, de la création d'entreprises au compte du Trésor, de l'achat de matières stratégiques sur une grande échelle, de l'extension de l'armée et de l'appareil gouvernemental. En fait, toutes ces formes de dépenses de l'Etat, liées à la militarisation de l'économie et à la course aux armements, contribuent largement à assurer des profits maximums aux monopoles.

Depuis la deuxième guerre mondiale, les économistes bourgeois américains font une vaste propagande en faveur de la militarisation de l'économie comme panacée des crises économiques de surproduction. D'après ce qu'ils affirment, une demande de matériel de guerre accrue assurerait un développement ininterrompu de la production. Cette théorie apologétique est démentie par la réalité car, en fin de compte, tout juste capable de retarder pour peu de temps l'arrivée d'une crise de surproduction, la militarisation de l'économie approfondit inévitablement la contradiction entre l'accroissement des possibilités de production et la réduction de la demande solvable de la population, contradiction qui conduit aux crises économiques.

Certains économistes bourgeois des Etats-Unis et de Grande-Bretagne se prononcent pour « le libre jeu des forces économiques », par lequel ils entendent en fait la liberté illimitée pour les monopoles d'exploiter les ouvriers et de dépouiller les consommateurs. Ces économistes proclament hypocritement que l'activité des syndicats en faveur des ouvriers est une violation de la « liberté économique » et ils exaltent la législation anti-ouvrière réactionnaire des Etats impérialistes. De même que les champions de l'économie « dirigée » par l'Etat bourgeois, les défenseurs du « libre jeu des forces économiques » traduisent les intérêts des différents groupes de l'oligarchie financière, qui cherche à s'assurer le profit maximum en intensifiant l'exploitation des masses laborieuses à l'intérieur du pays ainsi qu'en développant l'agression impérialiste sur le plan international.

Une série d'économistes bourgeois s'efforcent, par des élucubrations antiscientifiques sur la « valeur inégale » des différentes races et nations, sur la mission civilisatrice des races et nations « supérieures » à l'égard des races et nations « inférieures », etc., de justifier la politique agressive de mainmise des puissances impérialistes sur les terres d'autrui, d'asservissement et de pillage des autres peuples. Ce sont les représentants les plus réactionnaires de l'économie politique bourgeoise des Etats-Unis qui, à cet égard, font le plus de zèle : suivant les traces des fascistes allemands, ils répandent l'idée barbare de la « supériorité » des nations parlant l'anglais sur tous les autres peuples et s'appliquent à justifier par tous les moyens les plans délirants de domination des Etats-Unis dans le monde. A cette occasion, ils vantent avec zèle « le mode de vie américain », ressuscitant en fait la « théorie du caractère exceptionnel des Etats-Unis», depuis longtemps réfutée; elle avait cours entre 1920 et 1930 et affirmait que le capitalisme américain se distingue fondamentalement du capitalisme européen, qu'il est exempt des « maux » que sont les contradictions de classes et la lutte des classes, la domination des monopoles, le colonialisme, etc.. Le capitalisme américain est déclaré « populaire », « démocratique », « travailleur ». Or, en réalité, nulle part la domination du capital sur le travail, l'emprise des monopoles sur tous les domaines de la vie économique et politique, la subordination de l'appareil d'Etat à l'oligarchie financière ne se manifestent sous une forme aussi brutale qu'aux Etats-Unis.

De nombreux apologistes de l'impérialisme américain s'élèvent contre l'indépendance des peuples et leur souveraineté nationale; ils proclament que l'existence d'Etats nationaux est la cause fondamentale de toutes les calamités sociales de la société bourgeoise contemporaine : militarisme, guerres, chômage, misère, etc. Au principe de la souveraineté nationale des peuples, ils opposent l'idée cosmopolite d' « Etat mondial », dans lequel le rôle de direction est invariablement attribué aux Etats-Unis. La propagande en faveur du cosmopolitisme s'assigne pour tâche de désarmer les peuples sur le terrain idéologique, de briser leur volonté de résistance aux atteintes de l'impérialisme américain.

Nombreux sont les économistes bourgeois des Etats-Unis qui font une propagande directe en faveur d'une nouvelle guerre mondiale. Ils proclament que la guerre est un phénomène naturel et perpétuel de la vie sociale; ils prétendent que la coexistence pacifique des pays du camp capitaliste et de ceux du camp socialiste est impossible.

Afin de préparer une nouvelle guerre mondiale, les publications bourgeoises diffusent largement la théorie depuis longtemps réfutée de Malthus. Le malthusianisme contemporain a ceci de caractéristique qu'il allie les idées réactionnaires de Malthus à la théorie raciste. Les économistes malthusiens prétendent que le globe terrestre est surpeuplé par suite de la « multiplication excessive » des êtres humains, et que c'est là la cause profonde de la famine et de toutes les autres calamités qui frappent les masses laborieuses. Ils réclament une réduction sensible de la population, notamment dans les pays coloniaux et dépendants dont les peuples mènent une lutte de libération contre l'impérialisme. Les malthusiens d'aujourd'hui recommandent des guerres dévastatrices avec emploi de bombes atomiques et autres engins d'extermination massive.

La vie montre l'entière inconsistance des constructions théoriques de l'économie politique bourgeoise contemporaine, son rôle servile à l'égard du capital monopoliste, son incapacité de donner une analyse scientifique et une solution positive des problèmes économiques de l'époque actuelle.

La critique petite bourgeoise de l'impérialisme.

Contrairement à Sismondi qui voyait dans le système de la libre concurrence la source première de tous les maux du capitalisme, une grande partie des économistes petits-bourgeois de l'époque de l'impérialisme vantent le capitalisme de l'époque de la libre concurrence qu'ils représentent comme le meilleur régime économique de la société. Ils dirigent le feu de leur critique, non contre le capitalisme en général, mais seulement contre la domination illimitée des monopoles capitalistes, dans l'arbitraire desquels ils voient le principal danger qui menace la « liberté économique », l' « initiative privée », etc.

Dans les ouvrages des critiques petits-bourgeois de l'impérialisme se trouve rassemblée une riche collection de faits qui dénoncent la pratique de rapine des monopoles. Mais les économistes petits-bourgeois critiquent les monopoles en se plaçant sur des positions réactionnaires et utopiques, en demandant le retour au capitalisme de la libre concurrence. Ils nient la nécessité de passer au socialisme, faute de quoi on ne peut imaginer éliminer la domination des monopoles. La critique petite-bourgeoise de l'impérialisme sème l'illusion que l'on pourrait éliminer les « abus » des monopoles et consolider les positions des petites et moyennes entreprises à l'aide d'une législation « anti-trust », de toutes espèces de mesures en vue d'encourager les petites entreprises et de combattre les machinations spéculatives des requins de la finance tout en conservant le capitalisme. Les économistes petits-bourgeois sèment des illusions en affirmant que, dans les conditions du capitalisme, on peut sauver de la ruine les petits producteurs de marchandises, paysans et artisans, et améliorer radicalement la situation des ouvriers en développant les coopératives de consommateurs, d'agriculteurs, d'artisans.

Dans les conditions actuelles, de nombreux représentants de l'économie politique petite-bourgeoise se font les interprètes du mécontentement des couches petites-bourgeoises face à l'arbitraire des monopoles, au despotisme du pouvoir d'Etat, au joug fiscal insupportable, au danger croissant de guerre. Dans les pays d'Europe occidentale, et surtout dans les pays sous-développés, les représentants de cette tendance prennent une part active au mouvement démocratique contre l'étouffement de la souveraineté nationale des autres pays par l'impérialisme américain, contre la course aux armements, contre la politique de préparation d'une nouvelle guerre mondiale.

Les théories économiques des opportunistes de la IIe Internationale et des socialistes de droite contemporains.

Les tentatives sans nombre de la science bourgeoise pour « anéantir » le marxisme n'ont nullement ébranlé ses positions. Aussi la lutte contre le marxisme s'est-elle poursuivie sous le couvert d' « améliorations » et d' « interprétations » de la théorie de Marx. « La dialectique de l'histoire est telle que la victoire du marxisme en matière de théorie oblige ses ennemis à se déguiser en marxistes. » [V. Lénine : « Les destinées historiques de la doctrine de K. Marx », Karl Marx et sa doctrine, p. 67.] Les révisionnistes ont essayé d'adapter l'économie politique prolétarienne aux intérêts de la bourgeoisie.

Les dix dernières années du XIXe siècle ont vu entrer en scène le révisionnisme, dont le principal représentant a été le social-démocrate allemand Ed. Bernstein. Les révisionnistes sont partis en guerre contre l'enseignement de Marx et d'Engels sur l'inéluctabilité du renversement révolutionnaire du capitalisme et de l'établissement de la dictature du prolétariat. Ils ont soumis à une révision complète tous les aspects de la théorie économique révolutionnaire de Marx. Les révisionnistes ont proposé de combiner la théorie marxiste de la valeur-travail avec la théorie de l'utilité marginale, mais, en réalité, ils lui substituaient cette dernière. Ils ont interprété la théorie marxiste de la plus-value dans le sens d'une « condamnation morale » de l'exploitation capitaliste. Retranchés derrière de prétendues « données nouvelles » sur le développement du capitalisme, les révisionnistes ont proclamé « périmée » la théorie marxiste de la victoire de la grande production sur la petite, de la paupérisation du prolétariat dans la société capitaliste, de l'irréductibilité et de l'aggravation des contradictions de classes, de l'inéluctabilité des crises économiques de surproduction en régime capitaliste. Ils appelaient les ouvriers à renoncer à la lutte révolutionnaire pour la suppression du régime capitaliste et à se contenter de la lutte pour leurs intérêts économiques immédiats. En Russie, les conceptions du révisionnisme ont été reprises par les « marxistes légaux », qui étaient en fait des idéologues bourgeois (P. Strouvé, M. Tougan-Baranovski, etc.), par les représentants du groupe opportuniste des « économistes » et par les menchéviks.

Les opportunistes de la IIe Internationale, K. Kautsky (1854-1938), R. Hilferding (1877-1941), et d'autres encore, ont adopté une forme plus subtile de falsification du marxisme. Au début de leur activité, ils étaient des marxistes, qui collaboraient à la diffusion de la théorie marxiste. Sous ce rapport, il faut mentionner les travaux de K. Kautsky tels que La Doctrine économique de Karl Marx, La Question agraire et plusieurs autres, ainsi que l'ouvrage d'Hilferding, Le Capital financier (1910) qui, malgré des erreurs, a joué un rôle positif déterminé dans l'étude scientifique de la phase contemporaine du développement du capitalisme. Cependant, par la suite, K. Kautsky et R. Hilferding sont passés en fait sur les positions des adversaires du marxisme révolutionnaire, tout en continuant pendant un certain temps à faire figure d' « orthodoxes », c'est-à-dire de disciples fidèles de Marx et d'Engels. S'opposant en paroles — et encore de façon peu conséquente — à certaines affirmations des révisionnistes, ces opportunistes vidaient de sa substance révolutionnaire le marxisme, qu'ils essayaient de transformer en un dogme stérile. Ils rejetaient la théorie de la dictature du prolétariat, qui constitue l'âme du marxisme, niaient la paupérisation absolue de la classe ouvrière et prétendaient que les crises finissent par disparaître en régime capitaliste.

Cachant par tous les moyens les contradictions profondes du capitalisme monopoliste, K. Kautsky traitait l'impérialisme seulement comme une forme particulière de politique, comme la tendance des pays industriels hautement évolués à se soumettre les régions agricoles. Cette théorie semait l'illusion que la politique de conquête ne découle pas de la nature du capitalisme monopoliste. Au cours de la première guerre mondiale, Kautsky a lancé la théorie antimarxiste de l'ultra-impérialisme, qui prétend que l'on peut, à l'époque de l'impérialisme, par voie d'entente entre capitalistes des différents pays, créer une économie mondiale organisée et éliminer ainsi l'anarchie de la production et les guerres. Ce qui est caractéristique de cette théorie réactionnaire, c'est la coupure entre l'économique et le politique et la méconnaissance de la loi du développement inégal des pays capitalistes à l'époque de l'impérialisme. La théorie de 1' « ultra-impérialisme » présentait l'impérialisme sous un jour favorable et désarmait la classe ouvrière au profit de la bourgeoisie, en créant l'illusion d'un développement pacifique et sans crises du capitalisme. C'est à ce même but que devait servir la « théorie des forces productives », théorie vulgaire que prêchait Kautsky, et suivant laquelle le socialisme serait le résultat mécanique du développement des forces productives de la société, sans lutte de classes ni révolution. Au lendemain de la grande Révolution socialiste d'Octobre, Kautsky est entré en lutte ouverte contre la première dictature du prolétariat du monde et a appelé à l'intervention contre la République des Soviets.

Dans son ouvrage Le Capital financier, R, Hilferding voilait déjà le rôle déterminant des monopoles dans le capitalisme contemporain et l'aggravation de ses contradictions; il a méconnu les traits essentiels de l'impérialisme : le parasitisme et le pourrissement du capitalisme, le partage du monde et la lutte pour un nouveau partage. Pendant les années de stabilisation provisoire et partielle du capitalisme qui suivirent la première guerre mondiale, Hilferding prétendit, à la suite des économistes bourgeois, que s'était ouverte l'ère du « capitalisme organisé » où, grâce à l'activité des monopoles, disparaissent la concurrence, l'anarchie de la production, les crises et où commence à dominer une organisation harmonieuse et consciente. De là, les chefs réactionnaires de la social-démocratie ont tiré la conclusion que les trusts et les cartels « évoluent » pacifiquement vers l'économie socialiste planifiée, qu'il ne reste plus à la classe ouvrière qu'à aider les hommes des trusts et les banquiers à organiser l'économie, et qu'alors le capitalisme actuel « s'intégrera » progressivement dans le socialisme sans lutte aucune ni révolution.

Ainsi, chez Kautsky, Hilferding et les autres théoriciens réformistes de la social-démocratie, la présentation de l'impérialisme sous un jour favorable est inséparable du thème de « l'intégration pacifique du capitalisme dans le socialisme », qu'ils prêchent pour détourner la classe ouvrière de la lutte révolutionnaire pour le socialisme, et subordonner le mouvement ouvrier aux intérêts de la bourgeoisie impérialiste. C'est à ce but que devait servir, en particulier, la théorie apologétique de la « démocratie économique », diffusée par certains leaders socialistes de droite dans l'entre-deux-guerres. Selon cette théorie, en assumant le rôle de représentants syndicaux dans les directions d'usine et dans d'autres organismes, les ouvriers prendraient part sur un pied d'égalité à la gestion des affaires et deviendraient peu à peu les maîtres de la production. Par leur politique de trahison des intérêts de la classe ouvrière, les social-démocrates de la IIe Internationale ont frayé la route au fascisme en Allemagne et dans plusieurs autres pays.

La théorie du « socialisme coopératif », fondée sur l'illusion que, dans le cadre de la domination du capital, la diffusion des formes coopératives conduirait au socialisme, est une variété de la théorie réformiste de l'intégration pacifique du capitalisme dans le socialisme.

Ce sont les ennemis du socialisme — menchéviks, trotskistes, boukhariniens, etc. — qui répandaient en Russie les conceptions kautskistes antimarxistes en matière de théorie de l'impérialisme. En prêchant les théories apologétiques de « l'impérialisme pur », du « capitalisme organisé », etc., ils s'évertuaient à escamoter les contradictions sans cesse aggravées du capitalisme monopoliste. En niant la loi du développement inégal du capitalisme à l'époque de l'impérialisme, ils cherchaient à verser dans la conscience de la classe ouvrière le poison du doute sur la possibilité de la victoire du socialisme dans un seul pays.

Après la deuxième guerre mondiale, on vit les chefs réformistes de droite des travailliste anglais, les chefs socialistes de droite en France, en Italie, en Allemagne occidentale, en Autriche et en d'autres pays (L. Blum, K. Renner, etc.), se poser en défenseurs du capitalisme. Les chefs socialistes de droite défendent les monopoles, prêchent la paix de classe entre les ouvriers et la bourgeoisie, souvent ils soutiennent activement la politique réactionnaire de l'impérialisme à l'intérieur et sa politique agressive à l'extérieur. Pour concilier les travailleurs avec l'impérialisme, inculquer à la classe ouvrière la foi en la possibilité de voir s'améliorer sa situation misérable tout en maintenant le régime capitaliste, les théoriciens socialistes de droite ont inventé la théorie du « socialisme démocratique », qui est une variété de la théorie de « l'intégration pacifique du capitalisme dans le socialisme ».

La théorie du « socialisme démocratique » prétend qu'en Angleterre, aux Etats-Unis, en France et dans les autres pays capitalistes, il n'existe plus maintenant ni exploitation, ni opposition entre les intérêts de classe du prolétariat et ceux de la bourgeoisie; elle déclare que l'Etat impérialiste est une organisation au-dessus des classes, et que toute entreprise, propriété de cet Etat, est une entreprise « socialiste », Les chefs travaillistes ont déclaré que la nationalisation de la Banque d'Angleterre, des chemins de fer et de certaines branches d'industrie, qui fut réalisée alors qu'ils étaient au pouvoir, après la deuxième guerre mondiale, était un triomphe du « socialisme démocratique ». Mais en réalité, la nationalisation travailliste a été une mesure bourgeoise, qui n'a point modifié la nature économique des entreprises nationalisées en tant qu'entreprises capitalistes. La bourgeoisie monopoliste est demeurée la vraie maîtresse de l'Angleterre. Les détenteurs des entreprises nationalisées, précédemment déficitaires, se sont vu accorder une large compensation et un revenu élevé garanti, tandis qu'on oblige les ouvriers occupés dans les industries nationalisées à fournir un effort encore plus intense, pour un salaire maintenu à un bas niveau. La théorie du « socialisme démocratique » n'est qu'un paravent pour cacher l'oppression grandissante des masses laborieuses par le capitalisme monopoliste d'Etat, degré supérieur de la domination exercée par l'oligarchie financière.

Tout en prêchant la « paix sociale » dans la société capitaliste, les chefs des partis socialistes de droite aident activement la bourgeoisie à mener une grande offensive contre le niveau de vie des masses laborieuses, à réprimer le mouvement ouvrier dans les métropoles et le mouvement de libération nationale dans les colonies et les pays dépendants. Pour ce qui est de l'interprétation et de l'appréciation de tous les principaux phénomènes économiques de l'époque actuelle, ils suivent d'ordinaire les économistes bourgeois.

Une lutte suivie contre les théories des économistes bourgeois et des chefs socialistes de droite est menée par les partis communistes et ouvriers, qui, dans leur activité, s'inspirent de la théorie du marxisme-léninisme.

Les idées de la théorie d'avant-garde marxiste-léniniste sont de plus en plus répandues parmi les intellectuels progressistes des pays capitalistes, coloniaux et semi-coloniaux, y compris parmi les économistes. Le cours objectif du développement social, les faits de la vie réelle renforcent de plus en plus les économistes d'avant-garde des pays capitalistes dans la conviction que la théorie du marxisme-léninisme est historiquement juste. Dans les travaux de ces savants qui sont partisans de la conception matérialiste du monde et se sentent attirés vers le marxisme, on trouve souvent des matériaux de valeur montrant les contradictions et les vices du capitalisme actuel; les idées de coexistence pacifique entre les différents systèmes sociaux et de collaboration économique entre les peuples y sont développées. L'armée des savants d'avant-garde, des personnalités d'opinions et de tendances différentes, qui prennent une part active à la lutte pour l'indépendance nationale de leurs peuples, pour la paix, pour le développement des relations économiques et culturelles entre tous les pays, sans distinction de régime social, cette armée grandit et se multiplie.

Le développement par Lénine de l'économie politique marxiste du capitalisme. L'élaboration d'une série de nouvelles thèses de l'économie politique du capitalisme par Staline.

La doctrine économique de Marx et d'Engels a été développée dans les écrits de Lénine (1870-1924). Marx, Engels et Lénine sont les créateurs de l'économie politique véritablement scientifique. Fidèle disciple et continuateur de la doctrine de Marx et d'Engels, Lénine a mené une lutte intransigeante contre les ennemis avoués et cachés du marxisme. Il a défendu la doctrine révolutionnaire de Marx et d'Engels contre les attaques de la pseudo-science bourgeoise, contre les déformations que lui faisaient subir les révisionnistes et les opportunistes de tout poil. Faisant la synthèse de la nouvelle expérience historique de la lutte de classe du prolétariat, il a porté le marxisme à un degré nouveau, supérieur.

Lénine est entré dans la lutte politique entre 1890 et 1900, à l'époque où s'achevait le passage du capitalisme prémonopoliste à l'impérialisme, et où le centre du mouvement révolutionnaire mondial s'était déplacé vers la Russie, pays était en train de mûrir la plus grande des révolutions populaires.

Dans les ouvrages qu'il écrivait alors : A propos de la question dite des marchés (1893), Ce que sont les « amis du peuple » et comment Us luttent contre les social-démocrates ? (1894), Le Contenu économique du populisme et la critique qu'en fait dans son livre M. Strouvé (1894), Pour la caractéristique du romantisme économique (1897), Lénine a mené une lutte suivie contre les populistes qui prétendaient que le capitalisme ne se développerait pas en Russie, et contre les « marxistes légaux » qui chantaient les louanges du capitalisme, en camouflaient les contradictions profondes et cherchaient à subordonner le mouvement ouvrier grandissant aux intérêts de la bourgeoisie. Une défaite idéologique définitive a été infligée au populisme par Lénine dans son ouvrage classique : Le Développement du capitalisme en Russie (1899), qui constitue l'œuvre la plus importante de la littérature marxiste depuis la publication du Capital de Marx.

Dans cet ouvrage, comme dans ses autres écrits de cette époque, Lénine a fourni une analyse pénétrante de l'économie de la Russie; il a fait ressortir les fondements économiques des antagonismes de classes et de la lutte de classes, des perspectives du mouvement révolutionnaire. En faisant la synthèse de l'expérience du développement économique et politique de la Russie et des autres pays au cours des dernières décennies du XIXe siècle, Lénine a défendu et développé les thèses du marxisme sur les lois de la naissance et du développement du mode de production capitaliste, sur ses contradictions insolubles et sa disparition certaine. Après avoir réfuté les élucubrations populistes sur le « caractère factice » du capitalisme russe, Lénine a mis en lumière les traits originaux de l'économie et du régime social de la Russie, liés aux particularités de son développement historique, notamment à la combinaison des méthodes d'exploitation capitaliste et des nombreux vestiges de l'oppression féodale, qui conférait aux rapports sociaux de la Russie une acuité spéciale.

Dans sa lutte contre l'attitude dédaigneuse du populisme à l'égard du prolétariat, Lénine montre que le développement du capitalisme conduit inévitablement à l'accroissement des effectifs, au développement de l'organisation et de la conscience de la classe ouvrière, avant-garde de la masse des travailleurs et des exploités. Il a établi de façon irréfutable le rôle dirigeant du prolétariat dans la révolution.

Lénine a expliqué la nature des processus de différenciation de la paysannerie dans la Russie, après l'abolition du servage, et l'étroite interpénétration des survivances de la servitude féodale et des rapports capitalistes oppressifs, réfutant ainsi la conception populiste de la paysannerie constituant une masse homogène. Il a démontré, du point de vue économique, la possibilité et la nécessité d'une alliance révolutionnaire entre la classe ouvrière et les masses travailleuses et exploitées de la paysannerie.

Lénine a dégagé le fondement économique des particularités de la révolution russe, qui en faisaient une révolution d'un type nouveau, une révolution démocratique bourgeoise avec hégémonie du prolétariat, et qui avait pour perspective de se transformer en révolution socialiste.

Le Développement du capitalisme en Russie fait le point d'une série d'ouvrages de Lénine sur la théorie de la reproduction capitaliste. Dans ces écrits, il a battu en brèche les affirmations sismondistes des populistes sur l'impossibilité de réaliser la plus-value sans l'existence de petits producteurs et d'un marché extérieur, et il a justifié de façon irréfutable la thèse marxiste, selon laquelle le marché pour le capitalisme se crée au, cours du développement du capitalisme lui-même. Lénine a développé les thèses marxistes sur la loi du développement par priorité de la production des moyens de production dans la reproduction élargie, sur les contradictions de la réalisation capitaliste, sur l'élévation de la composition organique du capital en tant que facteur de la paupérisation du prolétariat, sur l'inéluctabilité des crises périodiques de surproduction en régime capitaliste.

Lénine a apporté une contribution des plus précieuses à l'économie politique marxiste dans ses travaux sur la question agraire, synthèse scientifique d'une vaste documentation sur le développement du capitalisme dans l'agriculture de la Russie et d'une série d'autres pays (France, Allemagne, Danemark, Etats-Unis, etc.). Dans ses écrits La Question agraire et les « critiques de Marx » (1901-1907), Le Programme agraire de la social-démocratie dans la première révolution russe de 1905-1907 (1907). Nouvelles Données sur les lois du développement capitaliste dans l’agriculture (1914-1915), etc., Lénine a analysé à fond et sous tous leurs aspects les lois du développement capitaliste de l'économie rurale, que Marx n'avait fait qu'ébaucher dans leurs grandes lignes.

Dans sa lutte contre le révisionnisme occidental et russe, qui prétendait que l'agriculture est une branche de l'économie où les lois de la concentration et de la centralisation du capital seraient inapplicables, Lénine a donné une analyse scientifique des particularités du développement du capitalisme à la campagne. Il a montré le caractère profondément contradictoire de la situation économique des masses principales de la paysannerie et l'inéluctabilité de leur ruine dans la société bourgeoise. Lénine a défendu et développé la théorie marxiste de la rente foncière différentielle et absolue. Ayant mis en lumière le rôle de la rente absolue comme l'un des principaux facteurs qui entravent le développement des forces productives dans l'agriculture, Lénine a mis au point dans le détail le problème de la possibilité, des conditions et des conséquences économiques de la nationalisation du sol dans les révolutions démocratique-bourgeoise et socialiste. Il a dénoncé les économistes bourgeois qui prêchaient la loi pseudo-scientifique « de la fertilité décroissante du sol ». Dans sa lutte contre l'attitude opportuniste des partis occidentaux de la IIe Internationale et du menchévisme russe, y compris le trotskisme, à l'égard de la paysannerie, Lénine a démontré la nécessité pour la classe ouvrière d'une politique destinée à faire des masses paysannes l'allié du prolétariat révolutionnaire.

La théorie de la question agraire, formulée par Lénine, a été l'argument économique sur lequel a reposé la politique du Parti communiste de Russie en ce qui concerne les rapports entre le prolétariat et la paysannerie, et particulièrement le point de son programme relatif à la nationalisation de la terre. Les écrits de Lénine sur la question agraire constituent le fondement théorique du programme et de la politique agraires des partis communistes frères.

La lutte que Lénine a soutenue pour défendre le matérialisme dialectique et historique dans son célèbre Matérialisme et empiriocriticisme a une importance énorme pour le développement de la théorie marxiste. Cet ouvrage a porté un coup irrémédiable aux racines mêmes des « théories » révisionnistes, à leur philosophie idéaliste.

Lénine a dénoncé l'inconsistance totale de la critique révisionniste de l'économie politique marxiste. Il a montré la faillite du révisionnisme dans toutes les questions fondamentales de l'économie politique du capitalisme : la théorie de la valeur, la théorie de la plus-value, la théorie de la concentration du capital, la théorie des crises, etc.

Marx et Engels, qui vivaient à l'époque du capitalisme prémonopoliste, n'ont naturellement pas pu faire l'analyse de l'impérialisme. C'est à Lénine que revient le grand mérite d'avoir fait l'analyse marxiste de la phase monopoliste du capitalisme.

En s'appuyant sur les thèses fondamentales du Capital et en faisant la synthèse des faits nouveaux de l'économie des pays capitalistes, Lénine fut le premier parmi les marxistes à faire une analyse complète de l'impérialisme en tant que phase ultime du capitalisme, en tant que prélude à la révolution sociale du prolétariat. Cette analyse est contenue dans son ouvrage classique L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme (1916), ainsi que dans d'autres ouvrages datant de la première guerre mondiale : Le Socialisme et la guerre, Sur le mot d'ordre des Etats-Unis d'Europe, Sur la caricature du marxisme et l' « économisme impérialiste », L'Impérialisme et la scission du socialisme, Le Programme militaire de la révolution prolétarienne.

Dans sa théorie de l'impérialisme, Lénine part du fait que la domination des monopoles constitue la base la plus profonde de l'impérialisme, son essence économique, que l'impérialisme est le capitalisme monopoliste. Lénine a fait une analyse pénétrante des principaux caractères économiques de l'impérialisme et des formes concrètes de la domination des monopoles. Dans sa théorie de l'impérialisme, du remplacement de la libre concurrence par la domination des monopoles qui reçoivent les profits élevés de monopole, des sources et des méthodes tendant à assurer ces profits, Lénine a posé les thèses initiales de la loi économique fondamentale du capitalisme monopoliste. Définissant l'impérialisme comme un stade nouveau, le stade suprême du capitalisme, il a déterminé la place historique de l'impérialisme et montré que l'impérialisme est le capitalisme monopoliste, parasite ou pourrissant et agonisant. La théorie léniniste de l'impérialisme découvre les contradictions du capitalisme à la phase monopoliste de son développement — contradictions entre travail et capital, métropoles et colonies, entre pays impérialistes. Elle explique les causes profondes qui rendent inévitables les guerres impérialistes pour un nouveau partage du monde. L'aggravation de toutes ces contradictions atteint la limite extrême, au-delà de laquelle commence la révolution. Lénine a démontré le caractère juste de la lutte libératrice des peuples contre l'oppression et l'asservissement impérialistes.

Lénine a étudié le problème du capitalisme monopoliste d'Etat et de la subordination de l'appareil d'Etat bourgeois aux monopoles. Il a montré que le capitalisme monopoliste d'Etat est une forme supérieure de la socialisation capitaliste de la production et la préparation matérielle du socialisme, d'une part, l'accroissement de l'exploitation de la classe ouvrière et de toutes les masses travailleuses, d'autre part.

Lénine a découvert la loi de l'inégalité du développement économique et politique des pays capitalistes dans la période de l'impérialisme. Partant de cette loi, il a fait une grande découverte scientifique : la possibilité de rompre la chaîne de l'impérialisme mondial en son anneau le plus faible; il a conclu à la possibilité de la victoire du socialisme d'abord dans quelques pays ou même dans un seul pays pris à part, et à l'impossibilité d'une victoire simultanée du socialisme dans tous les pays. Lénine a démontré le rôle immense de la paysannerie comme alliée du prolétariat dans la révolution. Il a analysé la question nationale et coloniale et fixé la voie à suivre pour la résoudre. Il a prouvé la possibilité et la nécessité d'unir le mouvement prolétarien des pays développés et le mouvement de libération nationale des colonies en un front de lutte unique contre l'ennemi commun, l'impérialisme. La théorie léniniste de l'impérialisme a montré la nécessité de la révolution socialiste, de la dictature de la classe ouvrière dans les conditions de la nouvelle époque historique, de l'époque des batailles directes et décisives du prolétariat pour le socialisme. Ainsi, Lénine a créé une théorie nouvelle, achevée, de la révolution socialiste.

Lénine a élaboré les principes de la théorie de la crise générale du capitalisme, phase historique de l'effondrement du régime capitaliste et de la victoire d'un régime nouveau, supérieur, le régime socialiste. Déjà au cours de la première guerre mondiale, il était arrivé à la conclusion que l'époque du développement relativement pacifique du capitalisme était révolue, que la guerre impérialiste, qui est une des plus grandes crises de l'histoire, inaugurait l'ère de la révolution socialiste. La guerre a donné naissance à une crise si immense, disait Lénine à la veille de la grande Révolution socialiste d'Octobre, que l'humanité s'est trouvée placée devant l'alternative : ou succomber ou s'en remettre à la classe la plus révolutionnaire pour passer au plus vite à un mode de production supérieur, au socialisme. Du fait, établi par Lénine, que la révolution socialiste n'arrive pas à maturité en même temps dans les différents maillons du système capitaliste mondial, découle la conclusion que le capitalisme s'effondre et le socialisme triomphe au fur et à mesure que se détachent du système capitaliste des pays où triomphe la classe ouvrière, étroitement et indissolublement alliée aux masses paysannes, et en ralliant l'immense majorité du peuple. Lénine a démontré la possibilité et la nécessité de la coexistence pacifique, durant une longue période historique, des deux systèmes capitaliste et socialiste.

Lénine a élaboré la théorie de l'impérialisme et de la crise générale du capitalisme dans une lutte implacable contre les économistes bourgeois et les opportunistes de la IIe Internationale. Il a dénoncé la carence théorique complète et la nocivité politique de la théorie antimarxiste de l' « ultra-impérialisme » de Kautsky et de ses variétés présentées par Trotski et Boukharine. Dans la lutte contre les déformations du marxisme par Boukharine, Lénine a maintes fois souligné que l' « impérialisme pur », sans la base fondamentale du capitalisme, n'a jamais existé, n'existe nulle part, et n'existera jamais. S'élevant au-dessus du vieux capitalisme en qualité de superstructure et de prolongement direct de ce capitalisme, l'impérialisme aggrave encore davantage toutes les contradictions de la société bourgeoise. Lénine a montré le lien profond qui existe entre l'opportunisme et l'impérialisme, et il a dénoncé le rôle politique des opportunistes en tant qu'agents de la bourgeoisie au sein du mouvement ouvrier. Il a dévoilé l'origine des courants opportunistes qui s'y manifestent, et montré que ces courants se développent sur la base de la corruption et de la perversion des couches supérieures de la classe ouvrière par la bourgeoisie. Lénine a porté un coup décisif à l'apologie du capitalisme monopoliste d'Etat par les opportunistes, qui ont cherché à le présenter pour du « socialisme », Les écrits de Lénine contre l'opportunisme ont une importance énorme pour le mouvement révolutionnaire car, sans dénoncer le contenu politique et idéologique de l'opportunisme et son rôle de trahison dans le mouvement ouvrier, il ne saurait y avoir de lutte véritable contre l'impérialisme.

Les problèmes de l'économie politique marxiste-léniniste ont encore été développés et concrétisés dans les décisions et les documents du Parti communiste de l'Union soviétique, dans les travaux de J. Staline (1879-1953) et des autres compagnons et disciples de Lénine.

S'inspirant des travaux de Marx, d'Engels et de Lénine, Staline a formulé et développé une série de thèses nouvelles en matière de science économique, en faisant la synthèse de la nouvelle expérience du développement historique, de la nouvelle pratique de la lutte de la classe ouvrière et de son Parti communiste. En même temps, les travaux de Staline contiennent une défense conséquente de l'économie politique marxiste contre les ennemis du marxisme révolutionnaire, ainsi que la popularisation de ses thèses et problèmes fondamentaux.

En dénonçant la fausseté des affirmations des économistes bourgeois et des réformistes, qui prétendent que les contradictions du capitalisme s'atténuent au cours de son développement historique, Staline a démontré l'inéluctabilité d'une nouvelle aggravation de ces contradictions qui témoigne de la fin certaine du capitalisme. Les écrits de Staline développent une série de thèses importantes sur la question agraire. Dans sa lutte contre le révisionnisme, Staline a montré, sur la base d'arguments nouveaux, la carence totale de la théorie de la « stabilité » de la petite exploitation paysanne. Seule, la suppression du système d'esclavage capitaliste peut sauver la paysannerie de la ruine et de la misère. La question paysanne est celle de la transformation de la majorité exploitée des paysans, de réserve de la bourgeoisie en réserve directe de la révolution, en alliée de la classe ouvrière qui lutte pour l'abolition du régime capitaliste. Dans son ouvrage Le Marxisme et la question nationale (1913), ainsi que dans d'autres écrits, Staline a continué l'étude de la question nationale. Il a démontré le rôle des conditions économiques de la vie de la société dans la formation des nations et des Etats nationaux. La communauté de vie économique des hommes constitue un des indices essentiels de la nation. Le processus de liquidation du féodalisme et de développement du capitalisme est en même temps le processus de constitution des hommes en nations. Staline a mis en lumière le rôle du marché national dans la formation des Etats nationaux en Europe occidentale; il a décrit ce qu'il y a d'original dans le cours historique de la formation des Etats en Orient.

Dirigé par son Comité central, Staline en tête, le Parti communiste de l'Union soviétique a défendu la théorie marxiste-léniniste dans son ensemble, la doctrine économique marxiste-léniniste en particulier, contre les attaques des ennemis du léninisme : les trotskistes, les boukhariniens, les nationalistes bourgeois. Et la défense et la continuation de l'élaboration de la théorie de Lénine sur la possibilité de la victoire du socialisme dans un seul pays, de la théorie léniniste de la révolution socialiste ont eu une importance particulière pour les destinées du socialisme en U.R.S.S. et dans le monde entier.

Dans plusieurs de ses ouvrages (Des principes du léninisme, Les Questions du léninisme, Les Problèmes économiques du socialisme en U.R.S.S., rapports aux congrès et aux conférences du P.C.U.S.), Staline a développé les thèses de Lénine sur la nature économique et politique de l'impérialisme et de la crise générale du capitalisme, sur les lois du développement du capitalisme monopoliste. Partant des indications classiques de Lénine sur la nature économique de l'impérialisme qui réside dans la domination des monopoles et sur les profits élevés de monopole, Staline a formulé la loi économique fondamentale du capitalisme actuel. Il a fourni une analyse détaillée de la crise générale du capitalisme et de ses deux phases : la première, qui a commencé dans la période de la première guerre mondiale, et la seconde, qui s'est ouverte pendant la deuxième guerre mondiale, surtout depuis que les pays de démocratie populaire en Europe et en Asie se sont détachés du système capitaliste.

Dénonçant les valets de la bourgeoisie qui font l'éloge du système d'économie capitaliste, il a caractérisé de manière approfondie la crise générale du capitalisme qui embrasse l'économique comme le politique. L'expression la plus éclatante de la crise générale du capitalisme est la victoire d'une portée historique de la grande Révolution socialiste d'Octobre en U.R.S.S. et la division du monde en deux systèmes : capitaliste et socialiste. La crise du système colonial de l'impérialisme est partie intégrante de la crise générale du capitalisme.

Les écrits de Staline mettent en lumière la nature et le rôle d'éléments de la crise générale du capitalisme, tels que l'aggravation extrême du problème des marchés, la sous-production chronique des entreprises et le chômage massif permanent. Après avoir fait l'analyse des changements survenus dans le cycle capitaliste et les crises économiques de l'époque actuelle, Staline a montré l'inanité des efforts tentés par l'Etat bourgeois pour combattre les crises, la carence des affirmations relatives à la possibilité, en régime capitaliste, de gérer l'économie suivant un plan. Les écrits de Staline dénoncent la nature profondément réactionnaire et agressive du fascisme et le rôle de trahison des socialistes de droite actuels.

L'économie politique marxiste-léniniste sert de guide pour l'action aux partis communistes et ouvriers de tous les pays. Elle éclaire pour les travailleurs la voie vers la libération du joug du capital.

 

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