Albert Einstein et Michael Parenti sur le communisme

 

Les documents présentés ici sont à prendre en compte en ayant en vue les limites, erreurs et déviations du mouvement communiste international se réclamant du marxisme-léninisme analysées dans notre étude « Impérialisme et anti-impérialisme » de mai 2007. En effet dans ces documents (ceux de Michael Parenti et du PTB), des pays comme la Chine ou Cuba sont considérés comme des pays socialistes alors qu'ils ne l'ont jamais été (la Chine est même aujourd'hui devenue un puissant pays impérialiste). En outre ces documents considèrent à tord l'URSS comme socialiste jusqu'en 1990. Or le capitalisme restauré en URSS au début des années 1950 est parvenu à maintenir certains acquis sociaux hérités de la période socialiste jusqu'au dépeçage de la sphère d'influence du social-impérialisme soviétique et à la ruine de pans entiers de son économie. Toutes ces erreurs ont pour source une compréhension superficielle de la théorie économique marxiste-léniniste.

 

Sommaire :

Pourquoi le socialisme ? (Albert Einstein)

Aux USA, terre promise (Michael Parenti)

Débat sur le communisme (Michael Parenti)

La gauche anticommuniste chasse elle-même les sorcières Certains trouvent le communisme pire que les crimes contre l'humanité La fragilité d'une insurrection sans centralisation Le paradis du marché libre en Europe de l'Est Walesa, Havel & Co : les nouveaux héros de la démocratie ? La colonisation de L'Europe de l'Est Le paradis du marché libre : 300 000 SDF rien qu'à Moscou «Nous ne réalisions pas ce que nous avions»

Le communisme - FAQ

C'est quoi ? Une expérience ratée ? Une utopie ? Plus de propriété ? Fin de l'initiative ? Economiquement pas viable ? Fin de la démocratie ? Comment fonctionnent les élections dans un pays communiste ?

Le miracle économique socialiste

Le capitalisme : source de pauvreté et de misère

Economie des USA : une bombe à retardement

Le danger d'une nouvelle crise économique

Affiche de propagande nazie : 'La victoire, ou le bolchévisme'. Ici, le bolchévisme nous est présenté comme une source de misère. Mais de nos jours, la propagande anti-communiste n'a-t-elle pas repris tel quel ce refrain nazi à son compte ?

« Si le Juif, grâce à sa religion marxiste, arrive à vaincre les autres peuples de ce monde, sa couronne sera la couronne funéraire de l'humanité et la planète évoluera dans l'univers, comme elle le fit il y a des millions d'années, sans êtres humains. » (Adolf Hitler, Mein Kampf.)

'Le Tsar, le Pope et les riches sur le dos du peuple travailleur !'

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Sur le capitalisme et l'exploitation salariée :

Visionner l'animation 'otherworld'

 

 

Pourquoi le socialisme ?

(Albert Einstein)

Est-il convenable qu’un homme qui n’est pas versé dans les questions économiques et sociales exprime des opinions au sujet du socialisme ?

Pour de multiples raisons je crois que oui.

Considérons d’abord la question au point de vue de la connaissance scientifique. Il pourrait paraître qu’il n’y ait pas de différences méthodologiques essentielles entre l’astronomie, par exemple, et l’économie : les savants dans les deux domaines essaient de découvrir les lois généralement acceptables d’un groupe déterminé de phénomènes, afin de rendre intelligibles, d’une manière aussi claire que possible, les relations réciproques existant entre eux. Mais en réalité de telles différences existent. La découverte de lois générales en économie est rendue difficile par la circonstance que les phénomènes économiques observés sont souvent influencés par beaucoup de facteurs qu’il est très difficile d’évaluer séparément. En outre, l’expérience accumulée depuis le commencement de la période de l’histoire humaine soi-disant civilisée a été — comme on le sait bien — largement influencée et délimitée par des causes qui n’ont nullement un caractère exclusivement économique. Par exemple, la plupart des grands États dans l’histoire doivent leur existence aux conquêtes. Les peuples conquérants se sont établis, légalement et économiquement, comme classe privilégiée du pays conquis. Ils se sont attribués le monopole de la terre et ont créé un corps de prêtres choisis dans leur propre rang. Les prêtres, qui contrôlèrent l’éducation, érigèrent la division de la société en classes en une institution permanente et créèrent un système de valeurs par lequel le peuple fut dès lors, en grande partie inconsciemment, guidé dans son comportement social.

Mais la tradition historique date pour ainsi dire d’hier ; nulle part nous n’avons dépassé ce que Thorstein Veblen appelait " la phase de rapine " du développement humain. Les faits économiques qu’on peut observer appartiennent à cette phase et les lois que nous pouvons en déduire ne sont pas applicables à d’autres phases. Puisque le but réel du socialisme est de dépasser la phase de rapine du développement humain et d’aller en avant, la science économique dans son état actuel peut projeter peu de lumière sur la société socialiste de l’avenir.

En second lieu, le socialisme est orienté vers un but éthico-social. Mais la science ne peut pas créer des buts, encore moins peut-elle les faire pénétrer dans les êtres humains ; la science peut tout au plus fournir les moyens par lesquels certains buts peuvent être atteints. Mais les buts mêmes sont conçus par des personnalités animées d’un idéal moral élevé et — si ces buts ne sont pas mort-nés, mais vivants et vigoureux — sont adoptés et portés en avant par ces innombrables êtres humains qui, à demi inconscients, déterminent la lente évolution de la société.

Pour ces raisons nous devrions prendre garde de ne pas surestimer la science et les méthodes scientifiques quand il s’agit de problèmes humains ; et nous ne devrions pas admettre que les spécialistes soient les seuls qui aient le droit de s’exprimer sur des questions qui touchent à l’organisation de la société.

D’innombrables voix ont affirmé, il n’y a pas longtemps, que la société humaine traverse une crise, que sa stabilité a été gravement troublée. Il est caractéristique d’une telle situation que des individus manifestent de l’indifférence ou, même, prennent une attitude hostile à l’égard du groupe, petit ou grand, auquel ils appartiennent. Pour illustrer mon opinion je veux évoquer ici une expérience personnelle. J’ai récemment discuté avec un homme intelligent et d’un bon naturel sur la menace d’une autre guerre, qui, à mon avis, mettrait sérieusement en danger l’existence de l’humanité, et je faisais remarquer que seule une organisation supranationale offrirait une protection contre ce danger. Là-dessus mon visiteur me dit tranquillement et froidement : " Pourquoi êtes-vous si sérieusement opposé à la disparition de la race humaine ? "

Je suis sûr que, il y a un siècle, personne n’aurait si légèrement fait une affirmation de ce genre. C’est l’affirmation d’un homme qui a vainement fait des efforts pour établir un équilibre dans son intérieur et qui a plus ou moins perdu l’espoir de réussir. C’est l’expression d’une solitude et d’un isolement pénibles dont tant de gens souffrent de nos jours. Quelle en est la cause ? Y a-t-il un moyen d’en sortir ?

Il est facile de soulever des questions pareilles, mais il est difficile d’y répondre avec tant soit peu de certitude. Je vais néanmoins essayer de le faire dans la mesure de mes forces, bien que je me rende parfaitement compte que nos sentiments et nos tendances sont souvent contradictoires et obscurs et qu’ils ne peuvent pas être exprimés dans des formules aisées et simples.

L’homme est en même temps un être solitaire et un être social. Comme être solitaire il s’efforce de protéger sa propre existence et celle des êtres qui lui sont le plus proches, de satisfaire ses désirs personnels et de développer ses facultés innées. Comme être social il cherche à gagner l’approbation et l’affection de ses semblables, de partager leurs plaisirs, de les consoler dans leurs tristesses et d’améliorer leurs conditions de vie. C’est seulement l’existence de ces tendances variées, souvent contradictoires, qui explique le caractère particulier d’un homme, et leur combinaison spécifique détermine dans quelle mesure un individu peut établir son équilibre intérieur et contribuer au bien-être de la société. Il est fort possible que la force relative de ces deux tendances soit, dans son fond, fixée par l’hérédité. Mais la personnalité qui finalement apparaît est largement formée par le milieu où elle se trouve par hasard pendant son développement, par la structure de la société dans laquelle elle grandit, par la tradition de cette société et son appréciation de certains genres de comportement. Le concept abstrait de " société " signifie pour l’individu humain la somme totale de ses relations, directes et indirectes, avec ses contemporains et les générations passées. Il est capable de penser, de sentir, de lutter et de travailler par lui-même, mais il dépend tellement de la société — dans son existence physique, intellectuelle et émotionnelle — qu’il est impossible de penser à lui ou de le comprendre en dehors du cadre de la société. C’est la " société " qui fournit à l’homme la nourriture, les vêtements, l’habitation, les instruments de travail, le langage, les formes de la pensée et la plus grande partie du contenu de la pensée ; sa vie est rendue possible par le labeur et les talents de millions d’individus du passé et du présent, qui se cachent sous ce petit mot de " société ".

Il est, par conséquent, évident que la dépendance de l’individu de la société est un fait naturel qui ne peut pas être supprimé — exactement comme dans le cas des fourmis et des abeilles. Cependant, tandis que tout le processus de la vie des fourmis et des abeilles est fixé, jusque dans ses infimes détails, par des instincts héréditaires rigides, le modèle social et les relations réciproques entre les êtres humains sont très variables et susceptibles de changement. La mémoire, la capacité de faire de nouvelles combinaisons, le don de communication orale ont rendu possibles des développements parmi les êtres humains qui ne sont pas dictés par des nécessités biologiques. De tels développements se manifestent dans les traditions, dans les institutions, dans les organisations, dans la littérature, dans la science, dans les réalisations de l’ingénieur et dans les œuvres d’art. Ceci explique comment il arrive que l’homme peut, dans un certain sens, influencer sa vie par sa propre conduite et comment, dans ce processus, la pensée et le désir conscients peuvent jouer un rôle.

L’homme possède à sa naissance, par hérédité, une constitution biologique que nous devons considérer comme fixe et immuable, y compris les impulsions naturelles qui caractérisent l’espèce humaine. De plus, pendant sa vie il acquiert une constitution culturelle qu’il reçoit de la société par la communication et par beaucoup d’autres moyens d’influence. C’est cette constitution culturelle qui, dans le cours du temps, est sujette au changement et qui détermine, à un très haut degré, les rapports entre l’individu et la société. L’anthropologie moderne nous a appris, par l’investigation des soi-disant cultures primitives, que le comportement social des êtres humains peut présenter de grandes différences, étant donné qu’il dépend des modèles de culture dominants et des types d’organisation qui prédominent dans la société. C’est là-dessus que doivent fonder leurs espérances tous ceux qui s’efforcent d’améliorer le sort de l’homme : les êtres humains ne sont pas, par suite de leur constitution biologique, condamnés à se détruire mutuellement ou à être à la merci d’un sort cruel qu’ils s’infligent eux-mêmes.

Si nous nous demandons comment la structure de la société et l’attitude culturelle de l’homme devraient être changées pour rendre la vie humaine aussi satisfaisante que possible, nous devons constamment tenir compte du fait qu’il y a certaines conditions que nous ne sommes pas capables de modifier. Comme nous l’avons déjà mentionné plus haut, la nature biologique de l’homme n’est point, pour tous les buts pratiques, sujette au changement. De plus, les développements technologiques et démographiques de ces derniers siècles ont créé des conditions qui doivent continuer. Chez des populations relativement denses, qui possèdent les biens indispensables à leur existence, une extrême division du travail et une organisation de production très centralisée sont absolument nécessaires. Le temps, qui, vu de loin, paraît si idyllique, a pour toujours disparu où des individus ou des groupes relativement petits pouvaient se suffire complètement à eux-mêmes. On n’exagère pas beaucoup en disant que l’humanité constitue à présent une communauté planétaire de production et de consommation.

Je suis maintenant arrivé au point où je peux indiquer brièvement ce qui constitue pour moi l’essence de la crise de notre temps. Il s’agit du rapport entre l’individu et la société. L’individu est devenu plus conscient que jamais de sa dépendance de la société. Mais il n’éprouve pas cette dépendance comme un bien positif, comme une attache organique, comme une force protectrice, mais plutôt comme une menace pour ses droits naturels, ou même pour son existence économique. En outre, sa position sociale est telle que les tendances égoïstes de son être sont constamment mises en avant, tandis que ses tendances sociales qui, par nature, sont plus faibles, se dégradent progressivement. Tous les êtres humains, quelle que soit leur position sociale, souffrent de ce processus de dégradation. Prisonniers sans le savoir de leur propre égoïsme, ils se sentent en état d’insécurité, isolés et privés de la naïve, simple et pure joie de vivre. L’homme ne peut trouver de sens à la vie, qui est brève et périlleuse, qu’en se dévouant à la société.

L’anarchie économique de la société capitaliste, telle qu’elle existe aujourd’hui, est, à mon avis, la source réelle du mal. Nous voyons devant nous une immense société de producteurs dont les membres cherchent sans cesse à se priver mutuellement du fruit de leur travail collectif — non pas par la force, mais, en somme, conformément aux règles légalement établies. Sous ce rapport, il est important de se rendre compte que les moyens de la production — c’est-à-dire toute la capacité productive nécessaire pour produire les biens de consommation ainsi que, par surcroît, les biens en capital — pourraient légalement être, et sont même pour la plus grande part, la propriété privée de certains individus.

Pour des raisons de simplicité je veux, dans la discussion qui va suivre, appeler " ouvriers " tous ceux qui n’ont point part à la possession des moyens de production, bien que cela ne corresponde pas tout à fait à l’emploi ordinaire du terme. Le possesseur des moyens de production est en état d’acheter la capacité de travail de l’ouvrier. En se servant des moyens de production, l’ouvrier produit de nouveaux biens qui deviennent la propriété du capitaliste.

Le point essentiel dans ce processus est le rapport entre ce que l’ouvrier produit et ce qu’il reçoit comme salaire, les deux choses étant évaluées en termes de valeur réelle. Dans la mesure où le contrat de travail est " libre ", ce que l’ouvrier reçoit est déterminé, non pas par la valeur réelle des biens qu’il produit, mais par le minimum de ses besoins et par le rapport entre le nombre d’ouvriers dont le capitaliste a besoin et le nombre d’ouvriers qui sont à la recherche d’un emploi. Il faut comprendre que même en théorie le salaire de l’ouvrier n’est pas déterminé par la valeur de son produit.

Le capital privé tend à se concentrer en peu de mains, en partie à cause de la compétition entre les capitalistes, en partie parce que le développement technologique et la division croissante du travail encouragent la formation de plus grandes unités de production aux dépens des plus petites. Le résultat de ces développements est une oligarchie de capitalistes dont la formidable puissance ne peut effectivement être refrénée, pas même par une société qui a une organisation politique démocratique. Ceci est vrai, puisque les membres du corps législatif sont choisis par des partis politiques largement financés ou autrement influencés par les capitalistes privés qui, pour tous les buts pratiques, séparent le corps électoral de la législature.

La conséquence en est que, dans le fait, les représentants du peuple ne protègent pas suffisamment les intérêts des moins Privilégiés. De plus, dans les conditions actuelles, les capitalistes contrôlent inévitablement, d’une manière directe ou indirecte, les principales sources d’information (presse, radio, éducation). Il est ainsi extrêmement difficile pour le citoyen, et dans la plupart des cas tout à fait impossible, d’arriver à des conclusions objectives et de faire un usage intelligent de ses droits politiques.

La situation dominante dans une économie basée sur la propriété privée du capital est ainsi caractérisée par deux principes importants: premièrement, les moyens de production (le capital) sont en possession privée et les possesseurs en disposent comme ils le jugent convenable ; secondement, le contrat de travail est libre. Bien entendu, une société capitaliste pure dans ce sens n’existe pas. Il convient de noter en particulier que les ouvriers, après de longues et âpres luttes politiques, ont réussi à obtenir pour certaines catégories d’entre eux une meilleure forme de " contrat de travail libre ". Mais, prise dans son ensemble, l’économie d’aujourd’hui ne diffère pas beaucoup du capitalisme " pur ".

La production est faite en vue du profit et non pour l’utilité. Il n’y a pas moyen de prévoir que tous ceux qui sont capables et désireux de travailler pourront toujours trouver un emploi ; une " armée " de chômeurs existe déjà. L’ouvrier est constamment dans la crainte de perdre son emploi. Et puisque les chômeurs et les ouvriers mal payés sont de faibles consommateurs, la production des biens de consommation est restreinte et a pour conséquence de grands inconvénients. Le progrès technologique a souvent pour résultat un accroissement du nombre des chômeurs plutôt qu’un allégement du travail pénible pour tous. L’aiguillon du profit en conjonction avec la compétition entre les capitalistes est responsable de l’instabilité dans l’accumulation et l’utilisation du capital, qui amène des dépressions économiques de plus en plus graves. La compétition illimitée conduit à un gaspillage considérable de travail et à la mutilation de la conscience sociale des individus dont j’ai fait mention plus haut.

Je considère cette mutilation des individus comme le pire mal du capitalisme. Tout notre système d’éducation souffre de ce mal. Une attitude de compétition exagérée est inculquée à l’étudiant, qui est dressé à idolâtrer le succès de l’acquisition comme une préparation à sa carrière future.

Je suis convaincu qu’il n’y a qu’un seul moyen d’éliminer ces maux graves, à savoir, l’établissement d’une économie socialiste, accompagnée d’un système d’éducation orienté vers des buts sociaux. Dans une telle économie, les moyens de production appartiendraient à la société elle-même et seraient utilisés d’une façon planifiée. Une économie planifiée, qui adapte la production aux besoins de la société, distribuerait le travail à faire entre tous ceux qui sont capables de travailler et garantirait les moyens d’existence à chaque homme, à chaque femme, à chaque enfant. L’éducation de l’individu devrait favoriser le développement de ses facultés innées et lui inculquer le sens de la responsabilité envers ses semblables, au lieu de la glorification du pouvoir et du succès, comme cela se fait dans la société actuelle.

Il est cependant nécessaire de rappeler qu’une économie planifiée n’est pas encore le socialisme. Une telle économie pourrait être accompagnée d’un complet asservissement de l’individu. La réalisation du socialisme exige la solution de quelques problèmes socio-politiques extrêmement difficiles : comment serait-il possible, en face d’une centralisation extrême du pouvoir politique et économique, d’empêcher la bureaucratie de devenir toute-puissante et présomptueuse ? Comment pourrait-on protéger les droits de l’individu et assurer un contrepoids démocratique au pouvoir de la bureaucratie ?

"Pourquoi le socialisme ?", Conceptions scientifiques, morales et sociales, Bibliothèque de philosophie scientifique, Flammarion, Paris, 1952, pp. 125-132.

 

 

Aux Etats-Unis, terre promise

Michael Parenti

Bush : "Nous sommes en guerre, notre économie est en récession mais la situation de notre pays n'a jamais été aussi bonne qu'aujourd'hui." 

Voilà les premières phrases du discours sur l'Etat de l'Union, prononcé par le président Bush devant le parlement. Le professeur et historien américain Michael Parenti a, quant à lui, rassemblé des données très crues sur la situation réelle aux Etats-Unis.

Voici ce qu'il arrive, en un an, aux Etats-Unis
:

o 27 000 Américains se suicident.
o 23 000 sont assassinés.
o 85 000 sont blessés par balle. 38 000 décèdent dont 2 600 enfants.
o 13 millions sont victimes de divers crimes, dont attaques, viols, vols à main armée, cambriolages, incendies criminels.
o 135 000 enfants amènent des armes à l'école.
o 6,6 millions de personnes prennent régulièrement du crack, du speed, du PCP, de la cocaïne ou une autre drogue dure.
o 37 millions de personnes, soit un Américain sur six, prennent régulièrement des médicaments pour contrôler leurs émotions. Pour les sociétés pharmaceutiques, les profits sont …stupéfiants.
o 600 à 1 000 personnes sont lobotomisées.
o 2 millions de personnes subissent des interventions chirurgicales inutiles. 10 000 d'entre elles en meurent.
o 45 000 personnes sont tuées dans des accidents de voiture. Parallèlement, les fonds pour développer des formes plus sûres de transports collectifs sont réduits.
o 126 000 enfants naissent avec des infirmités majeures, dûes principalement à des soins insuffisants avant la naissance, des carences alimentaires, un environnement toxique, la toxicomanie de la mère.
o 30 000 enfants souffrent d'incapacités physiques permanentes dues à la maltraitance. Parallèlement à la croissance du chômage, les incidents de maltraitance par des parents sans emplois augmentent dramatiquement.
o 150 000 enfants sont déclarés disparus. 50 000 d'entre eux disparaissent purement et simplement.
o 900 000 enfants, dont certains sont âgés de 7 ans, travaillent comme ouvriers agricoles sous-payés, plongeurs, ouvriers de blanchisserie ou domestiques, parfois jusqu'à 10 heures par jour, en violation des lois sur le travail des enfants.
o 700 000 femmes sont violées, soit une toutes les 45 secondes.
o 5 millions de travailleurs sont blessés au travail. 150 000 d'entre eux souffrent d'infirmités.
o 14 000 personnes sont tuées sur leur lieu de travail.
o 100 000 personnes meurent prématurément suite à des maladies liées au travail.
o 60 000 personnes sont tuées par des substances polluantes toxiques dans l'environnement ou des substances contaminées dans la nourriture, l'eau ou l'air.
o 4 000 personnes meurent à cause de la viande contaminée.
o 5,1 millions de personnes sont actuellement en prison, en liberté conditionnelle ou sur parole. La population carcérales a augmenté de 200% depuis 1980. Pour des crimes équivalents, les Afro-Américains écopent de peines de prison en moyenne de 10% plus longues que les Blancs.
o 15 000 personnes souffrent de tuberculose.
o 40 millions de personnes n'ont pas d'assurance-santé ou de protection en cas de maladies grave.
o 1,1 million de personnes âgées vivent dans des homes. Un nombre important, mais non-déterminé, d'entre elles souffrent de négligences graves et de mauvais traitements dans ces institutions dont le but principal est le profit.
o 1 million d'enfants résident dans des orphelinats, des maisons de correction ou des prisons pour adultes. La plupart d'entre eux sont issus de milieux défavorisés.
o Plus de 4 500 000 enfants souffrent de malnutrition.
o Entre 7 et 12 millions de personnes sont sans emplois. Beaucoup montrent des signes de dépression.
o 6 millions de personnes ont des emplois "contingents" ou conçus pour être temporaires.
o 15 millions de personnes travaillent à temps partiel, à durée déterminée et sans bénéficier de protection sociale.
o 3 millions de personnes ne sont pas reprises dans les statistiques car elles n'ont plus droit au chômage, n'y ont jamais eu droit, ont renoncé à chercher du travail ou se sont enrôlées dans l'armée.
o 80 millions de personnes vivent avec un revenu inférieur au revenu "confortablement adéquat", estime le ministère US du Travail. 35 millions d'entre eux vivent en-dessous du seuil de pauvreté.
o 12 millions de pauvres souffrent de faim chronique et de malnutrition.
o 2 million de personnes sont sans domicile et vivent dans la rue.
o Plus de 160 millions de personnes font partie des ménages endettés, contre 100 millions il y a dix ans. Une majorité a emprunté de l'argent pour des produits de base.

Quoi qu'en disent les rassurantes autorités, nous sommes confrontés à un véritable holocauste caché. De plus, un nombre indéterminé de personnes n'est pas repris dans les catégories pré-citées. Les statistiques officielles, par exemple, font état de 35 millions de pauvres mais sont basées sur des données de recensement qui sous-estiment les itinérants, les sans abris, et ceux qui vivent dans des zones difficiles d'accès ou citadines et surpeuplées. Quant au seuil de pauvreté, il est établi selon un critère de bas revenus irréaliste et ne prend pas suffisamment en considération la façon dont l'inflation se répercute sur les besoins de base comme la nourriture, le chauffage, les loyers et les soins de santé. Certains économistes estiment que 46 millions de personnes vivent dans des conditions économiques gravement insuffisantes.

Aux Etats-Unis, le taux de mortalité infantile est plus élevé que dans treize autres pays. Pour ce qui est de l'espérance de vie, les hommes de 20 ans se placent au 36ème rang mondial, les femmes du même âge arrivent à la 21ème place. Et ce qui rend ces statistiques encore plus tragiques, c'est que la plupart de ces victimes sont mortes à cause du système de "les profits avant les personnes" des grandes entreprises.

Aux Etats-unis, dans l'organisation des soins de santé, l'argent fait souvent la différence entre la vie et la mort. Beaucoup de malades meurent d'avoir reçu des soins inadéquats ou trop tardifs. Les primes des assurances-santé ont cru de façon astronomique et les factures d'hospitalisation ont augmenté cinq fois plus vite que le coût global de la vie.

Pour beaucoup, le rêve américain est en train de tourner cauchemar. Il est de la plus haute importance que nous nous sentions concernés par le progrès collectif et par la suppression du pillage engendré par le marché libre. "People before profits" (les gens avant le profit) n'est pas seulement un slogan, c'est notre seul espoir.

Source : article politique-info ; US way of life

 

 

Débat sur le communisme

(Michael Parenti, professeur américain de sciences politiques)

I - La gauche anticommuniste chasse elle-même les sorcières

Aux Etats-Unis (et dans tout l'Occident, ndlr), le lobby de la pensée dominante propage l'anticommunisme dans la population depuis plus de cent ans. Celui-ci a fini par ressembler davantage à une orthodoxie religieuse qu'à une analyse politique. Pendant la Guerre Froide, les thèses idéologiques de l'anticommunisme ont manipulé toutes les données sur les sociétés communistes existantes pour en faire des «témoins à charge». Quand les Soviétiques refusaient de négocier, ils étaient implacables et fauteurs de guerre ; s'ils faisaient des concessions, c'était une manœuvre de déstabilisation.

Si les églises russes étaient vides, c'était la preuve que la religion était réprimée ; si elles se remplissaient, c'était que les gens repoussaient l'idéologie athéiste du régime. Quand les travailleurs faisaient grève (ce qui était rare), c'était la preuve de l'aliénation du système collectiviste. S'ils ne faisaient pas grève, c'est parce qu'ils étaient intimidés et que la liberté d'action leur était enlevée. Une pénurie des biens de consommation était due à un système économique en faillite; un meilleur approvisionnement prouvait que les dirigeants voulaient renforcer leur pouvoir en apaisant le peuple récalcitrant. Si les communistes ont joué un rôle important aux Etats-Unis dans la lutte pour les droits des travailleurs, des pauvres, des Afro-américains, des femmes, c'était seulement pour gagner le soutien des groupes exclus et élargir ainsi leur pouvoir. Mais à la question «comment obtenir du pouvoir en défendant les droits de ceux qui n'en n'ont pas», personne ne répondait.

Une génuflexion pour l'orthodoxie

Aux Etats-Unis, beaucoup de gens de gauche ont développé des sentiments anticommunistes et antisoviétiques qui, en matière d'hostilité et de grossièreté, n'ont rien à envier à la droite. A propos des «intellectuels de gauche», Noam Chomsky dit qu'ils tentent de «prendre le pouvoir en abusant des grands mouvements populaires» pour «opprimer ensuite le peuple par la violence»...1 ()

Avec d'autres, certaines personnes de gauche retombent sur le stéréotype vieilli des velléités communistes du pouvoir qui recherchent le pouvoir pour le pouvoir et n'accordent aucune importance à quelque fin sociale que ce soit. Si c'est le cas, on peut se demander pourquoi les communistes choisissent chaque fois le côté des pauvres et des sans-droits. Pourquoi se sacrifient-ils au lieu de profiter des avantages qu'un engagement auprès des riches leur rapporterait sans aucun doute ? Des décennies durant, de très nombreux écrivains et orateurs de gauche ont essayé aux USA de renforcer leur crédibilité en prêtant leur voix à l'anticommunisme et à la critique de l'Union Soviétique. Ils se sentaient visiblement obligés de prendre position contre le communisme dans chaque discours, critique ou article sur n'importe quel sujet politique. Le but de cela était, et est encore, de se distancier de la gauche marxiste-léniniste.

Adam Hochschild, un éditeur et écrivain progressiste, a prévenu les auteurs de gauche que «cela nuirait à leur crédibilité» s'ils ne condamnaient pas les sociétés communistes existantes.2 () Ronald Radosh a imploré le mouvement pour la paix de s'épurer de tous les communistes, sous peine d'être accusé de sympathie communiste.3 Si je comprends bien Radosh, nous devons tous devenir des chasseurs de sorcières pour échapper à la chasse aux sorcières communistes.

Communistes chassés du syndicat : un million et demi d'affiliés en moins

Préserver la gauche du communisme est devenu une tradition, ce qui n'a pas manqué de nuire à certains objectifs de la gauche. En 1949 par exemple, une douzaine de syndicats ont été exclus du CIO (confédération syndicale américaine, ndlr) car des communistes siégeaient dans leurs organes de gestion. Cette épuration a brutalement fait chuter le nombre d'affiliés au CIO : 1,7 millions de membres en moins. En outre, elle a eu des conséquences désastreuses pour le recrutement de nouveaux membres et a clairement limité l'influence politique de la confédération. ()

Même dans leur lutte contre la droite, les critiques de gauche ne peuvent s'empêcher de soumettre leurs lettres de créance anticommunistes. Ainsi Mark Green écrivait dans une critique sur le président Ronald Reagan : «Lorsque son catéchisme conservateur sera mis à l'épreuve, (Reagan) ne changera pas son point de vue mais bien les faits, tel un inflexible marxiste-léniniste.»4

La gauche chasseuse de communistes a renforcé le climat hostile qui a donné carte blanche aux dirigeants US pour mener des guerres froides et chaudes contre les pays communistes. C'est ainsi qu'elle a empêché jusqu'ici les idées progressistes d'avoir ne fût-ce que l'ombre d'une chance. (...) La gauche américaine manque totalement d'évaluation rationnelle de l'Union Soviétique. Ce pays a connu, pendant les premières années de son existence, une longue guerre civile et une agression étrangère multinationale. Deux décennies plus tard, il a défait le monstre nazi, au prix de nombreuses vies. Après la révolution bolchevique, les Soviétiques ont permis en trois décennies un progrès industriel que le capitalisme avait mis un siècle à réaliser. Ils ont nourri et éduqué leurs enfants au lieu de les faire travailler quatorze heures par jour comme le faisaient, et le font encore, les capitalistes dans de grandes parties du monde. (...)

La gauche anticommuniste est restée épouvantablement insensible aux progrès impressionnants réalisés par les masses de populations pauvres sous le communisme. Certains ont même affiché leur mépris envers ces réalisations. Je me souviens comment à Burlington, Vermont, en 1971, le célèbre anarchiste anticommuniste Murray Bookchin s'est moqué de mon souci pour «ces pauvres enfants qui ont enfin reçu à manger sous le communisme» (sic).

1 Z. Magazine, 10/95 ·2 Guardian, 23/05/84 · 3 Guardian, 16/03/83 · 4 Mark Green en Gail MacColl, New York, Pantheon Books, There He Goes Again: Ronald Reagan's Reign of Terror (1983), 12.

 

II - Certains trouvent le communisme pire que les crimes contre l'humanité

Globalisation, récession, régression sociale et économique durable et profonde en Europe de l'Est, pourtant libérée de la «dictature communiste». Les interrogations et la lutte contre ces fléaux annoncent la fin de la fin de l'histoire. Les gens se mettent en mouvement, de Seattle à Göteborg, de Gênes à Bruxelles. Dans ce contexte, le débat sur le passé prend toute son importance. Cette semaine, nous publions une deuxième contribution du professeur américain en sciences politiques Michael Parenti, dont EPO vient de publier l'ouvrage Zwarthemden & Roden, (Chemises noires et rouges, le fascisme rationnel et le renversement du communisme). Cette contribution est extraite du troisième chapitre de son ouvrage.

Pour les anticommunistes de gauche, chaque association avec des organisations communistes est moralement inacceptable à cause des «méfaits du communisme». Néanmoins, nombre d'entre eux entretiennent des contacts, en tant que membres ou électeurs, avec le Parti Démocrate aux Etats-Unis. Visiblement, ils se soucient peu des méfaits politiques moralement inacceptables que les dirigeants de cette organisation ont commis. Sous la direction démocrate, 120 000 Américains d'origine japonaise ont été emmenés et enfermés dans des camps ; on a jeté des bombes sur Hiroshima et Nagasaki ; le FBI a reçu l'autorisation d'infiltrer des organisations politiques ; sur base du Smith Act et à cause de leurs convictions politiques, les dirigeants du Trotskyist Socialist Workers Party ont été arrêtés, puis ce fut au tour des dirigeants communistes ; des camps d'enfermement ont été mis sur pied pour interner les dissidents politiques en cas d' «état d'urgence national» ; fin des années 40 et début des années 50, huit mille fonctionnaires fédéraux ont été licenciés à cause de leurs idées ou de leurs liens politiques ; durant la chasse aux sorcières, des milliers d'autres ont subi le même sort, toutes catégories professionnelles confondues ; on a utilisé le Neutrality Act pour imposer à la République espagnole un embargo qui arrangeait les légions fascistes de Franco ; dans différents pays du tiers-monde, des programmes anti-émeutes meurtriers ont été mis en place ; la guerre du Vietnam s'est intensifiée. Et pendant la majeure partie du 20ème siècle, le Parti Démocrate, qui avait la majorité au Congrès, a défendu la séparation des races.

Il a interdit toutes les propositions de loi contre les partis lyncheurs et pour des conditions de travail équitables. Et pourtant, malgré tous ces méfaits qui ont causé morts et désolations, les progressistes, les socio-démocrates et les «démocrates socialistes» anticommunistes n'ont pas demandé la condamnation du Parti Démocrate ou, en tout cas, pas avec la même intolérance enflammée que celle que le communisme a dû endurer.

Beaucoup de progressistes ne veulent pas être associés aux organisations communistes, mais entretiennent des liens avec le Parti Démocrate aux Etats-Unis, qui a commis de nombreux méfaits.

Points de divergences

Selon certains Américains de gauche, les bouleversements survenus en Europe de l'Est n'ont pas signifié le déclin du socialisme, car le socialisme n'a jamais existé dans ces pays. Ils prétendent que les Etats communistes n'offraient rien de plus qu'un capitalisme d'Etat bureaucratique dans un système à un seul parti, ou quelque chose du genre. Que nous appelions auparavant les pays communistes «socialistes» n'est qu'une question de définition. Il suffit de dire qu'ils étaient différents de ce qui se passait dans le monde capitaliste axé sur le profit ­ comme les capitalistes s'en sont eux-mêmes rapidement aperçus.

Au tout début, il y a avait dans les pays communistes moins d'inégalité économique que sous le gouvernement capitaliste. Le revenu personnel et le style de vie du gouvernement et du parti dirigeant restaient modestes. Les dirigeants soviétiques comme Youri Andropov et Léonide Brejnev n'habitaient pas dans des demeures luxueusement aménagées comme la Maison Blanche, mais dans des appartements relativement grands près du Kremlin, dans un projet de nouvelles constructions destinées aux leaders du gouvernement. Il y avait des limousines à leur disposition (comme c'est d'usage pour les chefs d'Etat) et ils avaient accès aux grandes datchas où ils recevaient les dignitaires de haut rang. Mais il leur manquait l'immense richesse personnelle dont disposaient la plupart des dirigeants américains.

La presse américaine parlait souvent du «luxe» dans lequel vivaient les dirigeants de parti est-allemands. En réalité, ceux-ci touchaient une rémunération d'environ 800 euros (32.000 FB) en espèces et une habitation dans un complexe exclusif dans la périphérie de Berlin, avec un sauna commun, une piscine couverte et un centre de fitness. Ils pouvaient faire des achats dans des magasins où l'on vendait des produits occidentaux, comme des bananes, des jeans et des appareils ménagers importés du Japon. Cette presse omettait cependant de mentionner que les autres Est-allemands disposaient, eux aussi, de piscines et de salles de gymnastique publiques, qu'ils pouvaient acheter des jeans et des appareils ménagers (même s'ils étaient généralement de production est-allemande). Et surtout, ce «luxe» des dirigeants est-allemands n'était jamais comparé aux richesses exorbitantes de la ploutocratie occidentale.

En deuxième lieu, les forces de production dans les pays communistes n'étaient pas organisées sur base de la course au bénéficie ou de l'ambition de s'enrichir. La propriété commune des moyens de production prédominait sur la propriété privée. Les individus n'étaient pas autorisés à employer d'autres individus dans le but d'accumuler des richesses. Par rapport à l'Occident, les différences de revenus et d'économies restaient généralement faibles. En Union soviétique, la catégorie de revenus la plus élevée gagnait jusqu'à cinq fois le revenu de la catégorie de revenus la plus basse. Aux Etats-Unis, le revenu annuel des multimilliardaires les plus riches s'élève jusqu'à dix mille fois celui des salaires les plus faibles.

En troisième lieu, le service social était prioritaire. Même si la vie sous le communisme présentait de nombreuses carences, ces pays garantissaient à leurs citoyens un niveau de vie et de sécurité économique minimal : enseignement, emploi, logement et assistance médicale.

En quatrième lieu, les pays communistes ne cherchaient pas à placer des investissements rentables dans les pays étrangers. Ils ne s'appropriaient pas les terres, la main d'oeuvre, les marchés et les matières premières des pays plus faibles et ils ne se rendaient pas coupables d'impérialisme économique, parce que la soif de bénéfice leur était étrangère et qu’ils ne recherchaient pas sans cesse de nouvelles possibilités d'investissement. L'Union soviétique observait des relations de commerce et d'assistance correctes dont ont profité entre autres les pays de l'Est, la Mongolie, Cuba et l'Inde.

Voilà les principes organisationnels propres à pratiquement tout système communiste. Rien de tout cela dans les pays dominés par l'économie de marché, comme le Honduras, le Guatemala, la Thaïlande, la Corée du Sud, le Chili, l'Indonésie, le Zaïre de Mobutu, l'Allemagne, et les Etats-Unis...

 

III - La fragilité d'une insurrection sans centralisation

La centralisation et une industrialisation fortement dirigée étaient absolument indispensables dans les années 30 pour pouvoir vaincre les nazis : la construction des fondations du plus grand complexe sidérurgique au monde à Magnitogorsk, en 1934. Un chantier mené à la hâte et à mains nues. Ce complexe sidérurgique allait jouer un rôle décisif durant la guerre.

Pour pouvoir survivre, une révolution populaire doit saisir et utiliser la puissance de l'Etat pour (a) libérer la communauté du joug dans lequel la maintient la classe qui possède les richesses et les institutions (b) offrir une résistance à la contre-attaque réactionnaire qui peut arriver. Les dangers externes et internes auxquels est confrontée une révolution rendent indispensable une puissance étatique centralisée, bien que cela ne plaise à personne : ni en Russie soviétique en 1917, ni dans le Nicaragua des Sandinistes en 1980.

Friedrich Engels donne un exemple frappant de cela. Après une révolte en Espagne en 1872-73, les anarchistes ont pris le pouvoir dans toute une série de communes à travers le pays. Initialement, la situation semblait prometteuse. Le roi avait abdiqué et la force armée dont le gouvernement bourgeois disposait se résumait à quelques milliers d'hommes mal entraînés. Pourtant, cette petite bande désordonnée a obtenu la victoire car elle était confrontée à une résistance très éparpillée. «Chaque village s'est proclamé canton indépendant et a mis sur pied un comité révolutionnaire (junta)», écrit Engels. «Chaque village était seul car on avait à l'esprit que ce n'était pas la collaboration avec les autres villages qui était le but essentiel mais seulement l'indépendance absolue. Ainsi, on a exclu d'avance la possibilité d'une attaque commune (contre les puissances bourgeoises).» Ce sont «la fragmentation et l'isolement des combattants révolutionnaires qui ont permis aux troupes du gouvernement de mater une révolte après l'autre.»1

La division appelle une attaque de l'ennemi

Une autonomie décentralisée à petite échelle est fatale pour une insurrection, c'est même probablement une des raisons pour lesquelles chaque révolution anarcho-syndicaliste a échoué jusqu'ici. Une participation ouvrière locale, indépendante, avec une bureaucratie réduite au minimum, une force policière et militaire limitée, ... tout cela serait effectivement très beau. Cela pourrait constituer la base du socialisme ...si le socialisme avait la chance de pouvoir se développer sans les attaques et le travail de sape contre-révolutionnaires. En 1918-20, quatorze pays capitalistes, les Etats-Unis y compris, ont envahi l'Union soviétique dans une tentative sanglante, mais vaine, de renverser le gouvernement bolchevique. Les années d'invasions étrangères et de guerres civiles ont en grande partie déterminé la mentalité d'assiégés des Bolcheviques, pour qui la seule solution était dès lors l'unité du parti et un appareil de sécurité répressif. Le même Lénine qui avait encouragé la démocratie au sein du parti et, contrairement à Trotski, voulait donner une plus grande autonomie aux syndicats, a appelé en mai 1921 à mettre fin à l'opposition ouvrière et aux autres fractions existant dans le parti.

Trotski était l'un des leaders bolcheviques les plus autoritaires et le moins enclin à tolérer l'autonomie organisationnelle, certains points de vue et la démocratie à l'intérieur du parti. Mais en automne 1923, ramené à une position minoritaire et mis à l'écart par Staline et d'autres, Trotski s'est soudainement déclaré ouvert à la transparence au sein du parti et à la démocratie ouvrière. Depuis lors, il est encensé par certains partisans comme un démocrate antistalinien.

«Il est temps», a dit Lénine devant l'assemblée enthousiaste et unanime du Dixième Congrès du parti, «de mettre fin à l'opposition, cela a assez duré : nous avons connu assez de résistance.» Les communistes ont décidé que les différends affirmés et les tendances contradictoires devaient cesser dans et hors du parti. Les signes de dissension et de faiblesse avaient continuellement favorisé l'attaque d'ennemis redoutables.

Le destin de l'individu et celui du peuple

A la fin des années 20, les Soviets avaient le choix (a) de mettre toutes leurs forces en oeuvre pour une centralisation plus forte avec une économie dirigée, une collectivisation agraire et une industrialisation forcées sous la direction autocratique du parti, le choix de Staline, ou (b) d'emprunter la voie d'une libéralisation qui permette plus de diversité politique, plus d'autonomie pour les syndicats et les organisations, plus d'intervention et de critique ouvertes, plus d'autonomie pour les différentes républiques soviétiques, un secteur de petites entreprises en propriété privée, un développement agraire indépendant par la population paysanne, plus d'accent sur les biens de consommation et moins sur l'accumulation du capital, indispensable pour construire une bonne base militaro-industrielle. La seconde voie aurait, selon moi, pu mener à une société plus confortable, plus humaine et plus serviable. () Le seul problème est que le pays aurait couru le risque de ne pas être prêt à combattre les attaques nazies. Au lieu de cela, l'Union soviétique a commencé une industrialisation rigoureuse, poussée. (..) Dix ans de construction ont fait naître le plus grand complexe sidérurgique d'Europe, une énorme base industrielle totalement neuve à l'est de l'Oural, au milieu des steppes arides, en attendant une invasion de l'ouest. «On a dépensé des flots d'argent, les hommes ont souffert de la faim et de la soif, mais la construction a continué sans se soucier des individus et avec un héroïsme massif rarement égalé dans l'histoire.»2

La prévision de Staline selon laquelle l'Union soviétique n'aurait que dix ans pour faire ce que les Britanniques ont fait en un siècle, fut exacte. Lorsque les nazis ont envahi l'Union soviétique en 1941, cette même base industrielle, en sécurité à des milliers de kilomètres du front, a fourni des armes de guerre qui ont finalement pu régler le conflit.

1 Marx, Engels, Lénine, Anarchism and Anarcho-Syndicalism: Selected Writings (New York, International Publishers, 1972) · 2 John Scott, Behind the Urals, an American Worker in Russia's City of Steel (Boston, Houghton Mifflin, 1942)

 

IV - Le paradis du marché libre en Europe de l'Est

Sur ordre d'Eltsine, les tanks russes prennent le Parlement d'assaut en 1993. Deux mille personnes seront tuées. Peu après, Eltsine interdit aux syndicats toute forme d'activité politique, supprime des dizaines de publications, met hors-la-loi quinze partis politiques. Mais en Occident, beaucoup de gens de gauche voient alors en lui toujours un démocrate.

Avec la chute des gouvernements communistes, la gauche américaine allait être libérée d'un beau sujet d'irritation. «Libérée du spectre de l'Union soviétique et du cauchemar de la Chine communiste», comme l'a exprimé le théoricien de gauche, Richard Lichtman. En réalité, la restauration du capitalisme en Europe de l'Est signifiera un affaiblissement considérable pour maintes luttes de libération dans le tiers monde. Le soutien soviétique est supprimé, une collection de nouveaux gouvernements de droite voit le jour et les derniers obstacles barrant encore la route aux intérêts des entreprises occidentales sont levés. Dorénavant, elles peuvent se mettre à exploiter comme bon leur semble. Les industriels n'ayant plus à convaincre leurs travailleurs qu'ils étaient mieux lotis que leurs collègues russes, ils ne tardent pas à mettre le holà aux nombreux avantages que la classe ouvrière occidentale a acquis au cours des années. Maintenant que le libre marché, dans sa forme la plus vile, fait une entrée triomphale à l'Est, il va également triompher en Occident. «Le capitalisme à visage humain» est remplacé par «le capitalisme haïssant l'humain». L'anticommunisme de gauche n'a jamais vu venir ces pertes parce qu'il n'a jamais compris quel rôle les puissances communistes en place jouaient lorsqu'en fait, elles tempéraient les impulsions les plus graves du capitalisme et de l'impérialisme occidentaux. Et parce que cet anticommunisme de gauche a toujours considéré le communisme comme un authentique fléau. Même à ce jour, ils sont encore nombreux à ne pas l'avoir compris.

La contradiction entre marché libre et démocratie

Les anticommunistes s'emparent du pouvoir en Europe de l'Est et en Union soviétique dans les années 1989-1991. Ils commencent par imposer leur idéologie bourgeoise à la vie politique et culturelle : les communistes sont écartés du gouvernement, de la presse, des universités, de certaines professions et des tribunaux. Bien que ces anticommunistes se soient fait passer pour des réformateurs démocrates, ils perdent bien vite patience avec les expressions démocratiques de la résistance populaire qui les empêchent d'introduire un capitalisme effréné de libre marché. En Russie, les alliés du président Boris Eltsine évoquent le «danger de la démocratie». Ils se plaignent de ce que «la plupart des organes de représentation sont devenus une entrave à leurs réformes (du marché)». Manifestement, le libre marché ­ qui selon les «réformateurs» constitue la véritable base de la démocratie politique ­ ne peut pas être introduit par des moyens démocratiques. En 1992, les présidents de la Pologne, de la Tchécoslovaquie et de la Russie demandent la suspension de leurs parlements et le droit de gouverner par décret présidentiel. Ils proposent des mesures répressives contre les «nostalgiques» et tous ceux qui refusent de se soumettre aux «réformes» du libre marché. Ils ne sont pas là pour donner le pouvoir au peuple, mais pour assurer un maximum de profit aux privilégiés.

Cette démocratisation par l'oppression a déjà débuté avant le renversement du communisme, à vrai dire. En 1991, Mikhaïl Gorbatchev, met le Parti communiste de l'Union soviétique hors-la-loi. Les fonds et bâtiments du parti sont saisis. Les travailleurs n'ont plus le droit de mener la moindre activité politique sur leur lieu de travail. Six journaux de gauche sont interdits. Les médias américains, et même de nombreux progressistes américains, accueillent cette oppression comme «un pas en avant en matière de réformes démocratiques». A l'époque, Gorbatchev demande que le Congrès russe se dissolve de lui-même : celui-ci s'oppose aux changements avec trop d'opiniâtreté. En fait, le Congrès ne s'oppose pas à la concertation démocratique ni aux élections ouvertes à plusieurs partis d'ailleurs, celles-ci ont déjà eu lieu. Le Congrès doit se dissoudre parce qu'il s'oppose à un capitalisme effréné de libre marché. Durant les débats, Gorbatchev coupe les micros à plusieurs reprises et menace le Congrès de le dissoudre lui-même via un décret d'urgence. Il fait revoter à trois reprises jusqu'à ce que la liquidation souhaitée soit acquise.

Attaque contre le Parlement, les syndicats, les partis d'opposition

Fin 1993, Eltsine recourt à la violence pour dissoudre le Parlement russe et toutes sortes d'autres organes élus, y compris les conseils communaux et régionaux. Il supprime également la Cour constitutionnelle russe et lance une attaque armée contre le siège du Parlement, opération au cours de laquelle quelque deux mille opposants et manifestants perdent la vie. Des milliers d'autres sont incarcérés sans le chef d'accusation ni procès. Eltsine interdit aux syndicats toute forme d'activité politique, supprime des dizaines de publications, contrôle toutes les stations de radio et de télévision, met définitivement hors-la-loi quinze partis politiques. Il supprime unilatéralement la Constitution et en impose une nouvelle qui confère au président un pouvoir quasiment absolu. Pour ces méfaits, les dirigeants et les médias américains le louent en tant que défenseur de la démocratie. Ce qui leur plait le plus, chez Eltsine, c'est qu'il «n'hésite jamais à accorder son soutien à la privatisation» (San Francisco Chronicle, 6 juillet 1994).

A deux reprises, le «démocrate» Eltsine interdit la parution de la Pravda, le journal du Parti communiste. Il impose au journal des prix de location inhabituels pour l'insertion de son propre matériel. En mars 1992, il fait saisir les presses et le bâtiment de douze étages et en cède la propriété à la Rossiiskaia Gazeta, un journal gouvernemental, entièrement pro-Eltsine, donc. Les troupes de choc qui constituent l'«élite» d'Eltsine attaquent régulièrement les manifestants de gauche et les piquets à Moscou et dans les autres villes russes. Andrei Aidzedzhis, un député indépendant, et Valentin Martemianov, un communiste, tous deux virulents opposants au gouvernement Eltsine, sont assassinés pour motifs politiques. En 1994, Dmitri Cholodov, un journaliste qui enquête sur la corruption dans les hautes sphères, perd la vie lui aussi.

 

V - Walesa, Havel & Co : les nouveaux héros de la démocratie ?

Les réformes en faveur de «l'économie de marché», mot magique lors de la réintroduction du capitalisme (en Europe de l'Est, ndlr), prévalaient sur le caractère démocratique du régime. Tant que la démocratie pouvait servir à déstabiliser le système communiste à parti unique, elle était défendue par les forces réactionnaires. Mais dès l'instant où la démocratie nuisait à l'instauration de l'économie de marché, elle était beaucoup moins tolérée. (...)

Des groupements ouvertement antisémites, des partis néo-fascistes et des campagnes de haine ont vu le jour en Russie, Pologne, Hongrie, Ukraine, Biélorussie, Tchécoslovaquie et Roumanie. Les musées commémorant la résistance héroïque contre le fascisme ont été fermés et les monuments de la lutte contre le nazisme ont été démolis. Dans les pays tels que la Lituanie, d'anciens criminels de guerre nazis ont été réhabilités. Certains ont même été dédommagés pour les années passées en prison. Les cimetières juifs ont été profanés et les attaques contre les étrangers se sont multipliées. Les communistes ayant disparu, les mauvaises moissons, l'inflation, la violence et autres calamités sociales étaient tout à coup imputées aux Juifs et aux étrangers. Le 11 juin 1995, le prêtre Henryk Jankowski, confesseur de Lech Walesa, déclarait pendant un office religieux à Varsovie que «l'étoile de David est enchevêtrée aussi bien dans la croix gammée que dans le marteau et la faucille» et (...) que les Polonais ne devaient pas accepter de gouvernements liés à l'argent juif. Walesa a affirmé que son ami Jankowski n'était pas un antisémite mais qu'on l'avait «mal compris». (...) Durant la même période, lors d'une réunion de Solidarnosc avec 10 000 participants, on pouvait lire sur des pancartes des slogans comme «Envoyez les juifs aux chambres à gaz» et «A bas le complot judéo-communiste». Les autorités ecclésiastiques et publiques n'ont pas jugé nécessaire d'émettre des critiques.1 (...)

En 1996, le président biélorusse Alexander Loukachenko a interdit les journaux et les radios indépendants et renvoyé le parlement. Il admirait le talent organisateur d'Hitler. Après un référendum à participation massive, Loukachenko s'est investi d'un pouvoir absolu. Mais personne n'a jamais su combien de bulletins de vote avaient été imprimés, ni comment ils ont été comptés. Certains dirigeants de l'opposition ont fui, pour leur vie. «La Biélorussie, jadis une république soviétique prospère qui produisait des tracteurs et des téléviseurs, est aujourd'hui au bord du désespoir», avec un tiers de la population qui vit dans «la misère noire».2

Faut-il admirer Vaclav Havel ?

Aucun restaurateur du capitalisme en Europe de l'Est n'a reçu autant d'éloges des dirigeants américains, experts médiatiques et académiciens que Vaclav Havel, l'auteur dramatique devenu premier président de la Tchécoslovaquie post-communiste et, plus tard, de la République tchèque. Les nombreux progressistes qui partagent cette admiration pour Havel semblent ne pas voir certains éléments concernant ce personnage: son obscurantisme religieux, la répression de ses opposants de gauche et son dévouement pour l'inégalité économique et le capitalisme débridé. Havel est né dans une famille riche et foncièrement anticommuniste. (...) Il aspirait à un nouveau type de dirigeants politiques qui, plutôt que de se fier au «rationnel et au cognitif», fassent preuve d'«humilité devant l'ordre mystérieux de Dieu».3 (...) Havel s'est empressé de participer à la guerre du Golfe de George Bush senior, une guerre qui a coûté la vie à 100 000 civils irakiens. En 91, comme les autres dirigeants pro-capitalistes dans les pays de l'Est, et comme les Etats-Unis, Havel a condamné les violations des droits de l'homme à Cuba. Mais il n'a jamais soufflé mot sur les violations des droits de l'homme au Salvador, en Colombie, en Indonésie ou dans d'autres pays-satellites des Etats-Unis.

En 92, ce «grand démocrate» a exigé la dissolution du parlement tchèque. Il gouvernerait dorénavant par décrets afin de faciliter l'instauration de «l'économie de marché». La même année, il a signé une loi condamnant la défense du communisme comme un délit passible d'une peine de prison de huit ans. (...) En 95, il a soutenu et signé d'autres lois antidémocratiques interdisant l'accès aux fonctions publiques pour les communistes et les anciens communistes. Pour Havel, la diffusion de l'anticommunisme restait une des priorités. Il a mené une campagne internationale acharnée4 pour maintenir Radio Free Europe et Radio Liberty, deux radios du temps de la Guerre froide, pour qu'elles puissent continuer à diffuser leur propagande anticommuniste dans les pays de l'Est.

Havel : les syndicats n'ont pas à s'occuper de politique

Le gouvernement Havel a voté une loi interdisant de propager la haine sur base de la nationalité, de la religion ou de la classe. En réalité, cette loi permet de poursuivre comme illégale toute critique contre les classes fortunées, ces critiques étant considérées à tort comme intolérance ethnique et religieuse. Le gouvernement Havel a également sommé les syndicats de ne pas s'occuper de politique. Les biens de certains syndicats combatifs ont été saisis et transférés à des syndicats dociles.

En 1995, Havel a déclaré que la «révolution» contre le communisme ne serait achevée que lorsque tout serait privatisé. Son gouvernement a liquidé les biens de la Fédération des jeunesses socialistes. Les terrains de camping, salles de récréation, infrastructures culturelles et scientifiques ont tous été transférés à cinq sociétés anonymes privatisées. Il ne restait aux jeunes qu'à flâner dans les rues. Durant les programmes de privatisation et de «redressement», des usines, des magasins, des immeubles et beaucoup d'autres biens publics ont été vendus pour un morceau de pain à des capitalistes tchèques ou étrangers. Dans les républiques tchèque et slovaque, les anciens aristocrates ou leurs héritiers ont récupéré les terres que leurs familles avaient possédées avant 1918, dans l'ancien empire austro-hongrois. Les propriétaires actuels ont été expropriés et beaucoup d'entre eux sont tombés dans la pauvreté. Havel lui-même s'est approprié une série de propriétés publiques ayant appartenu à sa famille 40 ans auparavant. Celui qui prétendait aider les autres n'a pas oublié de se servir. Pour toutes ces raisons, nous avons peu d'admiration pour Vaclav Havel.

1 Nation, 7 août 1995 · 2 San Francisco Bay Guardian, 4 décembre 1996 · 3 Voir l'article stupide publié par Havel dans le New York Times du 3 janvier 1992. Aux Etats-Unis, ses admirateurs ont observé un silence gêné après cette publication · 4 San Francisco Chronicle, 17 février 1995.

 

VI - La colonisation de L'Europe de l'Est

Quand les capitalistes se sont emparés du pouvoir en Europe de l'Est et en Union soviétique, (...) ils ont démantelé la propriété publique des moyens de production et tous les progrès sociaux dont jouissait le peuple. Ils ont intégré les anciens pays communistes dans le système global capitaliste en vendant leur pays, leur travail, leurs richesses naturelles et leurs marchés. Ces pays sont ainsi rapidement devenus des pays appauvris du tiers-monde.

La grande presse US a décrit cela comme un formidable progrès pour l'humanité. (...)

Maintenant, des multinationales contrôlent la plus grande partie de leur commerce extérieur. Comme les pays du tiers-monde, ces pays ont de moins en moins accès aux marchés des uns et des autres. Leur économie s'empêtre dans les rouages de l'investissement et de l'exploitation du capitalisme mondial. Leur commerce réciproque, jadis important et avantageux pour chacun, est presque anéanti. Au lieu d'un développement mutuel, ils connaissent aujourd'hui le sous-développement, imposé par le monopole du capitalisme mondial. (...)

Malgré de nombreuses protestations d'activistes russes et américains de l'environnement, le secteur américain du bois se prépare à abattre la forêt de Sibérie, avec le soutien financier d'un fonds spéculatif sponsorisé par le Pentagone. Cette région représente un tiers des terrains boisés du monde et constitue l'habitat de très nombreuses espèces animales.1

«Un système qui s'intéressait à ses ouvriers»

Avec l'arrivée des investissements privés en Europe de l'Est, la production n'a pas augmenté comme prévu. Au contraire, elle a rapidement chuté. Des centaines d'entreprises d'Etat parmi les plus intéressantes et les plus solvables ont été privatisées et souvent offertes pour un prix dérisoire à des investisseurs étrangers. D'autres entreprises d'Etat ont été financièrement saignées à blanc ou menées à la faillite.

Entre 1989 et 1995, dans l'actuelle République de Tchéquie, 80 % des entreprises ont été privatisées et la production industrielle a chuté à deux tiers. En Pologne, à cause de la privatisation, la production a chuté à un tiers entre 1989 et 1992. De gigantesques complexes est-allemands d'électronique et de haute technologie, dans lesquels travaillaient des dizaines de milliers d'ouvriers, ont été repris par de très grandes firmes ouest-allemandes avant d'être fermées.

En Union soviétique, la privatisation a conduit à la perte d'une grande partie de l'infrastructure scientifique et de ses établissements. Depuis la privatisation de ZiL, la plus grande succursale de Moscou, la production de camions est tombée de 150 000 à 13 000 par an. 40% des travailleurs ont été licenciés. En avril 1996, les travailleurs restants ont demandé au gouvernement russe de reprendre leur usine. Dans le passé, ces travailleurs et leurs familles avaient une «sécurité d'emploi inébranlable». Ils vivaient dans les appartements de ZiL et allaient dans les écoles de l'usine. Les bébés allaient dans le centre de jour ZiL et étaient soignés par des docteurs de ZiL.

«J'ai grandi dans un système qui s'intéressait à ses ouvriers», a déclaré un machiniste regrettant de s'être un jour opposé au régime.2

Une partie importante de la production d'Allemagne de l'Est a été bridée pour restreindre la compétition avec les firmes ouest-allemandes. Cela a surtout été clair avec le démantèlement de l'agriculture collective, qui devait protéger les fermes privées fortement subsidiées et moins productives en Allemagne de l'Ouest.3

Sans aucune indemnisation, les capitalistes ouest-allemands ont mis la main sur presque toutes les propriétés de l'Etat en RDA : les usines, industries, fermes, appartements et autres biens immobiliers ainsi que les soins de santé. Le tout pour environ deux mille milliards d'euros. Il s'agit de la plus grande expropriation des biens de l'Etat par un capital privé de toute l'histoire européenne.

Le montant des loyers est passé de 5% à 60% des revenus

Cette privatisation du marché libre en Allemagne de l'Est a eu pour conséquence que le montant des loyers est passé de 5% à 60% des revenus. Les transports, la puériculture, les soins de santé et l'enseignement supérieur sont devenus inabordables pour beaucoup. Les Allemands de l'Est de divers courants politiques se plaignent de nombreuses choses : (a) le flux monétaire est passé de l'Est à l'Ouest à cause de la colonisation de l'Est. (b)Le marché libre est un mythe : l'économie ouest-allemande est fortement subsidiée et fonctionne selon des règles strictes qui vont à l'encontre des intérêts des régions de l'Est. (c) La police ouest-allemande est plus brutale que la police est-allemande. (d) Si l'Allemagne de l'Ouest s'était donné autant de mal pour combattre les nazis que pour désocialiser l'Est, le pays aurait été très différent.4

Pour ce qui est du dernier point, il faut mentionner que des personnalités allemandes ont traîné devant la justice tous ceux qui, de par leur fonction officielle, ont «collaboré» avec la RDA, même des professeurs et de simples fonctionnaires.5

Les émigrants des pays communistes sont étonnés de la bureaucratie qui règne à l'Ouest. Deux émigrants soviétiques, indépendants l'un de l'autre, ont déclaré : «la bureaucratie est pire ici que chez nous».6

Des Allemands de l'Est ne s'en sortaient pas avec tous les formulaires à remplir pour les impôts, l'assurance maladie, l'assurance vie, le chômage, les formations, les aides au logement et les comptes en banque. Plus encore, «par les informations personnelles qu'ils devaient donner, ils se sentaient encore plus observés et espionnés qu'au temps de la Stasi, la police secrète de RDA». 7

Les Juifs soviétiques qui ont émigré en Israël durant la guerre froide ont connu les mêmes désillusions sur les difficultés de la vie et le manque d'idéalisme. Les lettres découragées qu'ils envoyaient chez eux sont considérées comme un facteur important dans la diminution de l'émigration de l'URSS vers Israël.

Pendant les jours fastes de la restauration capitaliste, les habitants des anciens pays communistes ont eu toutes les occasions d'expérimenter la vie telle qu'elle était vraiment au paradis du libre marché.

1 New York Times, 30/01/96 · 2 New York Times, 08/05/94 · 3 Robert McIntyre in Monthly Review, décembre 93 · 4 Z Magazine, juillet 92 · 5 Des milliers d'anciens responsables de RDA, juges et autres ont été emprisonnés ou risquent des peines d'emprisonnement pour «trahison» · 6 Monthly Review, mai 88 · 7 Z Magazine, juillet 92.

 

VII - Le paradis du marché libre : 300 000 SDF rien qu'à Moscou

Selon les apôtres du marché libre dans les anciens pays socialistes, la privatisation et l'accumulation du capital dans quelques mains stimulent la production et apportent la prospérité : il faut seulement passer d'abord par une période un peu difficile. Mais cette période est bien plus dure et bien plus longue qu'annoncée.

En 1990, alors que l'Union Soviétique est en train de passer au paradis du marché libre, Bruce Gelb, chef de la United States Information Agency, fait remarquer à un journaliste que la formation commerciale américaine ferait beaucoup de bien à l'économie soviétique. Car «En Union Soviétique, il faut réhabiliter les serpents venimeux, les sangsues et les intermédiaires. C'est la formule de la réussite de pays comme le nôtre !»1

Aujourd'hui les serpents venimeux et les sangsues sont bien présents dans les anciens pays socialistes. Des milliers de luxueuses autos circulent dans les rues de Moscou et Prague. Le prix des locations et des ventes immobilières a fortement augmenté. Une nouvelle classe d'investisseurs, de spéculateurs et de maîtres chanteurs nage dans le luxe. Le but affiché n'est plus l'amélioration de la vie des citoyens mais l'accumulation du capital individuel.

Etat de santé catastrophique

En Russie et en Europe de l'Est, la dérégulation des prix due à l'arrivée du paradis du libre marché n'a pas créé des prix compétitifs mais des prix déterminés par les monopoles privés. Cela a stimulé l'inflation galopante. Pour les magouilleurs, les maquereaux, les trafiquants de drogue et autres escrocs, les affaires n'ont jamais été meilleures. Le chômage, le nombre de sans-abri, la pollution de l'air et de l'eau, la prostitution, les mauvais traitements conjugaux, la maltraitance enfantine et toutes les autres formes de misère sociale ont dramatiquement augmenté.2

En Russie et en Hongrie, le nombre de suicides a augmenté de moitié en quelques années. Pendant les longs hivers, le nombre de décès ou de maladies graves chez les pauvres et les personnes âgées a fortement augmenté : l'augmentation des prix et les factures impayées ont entraîné la fermeture des robinets de gaz.

Dans les hôpitaux publics russes, les docteurs et les infirmières sont honteusement sous-payés. Désormais, les hôpitaux prodiguant des soins gratuits ferment. D'autres doivent combattre de gros problèmes d'hygiène. Et l'on manque de seringues jetables, d'aiguilles, de vaccins et d'appareillage moderne. De nombreux hôpitaux ne disposent pas d'eau chaude, certains n'ont même pas d'eau du tout.3

Des maladies comme la polio, la tuberculose, le choléra, la diphtérie, la dysenterie et les maladies sexuellement transmissibles réapparaissent à cause de la dégradation des programmes de vaccination et du recul des normes sanitaires. Le nombre de drogués croît aussi terriblement. Les hôpitaux russes essaient de soigner les toxicomanes le mieux possible, même si le financement se réduit. La qualité de la nourriture est de moins en moins bonne. Le stress et les maladies augmentent.

Et pourtant, le prix de la consultation médicale a augmenté de moitié car les honoraires du nouveau système de santé privatisé sont très élevés. Ainsi, de nombreuses maladies non diagnostiquées et non traitées évoluent jusqu'à mettre des vies en danger. Les instances militaires russes qualifient l'état de santé des nouvelles recrues de catastrophique. Le nombre de suicides dans l'armée a dramatiquement augmenté et le nombre de morts par overdose a crû de 80% ces dernières années.4

Pour la première fois depuis la Deuxième guerre mondiale, le taux de natalité en Russie est inférieur au taux de mortalité. En 1992 et 1993, les Allemands de l'Est enterraient deux personnes pour un enfant qui naissait. Pour les femmes de presque quarante ans, le taux de mortalité a augmenté de 20% et pour les hommes de la même catégorie d'âge, ce chiffre a augmenté de trente pour cent.5

Maintenant que les loyers ne sont plus subsidiés, les estimations du nombre de sans-abri­ à Moscou seulement ­ atteignent trois cent mille. Dans de très nombreuses villes, beaucoup d'entre eux meurent en rue, de froid et de faim. En Roumanie, des milliers d'enfants sans abri vivent dans les gares et les égouts. Ils sniffent de la colle pour ne pas sentir la faim, mendient et sont la proie de toutes sortes d'exploitateurs.6

Dans les pays où le communisme offrait un travail à chacun, les chiffres du chômage ont augmenté de 30%. Un ouvrier polonais témoigne que si l'on est chômeur, il est presque impossible de retrouver du travail après quarante ans. Les femmes polonaises connaissent cette mort économique encore plus vite. Pour obtenir un emploi, dit une femme, «il faut être jeune, ne pas avoir d'enfants mais quand même une grosse poitrine.»7 On ne peut plus que rêver de sécurité d'emploi et le nombre de blessures et d'accidents de travail a augmenté de manière drastique.

Du travail ? Allez chez les flics !

Dans toute l'Europe de l'Est, les syndicats ont été liquidés. Congé de maladie, de maternité, congés payés et autres avantages qui allaient de soi sous le socialisme sont supprimés ou démantelés. Il ne reste presque plus rien des sanatoriums pour ouvriers, des villages de vacances, des centres de santé, des centres sportifs et culturels, des plaines pour enfants, des centres de jour et de tous les autres aspects qui faisaient qu'une entreprise communiste était plus qu'un lieu de travail.

Les maisons de repos auparavant uniquement destinées aux ouvriers sont aujourd'hui privatisées ou transformées en casino, night-club ou restaurant pour les nouveaux riches. Les services de gardiennage pour les entreprises ou les milices privées sont des marchés florissants.

Rien que pour l'ex-Union Soviétique, on parle de 800 000 hommes. Une alternative pour la jeune classe ouvrière est l'immense appareil répressif de l'Etat, beaucoup plus terrifiant que sous la période soviétique. Aujourd'hui, l'effectif de cet appareil est plus important, mieux payé et mieux équipé que celui de l'armée. L'ennemi du régime est dans le système même !8

Dans les anciens pays communistes, les revenus réels ont chuté de 30 à 40%. Pour 1992 seulement, les dépenses des consommateurs ont chuté de 38%. En comparaison : les dépenses des consommateurs américains pendant la Grande Dépression des années 30 ont reculé de 21% sur quatre ans. Tant en Pologne qu'en Hongrie, selon les statistiques, 70% de la population vit sous ou juste au niveau du seuil de la pauvreté. En Russie, cette limite se situe entre 75 et 80%.

1. Washington Post, 11 juin 1990 · 2. Monthly Review, 11/96, pp 1-12 · 3. Eleanor Randolph, Waking the Tempest: Ordinary Life in the New Russia, Simon & Schuster New York 1996 · 4. Toronto Star, 5 novembre 1995 · 5. New York Times, 6 avril 1994 · 6. National Public Radio News, 20 juillet 1996 · 7. Nation, 7 décembre 1992 · 8. Monthly Review, 11/96, p.7.

 

VIII - «Nous ne réalisions pas ce que nous avions»

«Bien que de nombreux intellectuels d'Europe de l'Est persistent à défendre ardemment le paradis du libre marché, la plupart des ouvriers et des paysans n'idéalisent plus le capitalisme. Ils ont en effet reçu les coups les plus impitoyables. «Nous ne réalisions pas ce que nous avions», est devenu une célèbre rengaine.» C'est ce qu'écrit le professeur marxiste américain Michael Parenti dans son livre Blackshirts & Reds.

En Europe de l'Est et dans l'ancienne URSS, de nombreuses personnes ont admis à contrecur que les conditions de vie étaient meilleures sous le communisme.1 Angela Stent de l'université de Georgetown et adepte du capitalisme admet que «la majorité des gens va plus mal que sous le communisme La qualité de vie est moins bonne à cause de l'augmentation de la criminalité et de la disparition du réseau de la sécurité sociale».2

Une vieille femme polonaise qui devait survivre avec un repas de la Croix-Rouge par jour : «Je ne suis pas communiste mais je dois bien avouer que, pour les pauvres, la vie était meilleure avant maintenant, tout va bien pour le monde des affaires, mais pas pour nous, les pauvres.»3 Une Allemande de l'Est a dit que le mouvement féministe ouest-allemand vient seulement de commencer à se battre pour «ce que nous avions déjà ici. Nous trouvions cela tout à fait normal dans le système socialiste. Maintenant, nous réalisons ce que nous avons perdu».4 Des dissidents anticommunistes, qui avaient fait de leur mieux pour renverser la RDA, ont rapidement manifesté leur déception face à la réunification allemande.

Un pasteur luthérien a déclaré : «Nous, les Allemands de l'Est, n'avions pas d'image réaliste de la vie à l'Ouest. Nous ne savions pas que tout était orienté vers le résultat. La cupidité sans-gêne et la puissance économique sont les leviers de cette société. Les valeurs spirituelles qui sont nécessaires au bonheur des hommes se perdent ou sont banalisées. Tout tourne autour d'acheter, de vendre et de gagner de l'argent.»5

L'ancien ministre de la défense de la RDA a dit dans le même esprit : «Bien sûr, j'entends parler des nouvelles libertés dont jouissent les gens en Europe de l'Est. Mais comment définir la liberté ? Des millions de gens en Europe de l'Est sont maintenant libérés de travail, de rues sûres, de soins de santé et de sécurité sociale.»6 Dans les anciens pays socialistes, 30% de la population est au chômage.

Les gens d'Europe de l'Est veulent-ils de ce libre marché ?

Des sondages d'opinion effectués fin 1993 montrent que seulement 27% des personnes interrogées étaient favorables à l'économie de marché. La grande majorité trouvait que le contrôle de l'Etat sur les prix et les entreprises privées était «utile» et que «l'état devait prévoir un emploi pour chacun et ne devait pas laisser le chômage exister». En Pologne, 92% des gens voulaient conserver le système de garanties sociales de l'Etat. Presque tout le monde se disait partisan de logements et de nourriture subsidiés et réclamait le retour au plein emploi.7

Un correspondant du New York Times8 déclarait depuis Moscou que «la plupart des gens ici se montrent méfiants envers la propriété privée et se demandent ce qu'avait de si mauvais un système qui garantissait de la naissance à la mort des soins de santé bon marché. Et ils espèrent que le gouvernement va de nouveau faire pression sur les prix.» ()

Le socialisme d'Etat, «le système qui ne marchait pas» a donné à chacun la sécurité. Le capitalisme du libre marché, «le système qui fonctionne» a mis l'économie en pièces, a apporté des pillages financiers, un recul social et un calvaire pour la majorité de la population.

En réaction, les Européens de l'Est ont remis des communistes au pouvoir pour régner sur les ruines et les décombres de pays disloqués. En 1996, les anciens communistes et leurs alliés ont gagné d'importantes élections en Russie, Bulgarie, Pologne, Hongrie, Lituanie et Estonie. Certains ont même formé la fraction la plus puissante de leurs parlements respectifs. Ils ont pourtant été confrontés aux mêmes handicaps que les partis de gauche dans les pays «démocratiques capitalistes» : intimidations, violations policières, manque d'argent, accès restreint aux tribunes électorales, manque d'attention médiatique et comptages frauduleux.

Le rêve n'est plus permis

Lorsque les premiers bouleversements anticommunistes ont commencé en 1989 en Europe de l'Est, certains penseurs de gauche disaient que, si les Européens de l'Est découvraient que le système du libre marché ne leur convenait pas, ils pourraient toujours revenir à l'une ou l'autre forme de socialisme. Comme je l'ai déjà montré, cette vision n'était pas réaliste. Le capitalisme ne se limite pas à un système économique, c'est un ordre social de A à Z.

Une fois mis en oeuvre, on ne peut pas le démanteler en votant pour des socialistes ou des communistes. Ils peuvent toujours siéger au gouvernement mais la richesse du pays, la structure des rapports de propriété, le droit constitutionnel, le système financier et la structure des dettes, les médias nationaux, la police et les autres institutions de l'Etat sont tous fondamentalement restructurés. Les moyens pour les programmes sociaux et le plein emploi sont pillés ou disparaissent complètement, tout comme les réserves d'argent, les marchés et les matières premières. Après plusieurs années de pillage impuni par le libre marché, ces pays sont arrivés à un point où un retour en arrière appartient au domaine du rêve.

Il semble donc que les anciens pays communistes à l'instar des pays du tiers monde­ doivent subir cette misère pour de longues années, pour que quelques privilégiés puissent jouir d'une prospérité toujours plus grande sur le dos des masses. Et pour garantir sa «sécurité», la classe des entrepreneurs aura recours à toutes les formes de manipulation et de répression contre les velléités démocratiques. Et recevra en cela le soutien des experts du capital international, de la CIA et autres agents de la domination capitaliste d'Etat.

Pas de chantilly

La chute des pays communistes a signifié une énorme victoire pour le capitalisme mondial et l'impérialisme. Cette victoire a réveillé la misère humaine et a causé partout dans le monde une régression historique des mouvements révolutionnaires de libération. Même des gouvernements nationaux légèrement réformistes auront à en souffrir, regardez par exemple, l'Irak ou Panama. Cette chute représente aussi une énorme perte pour le pluralisme mondial et provoque l'augmentation de l'inégalité socio-économique dans le monde. Les habitants d'Europe de l'Est avaient pensé qu'ils conserveraient les avantages sociaux du communisme avec en plus la chantilly de la consommation occidentale. Beaucoup de leurs plaintes à propos du socialisme réel étaient correctes mais leur image romantique de l'Ouest capitaliste ne l'était pas. Le rêve s'est brisé. Ils pensaient passer du Deuxième au Premier Monde, mais ils ont été expédiés dans le tiers monde.

1 New York Times, 30 mars 1995 · 2 New York Times, 20 décembre 1993 · 3 New York Times, 17 mars 1991 · 4 Los Angeles Times, 6 août 1991 · 5 New York Times, 26 mai 1996 · 6 New York Times, 20 juillet 1996 · 7 Monthly Review, décembre 1994 · 8 NYT, 23 juin 1996 ·

 

 

FAQ : Le communisme

PTB, août 2002

FAQ 1 - Le communisme : c'est quoi ?

Que veulent les communistes ? Qu'est-ce que le communisme ? Qu'est-ce que le capitalisme ?

· D'abord il faut définir ce que nous entendons par capitalisme.

· La caractéristique la plus importante de notre société est le fait qu'une petite classe ou groupe, les capitalistes, possède les moyens de production de la société. Du fait qu'elle possède tous les moyens de production, elle détermine comment l'économie doit tourner en fonction de son propre profit.

· Ce petit groupe de capitalistes détermine sur le plan économique, le sort de millions de travailleurs, qu'il peut mettre au chômage pour sauver ses profits. C'est pourquoi nous dirons que le capitalisme, c'est la dictature économique du capital contre les travailleurs.

· Sous le capitalisme, il existe de très grands besoins et nécessités pour lesquels personne ne produit. Sous le capitalisme, la production est développée dans un seul but: non pas répondre aux besoins des gens mais augmenter le profit des capitalistes.

· La course aux profits entre capitalistes entraîne ceux-ci à se livrer une concurrence à mort. Cette concurrence impitoyable débouche sur de gigantesques destructions et gaspillages.

· La concurrence ne reste pas cantonnée entre capitalistes individuels. Elle se mène entre blocs de patrons, puis entre pays, et finalement entre groupes de pays. Les crises économiques débouchent alors sur des crises politiques majeures et finalement sur la guerre. Aussi longtemps que le capitalisme et l'impérialisme existent, ils entraîneront donc inévitablement des guerres. Contre les pays du tiers monde qui essaient de se développer indépendamment (Irak, Libye, Yougoslavie...), contre les pays communistes (URSS, Vietnam, Cuba, Corée, Chine), et finalement entre les blocs impérialistes eux-mêmes comme lors de la première guerre mondiale (1914-1918).

· La dictature économique du capital constitue la base d'une dictature idéologique, culturelle et morale exercée par la bourgeoisie. Le meilleur exemple de cette dictature est la place que la télévision se voit attribuer dans notre société. Si on veut exprimer aujourd'hui ce qu'est la culture dans notre société, on sort le mot «télévision». Le culte de la police et de la violence, le culte de l'individualisme et le culte du style de vie de la bourgeoisie occupent une position centrale dans les séries et feuilletons télévisés. Chaque fois, les histoires tournent autour de l'individualisme et de l'égoïsme. Tel est l'image du monde que l'on tente de nous inculquer et que nous percevons.

· Le fondement du socialisme et du communisme par contre se situe en premier lieu dans la propriété collective des moyens de production.

· L'économie est alors basée sur les besoins des travailleurs, de la collectivité. Le progrès est réalisé par une recherche commune d'une plus haute productivité et d'une meilleure approche du travail. Le communisme est basé sur le principe de la collectivité à tous les niveaux, également dans l'entreprise. Chaque entreprise est placée sous le contrôle des travailleurs. Les transports, les écoles, les hôpitaux, les télécommunications sont entièrement publics et accessibles à tous.

· Le communisme, c'est aussi la nécessité de lutter contre les exploiteurs. L'histoire nous apprend que les capitalistes n'acceptent pas leur défaite quand ils sont renversés. Après les premières victoires des travailleurs, ils mettent tout en œuvre pour reconquérir leur paradis perdu. Pour cela, ils ne reculent devant rien.

· Bien que les travailleurs soient au pouvoir, la lutte des classes continue à se poursuivre sous le socialisme. Les anciens exploiteurs disposent pour cela d'un certain nombre d'avantages. Ils connaissent les techniques de production et les secrets militaires depuis plus longtemps. Ils entretiennent des relations entre eux ainsi que des contacts avec l'étranger. Ils peuvent compter sur le soutien des pays capitalistes et impérialistes où le socialisme n'a pas encore triomphé. Et enfin, ils essaient en permanence de mettre à profit le comportement hésitant de ceux qui balancent toujours entre le capitalisme et le socialisme.

· C'est pourquoi les travailleurs doivent être vigilants et exercer la dictature du prolétariat. C'est-à-dire de maintenir le pouvoir des travailleurs, de la majorité en réprimant la minorité des exploiteurs, anciens et nouveaux.

· La motivation sous le communisme consiste donc en la satisfaction des besoins des gens par le biais d'une économie planifiée. Un plan national bien étudié définit les besoins et les priorités.

Socialisme et communisme

Pour être précis il faut distinguer le socialisme du communisme. Le socialisme est la société basée sur la propriété collective des moyens de production qui est instaurée après la prise du pouvoir par les travailleurs. Les classes existent toujours, ainsi que l'Etat. C'est la période historique de transition vers le communisme. Le communisme quant à lui est une société sans classes sociales, basée sur une économie très développée qui permet de répondre à l'ensemble des besoins de toute la population. Dans l'ensemble des questions et réponses nous utilisons le terme communisme et socialisme indistinctement.

FAQ 2 - Le communisme : une expérience ratée ?

Le mur est tombé, le communisme a échoué, pourquoi encore le défendre ?

Les meilleures forteresses se prennent de l'intérieur. Au cœur des années 1950 un tournant crucial a eu lieu dans le mouvement communiste, c'est l'émergence et la prise du pouvoir des «révisionnistes » à la direction du plus grand pays communiste, l'Union soviétique. Dans un monde encore largement sous l'emprise du capitalisme, Krouchtchev, dirigeant des "révisionnistes" a pris le pouvoir en disant que la lutte des classes était terminée en URSS, que le communisme allait bientôt triompher. Ce qui a miné toute vigilance contre tous ceux qui continuaient à lutter pour le capitalisme.

Avec l'appui de l'impérialisme américain et européen, les forces procapitalistes se sont développées petit à petit en Europe de l'Est et en Russie. Il leur aura fallu 35 ans pour démanteler tous les acquis du socialisme, aboutissant à la chute du mur et à la restauration complète du capitalisme. Ce n'est pas donc pas le communisme en soi qui a échoué, c'est le révisionnisme.

Cependant des pays se basant sur le communisme existent encore. C'est en maintenant pour l'essentiel les principes communistes, principalement la dictature du prolétariat sur les exploiteurs, que Cuba, la Chine, la Corée du Nord, le Laos et le Vietnam continuent à résister aux agressions impérialistes et à pourvoir aux besoins de leurs populations. Voici ce qu'on peut ainsi lire dans les rapports de l'ONU : «La mortalité due à la maternité est 17 fois plus basse à Cuba que la moyenne mondiale.» «Si l'Inde offrait les mêmes soins de santé que la Chine, on pourrait sauver chaque année 1,4 million d'enfants. » «Dans la période 87-98, le nombre de pauvres dans les pays capitalistes développés a augmenté de 340 millions, tandis que le nombre baissait de 153 millions en Chine et au Vietnam. »

Le capitalisme n'a rien à offrir à l'immense majorité des travailleurs. On voit maintenant dans les pays de l'Est et en Russie que même un socialisme malade offrait encore bien plus au peuple que le capitalisme. La catastrophe économique et sociale apportée par la restauration du capitalisme est hallucinante, la mortalité a grimpé en flèche, ainsi que la pauvreté et le chômage, la mafia contrôle une grande partie de l'économie ; la drogue, l'alcool, la violence sont devenus le lot quotidien des jeunes. La production de l'ex-Union soviétique était en 1999 à 57% du niveau de 1990 (et celle de l'Ukraine même à 39%). Sa population a diminué de 6 millions d'habitants en 8 ans, la mortalité est deux fois plus importante que la natalité, l'espérance de vie a chuté de 64 à 61 ans, 60% de la population a un revenu inférieur au minimum vital.

Le capitalisme et l'impérialisme poussent l'exploitation, la domination, la répression et la terreur à leurs extrêmes limites. Ils creusent ainsi leurs propres tombes. En effet, ils préparent l'émergence de mouvements révolutionnaires anti-impérialistes et anticapitalistes partout dans le monde, d'une ampleur mondiale jamais vue dans l'histoire. En tirant les leçons des premières expériences de construction du socialisme au 20ème siècle, ces révolutions permettront d'établir le socialisme au niveau mondial au 21ème siècle.

FAQ 3 - Le communisme : une utopie ?

Le communisme n’est-il pas une utopie ? N'y aura-t-il pas toujours des riches et des pauvres ? La nature humaine n'est-elle pas égoïste ?

· La nature humaine n'est pas fixée une fois pour toute. Elle est au contraire déterminée par la société dans laquelle l'être humain vit, et par la classe sociale auquel il appartient. Comme la société évolue, la nature humaine change aussi.

· Dans une société basée sur le profit, sur la concurrence, sur la compétition et l'exploitation, il est normal que l'égoïsme et l'individualisme se retrouvent dans les comportements humains. Mais dans une société socialiste, où les richesses sont réparties équitablement l'égoïsme perdra sa raison d'être.

· Les valeurs que les communistes défendent sont le collectivisme, le respect et la mise à l'honneur du travail, l'entraide réciproque et la solidarité, l'égalité parmi les gens et les peuples et la dignité humaine. Ce sont les valeurs culturelles et morales du communisme.

· Des sociétés sans riches et sans pauvres ont déjà existé dans les sociétés primitives, préhistoriques. C'est ce que nous appelons le «communisme primitif ». Il était basé sur les difficultés de survivre pour un individu isolé, face au peu de ressource, les hommes étaient obligés de s'entraider. Il n'y avait pas d'autres chefs que ceux reconnus par le groupe pour leurs qualités et leurs expériences.

· Les sociétés des Indiens d'Amérique par exemple étaient basées sur le partage et la collectivité. Les décisions importantes se prenaient par le conseil des anciens. Les ressources étaient partagées équitablement.

· A un certain moment, des personnes ont commencé à s'approprier de la terre et du bétail et à les considérer comme leur propriété privée. En même temps, ils ont obligé les gens qui n'avaient rien à travailler pour eux. C'est l'apparition des classes sociales, des riches et des pauvres. La société s'est alors développée de plus en plus vers une opposition entre exploiteurs et exploités, d'abord entre propriétaires d'esclaves et esclaves, puis entre seigneurs et serfs enfin entre capitalistes et ouvriers.

· Avec le développement phénoménal des moyens de production, les bases matérielles existent pour une société communiste. Le communisme n'est donc pas une utopie mais est devenu possible et nécessaire.

· Possible car les richesses produites dans le monde actuel suffirait amplement à satisfaire les besoins réels de toute l'humanité. Mais c'est l'appropriation de l'immense partie de ces richesses par une petite minorité de capitalistes qui est la cause des inégalités.

· Nécessaire car une partie toujours croissante de la population mondiale vit dans la pauvreté et la misère la plus extrême souvent sans eau, sans électricité, sans médecin et même sans nourriture suffisante. Que le capitalisme prépare des crises gigantesques et des guerres meurtrières, qu'il faudra arrêter.

FAQ 4 - Le communisme : plus de propriété ?

Sous le communisme, a-t-on droit encore à sa voiture, à sa propre maison, tout n'appartient-il pas à l'Etat ?

Oui on y a encore droit. Ce sont les moyens de production qui sont collectivisés. C'est-à-dire les usines, les bâtiments, les terrains, les machines qui servent à la production. A côté de cela les travailleurs gardent le droit de posséder leurs objets personnels, y compris une maison ou une voiture.

Mais cela dépend évidemment des conditions économiques et sociales propres au pays car l'essence du socialisme est d'abord d'assurer les besoins vitaux de tous. Chacun gagne sa vie selon son travail, et en fonction de cela un travailleur peut gagner suffisamment d'argent pour s'acheter des biens personnels. Il sera simplement interdit d'utiliser cet argent pour faire travailler d'autres personnes et créer sa propre entreprise.

Une partie du travail revient à la collectivité par l'Etat, qui utilise cet argent pour garantir des soins de santé, une éducation, un développement culturel, une infrastructure pour tous.

L'idéologie capitaliste propage le mensonge que le communisme, c'est la fin de la propriété du travailleur, pour cacher la réalité, c'est-à-dire la propriété par une minorité des grands moyens de production.

FAQ 5 - Le communisme : fin de l'initiative ?

Sous le communisme, tout le monde gagne la même chose, non ? Pourquoi ceux qui travaillent plus ou qui ont des diplômes ne gagnent-ils pas plus ? Si on ne peut pas devenir riche, cela ne tue-t-il pas tout esprit d'initiative et de créativité ?

FAQ 6 - Le communisme : économiquement pas viable ?

Le social comme l'enseignement et les soins de santé sous le communisme, c'est bien. Mais l'économie ne fonctionne pas : la qualité des produits est mauvaise, les voitures sont vieilles, il y a souvent des pénuries de produits. Pour l'économie, le capitalisme n'est-il pas de loin supérieur au communisme ?

· Pour l'immense majorité des travailleurs sur la planète, le capitalisme "ne marche pas". Si on regarde l'ensemble du monde capitaliste, on voit des millions de chômeurs, un milliard d'êtres humains dans une misère extrême, des travailleurs qui ploient sous la charge de travail, un gaspillage énorme de ressources humaines et matérielles dû à l'anarchie du système, les besoins vitaux qui ne sont pas remplis pour des centaines de millions de personnes, etc.…Le capitalisme est à a la source de tous ces problèmes. Le socialisme, au contraire, va prendre comme point de départ de résoudre toutes ces questions.

· La plupart des travailleurs et paysans dans le monde, surtout dans le tiers monde ont des produits vieux et de mauvaises qualités. Un exemple : les voitures d'occasion recyclées en Afrique. Ils font face souvent à des pénuries.

· Le socialisme est supérieur économiquement au capitalisme, du point de vue des travailleurs. L'Union soviétique dans les années 20 et 30, la Chine depuis 1949 ont eu les plus haut de croissance économique au monde. L'URSS est passé du Moyen Age au statut de puissance mondiale en trois décennies.

· Il est vrai que, sous le socialisme, la priorité est donnée aux transports en commun (bus, trains), aux vélos. On ne pousse pas les gens à changer de voitures tous les 3 à 5 ans. Ce qui permet de répondre à d'autres besoins qui ne sont même pas envisagés sous le capitalisme, comme l'accessibilité des soins de santé pour tous et gratuitement.

· D'autre part, il faut bien se rendre compte que les pays communistes existant ou ayant existé sont tous partis d'une économie très peu développée ou il n'était souvent même pas question de cultiver la terre avec des outils en acier, et donc encore moins d'avoir des voitures modernes. De plus cela devait se faire dans le cadre de la lutte à mort menée par les capitalistes contre ces pays, qui déclenchaient des guerres civiles (entre 1918 et 1921 en Russie par exemple) ou qui mettent en place des embargos (Cuba depuis 1961 jusqu'à nos jours).

· On ne peut séparer l'économique et le social. Un pays comme Cuba a pu faire face en 91 à une chute de 30% de son économie, surtout due à la chute des pays du bloc de l'Est et à l'embargo américain. Malgré cela les soins de santé et l'enseignement gratuit ont été maintenus, personne n'a eu faim, des mesures ont été prise pour redresser l'économie sans léser une partie de la population. Lorsqu'on voit ce que la crise capitaliste entraîne comme conséquences (destruction de la sécurité sociale, augmentation des impôts, augmentation continue des exclus de la société…) dans un pays comme la Belgique, pourtant infiniment plus riche que Cuba, on ne peut que constater la supériorité du socialisme, aussi sur le plan économique.


FAQ 7 - Le communisme : fin de la démocratie ?

Peut-on dire ce qu'on veut sous le communisme ? N'est-on pas espionné, voire exécuté lorsqu'on s'exprime contre le régime ?

Sous le socialisme, les travailleurs décideront de leur avenir aux différents niveaux de l'Etat. Aussi sur leur lieu de travail et dans leur habitation. Comme on peut l'observer dans le travail des Comités de Défense de la Révolution à Cuba, par exemple.

Les décisions sont prises sur base de débats démocratiques où chacun peut s'exprimer. Les journaux, la radio et la télévision consacrent beaucoup d'attention à faire entendre la voix du peuple et stimuler le débat.

Les critiques qui visent à miner le socialisme sont réfutés par la population sur base des réalisations du système. Les idées pro-capitalistes sont rejetées par le peuple car il ne veut pas retourner à l'ancien régime.

Le peuple organisé est vigilant par rapport aux questions de sécurité. Les idées racistes et la propagande fasciste seront poursuivies pénalement car le racisme et le fascisme sont criminels. Ceux qui organiseront activement la contre-révolution, par le sabotage, le terrorisme seront poursuivis.

FAQ 8 - Le communisme : comment fonctionnent les élections dans un pays communiste ?

"Comment fonctionnent les élections dans un pays communiste ?" Nous vous proposons une réponse sur base de l'exemple de Cuba

Le régime politique cubain se caractérise par un système monopartite avec un fort apport de la base de la population. Il s'agit d'un système plus connu sous le nom de «Poder Popular» ou pouvoir populaire. Il existe trois niveaux: la commune, la province et le conseil national (ou parlement).

Le conseil communal. Chaque commune est divisée en autant de districts électoraux qu'il n'y a d'élus. Au total, Cuba compte 14 000 de ces districts, chacun représentant au maximum 2 000 électeurs. Lors des réunions de district, toutes les personnes présentes peuvent proposer des candidats. Chacun, qu'il appartienne ou pas au Parti communiste, entre donc en ligne de compte. Plus de 400 personnes ayant le droit de vote doivent êtres présents afin de pouvoir se réunir valablement. Chaque candidat est proposé au vote. Sur base des résultats, on compose des listes comprenant au minimum 2 candidats et au maximum 8, par mandat à assurer. C'est avec ces listes ainsi constituées que l'on organise simultanément les élections dans tout le pays. Ces élections ont lieu tous les deux ans et demi. La propagande du candidat se limite à une photo et à un curriculum vitae. Les candidats peuvent prendre la parole au cours d'assemblées publiques, mais ne peuvent mener de campagne personnelle. Le vote est secret et facultatif et l'on peut voter pour zéro, un ou plusieurs candidats. On retient le candidat qui a recueilli le plus de voix, mais il doit également avoir obtenu 50% des voix au moins. En décembre 1992, 13 865 membres ont été élus parmi plus de 28 000 candidats aux 169 conseils communaux.

Depuis 1992, on élit également de façon directe les conseils provinciaux et le conseil national. La procédure de candidature se déroule autrement, ici. Au départ des divers mouvements sociaux, syndicat, organisation des paysans, union des femmes, organisations estudiantines, comités de quartier et autres, on instaure des commissions qui peuvent proposer des candidats. Le Parti communiste lui-même n'en propose aucun. Lors des dernières élections, quelque 60 000 personnes étaient actives dans ce genre de commissions. Le but de ces organisations sociales est de veiller sur le cours de la révolution et de constituer un certain filtrage afin d'éviter les éventuelles déviances. Toutefois, on y consulte beaucoup la population: lors des précédentes élections, environ 1,5 millions de Cubains ont été concernés dans la mise au point des listes de candidats. En outre, les propositions doivent obtenir l'aval des conseils communaux. Enfin, il y a la règle qui veut qu'environ la moitié des candidats doivent déjà avoir été conseillers communaux. Pour finir, il reste autant de candidats qu'il n'y a de mandats à pouvoir. Dans chaque district électoral, on peut choisir entre 2 et 5 candidats pour le conseil national et entre 2 et 14 pour le conseil provincial. A l'instar de ce qui se passe avec le conseil communal, le vote, ici aussi, est secret et facultatif et l'on peut voter pour zéro, un ou plusieurs candidats. Pour être élu, un candidat doit avoir récolté au moins 50% des voix exprimées. Si un candidat n'est pas élu, le siège reste vacant, ou le district reprend complètement la procédure. Les conseils provinciaux et le conseil national sont élus tous les cinq ans. Il existe 14 conseils provinciaux comptant en tout 1 190 membres élus. Le conseil national, lui, compte 589 membres. Les candidats sont révocables à tout moment: tous les six mois, ils peuvent êtres appelés à se justifier devant leur assemblée de district et, s'il le faut, on les révoque. Au conseil national, sont représentés tous les secteurs de la société : étudiants, travailleurs, paysans, scientifiques, personnel soignant, médecins, sportifs, journalistes, artistes, intellectuels, militaires. Un représentant n'est pas nécessairement un personnage jouissant d'une grande notoriété nationale.

Le conseil national désigne le conseil d'Etat, constitué de 30 personnes : le président, le premier vice-président, 5 vice-présidents, un secrétaire et 22 membres. Ce conseil d'Etat désigne à son tour le président, le conseil des ministres et les membres de la cour suprême de justice.

Chaque Cubain obtient le droit de vote à 16 ans. A partir de cet âge, il est également éligible à la commune et à la province. A partir de 18 ans, il est éligible au conseil national. Un élu ne sera pas nécessairement membre du Parti communiste. Au Conseil national, depuis les premières élections de 1976, entre 20 et 30% des élus en moyenne ne sont pas membres du Parti. Presque un parlementaire sur quatre est une femme. Les membres élus ne touchent aucune indemnité supplémentaire pour leur travail politique.

La participation aux élections n'est pas obligatoire. N'empêche que le taux de participation est très élevé : en moyenne, 97%. Les votes non valables ou blancs représentant en moyenne 10%. Le taux élevé de participation électorale est en contraste flagrant avec celui des pays voisins, où un pourcentage élevé d'électeurs préfèrent rester chez eux, comme à Haïti (80% d'abstentionnistes), au Guatemala (64%), au Venezuela (60%), au Salvador (presque 60%), à Costa Rica (20%)

Sources :

 

 

Le miracle économique socialiste

(Thomas Gounet)

A propos du livre "Victoires et déboires. Histoire économique et sociale du monde du XVIe siècle à nos jours" de Paul Bairoch

Depuis la chute du mur de Berlin en 1989, il est une évidence que la bourgeoisie mondiale ne veut plus mettre en question : le capitalisme a gagné ; il est plus efficace que le socialisme ; il a remporté la bataille économique ; et, en outre, il est démocratique, alors que le socialisme est ‘‘totalitaire’’, un mot qui ne veut rien dire, mais qui a l’avantage de placer sur le même pied communisme et fascisme. Sur cette base, l’arrogance patronale est sans bornes. Tout doit disparaître au profit des multinationales, car elles sont les seules à pouvoir apporter la prospérité et le progrès à l’humanité.

Témoin de cette certitude, le nouveau livre de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE), le club des pays riches, intitulé ‘‘Pour l’ouverture des marchés’’. Les avantages de la libéralisation des échanges et de l’investissement. Dans celui-ci, on peut lire en effet : ‘‘S’il demeure exact - ce qui est probablement inacceptable - que 1,5 milliard de personnes vivent encore dans la misère aujourd’hui, il n’en est pas moins vrai que le relèvement des niveaux de vie associé à un ordre commercial plus libéral a effectivement contribué à tirer quelque 3 milliards d’autres individus hors de la pauvreté depuis la fin de la guerre.’’ 1  

Et : ‘‘Le commerce et l’investissement internationaux n’opèrent pas un partage entre gagnants d’un côté et perdants de l’autre. En fait, le commerce et l’investissement offrent à tous les pays la possibilité d’atteindre une plus grande prospérité.’’ 2

Le livre de Paul Bairoch, Victoires et déboires. Histoire économique et sociale du monde du XVIe siècle à nos jours, permet de réfuter ce genre d’affirmations gratuites. Bairoch est économiste, spécialiste des données quantitatives. Il veut retracer, à travers 2 788 pages, l’histoire du monde depuis l’an 1500. La tentative ne manque pas d’atouts et mérite le détour en tant que telle, car basée sur des faits et des chiffres. Le point faible réside sur le plan théorique : il essaie de formuler des conclusions générales à partir des données quantitatives, au lieu de débattre des théories en tant que telles sur base des chiffres et des faits. Mais un des points les plus intéressants, c’est le constat que Bairoch tire de l’expérience des pays socialistes : ce sont de relatifs succès économiques.

Et, pourtant, il souligne, comme tous les anticommunistes, le caractère ‘‘non démocratique’’ des régimes qui ont instauré une alternative au capitalisme. Il utilise aussi les sources occidentales, car il trouve que celles élaborées par les experts socialistes ne sont pas assez fiables. Il tente sans cesse de relativiser les conclusions auxquelles il doit aboutir en lisant les données quantitatives qu’il présente. Ce n’est donc pas un livre complaisant pour le socialisme.

1. L’expérience soviétique :

Ce qui est étonnant dans les constats établis par Paul Bairoch, c’est que, bien qu’il ne le nomme pas comme tel, il présente Staline comme celui qui a assuré le progrès économique en URSS. D’abord, il a dû rétablir la situation qu’avait engendré la Première Guerre mondiale et la Guerre civile. En 1920, la production agricole était tombée à la moitié de celle de 1913 et, pour l’industrie, il s’agissait d’un sixième ou d’un huitième. 3

C’est le programme de Staline qui a permis le succès. Commencé au milieu des années 20, il se poursuit au moins jusqu’à la prise de pouvoir de Khrouchtchev en 1956. Mais, même par la suite, il a encore des effets. D’abord, au niveau de l’industrie : ‘‘Globalement, dans le domaine industriel, la réussite a été indubitable. En se fondant sur les estimations occidentales, on aboutit à la conclusion que, comparée par exemple avec les Etats-Unis, l’URSS a rattrapé une partie importante de son retard en matière d’industrialisation. Ainsi, en 1928, le niveau d’industrialisation de l’URSS par habitant devait représenter 10 à 12% de celui des Etats-Unis ; vers 1958, il s’agissait de 26 à 28%, et ce malgré le fait que les Etats-Unis ont largement profité de la guerre.’’ 4

 

(Extrait du livre de Ludo Martens, page 245.) Affiche avec les paroles de Lénine: «Le communisme, c'est le pouvoir des Soviets plus l'électrification de tout le pays.» En 1920, Lénine proposa un grand plan d'électrification jusqu'en 1935. Staline l'a réalisé à 233 %.

Même analyse pour la production de denrées agricoles : ‘‘Pour l’agriculture, le diagnostic ressemble un peu à celui de l’industrie. En effet, en ce qui concerne les céréales, le bilan est plutôt positif. Entre 1926-1930 et 1958-1962 la production a progressé de près de 70%, alors que la population n’a augmenté que de 40%. Donc une progression de la production par habitant de l’ordre de 20%. (...) Mais comme les exportations nettes étaient pour 1958-1962 plus faibles qu’avant la guerre, cela implique une augmentation de la consommation par habitant d’environ 25%. D’ailleurs, le pain était très bon marché, ce qui conduit toujours à des effets pervers, donc au gaspillage. En revanche, pour les autres produits agricoles, et surtout pour les produits élaborés, tels que la viande et les produits laitiers, les fruits et légumes, la progression a été beaucoup plus modérée.’’ 5  

(Extrait du livre de Ludo Martens, page 250.) Des dizaines de milliers de jeunes paysannes, hier encore analphabètes sont devenues des tractoristes et des techniciennes. La mise sur pieds des stations-machine tracteur a révolutionné l'agriculture. (1930s)

C’est une vision qu’on n’a pas l’habitude d’entendre. Des auteurs comme Charles Bettelheim, Samir Amin ou René Dumont n’ont cessé de répéter l’échec de la transformation agricole en URSS. Mais Bairoch développe un autre point de vue, plus proche de ce qu’on peut lire dans Un autre regard sur Staline. 6

Conclusion : ‘‘Les experts occidentaux situent la croissance du PNB par habitant de l’URSS entre 1928 et 1958 à environ 4 à 5% par an, ce qui constitue un rythme environ deux fois plus élevé que celui de l’Occident durant la même période. (...) Donc, globalement, pour la période 1928-1958, on peut considérer que la planification a permis à l’URSS de combler une partie de son retard et de se doter plus rapidement que l’Occident d’une base industrielle. La comparaison la plus significative est celle avec l’Espagne et l’Italie. (...) Vers 1928, l’URSS avait un niveau d’industrialisation inférieur de près de la moitié à celui de l’Italie et de 30% à celui de l’Espagne. Or, pour 1962-1964 (période la plus proche de 1958), l’URSS dépassait d’environ 12 à 16% l’Italie et d’environ 140 à 160% l’Espagne.’’ 7

Bairoch poursuit : le ralentissement économique est surtout notable dans les années 70. Mais, depuis la chute du Mur, c’est la dégringolade. Pour l’ensemble des pays de l’Est, il s’agit d’un effondrement de 40% entre 1989 et 1995. 8 Mais, cela, tout le monde peut le remarquer. Le socialisme ‘‘stalinien’’ est donc une incontestable réussite économique. Et le révisionnisme ‘‘khrouchtchévien’’, qui voulait assurer la même production en URSS qu’aux Etats-Unis pour les années 80, un échec. Il a conduit à la restauration du capitalisme qui s’est révélée être une catastrophe. En outre, autre discours qu’on n’a pas l’habitude d’entendre, la période ‘‘stalinienne’’ a assuré un progrès social remarquable.

‘‘Les acquis sociaux en URSS ? Ce sont essentiellement une distribution moins inégale des revenus ; un progrès extrêmement rapide de l’éducation et de la médecine ; et (ce qui a déjà été évoqué) l’absence de chômage.’’ 9 ‘‘D’ailleurs, l’article 40 de la Constitution proclamait le droit au travail garanti par l’Etat.’’ 10

Bairoch souligne que, durant cette période, l’écart régional a été réduit : ‘‘L’écart du niveau de vie entre la région la plus pauvre et la région la plus riche était de l’ordre de 1 à 2 seulement. A titre de comparaison, aux Etats-Unis, à la même époque (fin des années 1950), l’écart était de 1 à 3. Et dans le tiers monde, on trouve de nombreux cas où cet écart dépasse le 1 à 6.’’ 11

Quand on pense qu’on a justifié la séparation des Etats indépendants de l’URSS par l’écart de richesses entre régions et le besoin des contrées pauvres de se développer enfin ! En 1960, il y a proportionnellement deux fois plus d’universitaires en URSS qu’en Europe occidentale. Le taux d’analphabétisme est pratiquement nul en 1958. La mortalité infantile est passée de 250 pour mille en 1910, soit le double de l’Europe occidentale, à 33 pour mille en 1958, soit l’équivalent de l’Occident. Les taux de criminalité, de toxicomanie, de prostitution sont très faibles. 12 Quand on voit ce que le capitalisme a fait de tous ses acquis, on s’aperçoit plus encore du bien-être apporté par le socialisme aux travailleurs du pays.

2. Un même constat positif pour les autres économies socialistes :

Bairoch s’attaque alors à une autre grande expérience socialiste : la Chine. De nouveau, l’analyse est simple : la période capitaliste est celle de la stagnation et de la misère ; après 1949 et la révolution, c’est le progrès économique et social, certes pas uniforme, mais quand même rapide si on le considère sur une longue période. L’économiste souligne :

‘‘La Chine, au moment de la création de la république populaire, est un pays meurtri par les conséquences de l’invasion japonaise et la longue guerre civile. En revanche, elle a hérité aussi des investissements réalisés par le Japon en Mandchourie. Toutefois, son niveau d’industrialisation par habitant vers 1949 était à peu de chose près celui de 1938 qui, lui-même, n’était que légèrement supérieur à celui de 1913 ; donc, pratiquement une stagnation du niveau d’industrialisation entre 1913 et 1949, alors qu’en Inde, par exemple, on a assisté à un doublement. Vers 1949, le niveau d’industrialisation de la Chine était voisin ou un peu inférieur à celui de la moyenne du tiers monde à économie de marché. Or, le niveau atteint par la Chine en 1976 à la mort de Mao est (d’après mes estimations basées sur les sources occidentales) supérieur de quelque 65 à 70% au niveau d’industrialisation moyen du tiers monde à économie de marché (mais supérieur de seulement 40 à 45% à celui de l’Inde ; et inférieur de 60 à 70% à celui du Brésil).’’ 13

Et l’économiste d’ajouter ce qui est remarquable dans cette performance : primo, cette croissance concerne une longue période ; secundo, c’est un pays très important du point de vue démographique ; tertio, le pays a été très peu aidé par l’étranger.

Il aborde les autres pays socialistes : Vietnam, Corée du Nord, Cuba. Le plus intéressant est son analyse de l’île américaine.

Son titre est évocateur : ‘‘Cuba : un déséquilibre entre réussite sociale et débâcle économique.’’ 14 Il souligne les performances en matière de bien-être de la population : mortalité infantile de 9 pour mille, au milieu des années 90, contre 47 pour mille ailleurs en Amérique latine ; espérance de vie de 76 ans, contre 64 ans en Amérique latine ; scolarisation dans le secondaire de 89%, contre 53% en Amérique latine... Les soins médicaux sont presque gratuits et le nombre de médecins est passé de 6 000 en 1960 à 19 000 en 1985. 15

Mais que dit-il de l’échec économique ? ‘‘En raison notamment de l’embargo commercial, la croissance n’a pas été rapide, et (...) en raison de la fin des relations privilégiées avec les pays de l’Est, entre 1989 et 1993, on a assisté à un recul de près de 40% du PNB’’. Mais ajoute-t-il de suite : ‘‘1994 et, surtout, 1995 furent des années de reprise’’. 16 Donc cette ‘faillite’ est due à deux facteurs extérieurs : le blocus américain, mis en place en août 1960, suite à l’expropriation en mai 1959 des propriétaires fonciers américains, et renforcé en mai 1996 par la loi sanctionnant même les firmes non américaines si elles ont des relations avec Cuba ; la chute du socialisme dans les pays de l’Est qui ont mis fin presque du jour au lendemain aux relations qu’ils avaient avec l’île. Ce n’est donc pas le système qui est mis en cause. Au contraire. Car on pourrait se demander comment ce pays dispose d’autant de facilités sociales, comment il peut les financer, alors qu’en Europe, beaucoup plus riche, les patrons et leurs gouvernements sont en train de les démanteler.

3. Le capitalisme, producteur de misère :

Bairoch en arrive donc à montrer les succès économiques des pays socialistes, même s’il s’en défend. On peut même en conclure que, sur les plans économique et social, le socialisme a triomphé. Car le constat sur le capitalisme est terrible et totalement contraire à ce que présentent les capitalistes, notamment l’OCDE. C’est la polarisation généralisée entre riches et pauvres à l’échelle de la planète. L’économiste écrit :

‘‘Mais, dès 1860-1870, entre le futur tiers monde et le futur monde développé, l’écart en termes de niveau de vie moyen était déjà de 1 à 2 ; et l’essentiel de cet écart provenait d’une progression du niveau des pays développés. Dès 1950, il s’établissait à 1 à 5,1. Malgré le ralentissement de la croissance des pays développés à partir de 1975, cet écart est de 1 à 7,4 vers 1980. Durant la décennie 1980-1990, le ralentissement de la croissance ayant été beaucoup plus marqué dans le tiers monde que dans les pays développés, l’écart se creuse encore très sensiblement puisque, en 1990, l’écart est de 1 à 8. Durant les premières années de la décennie 1990, vu la faible croissance économique enregistrée par les pays développés occidentaux ainsi que le fort recul des pays ex-communistes et la forte croissance de la Chine, l’écart entre le tiers monde et le monde développé s’est même rétréci ; en 1995, il s’établissait de 1 à 6,9.’’ 17

Et Bairoch propose un tableau dont la colonne la plus intéressante est celle qui montre l’écart du niveau de vie entre les pays développés occidentaux et les nations du tiers monde à économie de marché, c’est-à-dire la différence dans le développement au sein même du système capitaliste. Les chiffres sont édifiants, prouvant la disparité croissante entre pays riches et pays pauvres : 1 à 5,7 en 1950 (les pays développés sont 5,7 fois plus riches que les nations du tiers monde) ; 1 à 6,5 en 1960 ; 1 à 8,4 en 1970 ; 1 à 8,5 en 1980, un ralentissement de l’écart dû à la crise économique, qui fait chuter la production en 1974 et 1975, puis en 1979 et 1980 ; 1 à 10,2 en 1990 ; enfin, 1 à 10,3 en 1995. 18

On peut voir aussi que le capitalisme agressif des années 80 (Thatcher et Reagan) a entraîné non pas plus de développement et de sortie de la pauvreté, mais, au contraire, une plus grande différence entre pays riches et pauvres. Malgré les ‘miracles’ de l’Asie de l’Est (Corée du Sud, Taiwan, Hong Kong, Singapour, Malaisie, Thaïlande, etc.).

Il n’y a plus qu’à montrer qu’à l’intérieur des pays industrialisés, l’écart entre riches capitalistes et pauvres s’accroît. Une vérité que Bairoch dessine à un autre endroit du livre. Il souligne, par exemple, que les pauvres, définis comme tels par l’Etat, passent de 22% de la population en 1950 à 11% au milieu des années 1970, grâce aux transferts sociaux de revenus, mais remontent à 14,5% en 1994. 19 Le constat n’est pas tendre non plus pour l’Europe, qui défend soi-disant des ‘‘valeurs sociales’’ : le taux de pauvreté passe de 11,4% en 1975 pour l’Union européenne (9 pays) à 14,9% en 1985 (12 pays). 20 Et, pour la Grande-Bretagne, c’est un véritable carton rouge : de 6% en 1975 à 23% en 1993. L’inégalité s’aggrave presque partout, titre l’économiste. Aux Etats-Unis, les 20% les plus riches sont en moyenne 7,5 fois plus fortunés que les 20% les plus pauvres en 1971, mais 11,5 fois en 1993 21. On pourrait ainsi continuer.

Evidemment, Bairoch ne présente pas une théorie alternative pour expliquer la chute du socialisme à l’Est. De toute façon, il ne peut le faire, prisonnier de sa vision quantitativiste du monde. Mais son livre est clair sur un point : ce n’est pas l’échec économique qui a conduit au renversement du socialisme. Pour avoir une vision sur ce sujet, mieux vaut se référer à d’autres ouvrages, comme Un autre regard sur Staline ou L’URSS, la contre-révolution de velours. 22

Notes : 1 - OCDE, Pour l’ouverture des marchés. Les avantages de la libéralisation des échanges et de l’investissement, Paris, 1998, p.35. 2 - OCDE, op. cit., p.46. 3 - Paul Bairoch, Victoires et déboires. Histoire économique et sociale du monde du XVIe siècle à nos jours, p.268. 4 - Paul Bairoch, op. cit., p.280. 5 - Paul Bairoch, op. cit., p.285. 6 - Ludo Martens, Un autre regard sur Staline, éditions EPO, Bruxelles, 1994. 7 - Paul Bairoch, op. cit., p.287-288. 8 - Paul Bairoch, op. cit., p.329. 9 - Paul Bairoch, op. cit., p.290. 10 - Paul Bairoch, op. cit., p.291. 11 - Paul Bairoch, op. cit., p.290. 12 - Paul Bairoch, op. cit., p.292. 13 - Paul Bairoch, op. cit., p.892-893. 14 - Paul Bairoch, op. cit., p.1033. 15 - Paul Bairoch, op. cit., p.1034-1035. 16 - Paul Bairoch, op. cit., p.1035. 17 - Paul Bairoch, op. cit., p.1036-1068. 18 - Paul Bairoch, op. cit., p.1037. 19 - Paul Bairoch, op. cit., p.532. 20 - Paul Bairoch, op. cit., p.535. 21 - Paul Bairoch, op. cit., p.537. 22 - Ludo Martens, L’URSS et la contre-révolution de velours, éditions EPO, Bruxelles, 1991.

 

 

Le capitalisme : source de pauvreté et de misère

(Thomas Gounet, EM n°45 - 1999)

‘‘Le capitalisme apporte richesse et bien-être, par contre, le communisme n’apporte que pauvreté et misère.’’ Tel est le message que nous serinent quotidiennement les médias, l’enseignement, les partis politiques... Il n’y a pas de mensonge plus flagrant. Les rapports annuels du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) prouvent le contraire et font voler en éclats le miroir aux alouettes du capitalisme. Le PNUD est l’agence de l’ONU qui se penche sur la problématique de la pauvreté et du développement du tiers monde. Chaque année, il publie un rapport reprenant les données chiffrées les plus importantes sur la répartition des richesses, sur la situation des soins de santé, etc. 1, dans tous les pays.

Le gouffre mortel...  

Il est impossible de ne pas voir ce gouffre hallucinant entre riches et pauvres. L’étendue de la fortune détenue par une poignée de capitalistes est tout simplement incroyable : Les dix hommes les plus riches de la planète possèdent une fortune égale à une fois et demie celle de l’ensemble des cinquante pays les plus pauvres qui comptent quelque 540 millions d’êtres humains. 2  Près de 400 multimilliardaires sont aussi riches que 45 pour-cent de la population totale de la planète. 3  Le Mexicain le plus riche possède à lui seul autant que 17 millions de ses concitoyens les plus pauvres. 4 Au niveau mondial, par rapport aux 20% les plus riches, les 20% plus pauvres consomment : 11 fois moins de viande,  17 fois moins d’énergie, 77 fois moins de papier, 145 fois moins de voitures 5

... ne cesse de s’élargir !

L’heure n’est pas à l’amélioration de la situation. Le gouffre entre riches et pauvres ne cesse de s’élargir. En 1960, les 20% les plus riches possédaient 30 fois plus que les 20% les plus pauvres. En 1994, ce rapport était déjà passé à 78. 6 Alors que les riches ne cessent d’accumuler, les pauvres s’enfoncent davantage dans la misère. La consommation mondiale totale a, à peu près, doublé au cours des vingt dernières années. Elle a atteint le niveau incongru de 840 000 milliards de BEF par an. 7 La richesse globale s’accroît, par conséquent, alors que la pauvreté et la misère augmentent tout autant.

Jamais le capitalisme n’a produit autant de marchandises, et pourtant la misère n’a jamais été si grande non plus. La soif de profit du capital marche littéralement sur des millions de cadavres. Notre système économique, tant encensé dans les universités, condamne en réalité des centaines de millions d’humains à une existence dénuée de la moindre perspective.

Les chiffres des rapports annuels ne vont pas plus loin que 1995, donc bien avant la crise qui a éclaté en Asie et dans le reste du monde... Dans les pays riches également, la pauvreté et la misère s’accroissent. Dans les prétendus pays ‘‘développés’’, entre 7 et 17% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. 22 Les conditions de vie indignes et inhumaines ne constituent pas l’apanage des gens du tiers monde. Plus de 100 millions de personnes vivant dans le Nord prospère partagent le même sort !

Le capitalisme n’est pas le remède mais bien la cause

La pauvreté n’est pas un phénomène naturel. Ce n’est pas non plus un coup du sort. Il est même possible de la résoudre très simplement. 80 milliards de dollars suffisent annuellement pour permettre à chacun d’accéder à l’enseignement et aux soins de santé. Ce montant, suffisant pour éradiquer la pauvreté la plus criante dans le monde, est inférieur au revenu cumulé des sept personnes les plus riches de la planète... 29 Il représente à peine 0,35% du revenu annuel des pays industrialisés. 30 Mais, dans la politique d’aide au développement, les pays riches n’arrivent pas à rassembler ce montant ridiculement modeste. Au total, ils consacrent 58 milliards de dollars à cette ‘‘aide’’, soit 0,25% de leur revenu annuel global. 31 Et cette ‘‘aide’’ ne peut empêcher l’élargissement de l’écart des revenus dans le monde. Ce n’est pas difficile à comprendre quand on sait qu’à peine 2,1% de l’aide au développement sont consacrés aux soins de santé et 1,3% à l’alphabétisation et à l’enseignement élémentaire. 32 L’annulation de la dette extérieure des vingt pays les plus pauvres coûte entre 6 et 8 milliards de dollars. C’est moins que le coût du bombardier américain Stealth (Le furtif)... 33 ‘‘Pourquoi consacre-t-on si peu de moyens à améliorer le développement humain dans ces pays où le besoin s’en fait le plus sentir ?’’ 34, se demandent alors désespérément les experts de l’ONU.

La réponse est simple. La seule chose qui compte dans le système capitaliste mondial, c’est le profit des capitalistes privés. Aussi l’éradication de la pauvreté ne constitue nullement une priorité. Au contraire, les rapports de l’ONU permettent d’établir comment chaque année quelque 800 milliards de dollars sont pompés des pays du Sud suite à la faiblesse de leur position sur le marché mondial et au remboursement de leur dette. 35 Si, en outre, nous prenons en compte la fuite des capitaux et les relations directes d’exploitation, il est même possible que ce montant atteigne entre 1 200 et 1 600 milliards de dollars. En d’autres termes, les pays du tiers monde sont dépouillés annuellement de 25% à 30% environ des richesses qu’ils produisent. Il n’est donc guère étonnant que ce gouffre ne cesse de s’élargir. Le capitalisme ne peut ni ne veut apporter une solution à la pauvreté. Bien au contraire, le capitalisme est la cause de la misère qui sévit à l’échelle mondiale. La problématique de la nutrition montre à quel point ce système est absurde et criminel. Ces dix dernières années, la production alimentaire s’est accrue d’un cinquième. Bien qu’on n’ait jamais produit autant de denrées alimentaires, près de 800 millions d’êtres humains continuent de souffrir de la faim. 36 Environ 90 pays pauvres consacrent la moitié de leurs devises étrangères à l’importation de nourriture. Et pourtant, la plupart de ces pays sont en état de produire eux-mêmes ces denrées alimentaires en suffisance. 37

Seulement, les rapports de force impérialistes les en empêchent. En Europe et aux Etats-Unis, l’agriculture est très richement subsidiée. De ce fait, les importantes multinationales de l’alimentation peuvent attaquer les marchés du tiers monde, 38 en vendant leurs produits à des prix plus bas que ceux de la production locale. Les paysans locaux ne peuvent absolument pas résister à cette concurrence déloyale et courent donc immanquablement à la faillite. Le cas du maïs aux Philippines est un très bon exemple. Dans le cadre de la libéralisation du commerce sur le plan mondial, ce pays a été forcé d’ouvrir ses frontières, entre autres pour permettre l’importation de maïs en provenance des Etats-Unis. Chaque fermier américain reçoit sous forme de subsides environ cent fois le salaire d’un paysan moyen aux Philippines. 39 Dans de telles conditions, il n’est pas difficile de prévoir le vainqueur, ou de prétendre que nous avons affaire à un marché ‘libre-échangiste’ où chacun a sa chance.

Le socialisme est supérieur

Les récentes évolutions auxquelles on a assisté en Europe de l’Est et en Europe centrale prouvent, de toute évidence, que le capitalisme sème la mort et la destruction. Dans seize des dix-huit pays qui se sont ‘libérés’ du socialisme, la pauvreté n’a cessé de croître depuis la chute du Mur de Berlin. Le nombre de pauvres y est passé de 14 millions en 1990 à 120 millions en 1995. 40 L’introduction du capitalisme et de la ‘démocratie’ dans les anciens pays socialistes a déjà coûté la vie à deux millions de personnes 41. Dans cette optique l’Inde capitaliste ne supporte pas la comparaison avec la Chine communiste. En effet, si l’Inde pouvait proposer les mêmes soins de santé que la Chine, il y mourrait annuellement 1,7 millions d’enfants en moins 42. La même chose vaut pour la comparaison entre Cuba communiste et l’Amérique latine capitaliste. Avec les équipements sanitaires et médicaux dont dispose Cuba, 400 000 enfants latino-américains pourraient être sauvés chaque année et 20 000 femmes de moins mourraient en couches. 43 Chaque année, en Amérique latine, 95 000 personnes meurent de mort violente suite à la violence politique et sociale. 44 A Cuba, pas une seule.

A ce propos, les chiffres ne mentent pas, le socialisme obtient des résultats incomparablement meilleurs. Dans un moment d’inattention, les experts de l’ONU reconnaissent l’effet bienfaiteur du socialisme : ‘‘A l’époque de la guerre froide, la menace du communisme représentait pour les régimes non communistes un incitant important à améliorer la situation des pauvres. Les gouvernements de l’Indonésie, de la Corée du Sud, de la Malaisie et de la Thaïlande améliorèrent le sort des démunis afin de prévenir les troubles sociaux et les révoltes.’’ 45

Le capitalisme tente de s’accrocher

Le capitalisme s’avère intéressant pour une élite privilégiée mais plonge la grande majorité des êtres humains dans la misère. Seul le socialisme est en mesure de résoudre les problèmes de la pauvreté, de la santé, de l’enseignement, de l’emploi, pour tout le monde... Le capitalisme est dans une impasse et, en maints endroits, la situation est explosive. Toutes les conditions sont présentes pour renverser le système. Les experts de l’ONU s’en rendent parfaitement compte.

L’euphorie qui a suivi la chute du Mur de Berlin cède progressivement la place à l’angoisse et à la panique au sein de la classe capitaliste. ‘‘La pauvreté est criante’’, écrivent ces experts. ‘‘Elle peut déclencher des réactions violentes. Ceux qui profitent du statu quo ont souvent défendu leurs positions par la violence. Et dans le passé, lorsque le mécontentement et la frustration ont atteint un point critique, les pauvres en maints endroits ont recouru à la lutte armée.’’ 46 Les experts insistent à juste titre sur le fait que la situation actuelle constitue un terreau fertile pour la naissance d’insurrections et de révolutions. Cela, ils craignent comme la peste. C’est pourquoi ils se mettent anxieusement en quête de ‘réformes pacifiques’. Toutefois, ils se rendent parfaitement compte que les réformes progressives et l’action non violente ne fourniront que peu de résultats : ‘‘Toute stratégie qui désire éradiquer cette pauvreté doit tenir compte du fait qu’un très grand nombre de personnes ont tout intérêt à ce que survive cette pauvreté.’’ 47 L’histoire de ce siècle nous permet en effet de voir que seul le renversement de la classe capitaliste est à même d’ouvrir la voie menant à l’amélioration du sort des masses et que seule la construction du socialisme pourra éliminer définitivement la pauvreté et la misère. Au cours de chaque année perdue à attendre, le capitalisme mondial tue des dizaines de millions d’êtres humains et en précipite des centaines de millions d’autres dans des conditions de vie absolument indignes.

Tableau 1 : Les priorités du capitalisme mondial 48

Montant annuel nécessaire pour :

Enseignement pour tous :

6 milliards US $

Eau potable pour tous :

9 milliards US $

Accouchement normal pour toutes les femmes :

12 milliards US $

Soins de santé de base et nourriture pour tous :

13 milliards US $

Suppression de la pauvreté extrême :

40 milliards US $

Dépenses annuelles pour :

Fêtes et divertissements des managers japonais :

35 milliards US $

Boissons alcoolisées en Europe :

105 milliards US $

Drogues :

400 milliards US $

Armement :

780 milliards US $

Publicité et marketing :

1 000 milliards US $

Source : Human Devellopment Report 1998

Les ‘‘bienfaits’’ du capitalisme en Europe de l’Est et en Europe centrale

Depuis la chute du Mur de Berlin en 1989, la situation en Europe de l’Est et dans l’ancienne Union soviétique a considérablement empiré. Dans 16 des 18 pays, la pauvreté s’est accrue depuis l’abandon du communisme. 49 Dans l’ancienne Union soviétique, le nombre de pauvres est passé de 14 millions à 120 millions. 50 Aujourd’hui, plus d’un tiers de la population doit se débrouiller avec moins de 140 BEF par jour. 51 En Russie même, plus de 60% des enfants de moins de six ans vivent en dessous du seuil de pauvreté. En Bulgarie, ce chiffre est de 40%, de 35% en Roumanie et de 20% en Pologne. 52 En Russie, 14% des enfants sont sous-alimentés de façon chronique. 53

En Pologne, deux tiers des mères célibataires vivent avec moins que le revenu minimum d’existence. Dans ce même pays, le nombre de suicides a augmenté de 25%. Dans d’autres pays de l’ancienne Union soviétique, ce chiffre a même doublé. 54 Par rapport à 1989, la criminalité en Bulgarie est quatre fois plus forte, et trois fois plus forte en Hongrie, en Tchéquie et en Slovaquie. 55 En Pologne, le nombre de meurtres a augmenté de 60%. Dans d’autres pays, cette augmentation dépasse même 250%. 56 En Russie, l’espérance de vie de la population masculine a baissé de 63 ans à 58 ans, c’est-à-dire moins qu’en Bolivie et au Lesotho. 57 Le rapport de l’ONU estime le nombre de morts dans les anciens pays socialistes suite aux nouvelles maladies (aisément guérissables) et aux conflits armés à quelque 2 millions depuis le passage au capitalisme. 58

La Chine communiste par rapport à l’Inde capitaliste

Depuis le début de la révolution, la Chine a enregistré des progrès impressionnants dans sa lutte contre la pauvreté. Le taux de mortalité infantile, c’est-à-dire le nombre d’enfants mourant avant d’avoir atteint l’âge d’un an, a baissé. Il est passé de 200 pour 1 000 à 42 pour 1 000. L’espérance de vie a presque doublé en passant de 35 ans à 69 ans. Le pourcentage d’analphabètes a été ramené à 19%. En 1949, l’écrasante majorité de la population vivait encore dans une pauvreté abyssale. Ce chiffre a baissé et n’était plus que de 9% dans les années 1980. Et la faim a été totalement éradiquée. 59

En Inde, au contraire, plus de la moitié des enfants de moins de quatre ans sont sous-alimentés. Dans les campagnes, 39% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, contre 30% dans les villes. La moitié de la population est toujours analphabète. L’espérance de vie y est de 61 ans, soit 8 ans de moins qu’en Chine. 60 Si l’Inde pouvait proposer les mêmes soins de santé qu’en Chine, annuellement, 1,7 millions d’enfants échapperaient à la mort. 61

C’est le capitalisme qui provoque le problème des réfugiés et qui en tire des profits supplémentaires

L’impérialisme sème la mort et la destruction. En conséquence, de très nombreuses personnes s’enfuient. Actuellement, il y a un total de 46 millions d’expatriés. La plupart se sont réfugiés ailleurs dans leur propre pays. Environ 16 millions de réfugiés se trouvent dans un autre pays que le leur. Sur ces 46 millions, les pays du tiers monde en accueillent eux-mêmes quelque 40 millions. 6 millions seulement cherchent refuge dans les pays riches. 62 Par-dessus le marché, le capitalisme tente encore de tirer de substantiels profits de cet afflux de réfugiés.

On importe des ‘étrangers’ en fonction des besoins du capitalisme, c’est ce qu’on appelle le ‘contingentement’. Les étrangers hautement qualifiés ou bien nantis sont les seuls bienvenus. Les autres sont refoulés. Les ‘illégaux’ qui parviennent toutefois à entrer doivent pour survivre travailler à des salaires ridiculement bas et sans la moindre protection sociale. Le rapport du PNUD de 1997 déclare : ‘‘Même les pays qui se sont constitués sur base de l’immigration, comme l’Australie, le Canada et les Etats-Unis, deviennent de plus en plus regardants en ce qui concerne les personnes qu’ils souhaitent laisser entrer. Ils donnent la priorité aux personnes hautement qualifiées, ce qui fait que les meilleures forces vives ne cessent de quitter les pays en voie de développement. Et alors qu’ils limitent de plus en plus l’afflux de réfugiés, ils accueillent favorablement ceux qui se présentent avec d’importants capitaux.’’ 63 Ceci prouve très clairement que le problème des réfugiés est une composante de la lutte des classes, aussi bien chez nous qu’à l’échelle mondiale.

La catastrophe écologique

L’insatiable faim que connaît le capital dévore également la nature. Depuis 1945, en raison de la progression de la désertification et de la pollution du sol, 2 milliards d’hectares de terres fertiles ont été perdus, soit l’équivalent de la superficie totale de l’Inde, de la Chine et du Brésil mis ensemble. 64 À l’échelle mondiale, le nombre de kilomètres carrés de forêts par millier d’habitants a baissé, depuis 1970, en passant de 11,4 à 7,3. 65 L’émission de dioxyde de carbone s’est multipliée par quatre depuis 1950. 66 Mais ici aussi, ce sont les paysans et les travailleurs du Sud qui sont les principales victimes. ‘‘Bien que les populations démunies soient les plus touchées par les dégâts causés à l’environnement, elles en sont rarement la cause principale’’, fait remarquer un rapport du PNUD de 1998. 67 Aux Philippines, rien que sous le régime Marcos, la moitié de la superficie totale en forêts a disparu. Quelques centaines de capitalistes y ont fait main basse sur 1.500 milliards de francs (BEF) de bénéfices et ont abandonné les 18 millions d’habitants des zones forestières dans le complet dénuement et dans un environnement complètement détruit. 68 Les conséquences néfastes du déboisement et de la destruction des terres fertiles sévissent pour 80% dans les pays en voie de développement. 69 Actuellement, 130 millions d’habitants du Sud doivent se battre jour après jour contre une pénurie d’eau. Vers le milieu du 21e siècle, ce chiffre pourrait grimper jusqu’à 1 milliard et certains avancent même le chiffre de 2,5 milliards. 70

60% des dégagements de dioxyde de carbone proviennent des pays industrialisés (20% de la population totale) mais ce sont les pays du Sud qui en souffrent le plus en raison de leur type de climat. 71 Annuellement, 2,7 millions de personnes meurent des effets de la pollution atmosphérique. La plupart sont originaires du tiers monde. 72 Le Nord ne sait plus que faire de ses montagnes de déchets. Il n’hésite, par conséquent, pas à larguer toute sa crasse dans le Sud. Aussi, par exemple, le Paraguay et l’Uruguay sont-ils devenus les destinations favorites des déchets en provenance de l’Europe et des Etats-Unis. 73 Au moins un demi-milliard de personnes, parmi les plus démunies de notre planète, vivent dans un environnement naturel complètement dégénéré. Environ 135 millions de personnes courent désormais l’imminent danger de devenir des réfugiés ‘écologiques’. 74

Notes : 1. Human Development Report, 1996, 1997 et 1998. Abrégé par la suite en HDR, suivi de l’année de parution. 2. HDR, 1997, p.38. • 3. HDR,1996, p.2. • 4. HDR, 1997, p.38. • 5. HDR, 1998, p.0. • 6. HDR, 1997, p.9. 7. HDR, 1998, p.1. • 8. HDR, 1998, p.7. • 9. HDR, 1998, p.2. • 10. PNUD, Discussion Paper Series nr. 2, 1996, p.32; Unicef, La situation des enfants dans le monde. Récapitulatif. Bruxelles 1997, p.33. • 11. De Morgen, 14 octobre 1998. • 12. HDR, 1998, p.51. • 13. HDR, 1998, p.50. 14. HDR, 1998, p.50. • 15. HDR, 1997, p.31. • 16. HDR, 1997, p.5. • 17. HDR, 1997, p.5. • 18. HDR, 1998, p.2. 19. Id. • 20. Id. • 21. Id. • 22. Id. • 23. Id. • 24. HDR, 1998, p.27. • 25. HDR, 1998, p.51. • 26. HDR, 1997, p.73. • 27. HDR, 1997, p.61. • 28. Le Monde Diplomatique, janvier 1998, p.1. • 29. HDR, 1997, p.112. • 30. Calcul effectué sur base de HDR, 1997, p.183. • 31. HDR, 1998, p.37. • 32. Knack, 11 novembre 1998, p.61. • 33. HDR, 1997, p.93. • 34. HDR, 1998, p.37. • 35. HDR, 1997, p.84 en 85. • 36. HDR, 1996, p.20. • 37. HDR, 1997, p.86. • 38. Le dumping n’est autre que la vente à un prix inférieur au prix de revient, et ce, dans l’intention d’écraser les concurrents. • 39. HDR, 1997, p.85. • 40. HDR, 1997, p.35. • 41. HDR, 1997, p.29. • 42. Calcul effectué sur base de HDR, 1998, pp.156-7 et pp.176-7. 43. Id. • 44. The Economist, 8 mars 1997. • 45. HDR, 1997, p.104. • 46. HDR,1997, p.94. • 47. HDR, 1997, p.95. 48. HDR, 1998, p.63. • 49. HDR, 1997, p.89.• 50. HDR, 1997, p.35. • 51. HDR, 1997, p.3. • 52. HDR, 1997, p.35. • 53. HDR, 1997, p.79. • 54. HDR, 1997, p.35. • 55. HDR, 1997, p.31. • 56. HDR, 1997, p.35. • 57. HDR, 1997, p.80. 58. HDR, 1997, p.29. • 59. HDR, 1997, p.49. • 60. HDR, 1997, p.51. • 61. Calcul effectué sur base de HDR, 1998, pp.156-7 et 176-7. • 62. HDR, 1997, pp.65-6. • 63. HDR, 1997, p.85. • 64. HDR, 1998, p.55. • 65. HDR, 1998, p.54. • 66. HDR, 1998, p.56. • 67. HDR, 1998, p.66. • 68. HDR, 1998, p.74. • 69. HDR, 1998, p.55. • 70. Id. • 71. HDR, 1998, p.57. • 72. HDR, 1998, p.67. • 73. HDR, 1998, p.73. • 74. HDR, 1998, p.74.  

 

 

Economie des USA : Une bombe à retardement

(Raisa Pages, Granma international, 25 Avril 2002)

Le pragmatisme nord-américain a cédé du terrain devant la nécessité de diffuser une image économique optimiste devant les autres pays. La grande majorité des économistes des États-Unis considère que la récession prendra fin en 2002, mais ni le développement de l’industrie de guerre, ni l’augmentation des dépenses du Pentagone n’ont pu contrecarrer les dégâts occasionnés par la hausse soutenue du prix du pétrole et la réaction en chaîne déclenchée par le scandale de la compagnie Enron.

Un consultant nord-américain, Isaac Cohen, a déclaré que la hausse des prix de l’énergie peut freiner la relance. Devant la montée des prix des combustibles, les banques centrales ne manqueront pas d’augmenter leurs taux d’intérêt, ce qui aura un effet négatif sur l’expansion économique.

Pour Richard Clarida, sous-secrétaire au Trésor, le gouvernement attend une réactivation des investissements des entreprises, mais la baisse de ces dépenses se poursuit depuis quatre trimestres consécutifs, ce qui n’était pas arrivé depuis 1992, lorsque cet indicateur économique avait baissé durant un an et demi.

«Les résultats des entreprises confirment le pessimisme de Wall Street» : c’est ainsi que CNN titre un commentaire sur des déclarations publiées par le Wall Street Journal. James Paulsen, directeur général des investissements de Wells Capital Management, se demande s’ils traversent une période prolongée de stagnation ou, du moins, de rendements médiocres.

«Il existe de nombreuses incertitudes quant à l’évolution du second semestre», rapporte Charles Hills, directeur de recherche de First Call. La perte de confiance des investisseurs occasionnée par l’existence de conduites illégales pour couvrir la faillite de l’entreprise Enron, influe négativement sur le retour à l’expansion économique.

Irrationalité spéculative

L’économie de la première puissance mondiale est devenue une énorme «bulle financière», par le biais d’un processus spéculatif irrationnel à la bourse des valeurs. Le capital financier nord-américain rassemble une énorme masse d’argent qui dépasse largement la valeur de la production en biens et services du pays. Réellement, les causes profondes de la récession des États-Unis n’ont pas été suffisamment mises à jour. La majorité des experts ne paraissent pas convenir de la nécessité d’en approfondir les motifs.

À la recherche de points de vue spécialisés, Granma international a interviewé le docteur en Sciences économiques, Francisco Covarrubias, chercheur au Centre d’études de l’économie internationale de Cuba (CIEM), qui explique que la forte expansion de l’économie des États-Unis durant les annés 90 a laissé un lourd fardeau de déséquilibres économiques et financiers. L’expansion économique de la première économie de la planète est due essentiellement aux ressources financières extérieures, a-t-il souligné. Pour l’année 2001, elles ont représenté environ 26% des investissements totaux dans le pays, plus du triple qu’en 1995.

«La recherche de hautes marges de bénéfices faciles et rapides —favorisée par les avancées technologiques, les changements institutionnels et une importante entrée de capitaux étrangers— a intensifié le transfert massif des entreprises et des particuliers vers les marchés financiers, surtout vers l’achat et la vente d’actions, ce qui a créé d’énormes disparités entre l’hyperdynamisme de ce marché et le reste des activités économiques».

La perte de revenus, en 18 mois, du fait de la dépréciation de la valeur des titres donnait, en septembre 2001, un résultat équivalant à 75% du Produit intérieur brut des États-Unis, une proportion supérieure à celle qui a suivi le krach de 1929.

L’endettement démesuré des familles et des compagnies nord-américaines va bien au-delà de leurs réelles capacités de paiement, ce à quoi il faut ajouter que la principale garantie est la valeur virtuelle des actions qu’ils possèdent, affirme le docteur Covarrubias. Fin 2001, la dette des foyers nord-américains absorbait plus de 92% de leurs revenus. Et pour ce qui concerne les entreprises, la valeur de leurs obligations contractées dépassait le 100% du PIB étatsunien, c’est-à-dire 10 milliards de dollars.

Perte de crédibilité bancaire

Pour l’expert cubain, l’autre aspect de cette spirale d’endettement est la conduite irresponsable des banques nord-américaines et étrangères. Les banques ont autorisé trop largement les crédits, sans respecter les règles les plus élémentaires et en acceptant comme unique garantie les titres boursiers, a-t-il souligné. Les organismes financiers nord-américains ont même octroyé des prêts à des personnes non solvables qui, en raison de leurs antécédents bancaires, ne trouvent nulle part de possibilités de financement. Il s’agit, a-t-il expliqué, d’encaisser d’importants intérêts et des commissions encore plus fortes.

Ces crédits, appelés «subprime», sont passés de 27 milliards de dollars au début des années 90 à plus de 430 milliards de dollars actuellement, ce qui équivaut à 10% de tous les prêts hypothécaires étasuniens. Ce qui est en question, c’est la fiabilité des banques nord-américaines. Huit des 22 organismes financiers qui ont fait faillite depuis 1997 avait alloué un grand nombre de prêts «subprime».

Un autre élément de déséquilibre économique est la progressive diminution des possibilités d’épargne des familles nord-américaines, qui a atteint le niveau le plus bas de toute l’histoire économique du pays. Le plus inquiétant est que plus de 60% des économies personnelles des Étasuniens sont placées dans la roulette de «l’économie de casino».

Artifices économiques et augmentation du chômage

Le léger changement observé —sur lequel se basent les plus optimistes pour penser que le plus dur de la récession est passé— est consécutif à la hausse de la consommation de biens durables observée au dernier trimestre de 2001, le meilleur chiffre de ces 15 dernières années. Cependant, cette tendance est le résultat des campagnes de ventes à terme sans intérêt, lancées par les trois grands constructeurs automobiles de Détroit (General Motors, Ford et Chrysler) qui ont généré des ventes record d’octobre à décembre.

La guerre en Afghanistan et les dépenses engagées pour renforcer la sécurité intérieure du pays, ont réanimé le complexe militaro-industriel, non seulement du fait de l’augmentation des dépenses du Pentagone, qui ont progressé de 9% après les événements du 11 septembre, mais aussi de l’armement des pays alliés dans la croisade anti-terroriste lancée par Washington. Tout cela a contribué à l’augmentation des dépenses publiques.

Certains analystes basent leurs critères d’avenir sur une prévision de la baisse du taux de chômage, due d’ailleurs à un artifice comptable qui ne prend en compte que ceux qui déclarent être à la recherche d’un emploi et non les personnes déçues par une recherche infructueuse et qui ont choisi de faire valoir leur droit à la retraite avant la perte de leur poste de travail. Les études relatives au marché de l’emploi indiquent que le chômage va continuer de monter et atteindre 6,5%, indépendamment de l’évolution du PIB, affirme l’expert du CIEM.

Industrie en chute libre

Depuis les 15 mois de la deuxième guerre mondiale, une telle baisse aussi prolongée de la production industrielle n’avait jamais été enregistrée. Ce secteur a réduit son personnel de 1 300 000 travailleurs, soit 7% des emplois.

Les ventes d’automobiles ont enregistré une chute spectaculaire et les faillites historiques ont ébranlé le système boursier des États-Unis. Le syndrome Enron prédit d’autres déboires. Alan Greenspan, président de la Junte fédérale de réserve, a reconnu lui-même que « ... le degré de vigueur des investissements financiers et le niveau de dépense des foyers restent incertains».

L’endettement et la spéculation, les moteurs de l’économie de consommation nord-américaine, constituent une véritable bombe à retardement, que rien ne pourra désamorcer, pas même les guerres providentielles.

 

 

Le danger d'une nouvelle crise économique

Ludmil Kostadinov, Rédacteur en chef de "Rabotntchesky vestnik", organe du Parti Communiste de Bulgarie

(Contribution au Séminaire Communiste International 2002, Bruxelles, 2 au 4 Mai, « Crises économiques et possibilité d'une crise mondiale majeure ».)

« Rappelez-vous la situation dans les pays capitalistes il y a deux ans et demi... L'auréole autour des Etats-Unis comme le pays du capitalisme pur-sang. Les chants triomphants de la "floraison", les révérences devant le dollar. Les éloges des nouvelles technologies, de l'efficacité capitalistes. L'annonce de l'ère de "guérison" du capitalisme et de la santé infaillible de la stabilisation capitaliste.

C'était ainsi hier. Et quel est le tableau aujourd'hui ? Maintenant, c'est la crise dans tous les pays capitalistes industrialisés. Au lieu de "floraison", on assiste à la misère des masses et à la montée galopante du chômage. Aux illusions quant à la puissance infaillible du capitalisme et en particulier celui de l'Amérique du Nord. Les chants victorieux en l'honneur du dollar se font plus faibles. »

Ces lignes sont écrites en 1930 dans le rapport politique du Comité Central au 16ème Congrès du Parti Communiste bolchevique de l'URSS.

La crise de 1929 est connue comme une "crise de surproduction", bien qu'il soit plus opportun de l'appeler "la crise de la misère", car les produits fabriqués n'ont été en trop que par rapport à la solvabilité de la société et non pas de trop par rapport à ses besoins. Cette crise a duré 4 ans et est considérée comme la plus profonde et la plus dévastatrice de l'histoire du capitalisme à nos jours. Elle avait touché très fortement les pays industrialisés les plus développés, et en premier lieu les Etats-Unis où la production industrielle avait baissé de 46%, alors que le nombre des chômeurs était monté à 13 millions. Cette crise était d'autant plus frappante qu'elle s'était développée dans les conditions particulières de l'existence d'un autre mode socio-économique dans le monde, réalisé dans le premier Etat socialiste qui, par son développement économique réussi, démontrait les avantages du nouveau système social. Pendant que des millions de gens perdaient leur travail dans le monde capitaliste, en 1931 en URSS le chômage avait été définitivement liquidé. L'URSS a démontré au monde entier que la production peut croître, et de surcroît par des rythmes inconnus dans le monde capitaliste, sans que cela mène à des crises mais au contraire, au relèvement incessant du niveau de vie de la population.

Quelles méthodes a utilisé le capital pour surmonter la crise de 1929 ?

En premier lieu, la lutte de chaque grand pays capitaliste pour étendre sa sphère de domination économique aux dépens de ses concurrents. En second lieu, le renforcement de l'exploitation des pays dépendants et des colonies. Troisièmement, le transfert du poids et des conséquences de la crise sur le dos de la classe ouvrière et des petits commerçants et propriétaires dans leur propre pays. Et enfin, l'agression militaire contre l'URSS, à l'époque seul pays socialiste au monde. Bref, la bourgeoisie cherchait une issue de la crise dans le fascisme au niveau de la politique intérieure et dans la guerre au niveau de la politique extérieure. On connaît le résultat de ces efforts : victoire du fascisme en Allemagne, guerre mondiale, des dizaines de millions de victimes, des destructions énormes, misère et souffrance de tous les peuples dans le monde, y compris les peuples des pays impérialistes. Et au bout du compte, c'était l'échec de la force de frappe principale, l'Allemagne fasciste et ses alliés, et la victoire de la révolution socialiste dans maints pays d'Europe et d'Asie. Pendant que le capitalisme cherchait une issue de la crise dans le fascisme et la guerre, les peuples l'ont trouvée dans la révolution et le socialisme.

Quelle est la situation aujourd'hui, à l'aube du 21ème siècle ?

L'essence du capitalisme n'a pas changé pendant ces soixante-dix dernières années. La raison profonde des crises - la contradiction entre le caractère commun de la production et le mode privé de l'appropriation de sa plus-value - est aussi apparente que dans les années 30. Le développement des forces productives durant ces 70 années a permis de réaliser des produits en quantités nettement plus élevées, alors que les résultats de cette production sont absorbés par un nombre plus restreint de propriétaires. Les statistiques montrent que parallèlement à l'augmentation de la production au niveau mondial, l'écart entre pauvres et riches a aussi augmenté. Alors qu'il y a 40 ans, les 20% les plus riches du monde avaient un revenu 30 fois plus élevé que les 20% les plus pauvres, cet écart a été multiplié aujourd'hui par 80. Le nombre de gens qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté dans le Tiers-monde a progressé de 300 millions les 10 dernières années, sans compter les millions de pauvres dans les "nouvelles démocraties" en Europe de l'Est. Aujourd'hui la crise n'a pas encore touché les Etats-Unis et les principaux pays capitalistes au point de 1929, mais elle a réussi à dévaster l'économie des pays du Tiers-monde et des soi-disant "nouvelles démocraties". Pour ces pays, parmi lesquels est la Bulgarie, la crise est déjà un fait. Depuis douze ans la Bulgarie est en crise croissante. La baisse de la production dépasse celle des Etats-Unis de 1929-1933 et on ne perçoit aucun signe de rétablissement de l'économie au niveau d'avant la restauration du capitalisme.

Selon les statistiques officielles le produit intérieur brut (le PIB) de la Bulgarie représente en 1999 70 % de celui de 1989. Le pouvoir d'achat de la Bulgarie sur le marché mondial a baissé 4 fois (sans tenir compte de la dévalorisation du dollar entre 1989 et 1999). En 1989 le PIB était de 48 milliards de dollars (40 milliards de léva et le taux d’échange moyen - 0,83 léva par dollar pour le commerce extérieur), alors qu'en 1999 le PIB a baissé à 12,4 milliards de dollars (le PIB représente 22,8 milliards de léva et le taux d’échange moyen - 1,84 léva par dollar pour le commerce extérieur). C`est le résultat de la disparition du marché international des pays socialistes et du COMECON.  En 1989 le chômage n’existait pas alors que selon les statistiques officielles en 1999 le nombre des chômeurs est de 610 000 et le taux du chômage s’élève à 16 %.

La pauvreté croissante aiguise les contradictions et mène à une crise politique constante. Dans un certain nombre de "nouvelles démocraties", surtout sur le territoire de l'ex-Union Soviétique et dans les Balkans, la résistance des masses est réprimée par la terreur ouverte, ou bien on a déjà provoqué des guerres. Des signes apparents de fascisme renaissant sont visibles. La situation est encore plus grave dans les pays du Tiers-monde où la crise est beaucoup plus profonde et avait commencé bien avant celle des ex-pays socialistes. Depuis le début 2001, des phénomènes de crise aiguë se sont étendus aussi aux pays industrialisés, et même aux Etats-Unis. La "récession" y a touché le plus profondément justement le secteur des "hautes technologies" qui concerne l'informatique, les télécommunications, l'Internet, etc.

Aujourd'hui encore, comme dans les années 30, le capitalisme n'est pas le seul système qui domine sans partage le monde. Malgré la restauration du capitalisme en URSS et en Europe de l'Est, aujourd'hui près de 20% de la population du monde habite dans des pays socialistes. De nouveau, comme il y a 70 ans, l'impérialisme cherche l'issue de la crise dans le fascisme et la guerre. Sauf que la guerre pour la domination mondiale s'appelle aujourd'hui "guerre contre le terrorisme" et la fascisation de la politique intérieure, la répression, la terreur contre les forces progressistes sont faites au nom de la "sécurité" sous la bannière de la "lutte avec le terrorisme". Aujourd'hui encore, comme il y a 70 ans, le fascisme et la guerre ne sauveront pas l'impérialisme et ne feront qu'apporter aux peuples d'innombrables victimes, des souffrances et des destructions. Sans aucun doute, les forces de frappe réactionnaires auront-elles le même destin que le Reich hitlérien. Pour les peuples, la seule issue de la crise engendrée par le capitalisme et de la guerre impérialiste est de nouveau dans la révolution et dans le socialisme.

Sofia, le 10 avril 2002 Ludmil Kostadinov - (Traduit par Pétia Candéva - Paris, le 11 avril 2002)

 

Comité initiative pour la formation du Parti communiste haïtien

Il est de notoriété publique bourgeoise que le libéralisme comme pensée philosophique ayant conduit progressivement à l'établissement de l'économie capitaliste, est la seule potion capable de guérir les maux du monde, selon les esprits libéraux. Mais la plus simple observation que l'on puisse faire ; montre que les maux auxquels l'humanité est confrontée, sont les conséquences logiques de l'application pratique du système capitaliste à prédominance mondiale. Nous voulons donc espérer, que les esprits droitiers et fervents défenseurs du système ont bien conscience de cet état de chose créé par le Capitalisme, qui a atteint son stade suprême au début du XXème siècle, selon la prédiction du Camarade Lénine.

Cependant, nous souhaitons rappeler ceci : La bourgeoisie possédante et accapareuse opérant sur la carte mondiale, est l'aboutissement d'une longue lutte révolutionnaire qu'elle a elle-même menée contre la royauté et la monarchie absolues, qui prévalurent dans l'ancien système féodal. En effet, elle devait remporter une grande victoire en provoquant la Révolution de 1789 en France, qui va être la première expérience bourgeoise dans l'exercice du pouvoir politique et économique, un statut et un privilège qui étaient encore réservés à la bourgeoisie. Elle a donc su garder intacts les acquis de la Révolution de 1789, en opérant des changements qui répondent aux intérêts de sa prospérité et de sa postérité. Elle va s'armer de sa force idéologique et économique pour combattre toutes les velléités de résurgence royale et surtout celles supérieures à la sienne. En illustration, la bourgeoisie française revêtant son caractère international, a noyé dans le sang la première tentative de Révolution Socialiste dont La Commune de Paris était l'objet. Le satrape Thiers Louis Adolphe avait eu la charge du scandaleux carnage, que l'on qualifia de " Semaine sanglante 22-28 Mai 1871 ".

Alors, pourquoi aujourd'hui le Prolétariat ne devrait-il pas s'organiser de manière beaucoup plus moderne pour combattre l'exploitation d'origine bourgeoise, et se mobiliser en un grand faisceau révolutionnaire pour extirper une fois pour toutes de l'humanité ce venin qu'est le Capitalisme outrancier ? La réponse à cette question demeure sciemment inscrite dans la doctrine Marxiste-léniniste, dont les antidotes et les remèdes y sont aussi prescrits pour éradiquer la maladie endémique du Capitalisme, sécrétant tout au long de son développement ses troubles viraux et intraveineux. Au passage, nous rappelons que l'expérience cubaine est très révélatrice de la posologie recommandée par les Médecins: Marx et Lénine. Les résultats sont effectivement concluants et vérifiables dans la nouvelle société de la République de Cuba. La qualité de l'éducation et les différents services sociaux offerts au peuple cubain sont l'expression visible du Socialisme scientifique qui s'y construit. L'analphabétisme et les disparités sociales séculaires sont vaincus et appartiennent au passé. Sous la Révolution cubaine, la mortalité infantile, le chômage et l'espérance de vie cubaine ont atteint un standard d'un niveau international qui n'a rien à envier à celui des grandes nations occidentales.

Ces changements qualitatifs manifestes dans le vécu des Cubains, sont le résultat du nouveau mode des rapports sociaux influant sur les rapports de production préconisés par la Révolution cubaine, elle-même. Malgré la haine viscérale de l'Impérialisme international contre le peuple cubain, l'économie de l'Ile se développe dans la plus grande sérénité et dans un sentiment de souveraineté nationale. La distribution des biens et des richesses s'effectue avec équité et égalité. Un tel comportement ne peut donc provenir que du Communisme scientifique ! Dans son application comme système politique et économique, il introduit une nouvelle morale de conduite dans la vie des peuples, qui lui différencie de toutes les autres doctrines par son caractère éminemment révolutionnaire et efficace.

Crises économiques d'envergure : Causes profondes et les palliatifs offerts par le système capitaliste

Les différentes crises que l'humanité a connues et celles qui la secouent actuellement, résident dans la nature même du système capitaliste. Ces crises ont leur caractère répétitif et cyclique dans l'histoire de l'économie bourgeoise, et elles le seront toujours jusqu'à son effondrement complet. Les manifestations intempestives apparues périodiquement dans le système sont les symptômes qui annoncent la fin inexorable de l'expérience capitaliste. Ce, malgré la présence des Médecins charlatans au chevet du malade. L'emploi de la méthode malthusienne et keynésienne a abouti à une impasse économique extrêmement grave, due à la nature inconsistante de ces prescriptions. Toute théorie scientifique doit absolument tenir compte au premier chef de l'aspect humain dans sa pratique. Si c'est l'effet contraire qui se produit c'est-à-dire, si l'être humain ne se retrouve pas ou ne digère pas le contenu de la théorie, l'on se trouve forcément devant un cas d'échec évident.

Il nous semble donc que c'est bien le cas de Malthus (Thomas Robert) et de Keynes (John Maynard), qui furent deux théoriciens classiques du libéralisme. Ils ont tour à tour échoué dans leur tentative d'apporter leur remède au système capitaliste en crise. Lors des famines qui ont endeuillé l’humanité (phénomène cyclique dans l'économie capitaliste) et qui ont été engendrées par la voracité et la cupidité de la bourgeoisie accapareuse ; Malthus, dans son étroitesse d'esprit bourgeois, préconisa la restriction des naissances par l'État. Évidemment, il énonça sa théorie sur la base des intérêts mesquins de sa classe, selon laquelle la population croît plus vite (progression géométrique) que les subsistances (progression arithmétique). Phénomène qui devrait conséquemment provoquer un déséquilibre majeur dans la vie sociale et économique des peuples à l'échelle planétaire. Le choix du contrôle des naissances est la solution la plus plausible pour prévenir une catastrophe générale, selon lui. Mais, pour nous, c'est une idée très limitée dans sa conception qui dénote d'une grande absence d'imagination sur le long terme et d'un manque certain de vision dans la capacité dialectique de Malthus lui-même. Il demeure aussi que de telles idées ont fait du chemin chez les esprits bourgeois qui s'inspirent encore de lui. Mais cela ne nous émeut pas, puisque le monde bourgeois est très borné et fermé sur lui-même. Il est souhaitable qu'il disparaisse définitivement des affaires du monde ! Et, que le Prolétariat assume ses responsabilités mondiales, en jouant bien sûr le rôle de dirigeant historique que lui confère le droit à la Révolution !

Pendant la période qui a suivi la crise économique de 1929, Keynes a pu se présenter comme le sauveur du Capitalisme. L'économie bourgeoise devait recevoir son coup le plus sévère avec le crac de 1929, qui ébranla tout le système dans ses fondements. Mais elle devait se relever selon les données scientifiques de Marx et de Lénine, d'autant que les conditions objectives et subjectives n'avaient pas encore été appliquées dans le milieu ouvrier et paysan, au niveau du globe. Conditions sine qua non pour la disparition totale du Capitalisme, comme système sur la planète. Keynes s'est offert en bon économiste et théoricien du capital, pour donner un nouveau souffle à la bourgeoisie possédante. Le chômage record enregistré dans les sociétés industrielles fut le facteur essentiel ayant motivé Keynes à proposer un Etat-employeur-consommateur par l'intervention des investissements des pouvoirs publics. Selon Keynes, le sous-emploi est la résultante de l'application de certaines thèses anachroniques de l'économie politique classique, portant sur l'équilibre économique et ses mécanismes autorégulateurs. Son hostilité passagère devait lui valoir une mise en quarantaine par les siens, mais son audience n'avait pas pour autant été entamée. Effectivement, ces idées ont continué à inspirer et dominer la Camarilla bourgeoise de son temps, et le sont encore aujourd'hui. Car les Impérialistes n'ont pas connu d'évolution notable dans leur germination de pensée, ils demeurent esclaves de la philosophie libéraliste. Dans le cadre d'une soi-disant stabilisation de l'économie capitaliste, Keynes va créer le Fonds Monétaire International et la Banque internationale pour la reconstruction et le développement économique, sous les hospices de Bretton-Woods (1944). Le Fonds Monétaire International (FMI) et la BIRD plus connue sous l'expression Banque mondiale (BM) sont deux Institutions obsolètes qui affament les peuples du Tiers-monde, monstrueusement. Elles sont aussi les deux vigiles du capitalisme moribond, qui rappellent tristement la mémoire de Keynes dont l'âme bourgeoise fut charnellement prise dans les étreintes du libéralisme anachronique.

Le Capitalisme comme système porte dans sa nature les germes de sa destruction. Malgré les tentatives de redressement que ses théoriciens tentent vainement de lui apporter, les causes de son effondrement demeurent constantes. Et l'on arrive à la conclusion que tout le corps du système est fissuré; du tronc à l'écorce, en passant par la tige aux branches jusqu'aux racines, dont la sève n'alimente plus le système nerveux. De telle sorte que, le coeur ayant subi de nombreux pompages coronariens, ne résiste plus, ne tient plus et devrait céder au moindre petit choc dont il serait victime. C'est pourquoi les prêtres séculiers qui sont formés et nourris par le système, sont invités à lui administrer le dernier sacrement (extrême-onction) dans la courte période de son agonie.

A priori, le système capitaliste est antidémocratique, et donc anti-peuple. Il est tout à fait naturel que les peuples opprimés et asservis se soulèvent contre les impérialistes, en passant par les mouvements nationalistes à l'Avant-garde prolétarienne pour mener la contestation mondiale. Les foyers de tension et de contestation générale sont bien allumés et attisés par le pourrissement du Capitalisme lui-même. Au stade de l'Impérialisme actuel, les causes fondamentales qui préfigurent son éclatement, sont multiples dans l'histoire du Capitalisme, et génèrent des crises systématiques dans son parcours.

Evoquons quelques cause fondamentales de l'échec du capitalisme mondial: La surproduction, la surexploitation et la plus-value sont la base stratégique du système capitaliste dans sa campagne inhumaine d'exploitation des forces de production. La stratégie et la méthode furent dénoncées sciemment par Karl Marx dans le Manifeste du Parti. L'oligarchie financière (combinaison des monopoles bancaires et ceux de l'industrie) est l'une des caractéristiques principales du système. Et le Camarade Lénine critiqua et dénonça (1916) avec à-propos l'attitude arrogante de la bourgeoisie dans l'appauvrissement des peuples du Tiers-monde. Cette situation n'a fait qu'exacerber la lutte des classes et les contradictions antagoniques existant entre les exploiteurs et les exploités. Ce qui a apporté aussi de l'eau à la machine révolutionnaire du Prolétariat. Il faut ajouter aussi la loi du profit maximum découverte par le Camarade Staline, et présentée dans ses études sur les techniques et mécanismes d'emploi pour obtenir le profit maximum. Dans cette loi, le Camarade Staline avait observé que le profit moyen ne suffit plus aux grandes et profondes poches de la bourgeoisie traditionnelle et compradore. Il lui faut trouver une nouvelle méthode de production qui assouvisse ses appétits gourmands. Cette méthode consiste à développer une stratégie cynique de caractère, dont les contradictions de monopoles se trouvent chaque jour plus aiguës, dans l'économie de la réaction.

Il s'en est dégagé un consensus parmi les plus grandes sociétés de production pour former des firmes géantes, qui soient capables d'absorber les moyennes et petites entreprises. Avec à la clef l'exclusivité des monopoles des marchés, dont elles détiennent le secret de la variation des prix pour décider toutes seules de la tendance : La hausse et la baisse.

L'on peut donc se rendre compte de la nature pernicieuse et parcimonieuse de la morale capitaliste, dont le monde bourgeois se prévaut dans sa mission de destruction de l'humanité. Contre cet état de fait, le Communisme scientifique a livré bataille et livre encore aujourd'hui ses cartouches de résistance pour moraliser et socialiser le système économique mondial. Mais, pour ce faire, il lui faut la complicité de la classe ouvrière et des progressistes du monde entier, qui doivent être mobilisés autour du Parti d'Avant-garde pour favoriser l'éclosion d'un monde juste et démocratique.

La bête et son image : dans l'asservissement de l'humanité !

Cependant, comme nous l'avions évoqué plus haut, le système capitaliste regroupe un monde bourgeois dont les réflexions sont à courte vue. De telle sorte que, la bête et son image sont bien incapables de prévoir la moindre initiative qui puisse favoriser un avenir proche, voire un moyen terme. Même une formule bâtarde de gouvernance leur échappe; dans leur petite compréhension des choses, les seuls arguments dont elles saisissent le sens sont: L'argent et la mort. Les résultats dévastateurs et monstrueux sont d'une éloquence telle que l'humanité saisie d'horreur, se retrouve maculée de sang et de famines occasionnés par le déferlement des laves du Capital, comme un volcan toujours éruption. Peuvent-elles comprendre (la Bête et son image) la nébuleuse spirale capitaliste, dans laquelle elles se fourvoient ? Nous doutons qu'ils possèdent un tel esprit en leur sein et qu'elles puissent appréhender la monstruosité de leur expérience.

Nous voulons préciser que nous entendons par la bête et son image : La Droite du Capital qui poursuit éperdument sa mission de destruction pour assouvir sa soif, et les Sociaux-démocrates (Social-Démocratie) qui la remorquent et sont à la traîne de celle-ci. Permettez-nous d'ouvrir une parenthèse pour dire ceci : Nous ne savons pas à quel moment de l'histoire la Social-Démocratie a été d'une utilité pour l'humanité, dans sa marche progressive ? Mais au regard de ces 50 dernières années, les tentations des Sociaux-Démocrates ont été plus dangereuses pour l'humanité que celles de la Droite capitaliste. Les exemples abondent dans cette tranche d'histoire, mais l'exemple de la France de Mitterrand est celui qui retient beaucoup plus notre attention. Cheville ouvrière et dépositaire de la " Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen " à laquelle plus tard, le Camarade Lénine va donner un caractère plus large c'est-à-dire il l'étendra aux peuples et aux nations, dans son oeuvre intitulée : " Le droit à l'autodétermination des peuples ". Sans décorum aucun, la France socialiste s'est engagée étroitement aux côtés de l'Impérialisme nord-américain pour agresser et massacrer plus de 100 000 Iraquiens, lors de leur sale guerre contre l'Iraq, le 17 Janvier 1991. François Mitterrand, en tant qu'acteur lui-même, cautionna les bombardements américains contre un pays tiers, indépendant et souverain.

Il existe donc toute une kyrielle de structures internationales dont la vocation première est de connaître ces genres de quiproquo. Le cas de l'Iraq représentait un cas curieux lors de son invasion contre le Koweït en Août 1990. Aujourd'hui encore, la facture iraquienne en terme de mortalité infantile est lourde de conséquences en raison de l'embargo imposé par ces mêmes " Socialistes ", contre ce pays. Même le gaullisme dont Charles de Gaule fut le père spirituel, avait pu trouver une certaine décence pour sortir des étreintes de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN), en 1966. Créée au lendemain de la seconde guerre impérialiste, l'OTAN a toujours été une structure politique et militaire mise au service de l'Impérialisme nord-américain. Charles de Gaule, on le sait, eut le courage de se retirer pour échapper aux menaces américaines et à ses diktats, même si son pays était compté parmi les alliés de l'Organisation. C'est pourquoi la perfidie et la complicité des Sociaux-Démocrates liés à la réaction, doivent être dénoncées dans toute la rigueur que cela requiert, comme le Camarade Lénine l'avait si bien fait dans son ouvrage : " Deux tactiques de la Social-Démocratie ".

Les rivalités inter-impérialistes : Sources d'une éventuelle confrontation militaire d'envergure mondiale, ou la campagne de recolonisation des peuples du Sud par la globalisation ou la mondialisation.

La stratégie de l'absorption des moyennes et petites entreprises pourrait déboucher inéluctablement sur un conflit armé, qui se précise chaque jour en temps réel, selon l'agenda des puissances industrielles occidentales. Le profit maximum ne peut s'obtenir qu'au détriment des moyennes et petites de l'industrie capitaliste ; or les grandes firmes industrielles ne sont pas l'apanage d'un seul État impérialiste. Voilà donc un nouveau système " Frankenstein " apparu dans le désordre de l'économie bourgeoise, dont elle a elle-même généré les crises pour n'avoir pas été rationnelle dans la pensée philosophique. Aujourd'hui, la course pour la conquête des marchés se livre dans un contexte de compétition inter-impérialiste et elle peut se transformer en confrontation armée. Parce que visiblement les marchés sont saturés; et il arrive que le pouvoir d'achat des pays sous-développés est réduit à néant, ce qui est dû surtout à la surexploitation des forces de production de ces pays-là, par les bourgeoisies locales. Or en pareille situation, les bourreaux de l'humanité n'ont d'autre solution de rechange que de faire la guerre, dans le but d'ouvrir le marché des armes qui profite à leurs complexes militaro-industriels. Bien sûr à l'occasion, ils vont se servir des circonstances de la guerre pour liquider les foyers de résistance et possiblement les personnalités qui les animent.

Cependant, au regard du schéma tactique des puissances occidentales, il nous semble qu'il manque un élément important pour compléter tout le paquet stratégique de la guerre, selon la logique des impérialistes. Il s'agirait donc d'un Etat fasciste aux réactions intempestives, qui jouerait le rôle d'éclaireur pour les impérialistes qui, eux-mêmes, vont considérer ces genres de réactions comme un casus belli pour leur entrée en guerre, d'après l'expérience de 1939. Il est certain que l'Impérialisme nord-américain tient d'office, en ce moment, la place de l'axe Rome-Berlin pour mener son entreprise guerrière et imposer son hégémonie politique, culturelle et économique. Le nouvel axe serait composé de la superpuissance occidentale et de la communauté des impérialistes contre le reste de la planète avec tout ce qu'il contient de civilisation et de culture. Dans le cadre de ce plan schématique, il nous paraît que l'implosion de l'URSS a bien servi de prélude aux ambitions hégémoniques de l'Administration américaine qui, apparemment, a toujours caressé le rêve de gouverner le monde sans partage. Dès lors que la Russie Soviétique a cessé d'exister comme puissance mondiale, l'humanité se trouve livrée mains liées et bouches cousues aux bras de ses bourreaux. Malgré tout, il y a un grain de sable qui fait boitiller la machine destructive de l'Oncle Sam ; c'est que la Fédération de Russie possède encore chez-elle des armes dont la capacité offensive et défensive dépasse de loin l'imagination humaine. A l'heure actuelle, c'est peut-être le seul aspect de la vie politique russe qui n'ait pas encore été totalement maîtrisé par l'Administration américaine. Mais qui peut l'être sans délai, eu égard à l'emprise que cette dernière exerce sur les hommes politiques de ce pays, et compte tenu aussi de la traîtrise de ceux-là qui ont bazardé et liquidé les conquêtes de l'URSS et l'URSS elle-même.

Notre observation nous indique aussi qu'en dehors de l'équation russe ; il y a la Chine populaire qui représente un gros ennui dans la machine stratégique de l'Administration américaine. De par sa taille et sa puissance montante, la Chine est donc un poids lourd dans l'échiquier politique mondial, qui n'est pas facilement malléable et peut donner beaucoup de fil à retordre au projet expansionniste américain. Ceci peut s'expliquer par deux grandes raisons fondamentales de la Chine contemporaine et révolutionnaire.

La première fait référence à la position souveraine et indépendante de la Chine continentale. Elle a toujours su garder une ligne cohérente dans sa stratégie politique tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, dont elle jouit d'un respect confortable dans l'opinion publique nationale. Depuis la Révolution de 1949, la Chine populaire n'a jamais négocié son espace vital : ni dans son espace aérien ni dans ses eaux territoriales. Elle est toujours encline à soutenir son indépendance nationale ; les relations chinoises devaient connaître beaucoup de remous et de frictions avec le peuple soviétique, dont elle partage une bonne partie des frontières extrêmes orientales. Cette situation avait donné lieu au grand schisme qui gela une partie de la coopération externe entre les deux nations soeurs, dans les années 60.

La seconde raison concerne l'appartenance idéologique de la Chine démocratique et populaire, qui lui a permis et lui permet encore d'émanciper son immense population, dont le nombre d'habitants est estimé à plus d'un milliard deux cent millions (1  200 000 000). Evidemment, l'idéologie révolutionnaire chinoise se fonde sur les bases philosophiques de Marx et de Lénine, qui ont guidé les révolutionnaires Chinois dans les transformations démocratiques qui s'imposent à la Chine moderne.

Le grand Timonier de l'histoire contemporaine chinoise, Mao Zedong, qui est aussi une grande autorité de la pensée rationnelle, a pu combativement et élégamment sortir son peuple du marasme interventionniste d'avant la Révolution. La forte contribution chinoise au niveau de l'internationalisme prolétarien est visiblement manifeste dans tous les points du globe, ce qui fait de la Chine une puissance mondiale incontournable dans les enjeux mondiaux. Qu'il en soit ainsi maintenant et toujours ! Après tout ce rappel historique opéré dans le cadre de l'Ordre nouveau introduit par la Révolution d'Octobre 1917, revenons à l'analyse schématique relative à l'expansionnisme américain. Depuis la disparition soudaine de l'URSS sur la scène internationale, l'on est unanime à reconnaître que la paix et la sécurité internationales sont fragilisées et menacées. Le monde est devenu unipolaire et subit la loi de la pensée unique et du comportement unique de l'impérialisme nord-américain. Un déséquilibre crucial est donc provoqué dans les relations internationales, dont les enjeux les plus sensibles se trouvent concentrés dans le seul giron américain. Les premières manifestations de ce déséquilibre se sont effectivement traduites dans les faits, pendant la décade qui a suivi l'implosion de l'URSS.

L'agression contre l'Iraq par l'Administration américaine (Guerre du Golf, Janvier 1991) a été le premier test pour sonder la docilité de l'URSS capitularde, qui s'est révélée payante pour le Gouvernement de Washington et pour le reste des impérialistes. Les frappes de l'OTAN contre la République Fédérale de Yougoslavie en mars 1999 constituent encore une plus grande victoire pour Washington et ses acolytes occidentaux. Une campagne a été orchestrée par la presse réactionnaire occidentale dont l'emphase se traduit par l'argument " Humanitaire ", qui fait figure de jurisprudence dans la logique de " guerre " humanitaire, concoctée sciemment par les Gouvernements occidentaux. Mais cette presse dévoyeuse doit toujours se taire sur les dommages collatéraux et les destructions massives des infrastructures socio-économiques du pays agressé, selon le bon vouloir de l'agresseur-transgresseur. Malgré les 15 000 sorties de bombardements aériens de l'OTAN occasionnant la perte de plusieurs milliers de vies humaines, la Russie libérale des années 90 s'est confinée dans des réactions puériles donnant l'onction à l'agression impérialiste, contre la Fédération de Yougoslavie. Le Président Slobodan Milosevic était censé avoir le droit de recevoir le plus fort appui et soutien de la Russie, ne serait ce que pour leurs affinités linguistiques slaves. Mais c'est l'effet contraire qui s'est produit, et la Fédération yougoslave est livrée malgré elle dans les bras du caporalisme américain.

Le sionisme qui est toujours combattu par le monde panarabique, bat son plein et fait des ravages en Palestine. La voix de la pensée rationnelle s'éteint aussi sur la scène internationale ! Le déséquilibre mondial provoqué par la disparition de l'URSS, a encore exacerbé la crise Israëlo-Palestinienne. De même que le Capitalisme n'a pas de solutions pour ses propres problèmes, dont les manifestations de crise sont symptomatiques dans son système, il n'en a pas non plus pour résoudre l'équation Arabo-Musulmane.

A fortiori, Israël a toujours représenté l'oeil vigilant des États-Unis d'Amérique au Proche-Orient, depuis sa fondation comme Etat en 1948. Spirituellement Israël est colonisé par l'occident; comme tel, il joue le rôle d'éclaireur-spadassin lors des interventions des Métropoles dont il partage les mêmes cultures discriminatoires. Il n'y a plus d'équilibre dans les relations internationales ; Israël peut se permettre de tuer et de massacrer autant d'Arabes, en particulier la communauté palestinienne, sans subir de préjudice et punition aucuns. Puisque ce sont les mêmes Métropoles qui trônent royalement sur l'Organisation onusienne, dont elles tirent les ficelles selon les besoins de leur cause. De telle sorte que, les peuples du Sud ne manifestent qu'une présence fortuite dans les débats internationaux, ils sont donc condamnés à subir la loi du plus fort et en recevoir le cynisme des diktats, malgré eux. Contrairement à ce qui se faisait pendant la période bipolaire, maintenant les décisions engageant l'avenir de l'humanité sont prises unilatéralement et sont dangereusement dirigées contre les peuples du Tiers-monde. Nous pensons donc qu'il faut vraiment être myope pour accepter de telles inepties et barbaries !

Et enfin dans ce chapitre, il y a la nébuleuse crise du Terrorisme qui sert de sentencieux prétexte au Gouvernement de Washington pour entrer ouvertement en guerre. Même si les plans stratégiques ont été longtemps façonnés et peaufinés par le State Department et le Pentagone, selon les vues de la Maison blanche. A la faveur des événements qui se sont produits à partir du sol américain, et qui ont ensanglanté l'Etat de New-York et le siège des forces armées américaines à Washington, le 11 Septembre 2001. L'Administration américaine part en guerre contre les Etats terroristes et contre ceux qui les supportent, selon les déclarations du Président George W. Bush. Il a donc ouvert les hostilités (7 Oct. 2001) contre l'Afghanistan des Talibans, un pays d'Asie centrale d'où serait terré celui qui aurait frappé les Etats-Unis d'Amérique dans son coeur, dixit le Président. Mais les cibles se font rares sur les tablettes américaines après quatre mois de campagne guerrière. George Bush a effectivement obtenu la reddition des Talibans et a pu placer un Gouvernement en Afghanistan, qui réponde aux aspirations américaines. Mais il devrait encore attendre sa prochaine cible, qui lui fait languir d'impatience ! Ce que nous sommes en train de commenter à la lumière du schéma tactico-stratégique de l'Impérialisme nord-américain, dont le but serait de sauver l'économie capitaliste moribonde par la guerre.

Une campagne sournoise d'encerclement de la Chine populaire par l'Impérialisme nord-américain ?

Compte tenu de l'actuelle grave crise économique mondiale dont les manifestations sont ressenties sur toute la surface du Globe. Et depuis les événements du  11 Septembre 2001, elle s'installe en maître aux États-Unis d'Amérique comme pour défier la plus grande économie du monde, selon les médias occidentaux. Mais d'autre part, l'attaque du 11 Septembre est venue aussi comme pour indiquer aux intellects et aux opérateurs économiques que l'humanité a eu apparemment affaire à un colosse aux pieds d'argile !

Compte tenu de la préparation psychologique de l'opinion publique tant nationale qu'internationale, orchestrée par les médias capitalistes et leurs suppôts d'outre-mer. Compte tenu de l'agressivité et de la nervosité de l'Administration américaine d'une part, des propos belliqueux et guerriers tous azimuts tenus par le chef du Gouvernement de Washington lui-même, d'autre part. Si la guerre d'envergure n'a pour l'instant pas encore lieu, nous présumons que c'est grâce à la Chine qui, ayant une stature mondiale, se refuse comme toujours de cautionner la logique de guerre impérialiste. Grâce à sa vocation première qui est celle de préserver et de défendre son Indépendance nationale, la Chine ne s'implique jamais dans des campagnes qui tendent à souiller le sol d'un quelconque pays tiers. Encore pire, quand ces genres d'entreprises ne visent qu'à coloniser et vassaliser les peuples de ces pays dont ils seraient la cible du néocolonialisme que représente l'Impérialisme international, en l'état actuel des choses. Tenant compte de la puissance montante de la Chine populaire, qui peut se révéler une pierre d'achoppement dans les vues expansionnistes américaines. L'Administration démocrate américaine s'est sournoisement inscrite dans une campagne de neutralisation de la Chine, au cours de ces dix dernières années.

Les principales cibles stratégiques sur lesquelles repose le plan d'encerclement de la Chine populaire et révolutionnaire !

De toute évidence, le premier pion sur lequel s'appuie une telle démarche, est l'Ile de Formose c'est-à-dire Taiwan  qui prétend former une République séparée de la Chine Continentale. Et ce fut sous l'Administration de Clinton qu'un pseudo Président de la province rebelle taiwanaise a été reçu dans les bureaux ovales de la Maison blanche. Une visite impromptue qui avait provoqué un grand émoi dans la communauté chinoise, dont le Gouvernement révolutionnaire de la Chine avait vivement manifesté son désaccord. Or, le statut conflictuel de Taiwan peut faire très mal à la Chine, dans l'éventualité d'une confrontation armée contre l'occident, où cette province rebelle pourrait servir de tête de pont en faveur de l'ennemi. C'est la raison pour laquelle l'Impérialisme nord-américain a tout mis en branle pour armer fortement la dite province chinoise. Et il se trouve que les occidentaux se complaisent dans une telle stratégie qui tend à envenimer les relations chinoises avec sa province. Ils vouent une amitié inouïe avec le Gouvernement fantoche de Taipei et ne ratent aucune occasion pour le choyer et flatter ses desseins obscurs et attentatoires. De telle sorte que, aussi longtemps que ce problème n'aurait pas été résolu par la Chine elle-même, l'Ile de Formose constituerait de fait un danger pour le continent chinois.

La seconde cible comprise dans le plan d'encerclement de la Chine concerne le Vietnam, qui est un pays d'Asie du Sud-Est bordé à l'Est par la mer de Chine et au Nord par la Chine elle-même. A l'oeil nu, c'est une position stratégique idéale dans le cadre d'une éventuelle attaque contre la Chine par le Etats-Unis d'Amérique et leurs remorqueurs occidentaux. Mais pour ce faire, l'Amérique doit d'abord renouer ses liens avec le peuple vietnamien pour ensuite tenter de régulariser ses relations avec le Gouvernement révolutionnaire du Vietnam. Vu sous cet angle, les mamours de Jefferson W. Clinton et la visite à Hanoi de ce dernier au terme de son second mandat, doivent être interprétés dans cette logique de neutralisation de la Chine populaire. Mais c'est une opération quasiment impossible à réussir, malgré une campagne de charme autour de la visite motivée de Clinton, orchestrée par la presse servile occidentale. Car, le peuple du Vietnam garde encore en mémoire les trois millions de vies humaines qui représentent la facture vietnamienne, lors de la guerre d'agression contre le Vietnam par l'Administration démocrate de Lyndon Baines Johnson (1964). La chute de Saigon et la capitulation de l'Administration républicaine de Richard Nixon en 1975, sont loin d'effacer les blessures et cicatrices causées par la guerre injuste contre l'ensemble du corps social vietnamien. Ces comportements infâmes contre le genre humain ont leur valeur historique et politique dans la vie contemporaine des Vietnamiens, dont les dirigeants de Hanoi doivent en tenir compte. Et donc, il est tout à fait plausible que de telles tentatives d'encerclement de la Chine par la filière vietnamienne échouent et doivent normalement échouer !

Le combat astucieux de Clinton pour l'admission de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), constitue le troisième cas de figure dans lequel la Chine  révolutionnaire joue son avenir. Autrement dit, la Chine est directement ciblée par l'Administration américaine aussi bien quand elle est démocrate ou républicaine. Il revient donc à la Chine de bien regarder la position de ses pions avant de les déplacer, pour éviter des fâcheuses surprises. Au stade actuel des forces en présence, la Chine est perçue comme une puissance rivale dans les décisions majeures engageant l'avenir du monde. Pour l'instant, elle est la seule puissance capable de tenir tête à l'Amérique qui, à tout prix, veut avoir l'exclusivité de la gestion paternelle de la planète. Dans ses vues passablement patriarcales, l'Amérique semble trouver en la Chine populaire un client réellement encombrant dont elle souhaite neutraliser ou s'en débarrasser. C'est dans ce sens contextuel si malin qu'il faille situer la démarche de Clinton tendant à faire accéder la Chine à l'OMC, selon notre lecture des faits. En ce qui concerne les relations commerciales, rappelons que la revendication de la Chine relative à son accession à l'OMC remonte à plus de trente ans. Pourquoi a-t-elle souffert si longtemps ? Par qui la route lui a-t-elle été barrée ? Pourquoi les portes de l'Organisation lui sont-elles ouvertes aujourd'hui ? Nous avouons notre incapacité de pouvoir répondre à ces questions pertinentes. Nous laissons plutôt le soin aux interlocuteurs Chinois d'élaborer par eux-mêmes sur cette épineuse admission à l'OMC. Encore une autre Institution dont l'Administration américaine contrôle les structures organiques, à ses avantages préférentiels et ceux de ses partenaires privilégiés Européens. Néanmoins, nous pouvons dire que le colossal marché chinois est très convoité par le grand capital. Bien sûr, en tenant compte des dividendes certaines qui en découleraient pour le peuple du continent chinois. Cependant même dans le meilleur des cas, la Chine se doit de garder un oeil vigilant afin de bien discerner les fils bobinants qui relèvent des méthodes draconiennes à l'américain.

Car, le Président Bill Clinton a dû se battre comme un beau diable pour obtenir la levée de veto du Congrès qui lui a fait voir toutes les couleurs de l'Arc-en-Ciel, avant que les Congressmen accèdent à sa demande. Encore faut-il imaginer et deviner les desseins ombrageux des Parlementaires américains et de la Présidence elle-même. Il importe donc aux dirigeants Chinois de bien gérer cette nouvelle donne dans la politique extérieure américaine, et essayer de bien jouer le jeu. De telle sorte que la Chine soit à même de prévenir tous les coups dont elle serait frappée, par l'ennemi non déclaré. Telle est donc notre attitude dans cette crise économique qui hante tous les peuples, et dans laquelle la Chine populaire et révolutionnaire peut et doit jouer un rôle déterminant à la satisfaction de l'internationalisme prolétarien.

L'inévitabilité de la guerre !

"La fission de l'atome a tout changé, sauf la pensée de l'homme. Nous nous acheminons donc vers une catastrophe sans précédent. " Albert Einstein.

Aux heures de la " Mondialisation et de la Globalisation ", le monde est en train de vivre les moments les plus tragiques de son histoire. Les sociétés humaines, toutes races confondues, sont frappées de plein fouet par la récession et la surproduction capitalistes. Même si les architectes du capitalisme font la sourde oreille aux gémissements des victimes du naufrage de l'économie bourgeoise. La nature chronique du dérèglement du système économique mondial a conduit à la fissure de tous ses liens, provoquant ainsi sa faillite totale et précipitant l'humanité dans un chaos aux conséquences incalculables. En témoignent les deux premières économies du monde dont l'essoufflement a atteint des proportions si alarmantes qu'elles semblent s'éteindre, de façon irrésistible. Pour échapper à une hécatombe précipitée, les grandes sociétés industrielles américaines ont dû recourir au renvoi massif des ouvriers qui, éventuellement, vont s'accommoder de leur nouvel statut de chômeurs. De son côté, l'économie nipponne ne voulant pas s'avouer vaincue, sollicite l'aide de la puissance américaine pour tenter désespérément un éventuel redressement. Mais le côté burlesque de ces deux plus grands du monde industriel, c'est que le Japon qui est frappé de cécité ne se rend même pas compte que l'Amérique avait déjà atteint son stade de sénilité. D'où l'incapacité de cette dernière d'intervenir même en Ethiopie dont le peuple vit des famines chroniques, voire pour les économies mourantes de l'hémisphère américain, lui-même.

Pourtant, viennent aussi les cris d'espoir par les peuples de DAVOS (Suisse), de Seattle (EUA), de Gênes (Italie), de Québec (Canada) de Porto Allègre (Brésil) et de Monterrey (Mexique). L'issue de la prochaine guerre peut en dépendre. De par leur bravoure et la conscience révolutionnaire qui les animent, ces peuples contestataires du capitalisme d'État pourrissant sont appelés probablement à faire l'histoire, dans le courant du XXIème siècle en marche. Il revient donc à la classe ouvrière mondiale de se tenir prête pour suivre et répondre positivement aux différentes consignes et mots d'ordre de l'Avant-garde prolétarienne. Aux fins de transformer la prochaine confrontation impérialiste en Révolution mondiale comme c'était le cas lors de la guerre injuste de 1914-1918 et celle de 1939-1945 qui ont vu la victoire de plusieurs mouvements populaires, sur la carte géopolitique du monde.

La guerre et la pensée simpliste !

D'aucuns pensent qu'une guerre d'envergure internationale est impossible dans les conditions actuelles. Bien sûr, ils se réfèrent aux arsenaux nucléaires qui sont entreposés un peu partout dans le monde. C'est un état de fait dont la conscience humaine se trouve scandalisée; et l'on peut dire sans ambages que l'humanité vit sur une poudrière permanente dont l'effacement ne tient qu'à un simple petit bouton. Mais il importe aussi de souligner à l'intention de l'opinion publique, que ces armes d'une si haute technologie de destruction massive, sont la résultante de la course aux armements. Un objectif que les Etats capitalistes se sont fixés dans le temps et dans l'espace. D'abord pour faire fonctionner et fructifier leurs complexes militaro-industriels et ensuite inféoder et armer les régimes dictatoriaux dans le but de neutraliser les mouvements populaires qui échappent à leur contrôle.

Même les États Socialistes qui sont de nature pacifique, ont été forcés de recourir à l'armement pour se protéger et se défendre. Une situation qui est tout aussi de nature à retarder l'élan révolutionnaire des peuples en quête de liberté et de démocratie. Or, l'État socialiste postule en permanence le changement rationnel des conditions d'existence et, par conséquent, prône la paix et la sécurité internationales. Conditions indispensables pour le passage de la société injuste du Capitalisme à la formation économique et sociale juste et démocratique du Communisme scientifique. De surcroît, les peuples de l'Union Soviétique auraient dû connaître les douces béatitudes de la nouvelle société communiste, n'eussent été les multiples invasions étrangères. Ils ont dû consentir d'énormes sacrifices d'abord pour repousser les premiers envahisseurs dont le but était d'étouffer la jeune Révolution Soviétique, dans les années 20. Vint ensuite la guerre impérialiste de 39-45 qui était dirigée contre les peuples du Bastion de la Révolution, qui allaient payer la lourde facture dont le montant est connu de tous.

Il en est de même pour le peuple du Nicaragua qui aurait dû connaître des changements notables dans ses conditions de vie, sous le Gouvernement Sandiniste. Le triomphe du mouvement Sandiniste sur la dictature des SOMOSA (régime de satrapie et d'obscurantisme qui a régné pendant plus de 40 ans au Nicaragua) avait fait naître beaucoup d'espoir parmi la population nicaraguayenne, vers la fin des années 70 et jusqu'à la fin des années 80. Mais le peuple social du Nicaragua devait aussi connaître la dure expérience des CONTRAS qui, sans scrupule, ont déclaré la guerre contre leurs propres frères autochtones. Évidemment, ces derniers (Contras) ont été financièrement et militairement soutenus par l'Impérialisme nord-américain qui les a élevés au titre de " Combattants de la liberté ".

Rappelons pour l'Histoire que, le financement des transactions d'armes transitant par l'Iran vers les frontières honduriennes pour le compte des Contras, provenait du trafic illicite des stupéfiants. D'où le scandale du " ContraGate " qui avait donné lieu à une audition (Hearing) des relations douteuses de la Maison blanche occupée par le citoyen Ronald Reagan qui avait alors les fonctions de président, de Janvier 1981 à Janvier 1989. Une audition pénale dans laquelle un Officier supérieur de l'armée américaine jouait le rôle de bouc émissaire a permis à la présidence de se soustraire à la poursuite judiciaire américaine. Le Lt. Colonel Oliver North, Officier de liaison, endossait alors toute la responsabilité dans cette affaire, comme s'il agissait et opérait seul sans l'autorisation de ses supérieurs hiérarchiques. Curieusement, l'Accusation et les juges qui instruisirent l'affaire à l'époque, demeuraient muets devant l'Officier qui invoqua un article de la Constitution des Etats-Unis lui interdisant de répondre aux questions qui lui étaient adressées. Et l'affaire fut close au grand dam de l'opinion publique !

Ainsi, pour combattre les mouvements populaires, en particulier les idéaux communistes, tout est possible; et aucun facteur y relatif n'est à écarter. L'on peut donc observer que l'argent provenant de la drogue peut être sale pour certains, et ne pas l'être pour d'autres. Dépendant de la cause qu'il sert ; et selon les besoins de la cause, l'économie de guerre ne devrait pas avoir de qualificatif, d'après la morale capitaliste.

De ce qui précède, nous avons voulu dire que les impérialistes n'ont pas de moralité et n'ont que faire de la morale humaine. Ils se présentent sur la scène internationale comme des Néandertaliens. Comme tels, ils ne reculent devant aucune espèce de scrupule ; pas même la morale chrétienne dont ils prétendent faire acte de profession de foi, pour défendre leurs intérêts et s'approprier ceux des autres, fussent-ils des voisins ou des alliés. Aussi, avons-nous tenté d'ouvrir certains clichés historiques dans lesquels nous avons voulu montrer comment l'humanité est scandalisée et stupéfaite devant la junglerie du capitalisme, tant sur le plan politique que culturel et économique. Le Capitalisme d'État a tout expérimenté pour forger à l'humanité un monde impitoyablement sauvage, nous rappelant étrangement les animaux sauvages de la jungle, à une époque très reculée de l'histoire. Contre lequel monde, le Communisme scientifique se pose en rénovateur pour arracher à l'humanité sa vielle peau et lui en procurer une neuve. Telle est donc la mission historique de la théorie Marxiste-léniniste ! Elle se veut génératrice et rénovatrice de l'être humain, en lui proposant des changements hautement civilisateurs qui le rendent confortable et paisible dans un monde où la cruauté et l'exploitation seront à tout jamais bannies.

Enfin, nous approchons du dernier chapitre de notre texte, dans lequel nous verrons la possibilité d'une guerre d'envergure si elle n'est pas déjà en cours, et nous voudrions le terminer par un appel de solidarité. Selon ce que nous connaissons de l'histoire de l'économie bourgeoise, sa survie est sérieusement menacée, et son cas est d'une gravité telle qu'elle est toute proche du trépas. Il ne faut pas vraiment se faire d'illusion là-dessus !

Nous ne partageons pas l'opinion simpliste selon laquelle une guerre à l'échelle planétaire n'est pas possible, dans les circonstances actuelles. Le simplisme de cette opinion fait référence évidemment aux arsenaux nucléaires dont disposent les acteurs en présence. Mais selon nous, les acteurs existent effectivement et se tiennent prêts à exécuter parfaitement les desseins du Cinéaste. Pourtant, celui-ci n'a pas pu montrer dans le film les éventuels challengers (compétiteurs) ou s'ils existent, ils brillent par leur absence dans le filmage. Nous verrons un peu plus tard le pourquoi de cette absence remarquée et des techniques malicieuses du metteur en scène. Entre-temps, il faut se méfier de ceux-là qui propagent une telle idée fausse, car il peut s'agir d'un stratagème entrant dans le cadre du nouvel axe que nous avons évoqué dans notre développement embryonnaire. Il y en a qui agissent par naïveté ou par ignorance, de même qu'il y en a qui la diffusent sciemment selon le catéchisme du grand réalisateur. Malheur aux incrédules !

On sait que les deux bombes atomiques larguées respectivement sur Hiroshima et Nagasaki (Japon, 6 et 9 Août 1945) par l'aviation américaine, étaient de 1,3 Mégatonnes. Les victimes japonaises se dénombraient dans chaque cas particulier par 100 000 et 80 000 tués sous l'effet immédiat des bombes ; en plus des dommages collatéraux, qu'elles avaient entraînés. Aujourd'hui, l'armée interarmes américaine en vient à produire une nouvelle génération de bombes à hydrogène dont la capacité de destruction est inqualifiable, humainement. En quelques années, les fabricants sont passés de 4 Mégatonnes à 20 Mégatonnes dont l'explosion effacerait sur le coup entre 5 et 7 Etats américains, si elle était activée. Et nous donnons la garantie que, les effets secondaires seraient incommensurablement plus dangereux pour le commun des mortels que l'effet ponctuel de la bombe elle-même. Les ultraviolets (radiations) s'ensuivraient et aminciraient dangereusement la couche d'ozone qui protège l'oeil humain contre les rayons du Soleil. Les dégâts écologiques seraient d'une conséquence imprévisible telle, que l'espace vital se transformerait en un véritable désert dont la comparaison avec les régions Sahariennes paraîtrait hasardeuse, d'un point de vue humaniste.

Voilà donc en synthèse, ce que pourrait être une guerre thermonucléaire dont le spectre hante toute la communauté des humains, au stade actuel de la crise économique mondiale. Ce phénomène fait aussi suite aux conséquences logiques d'après guerre; à propos desquelles nous essayons de démontrer sous quelle menace l'humanité est soumise depuis ; et nous tentons de prévenir le chaos mondial. Pénétrés des contradictions antagoniques du Capitalisme, les Communistes veulent bâtir une conscience collective sur les grands problèmes de l'heure. Bien sûr, l'architecture est conçue sur la maturité de la conscience révolutionnaire des travailleurs et paysans du monde entier, qui doivent se dresser et se mobiliser contre l'Impérialisme international pour éviter à l'humanité un désastre sans précédent, dans toute son histoire.

Cependant, nous manquerions à l'objectivité dans notre argumentaire analytique si nous ne mentionnions pas ici que l'Union Soviétique possède aussi ces armes de destruction massive. Elle les a fabriquées pour se défendre essentiellement contre ses ennemis occidentaux; et malgré sa disparition inopinée, la Fédération de Russie les a encore conservées dans ses arsenaux. Il en est de même pour certains autres États de la planète, et leur utilisation est de toute évidence subordonnée à l'appréciation du Commandement suprême du nouvel Axe…

La fission de l'atome a effectivement bouleversé tout l'ordre économique mondial, particulièrement dans l'armement militaire. La pensée égoïste de la bourgeoisie, son comportement unique et les actions iniques de ses représentants locaux et internationaux sont à retenir. Quand le scientifique Einstein dit " Sauf la pensée de l'homme " dans la citation que nous avons faite de lui, il semble vouloir donner un caractère général étymologique à l'homme. Peut-être de bonne foi, il a erré en confondant l'Homme bourgeois (minoritaire) avec l'Homme prolétaire (entité majoritaire) qui, continuellement subit l'exploitation et les caprices de l'entité minoritaire. Même si nous donnons acte à Albert Einstein pour son invention de la bombe H qu'il a regretté d'avoir mise au point.

L'inexistence d'un contrepoids et la probabilité de l'émergence d'un nouvel équilibre dans les relations internationales !

Dans le contexte actuel de la crise économique qui touche le point culminant de sa chute irréversible, la guerre paraît évidemment inévitable, n'en déplaise aux naïfs et aux incrédules. Le cas contraire nous surprendrait et nous serions prêts à retirer nos arguments et confesser notre erreur de jugement, qui prendrait plutôt la forme d'une allégation. Cependant, la pertinence de nos arguments est basée sur l'expérience du Capitalisme dont la solution de ses crises répétitives, a toujours été l'emploi de la force tant dans les conflits nationaux que supranationaux. Aucune autre méthode n'a pour l'instant remplacé celle provoquant la guerre dans le système capitaliste. Pour preuve, l'application du " Projet d'Ajustement Structurel (P.A.S.) " qui est une invention du système découlant du Néolibéralisme; et que l'on veut imposer aux peuples du Tiers-monde. Il se terminera dans le sang. Les cas de la Jamaïque sous le Gouvernement de Michael Menly reconverti en laquais du capital, du Venezuela sous la présidence de Carlos A. Perez et de Saint-Domingue sous l'Administration de Balaguer toujours dans le même registre au cours des années 80 et 90, sont très évocateurs dans ce que nous qualifions de spirale capitaliste.

Jusque-là, si la guerre proprement dite n'a pas eu lieu sur les théâtres d'affrontement, c'était dû au contrepoids de l'Union Soviétique mais pas à la bona fide ou la bonne volonté du Gouvernement américain. Que de fois le Cuba contemporain a été l'objet de déstabilisation par ce dernier ! La crise des fusées en 1962 avait même servi de prétexte à l'Administration démocrate de John Fitzgerald Kennedy (JFK) pour emporter la jeune Révolution cubaine, n'eût été l'efficacité de la diplomatie de l'URSS, à l'époque. Les consciences avisées doivent se rappeler la longue période de l'âge d'or de l'URSS, pendant laquelle les peuples de l'Union Soviétique prédominaient par leur présence sur la scène internationale. En ce temps-là, l'on imagine sans fard, que la paix et la sécurité internationales étaient assurées.

La forte idéologie dont l'URSS était porteuse lui conféra un pouvoir discrétionnaire, l'habilitant honorablement à se poser en gardienne de la paix mondiale. Tel n'est pas le cas pour les régimes capitalistes qui développent une économie austère et partisane, dont les profits se trouvent concentrés entre les mains d'une infime partie dans les sociétés bourgeoises. Le Pouvoir Socialiste en URSS a opté pour une économie étatiste dans laquelle l'exploitation et la plus-value n'existent pas, et où les travailleurs de toutes catégories sociales se retrouvent et ont pris le contrôle de la production. De telle sorte que, les masses ouvrières et paysannes ont accès aux organes du pouvoir, parce que ce sont elles qui ont établi le pouvoir socialiste en faisant la Révolution. Voilà toute la différence qu'il y a entre les deux systèmes : Capitalisme et Socialisme. L'on peut donc comprendre aisément pourquoi le gendarme de la réaction, en l'occurrence les EUA, voue une telle haine aux pouvoirs socialistes dans le monde.

Alors, pour parvenir à leurs fins (domination sans partage du monde), les EUA se sont jetés dans une bataille de plus 70 ans pour neutraliser le contrepoids qu'a représenté l'Union Soviétique sur l'échiquier mondial. Pour ce faire, tous les moyens et combinats sont analysés et utilisés contre le Bastion, et surtout sans répit. Dans ce combat des Titans, le vieil adage selon lequel la fin justifie les moyens, est appliqué dans toute sa rigueur par les EUA. Les peuples de l'Union Soviétique ont été contraints de faire des sacrifices qu'ils n'avaient pas souhaités au point d'enregistrer un énorme retard dans le développement industriel du pays. La Russie doit pouvoir d'abord rattraper leurs concurrents Européens, et ensuite se positionner en force pour rivaliser sur le plan politico-militaire avec la superpuissance de l'occident, les États-Unis d'Amérique. Il est arrivé que les longues années d'espionnage et de sabotage par les agents occidentaux aient porté fruit, après un long et laborieux travail consenti par l'ennemi. L'Oncle Sam et ses suppôts ont pu trouver la faille dans le système Soviétique au moyen des techniques d'infiltration au sein du PCUS (Parti Communiste de l'Union Soviétique). Le PCUS était alors le centre névralgique de toutes les activités qui s'exerçaient sur le territoire soviétique, dont la superficie avoisinait 22 000 000 Km2 pour une population de 350 000 000 d'habitants, avant la désintégration de l'URSS.

En infiltrant le Parti, les agents ennemis occidentaux sont parvenus à inféoder les structures vitales de celui-ci et l'ont rendu vulnérable dans sa sphère de sécurité. De telle manière qu'ils ont eu les coudées franches pour former l'armée de la cinquième colonne, qui va donner l'assaut final et asséner le coup mortel aux peuples du Bastion de la Révolution. Mais la fameuse citation de Fildel Castro "La Historia me absolvera" ("l'Histoire m'absoudra") ne prévaudra point pour les citoyens traîtres qui ont permis la défaite du premier Etat Socialiste et du Parti ouvrier et paysan. De Nikitta Kroutchev et consorts, et à Mikhaïl Gorbatchev et les siens, ils devront tous répondre de leurs forfaits devant le tribunal de l'Histoire !

Nous venons donc de pointer du doigt le challenger potentiel en face de l'Amérique, que le grand Cinéaste hollywoodien a feint d'omettre dans son tournage. Mais personne n'est dupe ! Et personne ne peut se tromper sur la capacité politique et militaire de l'URSS de pouvoir contenir les ambitions américaines de vassaliser le reste du monde, bien sûr avant l'éclatement des peuples de l'Union Soviétique. A ce compte, il semble que les méthodes de montage du réalisateur sont passablement théâtrales mais qui sont loin de convaincre les amateurs du cinéma, et surtout ceux des années 70. L'on sait que dans le cadre d'une relance de la course aux armements, à l'heure actuelle, l'Administration américaine se réfère au vestige de l’URSS (Russie) pour éventuellement résilier le Traité ABM (Missile anti-ballistique) signé en 1972. Évidemment, les EUA prétendent vouloir se défaire dudit Traité pour pouvoir mettre en chantier leur ambitieux projet de Boucliers Anti-missiles. De manière à pouvoir se défendre contre une attaque de Missile intercontinentale, qui viendrait des États dont ils estiment être des ennemis. Mais il s'agit aussi d'une aventure dans laquelle la Russie apparemment fait montre d'une réticence fébrile, alors que cette dernière s'est déjà mordue à l'hameçon en favorisant la restauration pleine et entière de l'idéologie bourgeoise avec son économie austère.

Tout ceci pour dire que dès la chute de l'URSS, le monde s'est réveillé sous la coupe réglée des EUA. Toute action leur est permise, légale ou illégale, licite ou illicite, légitime ou illégitime mais surtout illégitime ! L'irrationalisme et l'illogisme président à toute action menée par les EUA. Les rapports de force sont tombés au bénéfice d'un seul ; le monde occidental s'en accommode volontiers et est apparemment prêt à boire le calice jusqu'à la lie ! Les rares nations qui tentent de lever le petit doigt, n'ont pas d'échos dans ce grand orchestre philharmonique où les notes des Wagner et des Beethoven empêchent la sonorisation des autres notes dissidentes. Alors, l'on peut donc mesurer par soi-même l'ampleur de la déchéance humaine qu'a engendrée la disparition de l'Union soviétique, sur l'échiquier international ! Pourtant, voilà qu'au beau milieu de ce monde irrationnel géré par les EUA ; apparaît une nouvelle alternative capable de garantir l'ordre et la paix mondiaux. La grande Chine populaire surgit et émerge ! Elle est aperçue de loin, ses pas sont plutôt lents dus aux impondérables de toutes sortes, mais elle arrive et avance sûrement aux buts. Le pays du Soleil levant a construit sa puissance dans un contexte de guerre froide, qui l'a certainement marqué et, par conséquent, a aussi vécu les avatars qui ont bouleversé l'humanité. Pendant longtemps, la Chine continentale a dû s'enfermer sur elle-même et demeurer effacée sur la scène internationale à cause de son aînée l'URSS, qui dominait la politique internationale par son influence.

Il semble que son moment historique frappe à ses portes pour qu'elle en fasse un bon usage en vue de s'affirmer en tant que Leader du monde ouvrier et paysan. L'histoire rapporte que le Leader doit bâtir son Leadership sur un long cycle, il ne doit pas brusquer le temps et surtout attendre son heure, telle est la loi historique qui crédite le dessein d'envergure dont un Leader serait porteur. Dans la plupart des cas, il surgit et émerge à partir d'une conjoncture ou d'une crise de dimension internationale ! Il nous semble donc que la Chine démocratique et populaire présente les qualités nécessaires qui l'habilitent à prendre la tête de la lutte prolétarienne et du Socialisme face au Capitalisme, qui est en passe de terminer sa course dans l'abjection.

Nous insistons en mettant l'accent sur la Chine contemporaine, parce que justement, une attaque de l'Impérialisme nord-américain contre les voisins ou alliés de la Chine pourrait embraser et embarquer l'humanité dans une guerre sans issue. Or, à l'heure actuelle, plusieurs des cibles américaines sont des pays alliés et voisins de la Chine, et la Chine elle-même est sur les tablettes du Pentagone. L’Amérique et ses alliés ne peuvent donc pas résoudre la crise économique mondiale sans provoquer une guerre, qui est un passage obligé dans le système capitaliste. Ainsi, si la guerre a lieu, ils en profiteront pour en finir avec l'opposition marxiste dont l'objectif est de contrecarrer les agissements cruels et odieux de l'Impérialisme international. Aussi, il est de la fonction et du devoir du PCC (Parti Communiste Chinois) de suggérer au Gouvernement révolutionnaire de définir ses rapports de force sur une base de stratégie globale de lutte anti-impérialiste. C'est sur ces termes que nous mettons fin à notre texte, en en appelant les Partis d'Avant-garde du Prolétariat, les ouvriers et les paysans du monde entier à se solidariser avec la Chine. Car, elle en aura besoin pour pouvoir mieux se défendre contre les interventionnistes occidentaux, et la victoire de la Chine serait une avancée pertinente pour le futur de l'humanité.

Prolétaires de tous les pays unissez-vous !

 

 

 

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