Les marxistes savent que la révolution adviendra quand ses conditions objectives et subjectives seront réunies. Il faut les deux. Qu'est-ce que cela signifie ? Cela signifie que le passage au socialisme nécessite des conditions matérielles favorables (classes sociales, état de l'économie). En même temps il faut aussi l'élément conscient, subjectif, sans lequel rien ne bouge. Le travail des marxistes sera donc d'aider à la conscience du prolétariat le jour où les conditions objectives commenceront à être réunies. S'il n'y a pas de conditions objectives, la majorité du peuple ne suit pas et la révolution échoue (Commune de Paris, insurrection spartakiste). S'il n'y a pas de conditions subjectives, l'occasion de prendre le pouvoir passe sous le nez du prolétariat. Alors la bourgeoisie se ressaisit, puis l'occasion se referme pour une période indéterminée.
C'est ce qu'on appelle le principe démocratique. La révolution adviendra quand une fraction suffisament importante du peuple : 1- y aura concrètement intérêt 2- sera suffisament consciente et organisée pour passer à l'action.
On parle donc de conditions objectives et de conditions subjectives.
Si l'on veut faire réussir la révolution socialiste, il faut donc tenir compte de ces deux problèmes.
Lénine disait à sa façon : « C'est seulement lorsque "ceux d'en bas" ne veulent plus et que "ceux d'en haut" ne peuvent plus continuer de vivre à l'ancienne manière, c'est alors seulement que la révolution peut triompher. Cette vérité s'exprime autrement en ces termes: la révolution est impossible sans une crise nationale (affectant exploités et exploiteurs). Ainsi donc, pour qu'une révolution ait lieu, il faut: premièrement, obtenir que la majorité des ouvriers (ou, en tout cas, la majorité des ouvriers conscients, réfléchis, politiquement actifs) ait compris parfaitement la nécessité de la révolution et soit prête à mourir pour elle; il faut ensuite que les classes dirigeantes traversent une crise gouvernementale qui entraîne dans la vie politique jusqu'aux masses les plus retardataires (l'indice de toute révolution véritable est une rapide élévation au décuple, ou même au centuple, du nombre des hommes aptes à la lutte politique, parmi la masse laborieuse et opprimée, jusque-là apathique), qui affaiblit le gouvernement et rend possible pour les révolutionnaires son prompt renversement. »
Il faut donc bien des conditions objectives et des conditions subjectives. Les conditions objectives d'abord. On ne les invente pas. Si le prolétariat est faible, alors pas de révolution socialiste possible. Seul le prolétariat a intérêt à faire la révolution socialiste. Voilà ce que disait Karl Marx :
« De toutes les classes qui, à l'heure présente, s'opposent à la bourgeoisie, le prolétariat seul est une classe vraiment révolutionnaire. Les autres classes périclitent et périssent avec la grande industrie; le prolétariat, au contraire, en est le produit le plus authentique.
Les classes moyennes, petits fabricants, détaillants, artisans, paysans, tous combattent la bourgeoisie parce qu'elle est une menace pour leur existence en tant que classes moyennes. Elles ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices; bien plus, elles sont réactionnaires : elles cherchent à faire tourner à l'envers la roue de l'histoire. »
Dans les pays impérialistes comme la France, c'est la petite bourgeoisie et non le prolétariat qui forme encore la majorité du peuple. C'est pour cette raison qu'aucune révolution socialiste n'a jamais réussi en europe.
Avec le déclin de l'impérialisme bien sur, le prolétariat voit ses rangs gonfler. Et plus tard il sera une force assez forte, tandis que la petite bourgeoisie aura été beaucoup affaiblie. Les conditions objectives seront alors réunies. Ce n'est pas le cas aujourd'hui, cela viendra.
Or nous l'avons vu, les conditions objectives de la révolution ne suffisent pas. Il faut aussi le facteur subjectif, conscient. Les hommes et les femmes qui passeront à l'action ont besoin d'une conscience claire de ce qu'ils font.
Il y a donc un autre problème. C'est le décalage de la conscience (voir le texte sur ce sujet). La conscience des gens retarde toujours sur la réalité. C'est un principe bien connu des marxistes.
Voilà ce que disait Lénine :
« On ne peut vaincre avec l'avant-garde seule. Jeter l'avant-garde seule dans la bataille décisive, tant que la classe tout entière, tant que les grandes masses n'ont pas pris soit une attitude d'appui direct à l'avant-garde, soit tout au moins de neutralité bienveillante, qui les rende complètement incapables de soutenir son adversaire, ce serait une sottise, et même un crime. Or, pour que vraiment la classe tout entière, pour que vraiment les grandes masses de travailleurs et d'opprimés du Capital en arrivent à une telle position, la propagande seule, l'agitation seule ne suffisent pas. Pour cela, il faut que ces masses fassent leur propre expérience politique. Telle est la loi fondamentale de toutes les grandes révolutions, loi confirmée maintenant avec une force et un relief frappants. »
Nous voyons par exemple aujourd'hui le prolétariat grandir de jour en jour. Mais pour autant l'idée du communisme progresse peu (sauf ses versions petites bourgeoises anarchistes / trotskystes / maoïstes, qui ne sont donc pas vraiment communistes).
Il faut pourtant que les idées communistes progressent. Et pour ça, il n'y a qu'une solution : il faut d'abord que la masse des petits bourgeois jetés dans le prolétariat par la crise fasse sa propre expérience politique.
Aujourd'hui par exemple, le front national est le parti des petits bourgeois déclassés dans le prolétariat. Tant que ce prolétariat n'aura pas fait sa propre expérience, tant qu'il n'aura pas vu de ses propres yeux que "revenir en arrière" est impossible, les idées communistes resteront à l'état de feuilles mortes.
A propos de la situation anglaise des années 1920, Lénine disait par exemple :
« Au fait, en Angleterre, [...] on voit manifestement s'affirmer ces deux conditions du succès de la révolution prolétarienne. Et toute erreur des communistes de gauche est doublement dangereuse, aujourd'hui que nous observons chez certains révolutionnaires une attitude insuffisamment raisonnée, insuffisamment attentive, insuffisamment consciente, insuffisamment réfléchie vis-à-vis de chacune de ces conditions. Si nous ne sommes pas un groupe de révolutionnaires, mais le parti de la classe révolutionnaire; si nous voulons entraîner à notre suite les masses (faute de quoi nous risquons de n'être plus que des bavards), nous devons d'abord aider Henderson ou Snowden [sociaux-démocrates] à battre Lloyd George et Churchill [conservateurs] (et même, plus exactement : obliger les premiers - car ils redoutent leur propre victoire! - à battre les seconds); puis aider la majorité de la classe ouvrière à se convaincre par sa propre expérience que nous avons raison, c'est-à-dire que les Henderson et les Snowden ne sont bons à rien, que ce sont des petits bourgeois perfides et que leur faillite est certaine; enfin, rapprocher le moment où, la majorité des ouvriers ayant perdu ses illusions sur le compte des Henderson, on pourra renverser d'emblée, avec de sérieuses chances de succès, le gouvernement des Henderson »
Cette façon de concevoir la politique est juste. On le voit partout, même dans d'autres camps. Par exemple, si on avait dit aux électeurs de François Hollande : "ne votez pas pour lui, il va vous trahir". Qui nous aurait écouté ? Au contraire, le simple fait qu'il devienne président, qu'il prouve lui-même qu'il est un incapable a eu bien plus d'effet sur sa popularité que n'en aurait eu de la propagande avant l'élection.
Aujourd'hui le parti de la petite bourgeoisie déclassée en prolétariat est le front national. C'est le seul parti suceptible de prendre le pouvoir, et précisément d'échouer au pouvoir. C'est donc la prochaine étape, indispensable. Les marxistes ne doivent pas lutter contre le front national mais au contraire encourager les prolétaires à faire leur propre expérience, eux-même. Ainsi le décalage entre la conscience et la réalité sera comblé.
Bien sur un tel point de vue n'intéresse pas l'extrême gauche petite bourgeoise, car pour elle le front national est surtout un concurrent. D'où la haine entre les deux : l'un pique les parts de marché électorales de l'autre. Il n'y a pas pire haine en politique que ceux qui se disputent le même créneau électoral. De cette jalousie viennent toutes les accusations de "fascisme", et on en verra d'autres. Il est impératif de balancer aux ordures cette extrême gauche dépassée, jalouse, inutile. Elle tente de freiner la marche de l'histoire. Elle dissipe les forces de camarades sincères à contre-sens. Ce qui prouve qu'elle est réactionnaire et non pas révolutionnaire.
Tout ce qui peut faire avancer la conscience des prolétaires est bon à prendre. Tel est le travail du parti (voir le texte sur le parti). Il doit éveiller la conscience de classe des prolétaires. Et pour cela, la seule propagande ne suffit pas. L'expérience politique concrète des prolétaires est indispensable. Les petits bourgeois d'extrême gauche se fichent des conditions objectives et subjectives de la révolution ; leur problème est l'urgence du déclassement. Il n'ont pas d'autre horizon que de se maintenir en tant que petite bourgeois. C'est pour cela qu'ils appellent sans cesse à l'agitation, à l'action stérile. Ils ont besoin d'entraîner derrière eux les prolétaires pour faire du chantage à la bourgeoisie ("manifestations"). Donc pour eux, les conditions sont toujours réunies, mais évidemment, pas pour la révolution socialiste... puisque ce n'est pas leur véritable objectif.
Si l'avant-garde marxiste arrive à se former en vrai parti du prolétariat, et une fois les conditions objectives et subjectives de la révolution réunies, alors la révolution aura une chance d'aboutir.
Et Lénine de conclure : « Agir autrement, c'est entraver l'œuvre de la révolution, car si un changement n'intervient pas dans la manière de voir de la majorité de la classe ouvrière, la révolution est impossible; or ce changement, c'est l'expérience politique des masses qui l'amène, et jamais la seule propagande. »
Informations sur ce site
Ce site entend donner aux communistes les outils intellectuels et idéologiques du marxisme-léninisme. A son époque déjà, Lénine notait "la diffusion inouïe des déformations du marxisme", il concluait que "notre tâche est tout d'abord de rétablir la doctrine de Marx". Ces éléments théoriques ont pour but de participer à la formation des jeunes cadres dont le parti du marxisme révolutionnaire aura besoin en France au cours des prochaines années. A son époque, Marx remarquait déjà "qu'en France, l’absence de base théorique et de bon sens politique se fait généralement sentir". Le manque de formation marxiste-léniniste est un obsctacle majeur à la construction d'un futur parti et un terreau fertile au maintien (voire au retour) des thèses réformistes, révisionnistes, opportunistes qui occupent actuellement tout le terrain sous une multitude de formes. Ce site n'est qu'une initiation au marxisme-léninisme. Les textes ne sont pas suffisants à la maîtrise du marxisme, ils sont une tentative de vulgarisation, d'explication de la pensée marxiste, ainsi qu'un éclairage de l'actualité à l'aide de cet outil. Il va de soi qu'une lecture des classiques du marxisme-léninisme est indispensable.
Vive la révolution marxiste du prolétariat !
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