De quoi est faite la matière est une question qui divise les philosophes et les scientifiques depuis longtemps.
Le premier camp est celui qui affirme que la matière est faite d'atomes. Un atome est une particule élémentaire, c'est à dire impossible à diviser en d'autres particules (l'atome au sens courant n'est donc pas vraiment un atome selon cette définition). Ceux qui ont soutenu cette thèse les premiers étaient les grecs Leucippe, Démocrite, Diogène Laërce, Epicure, Métrodore de Chios, puis le romain Lucrèce. Cette théorie fut soutenue par l'italien Giordanno Bruno, les français Gassendi, Hobbes, d’Holbach, Étienne de Clave, Laplace, La Mettrie, les encyclopédistes Diderot et d'Alembert, le britannique John Dalton, les irlandais Robert Boyles et William Higgins. Et bien sur de nombreux autres personnes.
Le second camp est celui qui affirme qu'un atome ne peut pas exister. La matière est divisible à l'infini. C'est le camp des grecs Aristote et Platon, de l'Eglise catholique pendant des siècles, des français Descartes et Pascal, et de nombreuses autres personnes. Il semble qu'une bonne partie des courants idéalistes allemands (Fichte, Schopenhauer) ne croyaient pas en l'existence d'atomes. L'autrichien Ersnt Mach ne croyait pas à l'existence des atomes. Kant pensait que cette question était une antinomie (problème insoluble) et se déclarait donc "agnostique".
Déjà, avant même de discuter de la thèse elle-même, nous voyons que deux camps s'opposent sur cette question, et que dans le premier, il n'y a que des matérialistes ; dans le second des idéalistes de toutes sortes. Il est par exemple étrange que Mao Zedong s'affirma matérialiste mais choisit le second camp. Mais passons. Sur ce sujet d'ailleurs, le petit dictionnaire philosophique de Moscou (1955) fait déjà preuve de dérives révisionnistes et anti-matérialistes.
Examinons quelques arguments du second camp avec par exemple ceux de Descartes.
Descartes affirme : "Il est aussi très aisé de connaître qu'il ne peut y avoir des atomes, ou des parties de corps qui soient indivisibles, ainsi que quelques philosophes ont imaginé. D'autant que, si petites qu'on suppose ces parties, néanmoins, parce qu'il faut qu'elles soient étendues, nous concevons qu'il n'y en a pas une entre elles qui ne puisse être encore divisée en deux ou plus grand nombre d'autres plus petites, d'où il suit qu'elle est divisible. Car, de ce que nous connaissons clairement et distinctement qu'une chose peut être divisée, nous devons juger qu'elle est divisible, parce que, si nous en jugions autrement, le jugement que nous ferions de cette chose serait contraire à la connaissance que nous en avons. Et quand même nous supposerions que Dieu eût réduit quelque partie de la matière à une petitesse si extrême, qu'elle ne pût être divisée en d'autres plus petites, nous ne pourrions conclure pour cela qu'elle serait indivisible, parce que, quand Dieu aurait rendu cette partie si petite qu'il ne serait pas au pouvoir d'aucune créature de la diviser, il n'a pu se priver soi-même du pouvoir qu'il avait de la diviser, à cause qu'il n'est pas possible qu'il diminue sa toute-puissance comme il a été déjà remarqué. C'est pourquoi nous dirons que la plus petite partie étendue qui puisse être au monde, peut toujours être divisée, parce qu'elle est telle de sa nature."
(Source)
L'argument principal est le suivant. "Si je peux diviser une particule par la pensée, alors il est forcément possible de la diviser en réalité. Sinon la conception que j'ai de la particule serait fausse."
On voit bien ici une conception parfaitement idéaliste. Ecartons la spéculation sur Dieu. Il aurait été plus honnête, avec Descartes, d'affirmer jusqu'au bout, dans ce cas que tout ce qui nous passe par la tête est vrai. Que si je pense quelque chose, ce n'est pas la réalité qui tranche mais ma pensée.
Or on voit bien qu'il ne s'agit pas d'un simple argument de pacotille mais le centre même de la différence entre idéalisme et matérialisme.
Et l'exemple typique d'idéalisme s'est développé à fond dans les mathématiques. Sur quoi reposent les mathématiques ? Selon les idéalistes, sur des axiomes, des idées tirées d'on ne sait où et qui représent une vérité quasi divine. Pour le matérialiste au contraire, le nombre n'est qu'un reflet des objets réels : une pomme, dix doigts, deux chevaux, trois maisons. Les opérations comme l'addition et la division, qui supposent qu'on ait déjà le concept de nombre, sont le reflet de notre capacité à additionner des choses réelles (une pomme + une pomme = deux pommes) et à diviser des choses réelles (on peut couper une pomme en deux moitiés).
Mais une fois ce langage mathématique créé, il n'y a rien qui nous empêche de penser à une addition sans fin ou à une division sans fin. C'est précisément parce que le cerveau rend indépendant le concept de nombre des objets réels, du concept d'opération (addition, division) du mouvement réel, que nous pouvons arriver à des abérations comme les "arguments" de Descartes. Engels disait que l'infini n'est rien, sinon notre capacité à additionner sans fin.
Les mathématiques arrivent par exemple à des espaces à n dimensions, par exemple à 1000 dimensions, et cela peut se concevoir sans difficulté dans le langage des mathématiques. Mais dans ce cas, alors le monde réel pourrait être fait d'une infinité de dimensions, ou toutes à la fois, par exemple 10, 11 ou même 12 milliards ; si nous en jugions autrement, le jugement que nous ferions de cette chose serait contraire à la connaissance que nous en avons. Selon notre bon Descartes.
Voilà ce qui arrive dès lors que nous isolons les idées du monde réel, dès lors que l'idée a oublié d'où elle vient (du monde réel). De sorte que l'homme finit par croire que ces nombres ont une existence transcendante, au-delà de la matière, et que la matière elle-même doit rentrer dans le carcan qu'impose ces idées abstraites. Le mot abstrait lui-même signifie "abstrait" mais forcément de quelque chose. Les nombres sont abstraits de la réalité concrète. Les nombres sont des idées qui n'existent que dans la tête des hommes et pas avant, au-dessus ou en dehors. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on ne peut calculer la valeur exacte de pi car le cercle parfait non plus n'existe pas. Ni le cercle tracé au compas, ni le cercle affiché à l'écran (pixels) ne sont réellement sont réellement continus et parfaits, et la prétention ne serait-ce que de les imaginer devrait faire sourire n'importe quel mathématicien sérieux. Nous avons simplement l'idée de droite, l'idée de cercle, et l'idée de perfection, réunies ensembles. Tout au plus, nous avons donc seulement la même conception de ce que seraient une ligne droite et un cercle parfait, ce qui fait que la 10ème décimale de pi sera la même pour tout le monde. Mais le nombre lui-même n'est qu'une opération sur des idées déjà loin du réel. Poser l'existence de nombres avec une infinité de décimales est possible uniquement dans notre cerveau, et on aboutira sans difficulté à l'idée que 1 = 0,9999... c'est à dire qu'aucun nombre n'est fini. Le problème survient quand nous essayons de faire entrer la réalité dans ces mathématiques, c'est à dire dans cette dérive d'idées.
De même la langue française, comme tout langage, s'est construit à partir de réalités concrètes. Le mot chaise, le mot table, ne peuvent être conçus sans les objets qu'ils désignent. On conçoit aussi qu'on peut aussi mettre des mots sur diverses actions : porter, détruire, lâcher, écraser, déplacer. Enfin on peut relier les objets et les actions ce qui forme une grammaire stricte. Cependant, une fois les mots créés, ils peuvent être assemblés de diverses façons, et fabriquer des histoires qui n'ont pas d'existence réelle (par exemple les romans, les films, les pièces de théâtre), et ce, sans jamais violer les règles grammaticales. Il en va de même du langage mathématique, qui est construit avec des mots empruntés au réel, mais qui file une histoire sans queue ni tête, et prétend ensuite que c'est cette fable qui existe et non la réalité.
Poursuivons sur cette histoire d'atome.
Poser l'atome inexistant, c'est poser l'existence de l'infiniment petit. Or nous l'avons vu, cet infiniment petit n'est qu'une dérive mathématique sans lien avec la réalité. D'ailleurs poser toute particule comme divisible à l'infini suppose d'accepter l'idée que l'espace est identique à l'espace des mathématiciens, ce qui revient à mettre à la base de cette théorie la chose à démontrer : contradiction in adjecto, argument circulaire. Mais quand bien même on l'admettrait, on serait incapable d'expliquer l'existence du mouvement. En effet tout mouvement suppose l'existence de deux positions distinctes, par exemple 0 et 1. Or on peut pas compter de 0 à 1 en passant par tous les nombres (0,1 ; 0,2 ; 0,15, ; 0,11111, etc.). On dit que l'infiniment petit est un infini indénombrable (contrairement à l'infiniment grand). Il faut donc nécessairement qu'il y ait quelque part un incrément, quelque chose d'entier et indivisible, faute de quoi le mouvement est impossible.
La question se pose donc de savoir s'il est possible de prouver l'une ou l'autre des deux théories. La science, telle que la définit Marx, consiste, contrairement à la scolastique, à trouver la vérité dans la pratique (l'observation de la réalité), et non dans sa tête. Marx dit : « La question de savoir s'il y a lieu de reconnaître à la pensée humaine une vérité objective n'est pas une question théorique, mais une question pratique. C'est dans la pratique qu'il faut que l'homme prouve la vérité, c'est-à-dire la réalité, et la puissance de sa pensée, dans ce monde et pour notre temps. La discussion sur la réalité ou l'irréalité d'une pensée qui s'isole de la pratique, est purement scolastique. »
Dès lors qu'on pose la science de cette façon, il apparaît d'abord que la science ne peut pas prouver qu'une chose n'existe pas. Par exemple la science ne peut pas prouver qu'il n'y a pas une théière en orbite autour de Mars.
Prenons alors le problème qui se pose. La divisibilité infinie des particules est improuvable empiriquement. Notre observation est forcément limitée. Or démontrer la divisibilité infinie des particules exigerait une infinité d'observations. Non seulement nous ne n'arriverions jamais à atteindre la connaissance absolue, mais en plus nous ne nous en rapprocherions jamais. Chaque effort pour augmenter la connaissance humaine serait un effort vain, fait dans le vide, comme pédaler dans la semoule alors que les pédales ne sont pas reliées à la chaîne. La divisibilité infinie pose donc le monde comme absolument inconnaissable.
Sitôt que nous avons évacué la matière réelle, nous avons à la base de tout, non pas la matière, mais l'idée de division. L'idée, mise à la base de toute la philosophie, voilà une démarche peu matérialiste.
Mais en réalité, il s'agit d'une démarche également contraire à la science. En effet la science par exemple, ne peut pas montrer que dieu n'existe pas. Cependant elle part du principe tacite qu'il n'existe pas. En effet si les scientifiques cherchaient la vérité de ce monde dans les nuages divins, pourquoi s'harraseraient-ils à travailler toujours plus durs pour augmenter la connaissance des choses matérielles ? La démarche tacite du scientifique est donc de laisser dieu, l'infini, et autres concepts là où ils sont, et de s'intéresser au monde réel des choses réelles, observables et quantifiables, donc connaissables.
La physique s'intéresse au monde réel des choses qu'on observe. Le reste va donc à la méta-physique.
Donc ou bien la théorie est démontrable, ou bien elle ne l'est pas.
Il n'y a que deux façons de prouver la théorie, ou bien par l'observation, ou bien en prouvant que la théorie atomiste est fausse (par l'observation aussi). Or un atome, ou particule dénommée comme telle, admettons qu'on ait trouvé une particule dont on ignore si elle est ou nom atome.
- Ou bien elle est atome, et dans ce cas nous ne trouverons jamais de sous-particules. Mais nous ignorons toujours laquelle des deux théories est vraie.
- Ou bien elle ne l'est pas, et si on déterre une particule inférieure, alors nous revenons au problème initial, sans solution, car la sous-particule découverte devra alors être soumise au même examen.
Donc quoiqu'on fasse, on s'aperçoit que nous avons deux hypothèses de nature différentes sous nos yeux. La première est scientifique, c'est à dire qu'elle admet l'existence du réel, de la matière. L'autre est métaphysique, elle est une négation sans fin de la matière, elle est l'idée de division mise à la base de la réalité.
L'opération "diviser", n'est que l'idée née dans la tête de l'homme qui divisa de gros objets. Cette opération, l'homme l'a rendue indépendante des objets qu'il divise, et cette idée, devenue en apparence indépendante, l'idéaliste l'a transformée en un dieu double (car on ne saurait imaginer une division avec le nombre 1), et a mis ce dieu à la base de toute chose, et même à la place de toute chose. La religion taoïste d'ailleurs, ne peut-elle pas se résumer ainsi ?
Engels dit : « Que les mathématiques pures soient valables indépendamment de l'expérience particulière de chaque individu est certes exact, et cela est vrai de tous les faits établis de toutes les sciences, et même de tous les faits en général. Les pôles magnétiques, le fait que l'eau se compose d'hydrogène et d'oxygène, le fait que Hegel est mort et M. Dühring vivant sont valables indépendamment de mon expérience personnelle ou de celle d'autres individus, indépendamment même de celle de M. Dühring dès qu'il dort du sommeil du juste. Mais il n'est nullement vrai que, dans les mathématiques pures, l'entendement s'occupe exclusivement de ses propres créations et imaginations; les concepts de nombre et de figure ne sont venus de nulle part ailleurs que du monde réel. Les dix doigts sur lesquels les hommes ont appris à compter, donc à effectuer la première opération arithmétique, sont tout ce qu'on voudra, sauf une libre création de l'entendement. Pour compter, il ne suffit pas d'objets qui se comptent, mais il faut aussi déjà la faculté de considérer ces objets, en faisant abstraction de toutes leurs autres qualités sauf leur nombre, - et cette faculté est le résultat d'un long développement historique, fondé sur l'expérience. De même que le concept de nombre, le concept de figure est exclusivement emprunté au monde extérieur et non pas jailli dans le cerveau en produit de la pensée pure. Il a fallu qu'il y eût des choses ayant figure et dont on comparât les figures avant qu'on pût en venir au concept de figure. La mathématique pure a pour objet les formes spatiales et les rapports quantitatifs du monde réel, donc une matière très concrète. Que cette matière apparaisse sous une forme extrêmement abstraite, ce fait ne peut masquer que d'un voile superficiel son origine située dans le monde extérieur. Ce qui est vrai, c'est que pour pouvoir étudier ces formes et ces rapports dans leur pureté, il faut les séparer totalement de leur contenu, écarter ce contenu comme indifférent; c'est ainsi qu'on obtient les points sans dimension, les lignes sans épaisseur ni largeur, les a, les b, les x et les y, les constantes et les variables et qu'à la fin seulement, on arrive aux propres créations et imaginations libres de l'entendement, à savoir les grandeurs imaginaires. Même si, apparemment, les grandeurs mathématiques se déduisent les unes des autres, cela ne prouve pas leur origine a priori, mais seulement leur enchaînement rationnel. Avant d'en venir à l'idée de déduire la forme d'un cylindre de la rotation d'un rectangle autour de l'un de ses côtés, il faut avoir étudié une série de rectangles et de cylindres réels, si imparfaite que soit leur forme. Comme toutes les autres sciences, la mathématique est issue des besoins des hommes, de l'arpentage et de la mesure de la capacité des récipients, de la chronologie et de la mécanique. Mais comme dans tous les domaines de la pensée, à un certain degré de développement, les lois tirées par abstraction du monde réel sont séparées du monde réel, elles lui sont opposées comme quelque chose d'autonome, comme des lois venant de l'extérieur, auxquelles le monde doit se conformer. C'est ainsi que les choses se sont passées dans la société et l'État; c'est ainsi et non autrement que la mathématique pure est, après coup, appliquée au monde, bien qu'elle en soit précisément tirée et ne représente qu'une partie des formes qui le composent - ce qui est la seule raison pour laquelle elle est applicable.
De même que M. Dühring s'imagine pouvoir déduire toute la mathématique pure, sans aucun apport de l'expérience, des axiomes mathématiques qui, “ d'après la pure logique elle-même, ne sont pas susceptibles de preuve et n'en ont pas besoin ”, et qu'il croit pouvoir l'appliquer ensuite au monde, de même il s'imagine pouvoir tirer d'abord de son cerveau les figures fondamentales de l'Être, les éléments simples de tout savoir, les axiomes de la philosophie, déduire de là toute la philosophie ou schème de l'univers, et daigner octroyer à la nature et au monde des hommes cette sienne constitution. »
Hegel remarquait déjà que la divisibilité et l'indivisibilité étaient deux concepts inséparables, que la matière était à la fois divisible et indivisible. Que concevoir une divisibilité sans fin menait à nier également le concept même de divisibilité (de même qu'on ne peut concevoir le nord sans le sud ou le sud sans le nord).
"C'est non seulement le nombre existant des corps célestes qui doit être à chaque instant un nombre déterminé en soi, c'est aussi le nombre total de toutes les plus petites particules de matière indépendantes qui existent dans le monde. Cette dernière nécessité est la vraie raison pour laquelle aucune combinaison n'est pensable sans atomes. Tout état de division effectif comporte toujours une déterminabilité finie et il faut qu'il la comporte si l'on veut échapper à la contradiction de l'innombrable nombré." - Engels, citation de Hegel
Poursuivons avec Démocrite : « Si tout corps est divisible à l'infini, de deux choses l'une : ou il ne restera rien, ou il restera quelque chose. Dans le premier cas, la matière n'aurait qu'une existence virtuelle, dans le second cas on se pose la question : que reste-t-il ? La réponse la plus logique, c'est l'existence d'éléments réels, indivisibles et insécables appelés donc atomes. »
"Ou il ne restera rien ou il restera quelque chose". Cette phrase peut sembler étrange, car on imagine mal diviser une particule en deux et ne rien obtenir. Mais c'est en fait le vrai sens de la divisibilité infinie : la matière n'existe pas. C'est ce que Démocrite explique : "la matière n'aurait qu'une existence virtuelle". Démocrite pose donc l'existence des atomes.
Mais on aurait tort de croire qu'il s'agit d'un débat scientifique. C'est le fondement même de la science que d'affirmer que la matière existe. Dire que la divisibilité est infinie, c'est affirmer que la matière n'existe pas, c'est une question métaphysique. La science ne pourra jamais démontrer l'existence de l'atome - c'est à dire de la matière - cependant elle s'appuie tacitement sur cette hypothèse et n'aurait aucun sens sans celle-ci. La science est tout à fait incapable de démontrer l'existence de l'atome, tout comme elle est incapable de prouver que dieu n'existe pas, mais elle part "naïvement" du fait que la matière existe, que l'explication du monde est dans celle-ci et non dans une idée. La connaissance et l'existence répétée des choses autour de nous a forgé en nous l'opinion que la matière n'est pas juste une idée mais existe réellement et indépendamment d'une quelconque idée.
La science ne fournit donc pas de certitude absolue. Tout au plus, quand bien même nous aurions réussi à expliquer toutes les interactions fondamentales de la matière grâce à une particule réellement atomique (plus petite que le quark par exemple), nous n'aurions rien prouvé quant à l'inexistence de particules plus petites, mais nous aurions fourni une explication du monde qui s'en passe.
Lénine dit : « Le « réalisme naïf » de tout homme sain d'esprit, qui ne sort pas d'une maison d'aliénés ou de l'école des philosophes idéalistes, consiste à admettre l'existence des choses, du milieu, du monde indépendamment de notre sensation, de notre conscience, de notre Moi et de l'homme en général. L'expérience même (au sens humain du mot, et non au sens machiste du mot), qui a créé en nous la ferme conviction qu'il existe, indépendamment de nous, d'autres hommes, et non de simples complexes de mes sensations de haut, de bas, de jaune, de solide, etc., c'est cette expérience qui crée notre conviction que les choses, le monde, le milieu, existent indépendamment de nous. Nos sensations, notre conscience ne sont que l'image du monde extérieur, et l'on conçoit que la représentation ne peut exister sans ce qu'elle représente, tandis que la chose représentée peut exister indépendamment de ce qui la représente. La conviction « naïve » de l'humanité, le matérialisme la met consciemment à la base de sa théorie de la connaissance. »
D'ailleurs nous ne pouvons pas avoir une vérité absolue, mais simplement une partie de la vérité absolue. La découverte de l'électron par exemple, était une vérité relative. C'est à dire que décrire le monde comme fait d'électrons, de protons, de neutrons et de photons, était vrai et faux à la fois. Vrai à x%, faux 100-x%. Admettre que la matière existe ne peut que nous conduire à l'idée que la vérité objective, absolue, existe. Mais la matière étant en mouvement permanent, il est impossible de la connaître de façon définitive dans tous ses arrangements. C'est la raison pour laquelle nous progressons de vérités relatives en vérités relatives, sans jamais atteindre 100%. Et tout au plus, la longue histoire de la science nous fera nous approcher de ce 100% (par exemple 99% puis 99,9%, etc.) sans jamais l'atteindre. Mais 99% est déjà de l'absolu, il y a de l'absolu dans le relatif.
Admettre que la matière est divisible à l'infini, c'est admettre qu'elle n'existe pas réellement, et donc évidemment notre connaissance de celle-ci ne pourrait jamais augmenter du moindre pourcent. La vérité objective n'existerait pas, il n'y aurait que l'infini, c'est à dire une idée (car l'infini n'est qu'une idée), mis à la base du monde.
La seule chose que nous pouvons considérer comme infinis sont le temps et l'espace. Car le mouvement (donc le temps) n'est pas une création de notre cerveau. Le concept de division est une idée, et à fortiori le concept de division appliqué à tout et n'importe quoi, est une idée. Le mouvement lui est réel. Ce n'est pas notre cerveau qui décide à chaque instant d'incrémenter le temps et il n'a pas la possibilité d'opérer un changement sur celui-ci. Engels dit : "C'est précisément parce que l'infini est une contradiction qu'il est un processus infini, se déroulant sans fin dans le temps et dans l'espace." - Engels remarquait là que mettre un début au temps n'en changeait pas le caractère infini. Dans cette conception, l'infini n'est plus à la base du monde, mais le résultat du monde : le mouvement infini de la matière, des atomes, des astres, etc. sans lequel ni l'espace ni le temps ne peuvent être compris.
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