2017

Version 3.0



marx

Site des prolétaires de fer

Avant-garde

La tâche de l'avant-garde marxiste dans la révolution


La prise du pouvoir du prolétariat nécessite un parti. Mais dans la vie, les gens ne sont pas égaux. Il y a ce qu'on appelle la loi du développement inégal.

Par exemple dans le prolétariat, certaines couches viennent tout juste d'être délogées de leur position de classe moyenne. D'autres sont depuis longtemps prolétaires. Même si la tendance est pour tous le déclassement, tout le monde n'y arrive pas en même temps.

Dans la vie il y a aussi des gens plus intelligents que d'autres. On observe chez tout le monde un décalage de la conscience. Quand notre vie change, on met du temps à adapter nos idées sur la réalité nouvelle. Mais certains mettent plus de temps que d'autres à s'ajuster. Certains ont besoin de voir concrètement l'échec aller jusqu'au bout pour prendre conscience qu'il est temps de changer. D'autres au contraire sont plus vifs, peuvent même, s'ils réfléchissent beaucoup, être en avance sur le mouvement réel.

Selon qu'on est petit bourgeois, prolétaire, bourgeois, on a pas tous les mêmes journées. Certains ont du temps pour étudier et réfléchir. D'autres beaucoup moins.

Bref, la société nous offre un large spectre de consciences différentes. Dans le parti de la classe prolétaire que nous devons construire, chaque personne aura un rôle différent selon son degré de conscience, selon ses aptitudes.

La partie la plus avancée des communistes est une potentielle avant-garde. Toutes les consciences retardataires forment la masse la plus nombreuse. Spontanément, leur conscience va les entraîner du côté réactionnaire, du côté de l'intérêt des bourgeois. Prenons un exemple. Un technicien en CDI est jeté au chômage après une vague de licensiements. Pendant longtemps, sa conscience va être retardataire. C'est à dire qu'il va vouloir revenir en arrière, à sa situation perdue. Mais quand il verra qu'aucune politique bourgeoise ne peut lui rendre son travail, alors sa conscience va faire un bond, rattraper la réalité.

L'avant-garde peut exister et effectuer la partie la plus importante du travail nécessaire à la fondation du parti. Mais pour cela, l'avant-garde elle-même doit 1- trahir son intérêt de classe si elle n'est pas prolétaire 2- élever son propre niveau théorique, de connaissance du marxisme

Est-il possible que des socialistes d'origine bourgeoise ou petite-bourgeoise trahissent leur intérêt de classe ? C'est possible à condition que ces individus y trouvent un quelconque intérêt personnel. Autrement dit, le passage d'éléments issus de la bourgeoisie vers le le camp du prolétariat ne se fait pas sur des bases "morales" ou "d'amour du prochain", mais sur la base de l'intérêt personnel de ces individus à trahir leur intérêt de classe pour travailler main dans la main avec le prolétariat. Concrètement, cela veut dire une conception du parti professionnelle où les révolutionnaires exercent leur activité de façon rémunérée par le parti, c'est à dire indrectement par les ouvriers eux-mêmes. C'est le prolétariat qui doit financer l'activité révolutionnaire, seule garantie pour que les transfuges d'autres classes sociales soient bien fidèles à l'intérêt de classe du prolétariat.

Reste donc à discuter de l'activité de ces éléments révolutionnaires d'avant-garde, qu'ils soient issus du prolétariat ou de l'intelligentsia. Il est évident que le rôle de l'avant-garde est d'attirer à elle tous les prolétaires cultivés intellectuellement afin de renforcer l'activité du parti. Il va de soi également que le rôle des intellectuels marxistes issus de la bourgeoisie n'est pas "d'aller travailler à l'usine" mais de mettre leurs connaissances au service du prolétariat, ce qui est un travail infiniement plus long, difficile, mais aussi infiniement plus utile.

Soit tout le contraire de ce que font les petits bourgeois d'extrême gauche. Leur recherche de "légitimité" les pousse à se faire passer pour des prolétaires. Ils cherchent à agiter le prolétariat dans l'intérêt réactionnaire de la classe moyenne ; réduisant toute action à de l'agitation-propagande stérile. Ils rabaissent la théorie au niveau de conscience des gens au lieu d'élever le niveau de conscience des gens à celui de la théorie. Ils s'imaginent que les prolétaires sont des gens rustres et idiots qui ne peuvent pas comprendre la théorie marxiste. Mais c'est que nos petits bourgeois eux-mêmes ne la comprennent pas. Ils s'imaginent que faire preuve d'intelligence va révéler leur caractère petit bourgeois, et faire tomber le masque sur le vrai intérêt de classe.

C'est précisément ce rabaissement du rôle des révolutionnaires qu'a combattu sans relâche Lénine : « Notre tâche n'est pas de défendre le rabaissement du révolutionnaire au niveau du manouvrier, mais d'élever les manouvriers au niveau des révolutionnaires. »

Elever la conscience de classe des prolétaires est la tâche la plus importante du parti communiste. Mais tout est basé sur l'intérêt de classe et non sur la propagande, sans cela, aucun parti et aucune discipline n'est possible. Les petits bourgeois d'extrême gauche se trompent. Les prolétaires ont envie de s'instruire.

Lénine de conclure sur ce point : « Pour devenir aux yeux du public une force politique, il ne suffit pas de coller l'étiquette “avant-garde” sur une théorie et une pratique d'arrière-garde ; il faut travailler beaucoup et avec opiniâtreté â élever notre conscience, notre esprit d'initiative et notre énergie. »

C'est pourquoi l'essentiel du travail de l'avant-garde révolutionnaire marxiste est un travail théorique, un travail de lutte théorique. L'importance de la théorie, du facteur subjectif, Lénine n'a eu de cesse d'en souligner l'importance cruciale : « Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire On ne saurait trop insister sur cette idée à une époque où l'engouement pour les formes les plus étroites de l'action pratique va de pair avec la propagande à la mode de l'opportunisme. [...] seul un parti guidé par une théorie d'avant-garde peut remplir le rôle de combattant d'avant-garde. »

« L'absence de théorie, disait Lénine, enlève à une tendance révolutionnaire le droit d'exister et la condamne nécessairement, tôt ou tard, à la faillite politique. »

Engels avant Lénine expliquait l'importance de la lutte théorique, à côté de la lutte économique et politique. Ainsi : « Les ouvriers allemands ont deux avantages importants sur les ouvriers du reste de l'Europe. Le premier, c'est qu'ils appartiennent au peuple le plus théoricien de l'Europe et qu'ils ont conservé en eux-mêmes ce sens de la théorie, presque complètement perdu par les classes dites "instruites" d'Allemagne. Sans la philosophie allemande qui l'a précédé, en particulier sans celle de Hegel, le socialisme scientifique allemand, le seul socialisme scientifique qui ait jamais existé, ne se serait jamais constitué. Sans le sens théorique qui leur est inhérent, les ouvriers ne se seraient jamais assimilé à un tel point ce socialisme scientifique, comme c'est le cas à présent. Combien est immense cet avantage, c'est ce que montrent, d'une part, l'indifférence à toute théorie qui est une des principales raisons pour lesquelles le mouvement ouvrier anglais progresse si lentement malgré la magnifique organisation de certains métiers, et d'autre part, le trouble et les hésitations que le proudhonisme a provoqués, sous sa forme primitive, chez les Français et les Belges et, sous la forme caricaturale que lui a donnée Bakounine, chez les Espagnols et les Italiens. »

La lutte théorique consiste à la fois en l'apprentissage et en l'enseignement du marxisme, mais également en la lutte contre les déformations innombrables qu'il subit. Une connaissance poussée des classiques du marxisme-lénisme est indispensable. Une étude sérieuse de la théorie marxiste consiste à appliquer l'outil d'analyse marxiste à notre époque actuelle. Cela requiert une étude du développement économique dans le monde sous tous aspects, du lien et des rapports réciproques de chaque partie dans le monde et de chaque classe sociale dans les divers pays et les diverses parties du monde indissolublement liées les unes aux autres. Bref, une juste application du marxisme consiste à discerner dans le marxisme, le système philosophique d'une part, c'est à dire la vision du monde matérialiste dialectique ; et d'autre part l'application de cette grille de lecture, forcément différente à chaque époque. Chaque époque nouvelle nécessite forcément un nouveau travail théorique afin de correspondre à la réalité, afin de prévoir, d'être en avance sur le développement du monde (d'où le mot "avant-garde"). Le but de la théorie est précisément d'être un guide pour l'action, une lanterne pour éclairer le chemin qui mène à révolution.

Lénine ne disait autre chose : « Notre doctrine, disait Engels de lui-même et de son célèbre ami, n'est pas un dogme, mais un guide pour l'action. Cette formule classique souligne avec force et de façon saisissante cet aspect du marxisme que l'on perd de vue à tout instant. Dès lors, nous faisons du marxisme une chose unilatérale, difforme et morte ; nous le vidons de sa quintessence, nous sapons ses bases théoriques fondamentales –- la dialectique, la doctrine de l'évolution historique, multiforme et pleine de contradictions ; nous affaiblissons son lien avec les problèmes pratiques et précis de l'époque, susceptibles de se modifier à chaque nouveau tournant de l'histoire. »

La liaison du parti avec les masses constitue la force du parti. Mais en quoi résidait la supériorité des bolcheviques sur tous les partis de l'époque, c'est ce que Staline nous explique ici : « Il est nécessaire que nos cadres aient une connaissance approfondie de la théorie économique marxiste. La vieille génération des bolchéviques était très solide théoriquement. Nous avons appris le Capital par cœur, fait des tableaux synoptiques, tenu des discussions et testé mutuellement notre connaissance. Ce fut notre force et cela nous a beaucoup aidés. La deuxième génération a été moins préparée. Ils étaient occupés avec la pratique et la construction. Ils ont étudié le marxisme dans les livres. La troisième génération a été élevée par les articles satiriques de la presse. Ils n'ont aucune compréhension profonde de la théorie économique. Ils doivent être alimentés par une nourriture facile à digérer. La majorité a été élevée non pas en étudiant Marx et Lénine mais à coup de citations. Si l’on continue de procéder ainsi les gens dégénéreront bientôt. »

A la lumière de ces explications, on conçoit plus clairement à quel point le rejet gauchiste de la théorie (peu importe comment il est dissimulé), est un point de vue foncièrement erroné et contraire au développement de l'activité révolutionnaire marxiste.

Informations sur ce site

Ce site entend donner aux communistes les outils intellectuels et idéologiques du marxisme-léninisme. A son époque déjà, Lénine notait "la diffusion inouïe des déformations du marxisme", il concluait que "notre tâche est tout d'abord de rétablir la doctrine de Marx". Ces éléments théoriques ont pour but de participer à la formation des jeunes cadres dont le parti du marxisme révolutionnaire aura besoin en France au cours des prochaines années. A son époque, Marx remarquait déjà "qu'en France, l’absence de base théorique et de bon sens politique se fait généralement sentir". Le manque de formation marxiste-léniniste est un obsctacle majeur à la construction d'un futur parti et un terreau fertile au maintien (voire au retour) des thèses réformistes, révisionnistes, opportunistes qui occupent actuellement tout le terrain sous une multitude de formes. Ce site n'est qu'une initiation au marxisme-léninisme. Les textes ne sont pas suffisants à la maîtrise du marxisme, ils sont une tentative de vulgarisation, d'explication de la pensée marxiste, ainsi qu'un éclairage de l'actualité à l'aide de cet outil. Il va de soi qu'une lecture des classiques du marxisme-léninisme est indispensable.


Vive la révolution marxiste du prolétariat !