La politique est d'abord un ensemble de forces qui s'affrontent pour régler la vie d'un ensemble d'individus vivant ensemble dans un cadre défini.
Mais dire ça, ce n'est pas dire grand chose.
Ce qui compte, c'est la nature de ces forces, leur origne et leur portée.
Dans la vie, les intérêts des gens sont opposés les uns aux autres. Qu'est-ce qui fait que des classes sociales existent ? C'est que dans la société, chacun tire son existence d'une certaine façon. Chacun reproduit sa vie au quotidien d'une certaine façon. Par exemple dans les tribus primitives, en chassant ou en cueillant des fruits. Dans la société aussi, chacun tire son existence d'une certaine activité particulière. S'il existe des classes sociales, c'est parce que nous vivons dans la division du travail, c'est à dire que des membres de la société sont spécialisés dans une activité, d'autres dans une autre, etc. et que sur cette base ils établissent des relations, des rapports qui se ressemblent. Par exemple la vie de tous les artisans se ressemble beaucoup : dans leur travail, leur rapport avec leurs clientèle, leur rapport avec l'état et ses impôts, leur rapport avec les autres entreprises, etc. De sorte que chaque membre de la société peut trouver dans la société-même une foule de gens qui tirent leur existence de la même façon que lui.
Dans la société capitaliste par exemple, ceux qui tirent leur existence de la rente du capital (les capitalistes), forment la classe bourgeoise. Et ceux qui tirent leur existence du travail uniquement forment la classe des travailleurs prolétaires. Et entre les deux existent des classes qui tirent autant leur existence de la propriété d'un petit capital que du travail. De sorte que chaque classe sociale existe objectivement, indépendamment même de la conscience que les individus qui la composent en ont. Un artisan qui n'a jamais vu un autre artisan n'en reste pas moins un membre de telle classe sociale bien précise, dont il ignore peut-être l'existence !
Donc la société est divisée en classes sociales. Chacune a des intérêts qui lui sont propres. On parle d'intérêts de classe. C'est à dire que telle classe sociale a objectivement tel intérêt. Par exemple les artisans ont objectivement intérêt à voir leurs impôts baisser. Cet intérêt objectif se manifeste dans une multitude d'intérêts individuels, celui de tel artisan et de tel autre, ou d'un autre encore. En soi, tel artisan pense d'abord à défendre son intérêt individuel, et parfois ne sait-il même pas qu'il s'agit aussi de l'intérêt des autres artisans de voir les impôts diminuer.
Il y a donc d'un côté la classe sociale et son intérêt objectif ; et de l'autre la conscience de classe et la conscience de l'existence d'un intérêt de classe.
Ce sont deux choses bien différentes. La conscience ne fait que dériver, souvent avec du retard, de la réalité objective. De sorte que la conscience de classe n'est jamais tout à fait alignée sur la réalité des rapports de classe. Elle subit toujours un décalage, un retard plus ou moins grand selon l'époque et la situation sociale concrète.
Par exemple, c'est en cotoyant les autres artisans que l'artisan va se rendre compte qu'ils sont membres d'une seule et même classe sociale, avec le même intérêt, car ils partagent les mêmes difficultés, sont en proires aux mêmes viscissitudes, souhaitent les mêmes changements, etc.
L'autre aspect important, c'est que parmi les classes sociales, toutes ne sont pas égales. Ainsi il existe une classe dominante qui détient le pouvoir réel, et par extension du pouvoir politique, des leviers d'action en tout genre, etc. Et en-dessous, une multitude de classes dominées, exploitées à des degrés divers.
Ainsi les rapports de classe sont ceux de classes dont les intérêts sont non seulements différents, mais aussi contradictoires, opposés, irréconciliables.
C'est sur cette base qu'existe la lutte des classes, c'est à dire la lutte pour l'existence dans la société.
La lutte des classes existe à des degrés divers, selon le degré de conscience.
Au degré de conscience minimum, la lutte est seulement celle d'individus isolés qui ignorent que leur lutte revêt un carcatère de classe, qu'elle recouvre une lutte plus large que celle du simple prolétaire ou du simple individu isolé.
Au degré de conscience supérieur, la lutte est celle d'individus conscients, regroupés, qui connaissent leur intérêt commun de classe et apprennent à s'organiser pour le défendre.
Entre ces deux degrés, il existe une multitude d'états intermédiaires, selon l'époque, l'expérience des individus qui composent les classes sociales. Chaque classe sociale a son propre degré de conscience.
Une des raisons de ce décalage est aussi qu'un individu peut très bien changer de classe sociale. Par exemple un petit bourgeois peut être déclassé dans le prolétariat. Dès lors il garde pendant un temps plus ou moins long ses anciennes idées de classe. Il arrive aussi que des prolétaires aspirent à "s'élever", et se placent non plus du point de vue de leur propre intérêt, mais de celui de la classe dans laquelle ils cherchent à "s'élever". Ce genre de phénomènes entrave la progression de la conscience de classe, la fait retarder parfois considérablement.
Une autre raison est que, bien qu'appartenant à la même classe sociale, les hommes n'en restent pas moins en concurrence entre eux : les prolétaires pour avoir du travail, les capitalistes qui se battent entre eux dans la concurrence, etc. Marx dit : « Les individus isolés ne forment une classe que pour autant qu'ils doivent mener une lutte commune contre une autre classe; pour le reste, ils se retrouvent ennemis dans la concurrence. »
Le rôle de la conscience, des idées, n'est pas sans importance, mais secondaire par rapport aux intérêts. L'idée en elle-même ne fait que pousser sur le terrain concret de l'intérêt. Par exemple si vous dites : "vive les baisses d'impôts !", eh bien vous allez surtout intéresser les gens qui payent beaucoup d'impôts ; mais votre discours n'intéressera pas beaucoup les autres. Vous pourriez le répéter 10, 100, 1000, un million de fois à l'oreille de quelqu'un que ça n'intéresse pas, cela n'y changera rien. Autrement dit en politique le rôle de la propagande ne peut pas être de "changer les mentalités" mais de rassembler des gens partageant le même intérêt afin d'élever le niveau de conscience et d'organisation de la classe.
Mais en vérité les gens "de base" procèdent rarement de cette façon. Dans la vie chacun essaye d'imposer ses idées aux autres, comme une façon de se protéger. Dès lors, l'erreur courante consiste à essayer de convaincre les classes opposées qu'on a raison. Or le débat n'est jamais de savoir qui a raison "objectivement". Quand on a quelque chose à perde, un intérêt vital ce n'est jamais la vérité qui parle, mais l'intérêt lui-même mis en bouche sous forme d'idées.
La vraie politique, celle qui fonctionne, c'est celle qui comprend la nature des rapports de force entre les intérêts opposés. Autrement dit la politique ne s'appuie jamais sur la seule propagande et l'espoir de "changer les mentalités". La vraie politique consiste à trouver dans la société-même des forces concrètes, et ces forces ne reposent en dernier ressors que sur les intérêts bien concrets de telle ou telle classe.
Au sein d'une classe sociale, à partir d'un certain degré de conscience, des hommes sont appelés à représenter l'intérêt de la classe en question. Ce sont par exemple les hommes politiques, les dirigeants en tout genre, les tribuns, etc. Ils s'appuient sur les intérêts des gens, tentent de les formuler de la façon la plus efficace possible afin que ces gens leurs remettent entre les mains leur confiance. C'est ainsi que ces hommes s'appuyent sur des forces concrètes pour conquérir du pouvoir.
Mais dans toute société de classe, les hommes qui dirigent l'appareil d'état, les entreprises, les grands syndicats, etc. sont tenus de travailler uniquement dans l'intérêt de la classe dominante. Pourquoi ? Parce que c'est la classe dominante la plus forte, celle qui a le pouvoir de décider, de remplacer des chefs insoumis par des larbins soumis. De sorte que la politique menée à la tête d'un pays n'est jamais autre chose que la politique décidée par la classe qui domine dans ce pays. Cette vérité simple devra être réptée aussi longtemps que nécessaire face à tous les réformistes, qui prétendent qu'il est possible de mener une politique contraire aux intérêts de la bourgeoisie sans renverser la bourgeoisie de sa situation de classe dominante (c'est à dire de la renverser tout court car elle n'existe comme bourgeoisie qu'en tant qu'elle exerce sa domination dans la société capitaliste). On s'étonne que les hommes politiques trahissent toujours leurs promesses, mais il ne peut en être autrement dans la société actuelle. Ils développent tout un discours afin d'amadouer des masses de gens en les caressant dans le sens de leur intérêt puis trahissent cet intérêt une fois en poste, car ils n'ont d'autre choix que se soumettre à la classe dominante ou partir !
Aussi, dans chaque classe, la variété d'hommes politiques appelés à défendre l'intérêt de cette classe, ne peut en aucune façon mener une politique autre que celle de la classe dominante. C'est pourquoi la "démocratie" actuelle est une totale illusion, il n'est pas possible de changer de politique sans changer préalablement le rapport de force concret entre les classes sociales. Et dans la société capitaliste, tout vrai changement de rapport de force ne peut que signifier la suppression de la classe dominante. Les tentatives réformistes montrent très bien comment les politiciens finissent toujours par rentrer dans le rang une fois en poste, car ils ne détiennent pas le vrai pouvoir ! Ils ne peuvent que mettre en forme les décisions de la classe dominante et rien de plus. C'est ce qu'on appelle la dictature de la bourgeoisie.
Dans la dictature du prolétariat, la situation ne sera pas si différente pour les hommes politiques. Ils devront se conformer à l'intérêt du prolétariat, et ne pourront mener qu'une politique qui soit réellement dans l'intérêt du prolétariat. On prétend par exemple que Staline était un "tyran autoritaire", mais il n'a jamais fait que mettre en forme la politique décidée par le prolétariat qui s'était constitué en classe dominante et avait aboli l'exploitation d'une classe par une autre.
Dans la lutte politique, il n'y a pas seulement une lutte entre les classes sociales, mais aussi une lutte au sein de ces classes-mêmes. En effet, il y a toujours un degré plus ou moins élevé de conscience de classe. Et plusieurs courants tentent toujours de se disputer la place de représentant en chef de telle ou telle classe. De sorte que le premier combat politique, dans la lutte des classes, commence toujours par une lutte de ligne entre tel ou tel représentant qui prétend incarner les intérêt de cette classe. Bien sur parmi ces représentants, certains sont des traîtres qui cherchent à abaisser la conscience de classe afin de s'en servir comme des pantins. D'autres enfin, essayent d'élever le niveau de conscience et d'éducation afin que la classe prenne conscience de son intérêt et se dote d'une organisation de combat. C'est la partie essentielle de la lutte politique. Les plus grandes controverses et les plus grandes haines politiques ne sont pas entre les classes opposées mais entre les représentants qui se disputent la même "part de marché".
Il reste enfin à élucider la portée de l'action politique. En effet, pour les politiciens bourgeois machiavéliques, le pouvoir est juste un moyen de jouir des avantages, de vivre comme un prince, etc. Pour les communistes au contraire, le pouvoir n'est pas un but en soi mais un moyen de transformer la société. Dès lors il n'est jamais rien d'autre que quelque chose qui nous est confié par une classe bien précise, le proletariat ; et qu'on ne saurait trahir sans en payer le prix fort.
La théorie communiste du pouvoir est donc l'exact inverse de la théorie bourgeoise parasitiste et menteuse. Le rôle des communistes, c'est trouver dans la société même les forces sociales qui ont intérêt à balayer le capitalisme, et seul le prolétariat y a intérêt. Ensuite les communistes doivent éduquer, faire progresser la conscience de la classe appelée à l'action. Enfin, en s'appuyant sur cette force organisée et constituée, renverser la classe dominante et mettre fin à l'exploitation ; puis continuer à organiser la transformation de la société après la révolution. Et bien sur, cela ne peut pas se faire sans l'existence du prolétariat, cela ne peut pas se faire avec d'autres classes sociales (petite bourgeoisie par exemple) ; car la classe qui nous délègue du pouvoir ne tolère une politique que dans son propre intérêt, on ne peut pas s'appuyer sur une force concrète pour faire le contraire de ce qu'elle veut (pas bien longtemps en tout cas). De plus on ne peut pas réduire toute action à de la simple propagande comme se l'imaginent les anarchistes, car ce serait séparer de façon idéaliste les idées des intérêts des gens.
Voilà sur quelle base s'appuye la théorie politique marxiste.
Et notamment, les communistes s'appuyent sur la science, c'est à dire la vérité, car les prolétaires n'ont aucun intérêt propre à perdre dans la société actuelle. Ils n'ont donc rien à couvrir par des mensonges. Les défenseurs de la classe dominante répandent sans cesse les superstitions, la mystique, le mensonge, le dogmatisme et la confusion. C'est l'exact inverse que doivent faire les communistes. Révéler sans cesse la vérité, en s'appuyant sur la science, voilà aussi la vraie tâche des communistes. Seuls ceux qui exploitent les autres ont intérêt à proférer des mensonges, pour duper leurs esclaves. Toute vérité travaille pour le communisme.
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Ce site entend donner aux communistes les outils intellectuels et idéologiques du marxisme-léninisme. A son époque déjà, Lénine notait "la diffusion inouïe des déformations du marxisme", il concluait que "notre tâche est tout d'abord de rétablir la doctrine de Marx". Ces éléments théoriques ont pour but de participer à la formation des jeunes cadres dont le parti du marxisme révolutionnaire aura besoin en France au cours des prochaines années. A son époque, Marx remarquait déjà "qu'en France, l’absence de base théorique et de bon sens politique se fait généralement sentir". Le manque de formation marxiste-léniniste est un obsctacle majeur à la construction d'un futur parti et un terreau fertile au maintien (voire au retour) des thèses réformistes, révisionnistes, opportunistes qui occupent actuellement tout le terrain sous une multitude de formes. Ce site n'est qu'une initiation au marxisme-léninisme. Les textes ne sont pas suffisants à la maîtrise du marxisme, ils sont une tentative de vulgarisation, d'explication de la pensée marxiste, ainsi qu'un éclairage de l'actualité à l'aide de cet outil. Il va de soi qu'une lecture des classiques du marxisme-léninisme est indispensable.
Vive la révolution marxiste du prolétariat !
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