Crise du système impérialiste mondial

Préface

Quel combat, pour quelle époque ? Je pourrai résumer ainsi ce que furent les questions fondamentales de trois générations de communistes que j’ai côtoyé.

En ce qui concerne la politique des dirigeants communistes français, celle qui m’est la plus familière, je dirai opportunisme et suivisme vis-à-vis de la social-démocratie dans la période du Front Populaire. Ce qui valut au Parti français l’élimination physique et l’emprisonnement massif de ses cadres syndicaux et politiques dans l’immédiat avant-guerre (avec un encadrement de lois "démocratiques". 1938-1940).

Opportunisme à nouveau à la Libération et collaboration de l’équipe Thorez/Duclos avec la bourgeoisie. Élimination des anciens résistants des instances dirigeantes.

Opportunisme sur la question coloniale. Dans les années cinquante (Indochine), puis lors de la guerre d’Algérie, les mots d’ordre pacifistes prennent le pas sur la ligne anti-impérialiste qui aurait voulu que le Parti français réclame l’indépendance des colonies et pas seulement la paix… "française".

Trahison directe lors de Mai 68 où la CGT, immense syndicat à l’époque, dirigée directement par l’appareil du parti, enterre l’espoir de millions de grévistes en signant les accords de Grenelle avec tous les autres syndicats.

Et puis il arriva ce qui arrive à tous ceux qui font des concessions, des courbettes, jouent au parlementarisme, à la "démocratie" : la mort lente du parti français et des centaines de milliers de militants déboussolés par ces années d’errance, de collaboration.

Pourtant, les militants ne manquaient ni de courage ni de bon sens. Mais cela ne suffit pas. La direction du parti n’avait jamais fait, de sa création à sa déchéance finale, d’analyse concrète de la situation concrète. Sombrant dans le suivisme du mouvement spontané, dans le parlementarisme, la bureaucratie et, excuse suprême, dans une soi-disant "obéissance" aux "ordres" de Moscou, c'est-à-dire à Staline dans la vision post 20ème Congrès du PCUS, la vision Kroutchévienne, révisionniste, de l’histoire du mouvement communiste international.

2009, ou en sommes nous ? : dans une situation encore pire que celle de 1938. Pas d’organisation centralisée, pas de pays socialiste, une domination sans partage et mondiale de l’idéologie bourgeoise qui a fait du divertissement une industrie de l’abrutissement et qui porte une attention toute particulière à la jeunesse.

Le tableau n’est pas brillant. Beaucoup d’opportunités d’édification d’un mouvement communiste authentique ont été perdues, galvaudées dans des querelles sectaires, gauchistes, néo-révisionnistes. Les "nouveaux" marxistes-léninistes d’après 1968 n’ont fait que rabâcher un vieux catéchisme.

Décidément, comme le faisait déjà remarquer Lénine après la création du Parti Communiste Français en 1920 à Tours, les communistes en France eurent, avaient et ont des "planches pourries" à leur tête.

Il est temps de sortir de cet engrenage et de passer aux choses sérieuses. Il y a deux années, l’auteur de cet ouvrage nous livrait une magistrale étude intitulée Impéralisme et anti-impérialisme. Aujourd’hui, il nous fournit un travail essentiel sur les modifications intervenues dans les rapports inter-impérialistes dans ces deux années. Il n’hésite pas une seconde, en bon matérialiste dialectique, à nous dire que la situation a changé et que, par voie de conséquence, c’est toute l’orientation politique des communistes de par le monde qui DOIT changer.

Point de prophétie, ou de langue de bois. Point de dogme, et de phrases toutes faites. Non, une analyse documentée, précise.

Mais qu’on ne s’y trompe pas, derrière le théoricien, derrière l’analyse, il y a le militant de terrain, le travailleur intellectuel acharné qui poursuit un but, notre but : l’édification du Parti Communiste.

Il est possible que nous n’ayons pas le temps de travailler à cela avant que n’éclatent la véritable crise du système impérialiste et son lot de violences. Comme nous l’enseigne l’histoire, il est possible que ce soit pendant les combats et dans des conditions extrêmement difficiles que nous ayons à mettre sur pied une Organisation Communiste.

Mais, après tout, peut-être est-ce le prix à payer pour qu’émergent les communistes de demain. Les situations de crise donnent toujours des hommes concrets, car les choix sont vitaux. Les "peut-être", les atermoiements de la petite bourgeoisie face à la révolution ne sont plus de mise. On doit choisir son camp.

Quel combat, pour quelle époque ? Cette préface commençait ainsi.

L’ouvrage qui suit, comme ceux de Marx et de Lénine pour leur époque, nous donne les clefs indispensables pour comprendre et transformer la nôtre.

— — — — — — — — — — — — — — — — — —

G.L. — France — Juillet 2009

 

Retour