2017

Version 3.0



marx

Site des prolétaires de fer

"Millions de morts" du communisme

Les fausses accusations portées contre les communistes


« Des générations de bolcheviks seront accusées de beaucoup de choses dont elles ne sont pas coupables. Toutefois... le vent de l'histoire balaiera inévitablement de nos tombes les feuilles mortes de la calomnie et découvrira la vérité. » - Staline

Selon les propagandistes de la bourgeoisie, le communisme serait impossible, car l'homme est par nature égoïste et mauvais.

Par "homme", ils n'entendent pas parler de tous les hommes. La "nature humaine mauvaise", bien sur ne concerne pas les hommes de la bourgeoisie, ni des écrivains de la bourgeoisie, ni de ses historiens, ni de ses philosophes, ni de ses économistes.

"L'homme est mauvais", mais en revanche, la bourgeoisie est une espèce un peu à part d'hommes bons et généreux.

Et parmi ces bon samaritains qui éclairent l'humanité, certains sont spécialement dévoués à un travail qui les occupe pleinement : révéler au monde les atrocités du communisme. C'est ainsi que cette assemblée de sages désintéressés étudia de façon on ne peut plus objective l'histoire de l'Union Soviétique, révéla au monde les horreurs du stalinisme, des goulags, des millions de morts, des famines, des tortures, des déportations, etc.

Preuves à l'appui, sources, livres, documentaires, nos grands sages désintéressés objectifs ne manquent de rien pour étayer leurs thèses. Et on est aller jusqu'à dresser ce sinistre tableau en système historique complet.

Ainsi la grande assemblée de sages désintéressés vivant, non du salaire de la bourgeoisie, mais d'amour et d'eau fraîche, décide régulièrement par un grand vote entre grands sages de ce qu'est la vérité d'ici bas.

Voyons donc en quoi consiste la théorie des "millions de morts du communisme". Il faut pour cela étudier l'histoire de la révolution bolchevique et de l'URSS.

Avant-même la révolution bolchevique, en 1913, Lénine écrivait : « La doctrine de Marx suscite, dans l'ensemble du monde civilisé, la plus grande hostilité et la haine de toute la science bourgeoise (officielle comme libérale), qui voit dans le marxisme quelque chose comme une "secte malfaisante". On ne peut pas s'attendre à une autre attitude, car dans une société fondée sur la lutte des classes, il ne saurait y avoir de science sociale "impartiale". Toute la science officielle et libérale défend, d'une façon ou de l'autre, l'esclavage salarié, cependant que le marxisme a déclaré une guerre implacable à cet esclavage. »

La criminilisation du communisme par les classes dirigeantes, ainsi que les calomnies sont bien antérieures à la prise du pouvoir par les bolchéviques en 1917. Déjà Marx à son époque, puis Lénine par la suite, étaient dépeints par les classes dirigeantes (et ses alliés petits bourgeois anarchistes) comme des monstres sanguinaires assoifés de sang. Lénine notait ainsi : « Du vivant des grands révolutionnaires, les classes d'oppresseurs les récompensent par d'incessantes persécutions ; elles accueillent leur doctrine par la fureur la plus sauvage, par la haine la plus farouche, par les campagnes les plus forcenées de mensonges et de calomnies. »

La mise en place de la dictature du prolétariat dans l'ancien empire Russe ne pouvait manquer d'entraîner en retour un déchaînement de mensonges et de calomnies. Lénine notait ainsi : « La dictature du prolétariat, c'est la guerre la plus héroïque et la plus implacable de la nouvelle classe contre un ennemi plus puissant, contre la bourgeoisie dont la résistance est décuplée du fait de son renversement (ne fût-ce que dans un seul pays) »

Et cette résistance décuplée passe aussi par la diabolisation des communistes. Dans l'europe de 1917, on peut dire que la bourgeoisie européenne sentait son édifice vaciller. Beaucoup ont cru à une révolution d'ampleur bien plus grande qu'une révolution limitée à la Russie. En France et en Allemagne, tout comme en Russie quelques mois plus tôt, les mutineries de soldat se multipliaient sur le front. En Angleterre, les émeutes devenaient de plus en plus nombreuses.

Lénine écrivait ainsi en 1919 dans De l'état :

« Et cette société, fondée sur la propriété privée, sur le pouvoir du capital, sur la subordination complète de tous les ouvriers et des masses paysannes laborieuses pauvres, cette société, dis-je, proclamait que sa domination était fondée sur la liberté. Luttant contre le servage, elle déclarait libre toute propriété et elle était particulièrement fière que l'Etat eût, soi-disant, cessé d'être un Etat de classe.

Or, l'Etat demeurait une machine qui aide les capitalistes à assujettir la paysannerie pauvre et la classe ouvrière ; mais extérieurement, il est libre. Il proclame le suffrage universel, déclare par la bouche de ses zélateurs, de ses avocats, de ses savants et de ses philosophes, qu'il n'est pas un Etat de classe. Même aujourd'hui, quand les Républiques socialistes soviétiques ont engagé la lutte contre lui, ils nous accusent de violer la liberté, d'édifier un Etat fondé sur la contrainte, sur la répression des uns par les autres, alors qu'ils représenteraient, eux, l'Etat démocratique, l'Etat de tout le peuple.

[...]

Que dit-on du bolchevisme ? La presse bourgeoise vilipende les bolcheviks. Vous ne trouverez pas un journal qui ne reprenne contre eux l'accusation, devenue courante, de violer la démocratie. Si nos mencheviks et nos socialistes-révolutionnaires, dans leur candeur d'âme (mais peut-être s'agit-il ici de tout autre chose que de candeur, ou bien d'une candeur qu'on dit pire que fourberie ?), pensent avoir découvert et inventé l'accusation, lancée contre les bolcheviks, de violer la liberté et la démocratie, ils s'abusent de la façon la plus comique. Il n'est pas à l'heure actuelle, dans les pays richissimes, un seul des journaux richissimes qui dépensent des dizaines de millions pour les diffuser, sèment le mensonge bourgeois et exaltent la politique impérialiste en dizaines de millions d'exemplaires, - il n'est pas, dis-je, un seul de ces journaux qui ne reprenne contre le bolchevisme ces arguments et ces accusations massues, à savoir que l'Amérique, l'Angleterre et la Suisse sont des Etats avancés, fondés sur la souveraineté du peuple, alors que la République bolchevique est un Etat de brigands qui ignore la liberté, que les bolcheviks portent atteinte à l'idée même de la souveraineté populaire et qu'ils ont été jusqu'à dissoudre la Constituante. Ces terribles accusations lancées contre les bolcheviks sont reprises dans le monde entier.

[...]

La République des Soviets a rejeté ce mensonge bourgeois et déclaré ouvertement: vous prétendez que votre Etat est libre ; mais en réalité, tant qu'existe la propriété privée, votre Etat, fût-il une république démocratique, n'est qu'une machine aux mains des capitalistes pour réprimer les ouvriers, et cela apparaît d'autant plus clairement que l'Etat est plus libre. La Suisse en Europe, les Etats-Unis en Amérique, en sont un exemple. Nulle part la domination du capital n'est aussi cynique et impitoyable, et nulle part cela n'éclate autant que dans ces pays qui sont pourtant des républiques démocratiques, malgré leur savant maquillage, malgré tous les propos sur la démocratie pour les travailleurs, sur l'égalité de tous les citoyens.

[...]

La force du capital est tout, la Bourse est tout ; le Parlement, les élections ne sont que des marionnettes, des fantoches...

[...]

Quelles que soient les formes revêtues par la république, fût-elle la plus démocratique, si c'est une république bourgeoise, si la propriété privée de la terre, des usines et des fabriques y subsiste, et si le capital privé y maintient toute la société dans l'esclavage salarié, autrement dit si l'on n'y réalise pas ce que proclament le programme de notre Parti et la Constitution soviétique, cet Etat est une machine qui permet aux uns d'opprimer les autres.
»

La guerre impérialiste européenne était en train de se transformer en guerre civile dans chaque pays, en guerre révolutionnaire des soldats contre "leur" propre bourgeoisie. Excédés par cette guerre sans fin, les soldats de tous les pays commençaient à prendre conscience de l'escroquerie de la guerre. Les lettres des sodats de l'époque témoignent de l'état d'esprit sur le front : passé le délire patriotique des premiers mois, les soldats ont compris qu'ils étaient les victimes d'une guerre qui ne profitait qu'aux fabriquants d'armes, aux banquiers. Durant leur permission, les soldats pouvaient voir ce qu'il se passe "à l'arrière" : les bourgeois, les spéculateurs en tout genre, qui s'engraissaient pendant que les soldats crevaient au front. La haine était croissante entre les soldats et les planqués de l'arrière. Pendant que les soldats sacrifiaient leur vie "pour la patrie", d'autres s'enrichissaient.

Les planqués de l'arrière quant à eux, craignaient et méprisaient ces soldats, qui n'étaient pour la plupart que des prolétaires ou des paysans. Beaucoup de soldats revenaient à l'arrière après avoir déserté ou après s'être mutilés afin d'échapper aux combats. N'ayant plus d'illusions sur le "patriotisme", ils ne rêvaient désormais que de faire la paix entre les peuples et pour certains, à mener la guerre contre les véritables responsables de la guerre... Dès l'année 1917, terrifiés par ce retour en masse et souvent clandestin de nombreux soldats, des milices bourgeoises se créèrent un peu partout à l'arrière afin de se protéger de ce retour massif de pauvres armés jusqu'au dents et prêts à se venger... C'est dans la foulée de ces milices bourgeoises que sont nées les milices fascistes.

C'est seulement en Russie que la révolution éclata, d'abord en février 1917, avec la révolution bourgeoise, qui a maintenu le pays dans la guerre, puis en octobre 1917, la prise du pouvoir par les bolcheviques. C'est à ce moment que les calomnies anti-communistes sur le bolchevisme sont nées. Les immigrés russes blancs arrivés en Europe ont colporté avec eux toute sorte d'histoires. C'est de ce genre d'histoire que sont nés les premiers mythes. Nous en avons la trace dans mein kampf, où Hitler raconte en 1925 :

« Un exemple effroyable de cet esclavage est fourni par la Russie où le Juif a, avec un fanatisme vraiment sauvage, fait périr au milieu de tortures féroces ou condamné à mourir de faim près de trente millions d'hommes, pour assurer à une bande d'écrivains juifs et de bandits de la Bourse la domination sur un grand peuple. »

Ici, il est question de "30 millions de morts". Rappel, ces phrases ont été écrites entre 1924 et 1925 par Hitler dans sa cellule, bien avant les prétendus "millions de morts" dont il est question (prétendu génocide en Ukraine dans les années 1930). Mais qu'importe, la propagande occidentale reprit telles quelles ces accusations. Les plus grands jouraux et médias du monde occidental n'hésitèrent pas à relayer ce genre de thèses. Le fait qu'elles aient été principalement mises en forme par les nazis n'a visiblement aucune importance. Car c'est bien de là qu'est la "source", une source on ne peut plus fiable cela va de soi... On peut lire aussi :

« Il ne faut jamais oublier que les gouvernants de la Russie actuelle ne sont que de vulgaires criminels tout souillés de sang ; il s'agit là d'une lie de l'humanité, qui, à la faveur d'une heure tragique, assaillit un grand Etat, abattit et extermina par millions, avec une sauvagerie sanguinaire, les intellectuels de ses classes dirigeantes et qui exerce depuis bientôt dix ans la plus cruelle tyrannie de tous les temps. Il ne faut pas oublier non plus que ces gouvernants appartiennent à un peuple qui unit, à un rare degré, une cruauté bestiale avec un art incroyable du mensonge et qui, maintenant plus que jamais, se croit prédestiné pour imposer son oppression sanglante au monde entier. »

Là encore ces accusations font référence à ce qui s'est produit après la révolution russe. On peut déjà noter les incohérences du discours d'Hitler. Tantôt le peuple russe est un "grand peuple", tantôt un peuple de "vulgaires criminels". A quoi servait une telle propagande ? A reconditionner les soldats des pays européens afin qu'ils aillent mourir pour sauver leurs maîtres esclavagistes bourgeois dans la guerre contre le bolchevisme, alors même qu'ils sortaient épuisés de plusieurs années de conflit inutile les uns contre les autres.

La question est-donc : que s'est-il passé ? La révolution bolchevique a effectivement conduit à une guerre civile. Une guerre fait des morts, et en premier lieu cette guerre civile a été une guerre entre le camp des ouvriers paysans et soldats d'une part, et la bourgeoisie et l'autocratie russe d'autre part. La propagande bourgeoise essaye de faire croire que c'est Staline et sa tcheka (ancêtre du NKVD) aurait procédé a des arrestations et meurtres de masses à la suite de la révolution. C'est une vision totalement erronée des évènements. Les attaques contre la bourgeoisie (ses biens et ses personnes), ont été conduites principalement et spontanément par le peuple russe lui-même, et pas seulement par l'état soviétique en construction. S'il est donc vrai qu'il y eut un grand nombre de morts et d'arrestations, la responsabilité n'en incombe pas principalement aux bolcheviques.

Deuxièmement, il est tout à fait digne d'un communiste d'assumer ces actes. Lénine écrivait ainsi : « Les socialistes ont toujours condamné les guerres entre peuples comme une entreprise barbare et bestiale. Mais notre attitude à l'égard de la guerre est foncièrement différente de celle des pacifistes (partisans et propagandistes de la paix) bourgeois et des anarchistes. Nous nous distinguons des premiers en ce sens que nous comprenons le lien inévitable qui rattache les guerres à la lutte des classes à l'intérieur du pays, que nous comprenons qu'il est impossible de supprimer les guerres sans supprimer les classes et sans instaurer le socialisme; et aussi en ce sens que nous reconnaissons parfaitement la légitimité et la nécessité des guerres civiles, c’est à dire des guerres de la classe opprimée contre celle qui l'opprime, des esclaves contre les propriétaires d'esclaves, des paysans serfs contre les seigneurs terriens, des ouvriers salariés contre la bourgeoisie. Nous autres, marxistes, différons des pacifistes aussi bien que des anarchistes en ce sens que nous reconnaissons la nécessité d'analyser historiquement (du point de vue du matérialisme dialectique de Marx) chaque guerre prise à part. L'histoire a connu maintes guerres qui, malgré les horreurs, les atrocités, les calamités et les souffrances qu'elles comportent inévitablement, furent progressives, c'est à dire utiles au développement de l'humanité en aidant à détruire des institutions particulièrement nuisibles et réactionnaires (par exemple, l’autocratie ou le servage) et les despotismes les plus barbares d'Europe (turc et russe). Aussi importe-t-il d'examiner les particularités historiques de la guerre actuelle. »

Autrement dit, la guerre civile, la guerre révolutionnaire, celle qui fait des morts du côté de la classe dominante est parfaitement légitime, juste et morale. La morale communiste n'a rien à voir avec la morale soit disant universelle et "au-dessus des hommes" de la bourgeoisie et de ses clercs.

« Notre morale, disait Lénine, est entièrement subordonnée aux intérêts de la lutte de classe du prolétariat. Notre morale a pour point de départ les intérêts de la lutte de classe du prolétariat. [...] Voilà pourquoi nous disons : la moralité considérée en dehors de la société humaine n’existe pas pour nous ; c’est un mensonge. La moralité pour nous est subordonnée aux intérêts de la lutte de classe du prolétariat. [...] Nous disons : est moral ce qui contribue à la destruction de l’ancienne société d’exploiteurs et au rassemblement de tous les travailleurs autour du prolétariat en train de créer la nouvelle société, la société communiste. »

Autrement dit, l'arrestation, l'enfermement voire l'exécution de quantités de membres de l'ancienne classe exploiteuse est parfaitement justifiée. Bien sur c'est "mal", du point de vue des capitalistes et bourgeois, des "démocraties" droits de l'hommistes dont la seule préoccupation est la survie de leur système esclavagiste et des droits de l'hommes, c'est à dire "des droits des membres de la société bourgeoise" selon la formule de Marx. Il va de soi que ces "démocraties" n'ont que faire d'envoyer en retour à la mort des millions d'esclaves si cela peut les sauver. La question posée à l'époque était donc celle d'une guerre de classe, d'une guerre à mort qui se jouait principalement en Russie.

Combien y a-t-il eu de morts exactement entre 1917 et 1922 ? Les estimations penchent pour 20 millions. Mais il va de soi que ces 20 millions ne sont pas 20 millions de "victimes du bolchévisme". Immédiatement après la prise du pouvoir par les bolchéviques en octobre 1917 et la paix unilatérale, les forces alliées occidentales ont entrepris de mettre sur pied une vaste coalition contre la Russie bolchevique. Alors-même que le pays était exsangue après 3 années de guerre et de destructions, le peuple russe avait à nouveau à subir de rudes combats. La production agricole et industrielle était au plus bas. Le reste du monde était lui aussi touché par des famines. Si on ajoute à cela les conditions d'hygiènes déplorables des soldats sur le front, on comprend ainsi comment de nombreuses épidémies ont éclaté, pas seulement en Russie, mais sur le continent tout entier. On attribue pas les 50 millions de morts de la grippe espagnole de 1918-1919 au capitalisme... pourtant c'est bien à cause de leurs guerres que cette épidémie a ravagé le monde. De même, la guerre imposée de force à la Russie bolchevique créa des famines effroyables.

Autrement dit les bolcheviques n'ont pas tué 20, ni 30 millions de personnes entre 1917 et 1922. Il y eut bien des exécutions et des arrestations, mais dans des proportions sans commune mesure avec les chiffres avancés par Hitler (chiffres repris sans problèmes par la propagande occidentale par la suite).

La Russie bolchévique était alors encerclée par les armées blanches de l'ancien régime tsariste (qui finirient par être soutenues par des groupes anarchistes), plus la coalition de 14 pays (principalement d'Europe mais aussi le Japon à l'est), ainsi que d'autres attaques comme celle du nouvel état polonais. Malgré la production anémique, la fatigue de la population, malgré les famines, et les épidémies qui s'ensuivirent, malgré la nécessité de réprimer la bourgeoisie au sein-même de la Russie, malgré toutes les difficultés possibles et imaginables, les bolcheviques sortirent vainqueurs du conflit (du moins en grande partie). On aurait peine à croire qu'un régime puisse sortir victorieux d'un tel conflit sans être soutenu par le peuple, désireux de sauver la révolution tout juste faite, désireux de repousser les rapaces impérialistes qui ne rêvaient que de les enchaîner à nouveau alors même qu'ils venaient de s'en émanciper.

On oublie aussi l'essentiel, sans la "menace bolchevique", jamais l'Allemagne et les alliés n'auraient fait la paix (pour aller attaquer les bolcheviques cela va de soi). Autrement dit sans la révolution d'octobre 1917, la guerre aurait pu durer encore longtemps, très longtemps. On peut donc commencer aussi à faire le compte des vies sauvées par le bolchévisme...

L'autre grief contre les bolcheviques est la prétendue "famine en Ukraine" organisée par Staline dans les années 1930. Il va de soi qu'il s'agit d'une pure invention de propagande (ou plutôt, cela ne va pas de soi, tant la propande sur ce sujet est importante).

En réalité, ce qui s'est produit en Ukraine durant cette période relève à nouveau de la lutte de classes. Celle entre l'ancienne classe des paysans riches (koulaks), opposés aux paysans pauvres des kholkozes. Il faut pour comprendre cette question s'intéresser à la question agraire en Russie et en URSS.

Au la fin du 19ème siècle, la Russie tsariste a entrepris un certain nombre de réformes agraires afin de faciliter le développement du capitalisme dans les campagnes. Les réformes du libéral Stolypine ont amorcé la fin du servage et le début d'une agricutlure capitaliste. Auparavant, le système agricole en Russie consistait en des fermes collectives (système du mir) soumises aux grands propriétaires terriens de la noblesse. Avec l'introduction de la propriété privée de la terre, Stolypine entendait créer une nouvelle classe de petits prorpétaires terriens sur le modèle français. L'objectif était à la fois de moderniser la Russie et d'affaibilir le potentiel révolutionnaire de la paysannerie en en transformant une partie en classe moyenne propriétaire. Cette nouvelle classe, les "koulaks", étaient détestés des paysans pauvres, forcés de travailler pour eux. Ils exploitaient de façon féroce les paysans pauvres, tandis qu'une partie importante de ces paysans, ne pouvant accéder à la propriété, étaient contraints de partir en ville.

La révolution socialiste devait instaurer la propriété sociale des moyens de production. La propriété sociale signifie une propriété pubique, d'état socialiste, une propriété démocratique donc. La propriété collective des mirs, elle, n'est pas encore la propriété sociale.

Dans la période de 1917 à 1929, la Russie était si accablée par la ruine et le besoin qu'elle ne pouvait passer immédiatement à la propriété sociale de la terre. La NEP (nouvelle politique économique) avait laissé la propriété de la terre aux koulaks. Epuisée par la guerre, la Russie bolchevique ne pouvait mener à nouveau une guerre, sous peine de subir à nouveau famines et retard dans le développement économique. C'est pourquoi, afin de laisser le pays souffler, rien ne fut entrepris avant 1929. Evidemment ce capitalisme d'état n'était pas destiné à durer, et les plans quinquennaux débutèrent dès 1929. La question de socialiser la production agricole était donc posée.

Il s'agissait de procéder en deux temps. Dans un premier temps, s'appuyer sur la classe des paysans pauvres pour rétablir le système du mir (sous la forme moderne des kholkozes). Ces fermes collectives vendant obligatoirement leur production à l'état, en échange de quoi elles bénéficiaient gratuitement du matériel comme des tracteurs, des moissonneuses, etc. issus des plans quinquennaux dans l'industrie. C'est le système des STM (Stations de tracteurs et machines agricoles). La deuxième étape devait être ensuite de nationaliser progressivement les kholkozes afin de les faire passer de petites propriétés collectives à propriété socialiste d'état. Cette deuxième étape n'a jamais eu lieu à cause des réformes de 1957 de Khroutchtchev qui démantela les STM et revendit la terre à des paysans, faisant ainsi machine arrière sur le socialisme.

La première étape supposait donc de déposséder les koulaks afin de transférer la propriété de la terre aux kholkozes. C'est cette lutte de classe dans les campagnes russes et ukrainiennes qui donna lieu à des épisodes de famine. Afin de résister à la collectivisation, les koulaks attaquèrent les kholkozes, sabotèrent la production, et ainsi de suite. La famine facilitant le développement des épidémies, la région connut alors un nombre important de morts. A l'aide d'images tirées des famines datant de la guerre civile, les propagandistes bourgeois occidentaux inventèrent ainsi la thèse du génocide. Ces mêmes images proviennent en fait de famines qu'ils avaient provoqué eux-même par leurs guerres 10 ans auparavant...

L'autre accusation dirigée contre les bolcheviques sont les fameux "procès de Moscou". Là encore sur ce sujet la propagande occidentale est totalement schizophrène. D'un côté elle accuse (en choeur avec les trotskystes) Staline d'avoir installé une prétendue "bureaucratie" au pouvoir. De l'autre elle reproche les purges au sein de l'appareil d'état et du parti communiste d'Union Soviétique qui ont eu lieu en 1937. En réalité, là encore les bolcheviques n'ont fait qu'appliquer les principes du socialisme.

Dans sa jeunesse Staline écrivit plusieurs textes importants, voici ce qu'il disait : « On ne saurait considérer la révolution socialiste comme une attaque par surprise et de brève durée. C'est une lutte de longue haleine, au cours de laquelle les niasses prolétariennes triomphent de la bourgeoisie et s'emparent de ses positions. Et comme la victoire du prolétariat lui permettra en même temps d'instaurer sa domination sur la bourgeoisie vaincue ; comme, au moment de la collision des classes, la défaite de l'une signifiera la domination de l'autre, le premier stade de la révolution socialiste sera la domination politique du prolétariat sur la bourgeoisie. La dictature socialiste du prolétariat, la prise du pouvoir par le prolétariat, voilà par quoi doit commencer la révolution socialiste. »

Or la prise du pouvoir du prolétariat signifie la fin de la contradiction dans la société au sens où il n'existe plus de classe exploiteuse. Cependant la lutte de classe ne saurait s'arrêter là, bien au contraire. Les anciennes classes exploiteuses rêvent de reprendre le pouvoir, tandis qu'elles obtiennent un soutien extérieur des pays capitalistes. C'est pourquoi Staline écrivait en 1937 :

« Il faut démolir et rejeter loin de nous la théorie pourrie selon laquelle, à chaque pas que nous faisons en avant, la lutte de classe, chez nous, devrait, prétend-on s'éteindre de plus en plus ; qu'au fur et à mesure de nos succès, l'ennemi de classe s'apprivoiserait de plus en plus. C'est non seulement une théorie pourrie, mais une théorie dangereuse, car elle assoupit nos hommes, elle les fait tomber au piège et permet à l'ennemi de classe de se reprendre, pour la lutte contre le pouvoir des Soviets. [...] Au contraire, plus nous avancerons, plus nous remporterons de succès et plus la fureur des débris des classes exploiteuses en déroute sera grande, plus ils recourront vite aux formes de lutte plus aiguës, plus ils nuiront à l'Etat soviétique, plus ils se raccrocheront aux procédés de lutte les plus désespérés, comme au dernier recours d'hommes voués à leur perte. »

L'état soviétique et le parti communiste d'Union Soviétique n'étaient pas à l'abri d'infiltrations, de sabotages en tout genre. Dès la prise du pouvoir par les nazis en Allemagne en 1933, les éléments trotskystes et autres saboteurs reçurent de leur part un soutien direct en vue de préparer un coup d'état afin de renverser les bolcheviques. Une nouvelle classse dominante exploiteuse tentait de se former à l'intérieur de l'état soviétique. La continuation de la dictature du prolétariat consistait donc à éliminer tous ces éléments hostiles sous peine de voir la restauration du capitalisme au sein de l'URSS (comme cela se produisit finalement en 1956). Contrairement à ce qu'explique la propagande occidentale, ces purges n'ont pas été menées par Staline en personne, signant des exécutions depuis son bureau. Les purges ont été menées par le peuple soviétique lui-même, qui exerçait lui-même son contrôle démocratique sur l'état.

La dernière question concerne les fameux goulags. La nécessité d'emprisonner un certain nombre de personne est propre à tout état. Toute société de classe (c'est à dire toute société y compris la société socialiste) est la dictature de la classe dominante, qui utilise la machine d'état pour imposer son contrôle sur la société. Dans tous les états capitalistes, il existe un état, une police, une armée, un système carcéral. Dans le plus grand pays des "droits de l'homme", aux états-unis, le nombre de prisionniers est équivalent à la population des goulags à l'époque de l'URSS de Staline. Mais la question n'est pas là, elle n'est pas celle d'une "morale" abstraite. Elle est celle de savoir qui étaient dans ces prisons. En URSS, la majorité des prisionniers des goulags étaient des prisonniers de droit commun. Les prisonniers dits "politiques" étaient plus nombreux aux moments des purges (par exemple en 1937). Les conditions de détention étaient peu différentes de l'ancien système de prisons tsaristes. La question donc des prisons en général, est de savoir si ces prisons sont celles de la dictature de la bourgeoisie contre le prolétariat ou celle de la dictature du prolétariat contre la bourgeoisie. Voilà le seul critère de jugement valable. Les bons sentiments petits bourgeois sur la "violence en général" sont des phrases creuses lorsqu'un conflit de classe mondial exige de telles mesures sous peine de voir se rétablir le pouvoir de la bourgeoisie. C'est pourquoi ces mesures sont parfaitement nécessaires.

On peut aussi rappeler une précision sur les termes. Parler de "millions de morts du communisme" est erroné au sens où les pays dits "communistes" étaient encore à la phase inférieure du socialisme, et non à la phase supérieure (communisme). De plus, la plupart des pays inclus dans ces "millions de morts", tels que la Chine, Cuba, le Vietnam, le Cambodge, etc. n'ont jamais été socialiste. En dépit des nombreuses inventions de propagande dont ces pays ont été victimes au même titre que l'URSS, ces pays ont simplement vécu des révolutions bourgeoises anti-impérialistes et non des révolutions socialistes comme l'URSS.

Les diverses accusations contre le "stalinisme" furent repris par les révisionnistes avec le "rapport Khrouchtchev" (en fait écrit par la CIA), dans lequel la plupart des accusations bourgeoises sur les "crimes du communisme" ont été reprises par les nouveaux dirigeants de l'URSS afin de donner des gages aux américains (qui ont soutenu ce coup d'état) et de commencer la destruction du socialisme.

Pour conclure, il suffit de regarder les millions de morts bien réels du capitalisme pour voir de quoi est faite cette "morale" des exploiteurs. Tous les morts ne se valent pas pour nos moralistes bourgeois des "droits de l'homme". En un sens, les communistes n'ont pas à penser moins en retour, à ceci près que les communistes réels ne se drapent pas d'une pseudo-morale universelle. La morale communiste est très claire, elle défend non pas "tous les individus" (comme le prétend faussement la bourgeoisie), mais les intérêts du prolétariat, considère comme bien ce qui va dans le sens de la destruction de la société capitaliste et comme mauvais ce qui renforce et maintient l'ordre bourgeois. La morale communiste n'est pas une morale universelle qui condamne la violence "en général". En résumé, les "millions de morts" du communisme sont globalement une déformation de la réalité, une simplification de l'histoire et un mensonge grossier. Cependant cela ne veut pas dire que le projet de révolution socialiste est dénué de violence, celle-ci est parfaitement assumée. Déjà en son temps Karl Marx en dessinait les contours :

« Toute situation politique provisoire qui suit une révolution nécessite une dictature, et une même une dictature énergique. Depuis le début nous reprochions à Camphausen de n'avoir agi de manière dictatoriale, de n'avoir pas immédiatement détruit et supprimé les restes des vielles institutions. » - Karl Marx et Friedrich Engels, Neue Rheinische Zeitung du 14 septembre 1848 (la crise et la contre-révolution, III)

« Le but de l'association est la déchéance de toutes les classes privilégiées, de soumettre ces classes à la dictature du prolétariat » - Karl Marx et Friedrich Engels, Statuts de la Société Universelle des Communistes Révolutionnaires, 1850

« Mais, avant de réaliser un changement socialiste, il faut une dictature du prolétariat, dont une condition première est l'armée prolétarienne. Les classes ouvrières devront conquérir sur le champ de bataille le droit à leur propre émancipation.. » - Karl Marx et Friedrich Engels, La Commune de 1871, 1870-71

« Entre la société capitaliste et la société communiste, se place la période de transformation révolutionnaire de l’une en l’autre. A cette période correspond également une phase de transition politique où l’Etat ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat. » - Karl Marx, Critique du programme de Gotha, 1875

« Et, en effet, la force est l'accoucheuse de toute vieille société en travail. La force est un agent économique. » - Karl Marx, Le Capital, Tome I, Section VIII, Chapitre XXXI

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Ce site entend donner aux communistes les outils intellectuels et idéologiques du marxisme-léninisme. A son époque déjà, Lénine notait "la diffusion inouïe des déformations du marxisme", il concluait que "notre tâche est tout d'abord de rétablir la doctrine de Marx". Ces éléments théoriques ont pour but de participer à la formation des jeunes cadres dont le parti du marxisme révolutionnaire aura besoin en France au cours des prochaines années. A son époque, Marx remarquait déjà "qu'en France, l’absence de base théorique et de bon sens politique se fait généralement sentir". Le manque de formation marxiste-léniniste est un obsctacle majeur à la construction d'un futur parti et un terreau fertile au maintien (voire au retour) des thèses réformistes, révisionnistes, opportunistes qui occupent actuellement tout le terrain sous une multitude de formes. Ce site n'est qu'une initiation au marxisme-léninisme. Les textes ne sont pas suffisants à la maîtrise du marxisme, ils sont une tentative de vulgarisation, d'explication de la pensée marxiste, ainsi qu'un éclairage de l'actualité à l'aide de cet outil. Il va de soi qu'une lecture des classiques du marxisme-léninisme est indispensable.


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