2017

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Nation

La question nationale du point de vue marxiste


Staline, dans son grand article Le marxisme et la question nationale, donne la définition d'une nation : « La nation est une communauté stable, historiquement constituée, de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique, qui se traduit dans la communauté de culture. [...] Il est nécessaire de souligner qu'aucun des indices mentionnés, pris isolément, ne suffit à définir la nation. Bien plus : l'absence même d'un seul de ces indices suffit pour que la nation cesse d'être nation. »

Les nations sont le produit de la bourgeoisie. Car c'est elle qui, avec son marché, intègre économiquement des régions différentes. C'est le capitalisme qui a créé les nations.

Prenons l'exemple de la France. A l'époque du roi Hugues Capet, le roi régnait sur une portion infime de la France actuelle (l'équivalent de l'île de France). Autour de lui régnaient partout des seigneurs régionaux. Pendant des siècles les rois de France, avec le soutien de la bourgeoisie naissante, ont soumis les seigneurs féodaux et unifié l'économie du pays.

Dès Louis XIV, cette unité économique allait de pair avec une unité territoriale, déjà presque achevée.

C'est avec la révolution française que l'unité linguistique et culturelle a achevé de construire la nation française. Les langues régionales ont été éliminées (langue d'oc par exemple), les particularité culturelles ont été refoulées. Mais tout cela n'aurait pas été possible sans les routes, les communications par le système de poste, la délimitation claire des frontières, etc.

Staline poursuit : « Le marché, voilà la question essentielle pour la jeune bourgeoisie. Écouler ses marchandises et sortir victorieuse dans la concurrence avec la bourgeoisie d'une autre nationalité, tel est son but. De là, son désir de s'assurer son marché « propre », « national ». Le marché est la première école où la bourgeoisie apprend le nationalisme. »

Ainsi chaque bourgeoisie s'est créée autour d'un marché, puis l'unité économique et territoriale a fini par créer des nations partout en Europe.

Dans certains pays à la marge du grand commerce capitaliste, l'intégration nationale a mis plus de temps à se faire. Et même dans certains cas elle s'est brisée en cours de route. Par exemple la Russie, une nation toujours inachevée, qui n'est donc pas une nation. Staline lui-même remarquait : « Ce mode particulier de constitution des Etats ne pouvait avoir lieu que dans les conditions du féodalisme non encore liquidé, dans les conditions d’un capitalisme faiblement développé, lorsque les nationalités refoulées à l’arrière-plan n’avaient pas encore eu le temps de se consolider économiquement, pour se constituer en nations. »

Tout cela est du au développement inégal des sociétés humaines.

Au stade impérialiste, lorsque les capitalistes ont commencé à investir partout dans le monde, ils ont accéléré puissament le développement du capitalisme dans ces régions jusque là peu développées. Il ont permis l'émergence d'autant de bourgeoisies et de nations. C'est ce phénomène qu'on connaît aujourd'hui sous le nom de "décolonisation", c'est à dire des bourgeoisies de pays autrefois dominés qui s'affirment et créent leur nation.

Aujourd'hui dans les vieux pays impérialistes déclinant, la question de la nation resurgit parce que le rapport de force mondial change. Et du coup au sommet de chaque pays impérialiste le rapport de force aussi s'en retrouve modifié. La bourgeoisie impérialiste s'y retrouvant affaiblie en interne doit trouver un nouveau compromis avec les restes d'ancienne bourgeoisie nationale (et de petite bourgeoisie déclassée). Cette transformation ne peut conduire qu'à l'effondrement de la nation bourgeoise, au recul de l'intégration (régionalisme par exemple), etc. En même temps la nouvelle division internationale du travail dirigée par la Chine finira par ré-intégrer les vieux pays impérialistes. Les prolétaires n'ont rien à gagner à "sauver la nation" de son inévitable ré-assemblage vers d'autres nations émergentes.

La "putréfaction de l'impérialisme" décrite par Lénine, rend inévitable l'effondrement des nations déjà constituées. S'opposer à leur déclin n'est qu'une démarche petite bourgeoise et réactionnaire. Le prolétariat lui-même est capable d'organiser lui-même, sans le processus national bourgeois, l'unité des peuples entre eux, comme a tenté de le faire Staline en URSS.

Sous le socialisme, la question nationale sera posée en ces termes. Il est évident que la langue ne sera pas changée. Ce qui changera, ce ne sera probablement pas non plus les frontières nationales et donc le territoire (à l'exception des territoires d'outre-mer qui ne sont pas la nation française). Ce qui changera donc, c'est l'économie (passage au socialisme), et la culture (passage de la culture bourgeoise classique ou décadente à la culture socialiste et démocratique).

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Ce site entend donner aux communistes les outils intellectuels et idéologiques du marxisme-léninisme. A son époque déjà, Lénine notait "la diffusion inouïe des déformations du marxisme", il concluait que "notre tâche est tout d'abord de rétablir la doctrine de Marx". Ces éléments théoriques ont pour but de participer à la formation des jeunes cadres dont le parti du marxisme révolutionnaire aura besoin en France au cours des prochaines années. A son époque, Marx remarquait déjà "qu'en France, l’absence de base théorique et de bon sens politique se fait généralement sentir". Le manque de formation marxiste-léniniste est un obsctacle majeur à la construction d'un futur parti et un terreau fertile au maintien (voire au retour) des thèses réformistes, révisionnistes, opportunistes qui occupent actuellement tout le terrain sous une multitude de formes. Ce site n'est qu'une initiation au marxisme-léninisme. Les textes ne sont pas suffisants à la maîtrise du marxisme, ils sont une tentative de vulgarisation, d'explication de la pensée marxiste, ainsi qu'un éclairage de l'actualité à l'aide de cet outil. Il va de soi qu'une lecture des classiques du marxisme-léninisme est indispensable.


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