2017

Version 3.0



marx

Site des prolétaires de fer

Intérêts et idées

Le lien entre les intérêts matériels des hommes et leurs idées


Donnez la parole au loup, et il vous dira que manger des chèvres est une bonne chose pour tous, y compris les chèvres. "Que ferait-on sans les loups ?", demanderait l'un. "Assurément le monde s'écroulerait", répondrait l'autre. A quoi bon dire à ces loups : "le monde peut exister sans vous" ? Nous aurions alors des dizaines de loups philosophes, économistes, scientifiques, religieux, etc. qui se lèveraient pour démontrer le contraire avec acharnement.
D'où la formule de Lénine : « Un adage bien connu dit que si les axiomes géométriques heurtaient les intérêts des hommes, on essayerait certainement de les réfuter. »

Voilà de quel genre de substance est aussi faite la pensée des hommes. La vérité ne les intéresse pas. Ce qui les intéresse, par définition du mot "intéresser", c'est l'intérêt : la survie, la vie, la reproduction. Voilà ce qui anime toutes les choses vivantes. Dès lors, toute la science, la médecine, la philosophie, la religion, la pensée, l'histoire, le droit, etc. se développent toujours en suivant tel ou tel intérêt. La majorité des choses dites par les hommes (même s'ils ont l'habit du grand scientifique ou du "savant") sont fausses. Et elles sont fausses, non pas parce qu'ils sont stupides, mais parce que leur survie passe avant la vérité.

Prenons un exemple :

Trois hommes sont sur un bateau qui n'a que deux places. Le bateau est en pleine mer, et il prend l'eau. Si l'un des hommes ne saute pas, le bateau finira par couler, ils le savent tous. Qu'est-ce que chacun va penser, quelle sera son idée ? "Ce sont les autres qui sont en trop sur ce bateau".

Dans cette situation, on trouverait tous ridicule l'idée d'organiser un débat pour décider qui doit sauter !

Pourtant les hommes parlent, ils affirment "leurs idées". Mais sur le bateau, qui se laissera convaincre que c'est à lui de sauter ? Il n'y a aucun moyen de convaincre qui que ce soit. Ici (et en général), le débat n'a aucun intérêt pour trouver la vérité objective. On voit juste des mensonges s'affronter.

Mais cet affrontement ne règle rien. L'affrontement des idées, chez les hommes, n'a rien de réel. Les idées ne s'affrontent pas, il n'y a pas de confrontation des pensées, des cultures, etc. Ce qui s'affrontent, ce sont des hommes, avec des intérêts opposés. Les idées ne sont que l'apparat, le prétexte, la justification, l'excuse, la caution.

Quand des "idées s'affrontent" en apparence, il n'y a rien d'autre qu'une parade, semblable à celle du paon : quand il se sent menacé, ses plumes multicolores se dressent et forment un motif censé effrayer l'adversaire. C'est un avertissement, un cri d'alarme. Ou encore la posture de l'ours apeuré, qui se dresse sur ses pattes arrières et pousse un cri féroce, menaçant. Il n'y a pas de combat, la bataille est simulée. Voilà ce qu'est un "débat", une confrontation d'idées. L'homme qui débat cherche à humilier l'autre, à obtenir le soutien du public. Il utilise pour ça tous les stratagèmes retords, la petite dialectique sophistique, le "trollage", et chacun repart sans que personne n'ait convaincu personne. Quant à l'homme digne et honnête, il devra surtout s'éloigner des débats.

Nous voyons bien qu'on ne peut pas, en général, changer les idées des gens. Les idées découlent de nos intérêts. Alors si la question concerne son intérêt, le jugement de l'homme tranche en sa faveur. Il a intérêt à penser qu'il est dans son bon droit d'exister, de vivre, que c'est aux autres de lâcher l'affaire. Mais seul l'affrontement réel tranche la question.

Cela ne veut pas dire qu'il y a une mécanique parfaite entre intérêts et idées. Toujours, il y a un décalage de la conscience, les idées des hommes retardent sur la réalité. De plus l'intérêt n'est pas binaire. Par exemple les proletaires peuvent avoir intérêt à suivre tel politicien à 50% et intérêt à faire la révolution à 20%, etc. (chiffres arbitraires) Ce qui compte, c'est que l'intérêt matériel concret est toujours premier, et les idées secondes. La théorie idéaliste affirme au contraire que l'homme serait stupide et ne comprendrait pas son intérêt. Bien sur l'homme n'est pas forcément très intelligent, mais même un idiot sait faire preuve de bon sens quand il s'agit de son intérêt.

Nous pouvons du moins conclure sur un point essentiel. Le mensonge, comme phénomène politique et social de masse, est daté historiquement. La société divisée en classe crée une classe dominante d'exploiteurs dont l'intérêt est de mentir, puisque seul a intérêt à mentir à autrui celui qui vit de l'exploitation d'autrui. La bourgeoisie est la classe du mensonge, et elle délègue même ce travail spécifique de mensonge et d'enfumage des consciences à des valets spécialements embauchés pour cette tâche. La lutte pour la vérité est donc un aspect de la lutte des classes. Ce n'est pas pour rien que Lénine et les bolcheviques donnèrent pour nom à leur journal "la pravda" (la vérité). « Le prolétariat, disait Lénine, a besoin de la vérité, et rien n'est plus nuisible à sa cause que le mensonge de belle apparence et de bon ton du petit bourgeois. »

Le plus important à comprendre, c'est qu'on ne peut pas convaincre la bourgeoisie, comme se l'imaginent les petits-bourgeois. Marx critiquait déjà en son temps les socialistes petits bourgeois utopistes qui, au lieu de lutter contre la bourgeoisie, « ne cessent de faire appel à la société tout entière sans distinction, et même ils s'adressent de préférence à la classe régnante. ».

« L'une des caractéristiques les plus négatives de la majorité de la fraction parlementaire sociale-démocrate, disait Engels, c'est précisément l'esprit prudhommesque du philistin qui veut convaincre son adversaire au lieu de le combattre : « notre cause n'est-elle pas si noble et si juste » que tout autre petit bourgeois doit inévitablement se joindre à nous à condition seulement qu'il ait bien compris ? Pour en appeler ainsi à l'esprit prudhommesque, il faut méconnaître entièrement les intérêts qui guident cet esprit, voire les ignorer délibérément. C'est ce qui est l'une des caractéristiques essentielles du philistinisme spécifiquement allemand. »

Informations sur ce site

Ce site entend donner aux communistes les outils intellectuels et idéologiques du marxisme-léninisme. A son époque déjà, Lénine notait "la diffusion inouïe des déformations du marxisme", il concluait que "notre tâche est tout d'abord de rétablir la doctrine de Marx". Ces éléments théoriques ont pour but de participer à la formation des jeunes cadres dont le parti du marxisme révolutionnaire aura besoin en France au cours des prochaines années. A son époque, Marx remarquait déjà "qu'en France, l’absence de base théorique et de bon sens politique se fait généralement sentir". Le manque de formation marxiste-léniniste est un obsctacle majeur à la construction d'un futur parti et un terreau fertile au maintien (voire au retour) des thèses réformistes, révisionnistes, opportunistes qui occupent actuellement tout le terrain sous une multitude de formes. Ce site n'est qu'une initiation au marxisme-léninisme. Les textes ne sont pas suffisants à la maîtrise du marxisme, ils sont une tentative de vulgarisation, d'explication de la pensée marxiste, ainsi qu'un éclairage de l'actualité à l'aide de cet outil. Il va de soi qu'une lecture des classiques du marxisme-léninisme est indispensable.


Vive la révolution marxiste du prolétariat !