Le fascisme (suite)
La fausse contradiction "démocratie" bourgeoise / fascisme et les enjeux de cette théorie opportuniste
Le lecteur aura remarqué le point de vue "original" de mon site sur le fascisme. En réalité, je ne fais que m'en tenir aux fondamentaux du marxisme. "Le fascisme et la "démocratie" bourgeoise sont deux systèmes différents", voilà le genre d'évidence dont est nourri le peuple par la bourgeoisie et ses alliés réformistes au sein du mouvement "communiste". Or il n'a jamais été question d'une telle différence dans la théorie de Lénine sur la "démocratie" bourgeoise. Les positions de Staline et du Komintern ont d'ailleurs été on ne peut plus claires à ce sujet, dans la droite lignée de Lénine.
C'est au contraire chez les opportunistes mencheviks, comme Trotsky, puis plus tard avec les maoïstes et autres révisionnistes que s'est affirmée la thèse bourgeoise selon laquelle le fascisme et la "démocratie" bourgeoise seraient deux systèmes différents (et qu'il faudrait donc soutenir la "démocratie" contre le fascisme). J'ai déjà montré dans mon dossier sur le fascisme le caractère erroné de cette thèse, en partant d'abord de la symbolique. Le faisceau, d'où vient le mot "fascisme", était le symbole des révolutionnaires bourgeois français et américains du 18ème siècle, bien avant d'être celui des mouvements mussoliniens et hitlériens. Encore aujourd'hui cette symbolique du faisceau continue de parler à travers le temps, et nous est un indice précieux pour démolir l'absurde théorie opportunistes des "deux" systèmes.
Les enjeux sont clairs, créer l'illusion d'une différence entre deux systèmes politiques identiques ("démocratique" bourgeois et fascisme), afin d'embarquer le prolétariat dans la collaboration de classe avec une prétendue "bonne" bourgeoisie contre une "mauvaise". Cela, je l'ai déjà démontré dans une partie de mon texte sur le maoïsme ainsi que celui sur le front populaire, à travers les falsifications opportunistes de la théorie de l'état de Marx et Lénine.
J'avais notamment rappelé que le système bourgeoise se composait d'une base économique (capitaliste), d'un système politique (la "démocratie" bourgeoise, ou fascisme, deux mots qui désignent un système dont la nature est identique), et enfin un système idéologique (l'individualisme bourgeois des "droits de l'homme").
L'objet de ce texte est d'aller plus à fond encore dans cette critique, à la lumière des textes de Trotsky d'une part, qui fut le premier à théoriser l'idée de "deux" systèmes (parlementaire et fascisme). Nous mettrons en regard cette théorie avec des extraits de textes de Lénine, qui viendront démonter au contraire le caractère unique de l'essence du régime politique bourgeois, et la nécessité de combattre les théories opportuniste de "front" avec telle ou telle bourgeoisie.
Bien loin d'être un sujet secondaire, elle est la pierre de touche qui différencie à coup sur ceux qui tentent de déformer la doctrine de Marx pour justifier la réconcilation et la collaboration de classe opportuniste et réformiste, d'une part ; et ceux qui défendent véritablement la théorie de Marx et Lénine sur l'état, qui est absolument sans équivoque.
La théorie des "deux" systèmes bourgeois consiste à dire qu'il n'y aurait pas un mais deux systèmes politiques pour la bourgeoisie : la république démocratique bourgeoise parlementaire et le régime fasciste. Les deux seraient contradictoires.
Avant d'aller plus loin, examinons le point de vue de la IIIème internationale communiste (Komintern) sur ce point. Cette théorie des "deux systèmes", le Komintern la qualifiait de "construction libérale de la contradiction entre le fascisme et la démocratie bourgeoise, entre les formes parlementaires de la dictature de la bourgeoisie et ses formes ouvertement fascistes...".
Pour le Komintern donc, la théorie des "deux" systèmes bourgeois était une construction libérale qui opposait, et prétendait déceler une contradiction entre la forme parlementaire du système bourgeois et sa forme ouvertement fasciste. Le Komintern parle bien de "ouvertement fasciste". Donc pour le Komintern, la république démocratique bourgeoise parlementaire est bien le système fasciste, qui ne se dévoile juste pas ouvertement.
Cette théorie agaçait énormément Trotsky, qui la critiqua en ces termes :
« Le XIe Plénum du Comité exécutif de l'Internationale communiste a admis la nécessité d'en finir avec les vues erronées qui se fondent sur la "construction libérale de la contradiction entre le fascisme et la démocratie bourgeoise, entre les formes parlementaires de la dictature de la bourgeoisie et ses formes ouvertement fascistes...". Le fond de cette philosophie stalinienne est très simple : partant de la négation marxiste d'une contradiction absolue, elle en tire une négation de la contradiction en général, même relative. C'est l'erreur typique du gauchisme vulgaire. Car s'il n'existe aucune contradiction entre la démocratie et le fascisme, même au niveau des formes que prend la domination de la bourgeoisie, ces deux régimes doivent tout simplement coïncider. »
Trotsky poursuit :
« Le XIème plénum a expliqué que la démocratie ne diffère en rien du fascisme. »
Pour Trotsky donc, il fallait à tout prix trouver une contradiction entre la "démocratie" bourgeoise et le fascisme, même une contradiction "relative".
Ainsi il explique :
« Il existe une contradiction entre le fascisme et la démocratie. Elle n'est pas "absolue" ou, pour utiliser le langage du marxisme, elle n'exprime pas la domination de deux classes irréductibles. Mais elle désigne deux systèmes différents de domination d'une seule et même classe. Ces deux systèmes : parlementaire démocratique et fasciste, s'appuient sur différentes combinaisons des classes opprimées et exploitées et entrent immanquablement en conflit aigu l'un avec l'autre. »
Pour Trotsky donc, il existerait deux systèmes : le parlementaire et le fascisme, qui se différencieraient par les "différentes combinaisons des classes" mises en action par la bourgeoisie pour gouverner.
Je n'entrerai pas dans les détails sur le reste de la théorie de Trotsky sur le fascisme. Car elle nous ferait perdre de vue l'essentiel. Le point sur lequel convergent tous les opportunistes, de puis l'époque des mencheviks, puis avec Trotsky et les maoïstes par la suite, mais de manière générale avec la théorie dominante de la théorie de la bourgeoisie sur le fascisme, c'est de dissocier à tout prix la "démocratie" bourgeoise du fascisme, peu importe par quel moyen s'y prendre.
Les maoïstes par exemple, s'y prennent d'une autre manière pour justifier cette "différence". J'en ai déjà parlé dans mon dossier sur le maoïsme, je ne reviendrai donc pas dessus.
Trotsky déplorait que l'Internationale communiste "stalinienne" refuse de voir ces prétendues "différences" :
« L'affaire n'est pas limitée à l'Allemagne. L'idée que la victoire des fascistes n'apportera rien de nouveau est propagée avec zèle dans toutes les sections de l'Internationale communiste. Dans le numéro de janvier de la revue française Les Cahiers du bolchevisme, nous lisons : "Les trotskystes qui agissent dans la pratique comme Breitscheid acceptent la célèbre théorie sociale-démocrate du moindre mal, selon laquelle Brüning n'est pas aussi mauvais qu'Hitler, selon laquelle il est moins désagréable de mourir de faim sous Brüning que sous Hitler, et infiniment préférable d'être fusillé par Groener que par Frick. " Cette citation n'est pas la plus stupide, même si, il faut lui rendre cette justice, elle est assez stupide. Cependant, elle exprime, hélas, l'essence même de la philosophie politique des dirigeants de l'Internationale communiste. »
La théorie de Trotsky du "moindre mal", servait, comme nous allons le voir, à propager les bonne vielles illusions réformistes sur la prétendue "démocratie" bourgeoise.
Rappelons que contrairement à la propagande trotskyste, Lénine et Trotsky étaient deux adversaires, l'un bolchevique, l'autre menchevik (réformiste opportuniste). Voyons donc précisément quelle était la théorie de Lénine sur la"démocratie" bourgeoise.
« Des milliers de fois, écrivait Lénine, les socialistes de tous les pays ont expliqué au peuple le caractère de classe de ces révolutions bourgeoises, dans leurs livres, dans leurs brochures, dans les résolutions de leurs congrès, dans leurs discours de propagande. [...] Tous les socialistes en démontrant le caractère de classe de la civilisation bourgeoise, de la démocratie bourgeoise, du parlementarisme bourgeois, ont exprimé cette idée déjà formulée, avec le maximum d'exactitude scientifique par Marx et Engels que la plus démocratique des républiques bourgeoises ne saurait être autre chose qu'une machine à opprimer la classe ouvrière à la merci de la bourgeoisie, la masse des travailleurs à la merci d'une poignée de capitalistes. »
Le point de vue de Lénine était en fait assez clair, plus une république bourgeoise était "libre" et "démocratique", plus justement la dictature de la bourgeoisie était ouverte.
Lénine poursuit :
« L'histoire du XIX° siècle et du XX° siècle nous a montré, même avant la guerre, ce qu'était la fameuse démocratie pure sous le régime capitaliste. Les marxistes ont toujours répété que plus la démocratie était développée, plus elle était pure, plus aussi devait être vive, acharnée et impitoyable la lutte des classes, et plus apparaissait purement le joug du capital et la dictature de la bourgeoisie. [...] les violences sanglantes des détachements soudoyés et armés par les capitalistes contre les grévistes dans la république libre et démocratique d'Amérique, ces faits et des milliers d'autres semblables découvrent cette vérité qu'essaye en vain de cacher la bourgeoisie, que c'est précisément dans les républiques les plus démocratiques que règnent en réalité la terreur et la dictature de la bourgeoisie, terreur et dictature qui apparaissent ouvertement chaque fois qu'il semble aux exploiteurs que le pouvoir du capital commence à être ébranlé. »
Dans ces mots de Lénine pour qualifier l'essence véritable de la "démocratie" bourgeoise, on reconnaît d'ailleurs la définition du fascisme donnée en 1933 par le XIIIème plénum de l'Internationale Communiste, à savoir "la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins et les plus impérialistes du capital financier".
On voit donc à la lumière de ces extraits de Lénine qu'il n'y a pas lieu de dissocier "deux" systèmes ni de les opposer l'un à l'autre. Pour Lénine, la république "démocratique" bourgeoise est précisément celle où s'exerce ouvertement la dictature terroriste de la bourgeoisie. Ce caractère anti-populaire, anti-démocratique et anti-ouvrier n'apparaissant ouvertement que chaque fois qu'il semble aux exploiteurs que le pouvoir du capital commence à être ébranlé.
Lénine d'ailleurs, a connu l'époque du fascisme, puisqu'il est décédé en 1924, période à laquelle les mouvements fascistes existaient déjà, et participaient déjà à ces actions terroristes de la bourgeoisie. Lorsqu'il parlait du fascisme, Lénine ne l'a jamais caractérisé comme quelque chose de "nouveau" ou de différent du système "démocratique" bourgeois. Cela confirme ce que la symbolique elle-même nous indique (le symbole du faisceau, qui est toujours le symbole de nos républiques "démocratiques" bourgeoise date des révolutions bourgeoises françaises et américaines de 1789 et 1784, bien avant d'avoir été celui de Mussolini et Hitler).
Dire que le système bourgeois peut prendre une forme parlementaire ou une forme ouvertement fasciste est juste. Dire en revanche comme Trotsky que le changement de forme du système bourgeois signifie un changement de système, c'est complètement faux. Autrement dit, Trotsky dit quelque chose comme : "le fond est le même, mais pas la forme, donc le fond est différent". Voilà un genre de raisonnement typiquement de menteur.
Pour Lénine, il n'était pas question de considérer la forme du système bourgeois comme un élément de fond. La forme parlementaire que prend parfois le système bourgeois ne doit pas faire oublier que « le capitalisme en général et l’impérialisme en particulier font de la démocratie une illusion. »
Que ce soit sous le capitalisme, ou le capitalisme arrivé au stade impérialiste, le système "démocratique" bourgeois n'était pas pour Lénine autre chose que le règne dictatorial de la bourgeoisie. Ainsi il écrivait :
« Il nous faut montrer maintenant comment la "gestion" exercée par les monopoles capitalistes devient inévitablement, sous le régime général de la production marchande et de la propriété privée, la domination : d'une oligarchie financière. »
Bien loin d'aider le prolétariat à prendre conscience de ce caractère de dictature oligarchique bourgeoise, les opportunistes comme Trotsky cherchent toujours à faire mystifier la "démocratie" bourgeoise, qui serait paraît-il "au-dessus" des antagonisme de classe. Ainsi Lénine écrivait :
« Notons que les représentants de la science bourgeoise [...] sont tous des apologistes de l'impérialisme et du capital financier. Loin de dévoiler le "mécanisme" de la formation de cette oligarchie, ses procédés, l'ampleur de ses revenus "licites et illicites", ses attaches avec les parlements, etc., etc., ils s'efforcent de les estomper, de les enjoliver. »
« En France, écrivait Lénine, le règne de l'"oligarchie financière" (Contre l'oligarchie financière en France, titre du fameux livre de Lysis, dont la cinquième édition a paru en 1908) a revêtu une forme à peine différente. [...] Même lorsque la population est stagnante, que l'industrie, le commerce et les transports maritimes sont frappés de marasme, le "pays" peut s'enrichir par l'usure. [...] Rien d'étonnant si l'auteur est obligé de conclure : "La République française est une monarchie financière"; "l'omnipotence de nos grandes banques est absolue; elles entraînent dans leur sillage le gouvernement, la presse". »
Si donc il arrive parfois au système de changer de forme, le fond reste toujours le même. Cette forme n'est donc bien qu'une forme, illusoire, toujours selon Lénine : « nulle part l'influence du capital ne se fait aussi fortement sentir au Parlement. La force du capital est tout, la Bourse est tout ; le Parlement, les élections ne sont que des marionnettes, des fantoches... »
Qu'on regarde le régime nazi, il existait aussi un parlement. Tout comme chez nous, ce parlement est un vaste jeu de dupe qui ne fait que masquer en arrière-plan la dictature de la bourgeoisie.
Ainsi par exemple lorsque l'impérialisme peut parfois embourgeoiser le peuple (grâce à la rente coloniale dont il dirige une partie pour financer des "acquis sociaux" au prolétariat). Au point que la "démocratie" bourgeoise peut prendre une forme plus clémente et moins sanguinaire. Mais telle n'est pas la loi fondamentale de la "démocratie" bourgeoise, telle n'est pas sa nature réelle, c'est seulement une forme, un masque. Par exemple la IIIème république française s'est bâtie sur le cadavre des 20 000 morts de la Commune de Paris (tués en seulement une semaine), voilà le véritable visage de la "démocratie" bourgeoise, qu'elle s'efforce de cacher le reste du temps, lorsqu'elle peut temporairement éviter l'emploi de la guerre civile. Il n'y a pas "deux" systèmes de nature différente mais un seul. Ce n'est pas parce que les méthodes de gouvernement ouvertement terroristes sont en sommeil que celles-ci ne sont pas dans l'ADN de la "démocrartie" bourgeoise. Il n'y a pas besoin de "saut qualitatif fasciste" pour passer d'une forme à l'autre de dictature de la bourgeoisie.
Lénine admettait parfaitement que le système politique bourgeois puisse prendre de multiples formes. En un sens Trotsky aussi, simplement, Trotsky entendait transformer ces changement de formes en changement de fond, en changement pratiques et concrets. Il suffit de lire le point de vue de Lénine, qui est on ne peut clair :
« La forme que revêt la domination de l'Etat peut différer : le capital manifeste sa puissance d'une certaine façon là où existe une certaine forme, d'une autre façon là où la forme est autre ; mais, somme toute, le pouvoir reste aux mains du capital, que le régime soit censitaire ou non, même si la république est démocratique ; mieux encore : cette domination du capitalisme est d'autant plus brutale, d'autant plus cynique que la république est plus démocratique. Les Etats-Unis d'Amérique sont une des républiques les plus démocratiques au monde, mais dans ce pays (quiconque y a séjourné après 1905 l'a certainement constaté), le pouvoir du capital, le pouvoir d'une poignée de milliardaires sur l'ensemble de la société se manifeste plus brutalement, par une corruption plus flagrante que partout ailleurs. Du moment qu'il existe, le capital règne sur toute la société, et aucune république démocratique, aucune loi électorale n'y change rien. »
En réalité, la théorie marxiste de l'état peut très bien admettre qu'il existe différentes formes de régimes bourgeois, mais non différents fonds. C'est très important car, si seule la forme change, alors il ne saurait exister la moindre "contradiction" entre ces différentes formes. Il n'y a pas de contradiction entre le loup sans déguisement et le loup déguisé en agneau. Et il faut toute le talent de menteur de Trotsky pour affirmer qu'une différence de forme, c'est à dire d'apparence, constitue une "contradiction". C'est précisément parce que Trotsky cherche à avancer subrepticement la thèse libérale qu'il y aurait une contradiction (forcément de fond) entre fascisme et "démocratie" bourgeoise qu'il ne formule pas sa thèse ouvertement. La thèse marxiste qui ne reconnaît aucune différence de fond, Trotsky jure qu'il la partage. La thèse qui dit qu'il y aurait une différence de fond, il prétend la combattre. Ce n'est que pour mieux la réadmettre sous prétexte d'une prétendue "contradiction de forme". Un tel tour de passe-passe est propre aux magiciens qui agitent la main droite au moment où agit la main gauche. Vous n'avez rien vu ? Trotsky dit tout et son contraire : il admet dans un premier temps la théorie marxiste pour mieux la nier juste après.
Un tel procédé est d'une incroyable malhonnêteté ou alors d'une non moins incroyable schizophrénie. En effet s'il n'y a pas de différence de fond alors il n'y a pas de contradiction, un point c'est tout. Seul l'enfumage opportuniste s'évertue à rendre ce sujet confus. La réalité est très simple : le fond du système bourgeois (sa nature, son essence) ne change jamais, seule la forme (l'apparence) change. Il n'y a donc aucune contradiction entre les diverses formes de régime bourgeois. C'est la même merde mais présentée d'une façon différente. Il n'y a que les opportunistes pour faire croire qu'il suffit de mettre une merde dans une crêpe pour qu'elle devienne du nutella.
« Tout ce qui brille n'est pas or, disait Lénine, il y a beaucoup de clinquant et de tapage dans les phrases de Trotski ; mais de contenu, point. »
Lénine nous rapporte : « Trotski aime beaucoup à donner, « avec l'air savant d'un connaisseur » et en usant de phrases pompeuses et sonores, une explication flatteuse pour lui, Trotski, des phénomènes historiques. Si de « nombreux ouvriers avancés » deviennent des « agents actifs » d'une ligne politique, de la ligne du Parti, qui ne concorde pas avec la ligne de Trotski, ce dernier résout la question sans se gêner, d'emblée et sans détour : ces ouvriers avancés se trouvent « dans un état de désarroi politique complet », alors que lui, Trotski, est sans doute « dans un état » de fermeté politique, de lucidité et de justesse de ligne !... Et c'est ce même Trotski qui, se frappant la poitrine, fulmine contre le fractionnisme, contre l'esprit de cercle, contre cette façon — propre à un intellectuel — d'imposer sa volonté aux ouvriers !... »
On ne saurait être plus clair...
Ce que la bourgeoisie et les opportunistes appellent la démocratie, les marxistes l'appellent fascisme dissimulé. Ce que la bourgeoisie et les opportuninstes appellent fascisme, les marxistes l'appellent fascisme ouvert. La dictature de la bourgeoisie, la "démocratie" bourgeoise et le fascisme sont trois expressions strictement équivalentes.
- Fascisme dissimulé / fascisme ouvert,
- Dictature dissimulée de la bourgeoisie / Dictature ouverte de la bourgeoisie,
- « "Démocratie" / fascisme »,
Sont autant de façons d'exprimer la même idée, à ceci près que la dernière façon de l'exprimer (celle de la bourgeoisie et des opportunistes), tend à masquer l'identitié de fond entre ces deux formes de régime bourgeois, elle tend à créer l'idée qu'il y aurait "deux systèmes" alors qu'il n'y en a qu'un seul.
Par conséquent, à l'avenir, il serait de bon usage de n'utiliser que les deux premières expressions et non la troisième, cette dernière n'étant à l'évidence un maquillage opportuniste du système politique bourgeois. De ces trois expressions, seules les deux premières sont justes, je n'ai fait figuré la troisième qu'à titre de "traduction" dans le langage et le format mensongers imposé par l'idéologie bourgeoise et opportuniste.
Mais toutes ces expressions seraient elles-mêmes fausses si l'on considèrait comme Trotsky qu'il faut un "saut qualitatif" pour passer d'une forme à l'autre.
Trotsky prétend lui qu'il n'y aurait que "deux" formes possibles, avec un prétendu "saut qualitatif" entre l'une et l'autre (afin de justifier sa "contradiction" et sa prétendue "dialectique"). En réalité il existe une multitude de formes, d'apparences, entre le fascisme dissimulé et le fascisme ouvert. Ces formes peuvent évoluer sans le moindre "saut qualitatif" puisque précisément il s'agit d'un élément décoratif et non élément fondamental. Ainsi le maccarthysme aux états-unis, la répression de la Commune de Paris, le régime nazi, l'état d'urgence actuel, etc. représentent diverses apparences possibles pour ce même système. Tous ces masques différents dissimulent exactement le même fond.
C'est précisément là le point central qu'attaque l'opportunisme. Car même lorsqu'il admet qu'il n'y qu'une différence de forme, l'opportunisme cherche à faire de cette différence de forme quelque chose de plus, une prétendue "contradiction", donc une différence de fond (car il ne peut pas exister de contradiction entre deux apparences différentes) !
Ce point peut sembler sans importance à première vue, mais c'est pourtant sous cet écran de fumée opportuniste que passe la ligne de démarcation (passée comme présente) entre l'opportunisme et le socialisme. C'est une erreur de ne pas voir l'importance de cette question. Certes la ligne de démarcation passe en de biens d'autres autres endroits. Mais celui-ci revêt une importance majeure, parce que le mouvement communiste en France ne fait que naître. Si de telles erreurs ne sont pas combattues dès maintenant, c'est le futur de l'ensemble du mouvement communiste qui est en jeu pour de longues années.
Lénine avait très bien compris l'importance de cette lutte théorique :
« Pour la social-démocratie russe en particulier, la théorie acquiert une importance encore plus grande pour trois raisons trop souvent oubliées, savoir : tout d'abord, notre parti ne fait encore que se constituer, qu'élaborer sa physionomie et il est loin d'en avoir fini avec les autres tendances de la pensée révolutionnaire, qui menacent de détourner le mouvement du droit chemin. Ces tout derniers temps justement, nous assistons, au contraire [...] à une recrudescence des tendances révolutionnaires non social-démocrates. Dans ces conditions, une erreur "sans importance" à première vue, peut entraîner les plus déplorables conséquences, et il faut être myope pour considérer comme inopportunes ou superflues les discussions de fraction et la délimitation rigoureuse des nuances. De la consolidation de telle ou telle "nuance" peut dépendre l'avenir de la social-démocratie russe pour de longues, très longues années. »
Cette question n'est donc pas à prendre à la légère et recquiert la plus grande attention des communistes en France qui souhaitent sincèrement et réellement combattre l'opportunisme. Trotsky et Lénine utlisent parfois les mêmes mots, mais c'est pour dire tout autre chose. Leurs phrases ont un sens radicalement différent et opposé. C'est donc sur ce genre de questions à première vue sans importance que se jouera l'avenir du mouvement communiste tout entier en France (et ailleurs). Pour s'en sortir, l'opportunisme craint au contraire la lutte théorique, comme le vampire craint la lumière. L'opportunisme préfèrerait que tout le monde s'en remette au bon vieux roman social (tissu de mystifications), aux bonnes vielles "évidences", aux bons vieux mensonges répétés depuis des décennies par la bourgeoisie. C'est seulement sur ces comptes de fée que repose l'opportunisme. La lutte entre l'opportunisme et le marxisme-léninisme n'a pour objet que la lutte entre ceux qui veulent à tout prix sauver des mythes sur la "démocratie" bourgeoise, d'une part, et ceux qui se sont donnés pour tâche de la démolir, d'autre part. Ce combat, aussi violent qu'inévitable, marquera la naissance du mouvement marxiste-léniniste en France. De sa capacité à vaincre se décidera son droit à exister durant les prochaines décennies.
Il n'y a presque plus un seul de nos opportunistes qui n'ait pas lu L'état et la révolution de Lénine (il faut évidemment le lire). Mais aucun ou peu n'ont lu les thèses de Lénine sur la démocratie bourgeoise et la dictature prolétarienne, ou encore De l'état, deux textes pourtant bien plus courts. Ces textes, que les opportunistes ignorent délibérément, sont consacrés tout particulièrement à la lutte contre les mystifications bourgeoises sur son propre système politique. Il suffit pour éclairer ce problème d'étudier la doctrine de Marx et Lénine sur l'état, théorie que Lénine résumait ainsi :
« Les formes d'Etats bourgeois sont extrêmement variées, mais leur essence est une : en dernière analyse, tous ces Etats sont, d'une manière ou d'une autre, mais nécessairement, une dictature de la bourgeoisie. »
Dans les mots, Trotsky admettait qu'il n'existait d'autre système politique bourgeois que la dictature de la bourgeoisie. Mais juste après, il ne pouvait s'empêcher d'en distinguer "deux" systèmes diférents, l'un dont le fond serait pire que l'autre, alors que pour Lénine, seule la forme peut changer, et non le fond. Trotsky entretient la flou entre fond et forme. Trotsky cherche en fait à justifier par tous les moyens qu'il existe une différence de fond entre "démocratie" bourgeoise et fascisme ouvert. La théorie selon laquelle il y aurait une différence de fond entre les républiques bourgeoises "démocratiques" parlementaires (telle que la nôtre) et le régime ouvertement fasciste de Mussolini ou Hitler est fausse.
« La République des Soviets, disait Lénine, a rejeté ce mensonge bourgeois et déclaré ouvertement: vous prétendez que votre Etat est libre ; mais en réalité, tant qu'existe la propriété privée, votre Etat, fût-il une république démocratique, n'est qu'une machine aux mains des capitalistes pour réprimer les ouvriers, et cela apparaît d'autant plus clairement que l'Etat est plus libre. La Suisse en Europe, les Etats-Unis en Amérique, en sont un exemple. Nulle part la domination du capital n'est aussi cynique et impitoyable, et nulle part cela n'éclate autant que dans ces pays qui sont pourtant des républiques démocratiques, malgré leur savant maquillage, malgré tous les propos sur la démocratie pour les travailleurs, sur l'égalité de tous les citoyens. En réalité, en Suisse et en Amérique, c'est le capital qui règne, et on riposte aussitôt par la guerre civile à toutes les tentatives faites par les ouvriers pour obtenir une amélioration tant soit peu substantielle de leur sort. Ces pays sont ceux qui ont le moins de soldats, de troupes permanentes ; en Suisse il existe une milice, et tout Suisse a un fusil chez lui ; jusqu'à ces derniers temps, l'Amérique n'avait pas d'armée permanente. C'est pourquoi, quand une grève éclate, la bourgeoisie s'arme, recrute des soldats et réprime la grève ; et nulle part le mouvement ouvrier n'est aussi férocement réprimé qu'en Suisse et en Amérique, nulle part l'influence du capital ne se fait aussi fortement sentir au Parlement. La force du capital est tout, la Bourse est tout ; le Parlement, les élections ne sont que des marionnettes, des fantoches... Mais plus le temps passe, et plus les yeux des ouvriers s'ouvrent, plus l'idée du pouvoir des Soviets progresse, surtout après le sanglant carnage que nous venons de subir. La classe ouvrière se rend de mieux en mieux compte de la nécessité de lutter implacablement contre les capitalistes. »
Après la révolution bourgeoise de 1918 en Allemagne, les opportunistes de la "social-démocratie" allemande essayaient de faire croire que l'Allemagne était devenue une "démocratie" au-dessus de la lutte des classes, voire carrément une "démocratie prolétarienne".
Bien au contraire Lénine avait parfaitement caractérisé le système politique bourgeois Allemand, qui était bien une dictature de la bourgeoisie, une des plus féroces, et ce avant même Hitler (qui comme nous allons le constater, n'a rien apporté de nouveau). Lénine écrivait ainsi en 1919 :
« Dans le pays capitaliste le plus développé d'Europe, en Allemagne, les premiers mois de cette complète liberté républicaine, apportée par la défaite de l'Allemagne impérialiste, ont révélé aux ouvriers allemands et au monde entier le caractère de classe de la république démocratique bourgeoise. L'assassinat de Karl Liebknecht et de Rosa Luxemburg est un événement d'une importance historique universelle, non seulement par la mort tragique des hommes et des chefs les meilleurs de la vraie Internationale prolétarienne et communiste, mais encore parce qu'il a manifesté dans l'Etat le plus avancé d'Europe et même, on peut le dire, du monde entier, la véritable essence du régime bourgeois. Si des gens en état d'arrestation, c'est-à-dire pris par le pouvoir gouvernemental des social-patriotes sous sa garde, ont pu être tués impunément par des officiers et des capitalistes, c'est que la république démocratique dans laquelle un pareil événement a été possible n'est que la dictature de la bourgeoisie. Les gens qui expriment leur indignation au sujet de l'assassinat de Karl Liebknecht et de Rosa Luxemburg, mais qui ne comprennent pas cette vérité, ne font que montrer par là leur bêtise ou leur hypocrisie. La liberté, dans une des républiques du monde les plus libres et les plus avancées, dans la république allemande, est la liberté de tuer impunément les chefs du prolétariat en état d'arrestation, et il ne peut en être autrement, tant que subsiste le capitalisme, car le développement du principe démocratique, loin d'affaiblir, ne fait que surexciter la lutte de classes qui, par suite des répercussions et des influences de la guerre, a été portée à son point d'ébullition. »
Ce n'est pas seulement à l'Allemagne que Lénine faisait référence :
« Dans tout le monde civilisé, on expulse aujourd'hui les bolcheviks, on les poursuit, on les emprisonne, comme par exemple dans une des plus libres républiques bourgeoises, en Suisse ; on massacre les bolcheviks en Amérique, etc. »
Le fascisme ouvert de Mussolini et Hitler a-t-il inventé quelque chose ? Bien sur que non. Ce que nous décrit ici Lénine lorsqu'il parle de la "démocratie" bourgeoise est exactement la même chose.
Lénine résumait ainsi sa position :
« Quelles que soient les formes revêtues par la république, fût-elle la plus démocratique, si c'est une république bourgeoise, si la propriété privée de la terre, des usines et des fabriques y subsiste, et si le capital privé y maintient toute la société dans l'esclavage salarié, autrement dit si l'on n'y réalise pas ce que proclament le programme de notre Parti et la Constitution soviétique, cet Etat est une machine qui permet aux uns d'opprimer les autres. »
Lénine avait parfaitement caractérisé la tendance à combattre au nom de la "démocratie" contre la "dictature" (comme concepts généraux abstraits détachés de la question des classes) : « Tous ces cris en faveur de la démocratie ne servent en réalité qu'à défendre la bourgeoisie et ses privilèges de classe exploiteuse. »
Lénine insistait sur ce point fondamental : « La croissance du mouvement révolutionnaire prolétarien dans tous les pays suscite les efforts convulsifs de la bourgeoisie et des agents qu'elle possède dans les organisations ouvrières pour découvrir les arguments philosophico-politiques capables de servir à la défense de la domination des exploiteurs. La condamnation de la dictature et la défense de la démocratie figurent au nombre de ces arguments. Le mensonge et l'hypocrisie d'un tel argument répété à satiété dans la presse capitaliste et à la conférence de l'Internationale jaune de Berne en février 1919 sont évidents pour tous ceux qui ne tentent pas de trahir les principes fondamentaux du socialisme.
D'abord, cet argument s'appuie sur les conceptions de « démocratie en général » et de « dictature en général », sans préciser la question de la classe. Poser ainsi le problème, en dehors de la question de classes, en prétendant considérer l'ensemble de la nation, c'est proprement se moquer de la doctrine fondamentale du socialisme, à savoir la doctrine de la lutte de classes, acceptée en paroles, mais oubliée en fait par les socialistes passés dans le camp de la bourgeoisie. »
Trotsky a beau dans les termes admettre l'existence de la dictature de la bourgeoisie, il élude la question en divisant le système bourgeois en "deux" systèmes, l'un étant "pire" que l'autre. C'est une façon honteuse de réhabiliter le système politique de la bourgeoisie, de faire oublier précisément son caractère de dictature de la bourgeoisie, afin de justifier une alliance, une réconciliation et une collaboration du prolétariat et de la "bonne" bourgeoisie contre cet épouvantail. Cette fausse dichotomie "démocratie" / fascisme, ce faux paradigme est une arme entre les mains de la bourgeoisie pour mystifier son propre système politique.
En réalité, il n'existe qu'un seul système politique bourgeois : la dictature de la bourgeoisie, qu'on appelle aussi "démocratie" bourgeoise ou fascisme. Que celle-ci puisse revêtir diverses formes au cours de son existence (fascimse ouvert ou fascisme dissimulé), se drapper d'illusions pour duper le prolétariat dans certaines périodes, ou au contraire faire tomber le masque à d'autres périodes, cela ne change jamais rien au fond de l'affaire. Tel était en tout cas le point de vue de Lénine lorsqu'il décrivait la doctrine marxiste de l'état.
Quant à la question de savoir quelle forme était la meilleure, là encore Lénine et Trotsky divergent radicalement. Rappelons d'abord que pour Trotsky, le fond était le même, mais pas la forme, donc le fond était différent (petit rappel de la schizophrénie trotskyste opportuniste expliquée plus haut). En effet si Trotsky a tout prix besoin de sa construction (libérale) de la "contradiction" entre deux formes du système bourgeois, c'est précisément pour soutenir l'une contre l'autre. Quel genre de marxiste se bat-il pour sauver à tout prix une illusion ?
Ainsi par exemple, en 1932, l'Internationale Communiste n'appela pas à battre Hitler aux élections présidentielles en Allemagne. Le Komintern considérait en effet et à juste titre qu'il n'y avait aucune différence de fond entre Brüning et Hitler, mais seulement de forme. Le Komintern avait donc considéré avec raison qu'à la limite, la victoire d'Hitler révèlerait à la classe ouvrière la véritable nature du système bourgeois. Chose innacceptable pour Trotsky, pour qui il était préférable de sauver à tout prix les illusions (car rappelons que pour les vrais bolcheviques, la seule différence entre "démocratie" et fascisme ouvert est le caractère illusoire de la première). Ainsi Trotsky s'énerve :
« La résolution d'avril du présidium de l'exécutif de l'I.C. sur “ La situation en Allemagne ” entrera, semble‑t‑il, dans l'Histoire comme le témoignage ultime de la faillite de l'I.C. des épigones. Cette résolution est couronnée par un pronostic dans lequel tous les vices et préjugés de la bureaucratie stalinienne atteignent leur point culminant. “ L'établissement d'une dictature fasciste ouverte ”, déclare la résolution en caractères gras, “ accélère le rythme du développement d'une révolution prolétarienne en Allemagne en détruisant toutes les illusions démocratiques des masses et en les libérant de l'influence de la social‑démocratie ”.
Le fascisme apparaît donc de façon inattendue comme la locomotive de l'histoire : c'est lui qui détruit les illusions démocratiques des masses, les libère de l'influence social‑démocrate, lui qui accélère le développement de la révolution prolétarienne. La bureaucratie stalinienne se décharge sur le fascisme de la réalisation de toutes les tâches fondamentales dont elle s'est elle‑même révélée absolument incapable de les accomplir. »
Les marxistes ont toujours considéré que la locomotive de l'histoire était la lutte des classes entre le prolétariat et la bourgeoisie. Qu'est-ce qui pousse le système politique bourgeois (peu importe qu'on l'appelle démocratie bourgeoise ou fascisme) à muer tantôt en une forme dissimulée, tantôt en une forme ouverte, si ce n'est la lutte des classes ?
Les véritables communistes ont toujours considéré comme fausse, libérale et opportuniste la théorie du "saut qualitatif vers le fascisme". Précisément il n'y a aucune différence de qualité, c'est à dire de nature, entre la "démocratie" (fascisme dissiumé) et le fascisme ouvert. Que ces qualités n'apparaissent au grand jour qu'à certains moments ne change rien au fait que ces qualités font toujours partie de l'essence du système bourgeois. Peu importe qu'elles soient ou non en sommeil, ces qualités sont l'essence même de tous les régimes bourgeois.
Une bonne comparaison serait celle d'un robot tueur qui aurait dans la programmation de son code une fonction maléfique qui ne s'active qu'à certain moments et qui reste en sommeil le reste du temps. Le code de programmation de ce robot reste tout le temps le même, que la présence de la fonction se manifeste ou non dans son attitude. Il n'y a pas besoin de changer de robot ou de changer le code de programmation pour passer d'une attitude à l'autre. Un seul robot et un seul code de programmation peuvent aboutir à des comportements différents selon la situation auquel il est confronté. Parfois notre robot aura l'air innoffensif, parfois il y aura du rouge qui sort de ses yeux et il apparaîtra comme un monstre. Mais il s'agit du même robot avec le même code de programmation, et il n'a nécessité aucun changement dans le robot ou dans son code de programmation pour passer d'une apparence à l'autre. Essayer de faire croire qu'il serait mieux de s'endormir sagement à côté du robot dans sa forme "innoffensive", c'est proprement se jeter dans la gueule du loup.
De la même manière, si nous ne souhaitons pas trahir tous les principes fondamentaux du marxisme, alors nous nous méfierons du système bourgeois, peu importe son apparence extérieure, et même d'autant plus lorsqu'il a l'air innoffensif ! Dès que la lutte de classes du prolétariat devient un peu trop menaçante pour la bourgeoisie, celle-ci n'a nullement besoin d'inventer un autre système une sorte de "super dictature de la bourgeoisie". Non, le système bourgeois même (et surtout !) dans sa forme la plus libre et "démocratique" dispose dans son ADN de tous les moyens de terreur et de dictature militaire nécessaires à sa survie. Il n'y a qu'à activer ces qualités déjà présentes dans sa constitution pour apparaître alors tel qu'il est réellement. C'est précisément parce que le système ne change pas fondamentalement lorsque sa peau mue qu'il est impossible et ridicule de faire "front" avec une peau contre l'autre. Si le système bourgeois se sent menacé, rien ne peut stopper le passage d'une apparence à l'autre.
Trotsky et les opportunistes étaient très préoccupés par la forme, l'apparence du système bourgeois, ils en défendaient les versions fascistes les plus dissimulées (sous prétexte d'une contradiction de la "démocratie" avec le fascisme ouvert).
Lénine au contraire, avait compris l'importance que le voile d'illusions sur la démocratie (fascisme dissimulé) se déchire. La propagande bolchevique accordait une importance centrale et toute particulière à organiser des révélations politiques sur le système bourgeois. C'est précisément sur ces révélations politiques que les bolcheviques faisaient reposer leur stratégie pour élever les conditions subjectives de la révolution, le facteur conscient. Il était en effet impensable que la classe ouvrière s'attaque au système bourgeois et le démolisse de fond en comble si elle n'était pas absolument convaincue et consciente de la véritable nature de ce système (en dépit de ces différentes façades et autres aspects extérieurs possibles).
« En réalité, écrivait Lénine, une “élévation de l'activité de la masse ouvrière" n'est possible que si nous ne nous bornons pas à l'“agitation politique sur le terrain économique”. Or, l'une des conditions essentielles de l'extension nécessaire de l'agitation politique, c'est d'organiser des révélations politiques dans tous les domaines. Seules ces révélations peuvent former la conscience politique et susciter l'activité révolutionnaire des masses. C'est pourquoi cette activité est une des fonctions les plus importantes de la social-démocratie internationale tout entière, car la liberté politique ne supprime nullement les révélations mais en modifie seulement un peu la direction. »
Les bolcheviques accordaient donc également une certaine importance aux apparences. Mais seulement dans la mesure où l'activité principale des bolchviques était préciément de tout faire pour élever la conscience des ouvriers, de briser les mythes et les illusions dont se drappe le système politique bourgeois. Alors que les opportunistes font tout pour maintenir en vie les illusions dans la tête des ouvriers, les bolcheviques au contraire, ont toujours su s'appuyer sur les faits monstrueux aussi innombrables qu'inévitables du système "démocratique" bourgeois (guerres, répressions, ec.) pour révéler au prolétariat le caractère profondément anti-démocratique de cette prétendue "démocratie". Ainsi, Lénine expliquait :
« Mais plus le temps passe, et plus les yeux des ouvriers s'ouvrent, plus l'idée du pouvoir des Soviets progresse, surtout après le sanglant carnage que nous venons de subir. La classe ouvrière se rend de mieux en mieux compte de la nécessité de lutter implacablement contre les capitalistes. »
Il pousuit :
« La guerre impérialiste de 1914-1918 a définitivement manifesté, même aux yeux des ouvriers non éclairés, ce vrai caractère de la démocratie bourgeoise, même dans les républiques les plus libres – comme caractère de dictature bourgeoise. C'est pour enrichir un groupe allemand ou anglais de millionnaires ou de milliardaires qu'ont été massacrés des dizaines de millions d'hommes et qu'a été instituée la dictature militaire de la bourgeoisie dans les républiques les plus libres. Cette dictature militaire persiste, même après la défaite de l'Allemagne dans les pays de l'Entente. C'est la guerre qui, mieux que tout, a ouvert les yeux aux travailleurs, a arraché les faux appas à la démocratie bourgeoise, a montré au peuple tout l'abîme de la spéculation et du lucre pendant la guerre et à l'occasion de la guerre. C'est au nom de la liberté et de l'égalité que la bourgeoisie a fait cette guerre; c'est au nom de la liberté et de l'égalité que les fournisseurs aux armées ont amassé des richesses inouïes. Tous les efforts de l'Internationale jaune de Berne n'arriveront pas à dissimuler aux masses le caractère d'exploitation actuellement manifeste de la liberté bourgeoise, de l'égalité bourgeoise, de la démocratie bourgeoise. »
Trotsky demande donc où est la locomotive de l'histoire. C'est la guerre impérialiste de 1914-1918 qui avait achevé de créer les conditions objectives au renversement du capitalisme par la révolution socialiste. Pour Lénine, il n'était pas question d'alliance avec une prétendue "bonne" bourgeoisie. La guerre avait précisément démontré les trahisons inévitables de cette "bonne" bourgeoisie de gauche, qui avait applaudit à l'entrée en guerre dans le délire général "d'unité nationale" en 1914. En 1917 encore, en Russie, c'est à nouveau la bourgeoisie "pacifiste" qui, une fois au pouvoir (et avec l'aide des opportunistes mencheviks et "socialistes"-révolutionnaires), fit tout pour maintenir la Russie dans la guerre. Non seulement c'est la guerre qui a créé un état de choses révolutionnaires, mais en plus seule la révolution socialiste du prolétariat était en mesure d'y mettre fin. Il n'était ni question de "front", ni de "bonne" bourgeoisie.
Là encore, le point de vue de Lénine était on ne peut plus clair :
« Seul le prolétariat révolutionnaire de la Russie et de toute l'Europe, demeuré fidèle à l'internationalisme, peut soustraire l'humanité aux horreurs de la guerre impérialiste ! [...] La tâche que nous avons esquissée dans le n° 47 du Social-Démocrate est gigantesque Elle ne peut être remplie qu'au cours d'une longue suite de grande batailles de classe entre le prolétariat et la bourgeoisie. Mais ce n'est pas notre impatience, ce ne sont pas nos désirs, ce sont les conditions objectives réunies par la guerre impérialiste qui ont amené l'humanité tout entière dans une impasse et l'ont placée devant le dilemme : ou bien laisser encore périr des millions d'hommes et anéantir toute la civilisation européenne, ou bien transmettre le pouvoir dans tous les pays civilisés au prolétariat révolutionnaire, accomplir la révolution socialiste. »
L'Internationale Communiste a considéré à juste titre en 1932 qu'il n'y avait aucune différence de fond entre les différents partis bourgeois ou "ouvriers"-bourgeois sociaux-traîtres qui se présentaient aux élections. Si Hitler n'avait pas gagné les élections, la dictature de la bourgeoisie n'en aurait pas été moins féroce et brutale. Seuls les petits et grands bourgeois "socialistes" mystificateurs peuvent entretenir de telles illusions. La répression incroyable qu'avaient subi les communistes allemands à partir de 1918 avait déjà montré ce caractère véritable de la "démocratie" bourgeoise, caractère monstrueux qui n'avait rien de spécifique à Hitler.
Quant à la guerre, là encore, il n'y avait pas besoin d'Hitler lorsque pendant la guerre civile Russe une coalition impérialiste de 14 pays se déchaîna contre la Russie bolchevique. Même après la victoire des communistes en Russie, Lénine avait très bien compris qu'entre pays socialistes et pays capitalistes, la guerre était inévitable. Seuls nos opportunistes sont assez naïfs pour croire qu'il existe au sein des pays capitalistes une "bonne" bourgeoisie "pacificiste". Lénine expliquait pourtant à l'époque que « l'existence de la République soviétique à coté d'Etats impérialistes est impensable pendant une longue période. En fin de compte, l'un ou l'autre doit l'emporter. Et avant que cette fin arrive, un certain nombre de terribles conflits entre la République soviétique et les Etats bourgeois est inévitable. ».
Ce n'est pas à partir de 1933 et Hitler que l'Allemagne avait commencé à se réarmer. Déjà bien avant, les grands capitalistes américains avaient aidé l'Allemagne à violer (ou à contourner) le traité de Versailles (avec la totale complicité des français et des anglais) en réalisant par exemple d'importants investissements dans les industries allemandes liées à l'armement et à la guerre (au lieu des les détruire comme les traités le prévoyaient). Un des exemples les plus frappants a été donné en 1927 par la Standard Oil (une société américaine) qui avait fusionné avec la société allemande IG Farben. Cette société s'occupait principalement de chimie (donc des gaz de combat, du pétrole, etc.). Et les exemples comme ceux-là ne manquent pas. Bien avant l'arrivée au pouvoir d'Hitler, le plan de guerre contre l'URSS avait déjà été fixé. Avec ou sans Hitler, les bourgeoisies impérialistes d'Europe et d'Amérique étaient bien décidées à en finir le plus vite possible avec l'URSS. Des quantités incroyables d'argent ont été déversées par la presse aux mains des capitalistes pour salir l'image de l'URSS pendant des années (l'origine du fameux mythe des "millions de morts"), afin de préparer mentalement les peuples des pays impérialistes à la guerre suivante. Tout cela encore une fois, bien avant l'arrivée d'Hitler.
Le développement accéléré de l'industrie soviétique avait démarré dès 1929 avec la fin de la NEP. L'URSS n'a pas attendu la prise du pouvoir par Hitler pour se rendre compte de la menace des pays capitalistes et de la nécessité de rattraper le retard industriel soviétique. Staline exprimait ce point de vue dans un discours aux cadres de l'industrie en 1931 : « Voulez-vous que notre patrie socialiste soit battue et qu'elle perde son indépendance ? Mais si vous ne le voulez pas, vous devez liquider son retard dans le plus bref délai, et développer de véritables rythmes bolcheviks dans la construction de son économie socialiste. Il n'est point d'autres voies. Voilà pourquoi Lénine disait au moment d'Octobre : « Ou la mort, ou rejoindre et dépasser les pays capitalistes avancés. »
Nous retardons de cinquante à cent ans sur les pays avancés. Nous devons parcourir cette distance en dix ans. Ou nous le ferons, ou nous serons broyés. Voilà ce que nous dictent nos obligations envers les ouvriers et les paysans de l'U.R.S.S. »
Bref, contrairement à ce que racontent les opportunistes comme Trotsky, il n'y avait rien de "spécial" dans l'arrivée aux affaires d'Hitler. Ni dans la répression de classe monstrueuse de la bourgeoisie contre le prolétariat, ni dans la guerre des coalitions impérialistes contre l'URSS. Tout cela existait déjà avant Mussolini, avant Hitler.
Quant à la thèse opportuniste elle-même, elle n'a rien de neuve non plus. Depuis longtemps déjà, les opportunistes et réformistes essayent de propager dans le mouvement ouvrier l'idée que le système "démocratique" bourgeois était "au-dessus des classes" et que par conséquent la classe ouvrière devait accepter une alliance (une soumission) à une prétendue "bonne" bourgeoisie ("progressiste") contre une "mauvaise" ("réactionnaire").
C'est Lénine qui s'était précisément élevé contre ce point de vue anti-marxiste, bien avant l'épisode Hitler donc...
« En matière politique, le révisionnisme a tenté de reviser en fait le principe fondamental du marxisme : la théorie de la lutte des classes. La liberté politique, la démocratie, le suffrage universel privent de tout terrain la lutte de classe — nous a-t-on affirmé — et démentent le vieux principe du Manifeste du Parti communiste : les ouvriers n’ont pas de patrie. Dès l’instant où, dans la démocratie, c’est la "volonté de la majorité" qui domine, on ne saurait, paraît-il, ni envisager l'Etat comme un organisme de domination de classe, ni refuser les alliances avec la bourgeoisie progressive, social-réformatrice, contre les réactionnaires.
[...]
Il est incontestable que ces objections des révisionnistes se résumaient dans un système de conceptions assez cohérent, savoir : des conceptions bourgeoises libérales connues de longue date. Les libéraux ont toujours prétendu que le parlementarisme bourgeois supprimait les classes et les divisions en classes, puisque tous les citoyens sans distinction bénéficiaient du droit de vote, du droit de participation à la chose publique. Toute l’histoire européenne de la seconde moitié du XIX° siècle, toute l’histoire de la Révolution russe du début du XX° siècle, montrent à l’évidence combien ces conceptions sont absurdes. Avec la liberté du capitalisme "démocratique", les distinctions économiques. loin de se relâcher, s’intensifient et s’aggravent. Le parlementarisme. loin de faire disparaître, dévoile l’essence des républiques bourgeoises les plus démocratiques, comme organes d’oppression de classe. »
Seules les imbéciles ou les traîtres au socialisme ne verront pas que cette phrase de Lénine est l'exact équivalent du mot d'ordre de l'Internationale Communiste de 1932 (critiqué plus haut par Trotsky), à savoir, que la thèse de la "bonne" bourgeoisie contre la "mauvaise" est une "construction libérale de la contradiction entre le fascisme et la démocratie bourgeoise, entre les formes parlementaires de la dictature de la bourgeoisie et ses formes ouvertement fascistes...".
A l'inverse des opportunistes qui cherchent toujours à embarquer le prolétariat dans la collaboration de classe avec la bourgeoisie, Staline expliquait en 1907 qu'il n'y avait pas de "bonne" bourgeoisie, le combat devait être mené contre toute la bourgeoisie sans exception : « Le prolétariat ne pourra arriver au socialisme en se réconciliant avec la bourgeoisie. Il doit absolument engager la lutte, qui doit être une lutte de classe, la lutte de l'ensemble du prolétariat contre toute la bourgeoisie. Ou bien la bourgeoisie avec son capitalisme, ou bien le prolétariat avec son socialisme ! Voilà sur quelle base doit reposer l'action du prolétariat, sa lutte de classe. »
On demande donc, quel est le pire ennemi ? Mais Lénine nous le dit : « L'obligeant Trotski est plus dangereux qu'un ennemi ! »
La théorie trotskyste ne se limite pas à ces mystifications banales de la "démocratie" bourgeoise. Elle va bien plus loin dans la mystification opportuniste.
Ainsi, Trotsky nous dévoile sa théorie sur la coexistence au sein de l'état bourgeois d'une "démocratie" bourgeoise et d'une "démocratie prolétarienne" qu'auraient paraît-il conquis le prolétariat au sein-même de l'état bourgeois :
« Au cours de plusieurs dizaines d'années les ouvriers ont construit à l'intérieur de la démocratie bourgeoise, en l'utilisant tout en luttant contre elle, leurs bastions, leurs bases, leurs foyers de démocratie prolétarienne : les syndicats, les partis, les clubs de formation, les organisations sportives, les coopératives, etc. Le prolétariat peut arriver au pouvoir non dans le cadre formel de la démocratie bourgeoise mais par la voie révolutionnaire : ceci est démontré aussi bien par la théorie que par l'expérience. Mais c'est précisément pour cette voie révolutionnaire que le prolétariat a besoin de bases d'appui de démocratie prolétarienne à l'intérieur de l'Etat bourgeois. C'est à la création de telles bases que s'est réduit le travail de la IIème Internationale à l'époque où elle remplissait encore un rôle historique progressiste. »
Le lecteur averti aura immédiatement remarqué qu'il ne s'agit là de rien d'autre que l'absurde théorie opportuniste du "syndicalisme révolutionnaire" (ou anarcho-syndicalisme), théorie économiste qui prétend amener la révolution par les syndicats, rejetant en fait toute lutte politique (car paraît-il le système politique serait déjà "démocratique").
Le fascisme consisterait selon Trotsky à ce que la bourgeoisie s'en prenne à ces "bastions" de "démocratie prolétarienne" :
« Le fascisme a pour fonction principale et unique de détruire tous les bastions de la démocratie prolétarienne jusqu'à leurs fondements.. »
Il précise son point de vue opportuniste :
« Les sages qui se vantent je ne pas voir la différence "entre Brüning et Hitler", disent en fait : peu importe que nos organisations existent encore ou qu'elles soient déjà détruites. »
Le fascisme comme négation de la "démocratie" bourgeoise était déjà une vaste farce, nous avons maintenant le fascisme comme négation de la "démocratie prolétarienne". A quel moment l'Allemagne a-t-elle été une démocratie prolétarienne ?? Elle ne l'a jamais été, ni complètement, ni à moitié.
Lénine n'avait de cesse de répéter qu'il ne pouvait y avoir de coexistence entre "démocratie" bourgeoise et démocratie prolétarienne, c'est à dire entre dictature de la bourgeoisie et dictature du prolétariat. ainsi Lénine écrivait : « Le point le plus important, que ne comprennent pas les [faux] socialistes et qui constitue leur myopie théorique, leur emprisonnement dans les préjugés bourgeois et leur trahison politique envers le prolétariat, c'est que dans la société capitaliste, dès que s'aggrave la lutte des classes qui est à sa base, il n'y a pas de milieu entre la dictature de la bourgeoisie et la dictature du prolétariat. Tous les rêves d'une solution intermédiaire ne sont que lamentations réactionnaires de petits bourgeois. »
Ce point n'est pas anecdotique. Lorsque Lénine lançait en 1917 le mot d'ordre "Tout le pouvoir aux soviets", il entendait précisément faire voler en éclat le mythe de la possible "coexistence" au sein-même de l'état bourgeois d'une prétendue "démocratie" bourgeoise a côté de "bastions" de "démocratie" prolétarienne". Le niveau de mystification de ce genre de théorie avait été révélé par Lénine en septembre 1917, un mois avant le renversement du pouvoir bourgeois par les bolcheviques :
« Jusqu'à présent, le pouvoir d'Etat, en Russie, reste en réalité aux mains de la bourgeoisie, qui n'est tenue qu'à faire des concessions partielles (qu'elle commence à reprendre dès le lendemain), à distribuer des promesses (qu'elle n'a pas l'intention de tenir), à rechercher les moyens de masquer sa domination (pour berner le peuple par les apparences d'une «coalition loyale»), etc., etc. En paroles, nous avons un gouvernement populaire, démocratique, révolutionnaire ; en réalité, il s'agit d'un gouvernement antipopulaire, antidémocratique, contre-révolutionnaire, bourgeois : telle est la contradiction fondamentale qui a duré jusqu'à présent et a été à l'origine de l'instabilité et des hésitations du pouvoir, de ce «chassé-croisé ministériel» auquel se sont livrés, avec un zèle si désastreux (pour le peuple), MM. les socialistes-révolutionnaires et les mencheviks. »
Trotsky évoquait la IIème internationale et vantait son réformisme en fait, car rappelons ce que la IIème internationale était aux yeux de Lénine :
« La complète banqueroute des socialistes réunis à Berne, leur incompréhension absolue de la démocratie prolétarienne nouvelle apparaissent particulièrement dans ce qui suit : le 10 février 1919, Branting clôturait à Berne la conférence internationale de l'Internationale jaune. Le 11 février 1919, à Berlin, était imprimé dans le journal de ses coreligionnaires Die Freiheit une proclamation du parti des Indépendants au prolétariat. Dans cette proclamation est reconnu le caractère bourgeois du gouvernement de Scheidemann, auquel on reproche son désir d'abolir les Soviets appelés les messagers et les défenseurs de la Révolution, auquel on demande de légaliser les Soviets, de leur donner le droits politiques, le droit de vote contre les décisions de l'Assemblée Constituante, le référendum demeurant juge en dernier ressort.
Cette proclamation dénote la complète faillite des théoriciens qui défendaient la démocratie sans comprendre son caractère bourgeois. Cette tentative ridicule de combiner le système des Soviets, c'est-à-dire la dictature du prolétariat, avec l'Assemblée Constituante, c'est-à-dire la dictature de la bourgeoisie, dévoile jusqu'au bout, à la fois la pauvreté de pensée des socialistes jaunes et des social-démocrates, leur caractère réactionnaire de petits bourgeois et leurs lâches concessions devant la force irrésistiblement croissante de la nouvelle démocratie prolétarienne. »
Quiconque sait un peu lire comprendra immédiatement que c'est précisément cette théorie absurde que défendait Trotsky, à savoir qu'il pourrait exister au sein-même de l'état bourgeois des "bastions" et des "foyers" de "démocratie prolétarienne". Sans rire !
Ailleurs, Lénine écrivait :
« L'Internationale « de Berne » est en réalité, de par son rôle historique et politique véritable, indépendamment de la bonne volonté et des vœux pieux de tel ou tel de ses membres, une organisation d'agents de l'impérialisme international, qui agissent à l'intérieur du mouvement ouvrier, et font pénétrer dans ce mouvement l'influence bourgeoise, les idées bourgeoises, le mensonge bourgeois et la dépravation bourgeoise. »
On est loin des illusions réformistes de Trotsky.
Poursuivons sur le sujet des fameux "bastions" de "démocratie prolétarienne", Trotsky parlait par exemple des syndicats.
La position des bolcheviques vis à vis des syndicats (ou trade-unions) était bien différente de celle des opportunistes réformistes mencheviks comme Trotsky.
Trotsky considèrait, comme tout bon réformiste, les syndicats comme le nec plus ultra du mouvement ouvrier.
La position de Lénine, notamment vis à vis des syndicats présents dans les pays impérialistes, était pourtant tout autre. Bien loin de les considérer comme un formidable "bastion" de prétendue "démocratie prolétarienne", les bolcheviques y voyaient surtout une formidable arme de corruption du prolétariat par la bourgeoisie impérialiste.
Certes en Russie, la bourgeoisie n'avait que peu de moyens de corrompre le prolétariat (car pas de rente impérialiste à partager sous forme "d'acquis-sociaux"). En Europe, dans les pays impérialistes, la situation était bien différente :
« En Europe occidentale, écrivait Lénine, la question se pose différemment. Là-bas, les camarades voient un mal dans les syndicats, car ceux-ci sont à tel point entre les mains des éléments jaunes du vieux socialisme que les communistes ne trouvent aucun intérêt dans leur soutien. De nombreux communistes occidentaux, et Rosa Luxemburg elle-même, prônent la suppression des syndicats. »
Nos trotskystes et opportunistes de service essayent de faire oublier que les communistes allemands comme Rosa Luxemburg n'étaient pas du tout favorable aux syndicats, y voyaient au contraire un vecteur de corruption et d'embourgeoisement du prolétariat. Arme que la bourgeoisie utilisait afin que le prolétariat "se tienne tranquille", brisant les conditions objectives de la révolution socialiste. Tout cela, les soit-disant socialistes trotskystes, maoïstes, anarchistes, etc. l'ont complètement et délibérément oublié.
Mais c'est Lénine lui-même qui a le mieux décrit ce caractère bourgeois et anti-communiste des syndicats dans les pays impérialistes, sous la forme du social-impérialisme, des luttes strictement économiques (de prétendus "acquis sociaux", etc.) :
« Ramsay Macdonald sait parfaitement que nous avons fondé la III° Internationale et rompu totalement avec la II° car nous nous étions convaincus qu'elle était incurable, condamnée, qu'elle était le serviteur de l'impérialisme, l'agent de l'influence bourgeoise, du mensonge bourgeois et de la dépravation bourgeoise dans le mouvement ouvrier. Si Ramsay Macdonald, en voulant parler de la III° Internationale, élude le fond de la question, tourne autour du pot, prononce des phrases vides et ne. parle pas de ce dont il faut parler, à lui la faute, à lui le crime. Car le prolétariat a besoin de la vérité, et rien n'est plus nuisible à sa cause que le mensonge de belle apparence et de bon ton du petit bourgeois.
La question de l'impérialisme et de sa liaison avec l'opportunisme dans le mouvement ouvrier, avec la trahison de la cause ouvrière par les chefs ouvriers, est posée depuis longtemps, depuis très longtemps.
Pendant quarante ans, de 1852 à 1892, Marx et Engels ont constamment signalé l'embourgeoisement des couches supérieures de la classe ouvrière d'Angleterre en raison de ses particularités économiques (colonies ; monopole sur le marché mondial, etc.) . Vers 1870, Marx s'est acquis la haine honorifique des vils héros de la tendance internationale « bernoise » de l'époque, des opportunistes et des réformistes, pour avoir stigmatisé nombre de leaders des trade‑unions anglaises, vendus à la bourgeoisie ou payés par elle pour services rendus à sa classe à l'intérieur du mouvement ouvrier.
[...]
« Impérialisme fabien » et « social-impérialisme » sont une seule et même chose : socialisme en paroles, impérialisme dans les faits, transformation de l'opportunisme en impérialisme. Ce phénomène est devenu maintenant, pendant et après la guerre de 1914‑1918, un phénomène universel. Ne pas l'avoir compris est le plus grand aveuglement de l'Internationale jaune « de Berne » et son plus grand crime. L'opportunisme ou le réformisme devait inévitablement se transformer en impérialisme socialiste ou social‑chauvinisme, de portée historique mondiale, car l'impérialisme a promu une poignée de nations avancées richissimes qui pillent le monde entier, et par là même a permis à la bourgeoisie de ces pays d'acheter avec son surprofit de monopole (l'impérialisme, c'est le capitalisme monopoliste) leur aristocratie ouvrière.
Pour ne pas voir que c'est un fait économiquement inéluctable sous l'impérialisme, il faut être ou bien un parfait ignorant, ou bien un hypocrite qui trompe les ouvriers en répétant des lieux communs sur le capitalisme pour dissimuler l'amère vérité du passage d'un courant socialiste tout entier du côté de la bourgeoisie impérialiste. »
Quand on leur parle de l'embourgeoisement du prolétariat par l'impérialisme, de ses causes et de ses conséquences sur la stratégie révolutionnaire, nos opportunistes d'aujourd'hui s'énervent. Mais s'ils ne veulent pas écouter Lénine, qu'ils écoutent Engels. C'est lui le premier, qui avec Marx, avait lié dès le milieu du 19ème siècle la domination mondiale de l'Angleterre à l'embourgeoisement de sa classe ouvrière :
« L'histoire de Jones est écœurante. Il a organisé ici un meeting et parlé tout à fait dans l'esprit de la nouvelle alliance. Après cette histoire on peut vraiment conclure que le mouvement prolétarien anglais, sous sa vieille forme traditionnelle chartiste doit sombrer définitivementavant de pouvoir évoluer une forme vivace nouvelle . Il est cependant difficile de prévoir ce que sera cette forme. J'ai l'impression que Jones's new move [le dernier coup de Jones], comme toutes les tentatives précédentes plus ou moins réussies, d'une alliance de ce genre, s'expliquent par le fait que le prolétariat anglais s'embourgeoise de plus en plus et que cette nation, la plus bourgeoise de toutes, veut donc apparemment, en venir à posséder une aristocratie bourgeoise et un prolétariat bourgeois à côté de la bourgeoisie. Il va sans dire que pour une nation qui exploite le monde entier c'est assez normal. Seules quelques années très mauvaises pourraient y remédier, mais il ne faut pas trop compter dessus depuis la découverte des terrains aurifères. »
A l'époque déjà, les syndicats étaient le relais de cette corruption. Pour Engels, les syndicats « … sont les organisations des secteurs industriels où ni la concurrence du travail des femmes ou des enfants ni celle des machines n'ont été jusqu'à présent en mesure de briser leur puissance organisée... Leur situation s'est, sans aucun doute, remarquablement améliorée depuis 1848. La meilleure preuve en est que depuis quinze ans, ce ne sont pas seulement leurs employeurs qui sont satisfaits d'eux, mais eux même qui sont également très contents de leurs employeurs. Ils constituent une aristocratie au sein de la classe ouvrière. Ils sont parvenus à conquérir une situation relativement confortable et, cette situation, ils l'acceptent comme définitive. [...] Ils sont très gentils et nullement intraitables pour un capitaliste raisonnable en particulier et pour la classe capitaliste en général. »
A l'époque, il s'agissait des particularités de l'Angleterre qui permettaient cette corruption de larges couches de la population, notamment de la classe ouvrière. Il s'agissait du monopole commercial anglais. Aujourd'hui, cela fait bien longtemps que les capitalistes ont abandonné le modèle d'exportation de marchandises et se concentrent maintenant sur l'exportation de capitaux (l'impérialisme, la domination du capital financier). Cependant le procédé reste le même, et ce trait commun à l'impérialisme et au monopole commercial anglais continue d'expliquer la force du système bourgeois dans les pays impérialistes dominants. La bourgeoisie de ces pays (comme le nôtre donc), a en réalité soutenu l'émergence de ce syndicats pour corrompre le prolétariat. C'est pourquoi Engels écrivait :
« De l'expérience chartiste, la bourgeoisie industrielle a tiré la conviction qu'elle ne parviendrait jamais à dominer politiquement et socialement la nation, autrement qu'avec l'aide de la classe ouvrière. »
Evidemment, cette sitation privilégiée, de monopole commercial, comme d'impérialisme, est forcément temporaire. Engels considérait donc le socialisme en Angleterre comme complètement pourri et réformiste, il liait la renaissance du véritable socialisme à la fin de ces "acquis sociaux" :
« Avec l'effondrement de ce monopole, la classe ouvrière anglaise perdra cette position privilégiée. Elle se verra alignée un jour-y compris la minorité dirigeante et privilégiée- au niveau des ouvriers de l'étranger. [...] Et c'est la raison pour laquelle le socialisme renaîtra en Angleterre. »
Bref, les conceptions réformistes et opportunistes de Trotsky (et des "communistes" en France actuellement) sont à mille années lumière des travaux et des enseignements que nous ont légué les grands classiques du marxisme sur le sujet. Que nos "communistes" (en fait révisionnistes) fassent tout pour cacher cela et rejettent la lecture de ces classiques se comprend donc aisément... Ils préfèrent se dire "marxistes", mais n'ont pas envie de découvrir quel genre d'anti-marxistes ils sont réellement.
Engels avait parfaitement montré comment le rejet de l'étude de la théorie marxiste était l'une des causes de la victoire du réformisme. Engels ne reconnaissait pas seulement la lutte économique des ouvriers contre le patronat, mais aussi la lutte politique et la lutte théorique : « Les ouvriers allemands ont deux avantages importants sur les ouvriers du reste de l'Europe. Le premier, c'est qu'ils appartiennent au peuple le plus théoricien de l'Europe et qu'ils ont conservé en eux-mêmes ce sens de la théorie, presque complètement perdu par les classes dites "instruites" d'Allemagne. Sans la philosophie allemande qui l'a précédé, en particulier sans celle de Hegel, le socialisme scientifique allemand, le seul socialisme scientifique qui ait jamais existé, ne se serait jamais constitué. Sans le sens théorique qui leur est inhérent, les ouvriers ne se seraient jamais assimilé à un tel point ce socialisme scientifique, comme c'est le cas à présent. Combien est immense cet avantage, c'est ce que montrent, d'une part, l'indifférence à toute théorie qui est une des principales raisons pour lesquelles le mouvement ouvrier anglais progresse si lentement malgré la magnifique organisation de certains métiers, et d'autre part, le trouble et les hésitations que le proudhonisme a provoqués, sous sa forme primitive, chez les Français et les Belges et, sous la forme caricaturale que lui a donnée Bakounine, chez les Espagnols et les Italiens. »
Par exemple Lénine inistait lourdement sur le rôle de la lutte théorique :
« Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire. On ne saurait trop insister sur cette idée à une époque où l'engouement pour les formes les plus étroites de l'action pratique va de pair avec la propagande à la mode de l'opportunisme. [...] seul un parti guidé par une théorie d'avant-garde peut remplir le rôle de combattant d'avant-garde. »
« L'absence de théorie, disait Lénine, enlève à une tendance révolutionnaire le droit d'exister et la condamne nécessairement, tôt ou tard, à la faillite politique. »
Au contraire, Trotsky, comme tout bon réformiste, résumait l'organisation des ouvriers au syndicalisme et prétend arriver par cette voie à la révolution. Le trait caractéristique du réformiste à toutes les époques est qu'il ne saurait évidemment mener une lutte théorique contre le réformisme puisqu'il en est un lui-même. Il ne saurait réclamer une lutte politique puisque précisément il souhaite maintenir le système politique actuel de la bourgeoisie, en l'idéalisant face à un épouvantail "pire encore". Le trait caractéristique du réformiste est de réduire toute lutte à la lutte économique des ouvriers contre le patronat, lutte parfaitement acceptable pour la bourgeoisie, surtout quand celle-ci y voit un puissant vecteur de corruption du prolétariat, d'achat de la paix sociale, etc. Cela, Marx, Engels et Lénine l'ont parfaitement démontré, et il n'y a que nos "communistes" actuels y compris nos super "marxistes-léninistes", "maoïstes", ou que sais-je encore, pour refuser obstinément de le voir.
C'est Lénine qui avait parfaitement caractérisé ce trait si récurrent du réformisme :
« Si pour le social-démocrate l'idée de “lutte économique contre le patronat et le gouvernement “, l’emporte sur celle de la lutte politique, il est naturel de s’attendre à ce que l’idée d’”organisation des ouvriers” l’emporte plus ou moins chez lui sur l’idée d’”organisation des révolutionnaires”. Et c’est ce qui arrive effectivement, en sorte que, en parlant organisation, nous parlons des langues absolument différentes. »
Lénine résumait parfaitement la divergence entre les bolcheviques (communistes authentiques) et les révisionnistes opportunistes et réformistes (tels que Trotsky et tous les maoïstes-anarchistes-mélenchonnistes-etc. actuels) :
« Quelle était donc la source de nos divergences ? Mais justement que les économistes dévient constamment du social-démocratisme vers le trade-unionisme dans les tâches d'organisation comme dans les tâches politiques. La lutte politique de la social-démocratie est beaucoup plus large et plus complexe que la lutte économique des ouvriers contre le patronat et gouvernement. De même (et de ce fait), l'organisation d’un parti social-démocrate révolutionnaire doit nécessairement être d'un autre genre que l'organisation des ouvriers pour la lutte économique. »
Enfin, si Trotsky mystifie la "démocratie" bourgeoise, sa prétendue "liberté" de la presse qu'il faudrait à tout prix "défendre", Lénine au contraire n'a eu de cesse de souligner le caractère illusoire de ces prétendues "libertés" :
« D'autre part, les ouvriers savent très bien que la liberté de réunion, même dans la république bourgeoise la plus démocratique, est une phrase vide de sens.
[...] La liberté de la presse est également une des grandes devises de la démocratie pure. Encore une fois, les ouvriers savent que les socialistes de tous les pays ont reconnu des millions de fois que cette liberté est un mensonge. »
Bref, contrairement à Trotsky, Lénine considérait que la seule façon de gagner contre la bourgeoisie n'était pas des alliances avec une prétendue "bonne" bourgeoisie face à une bourgeoisie "pire". La seule alternative est la révolution socialiste et la dictature du prolétariat :
« L'anéantissement du pouvoir gouvernemental est le but que se sont proposés tous les socialistes. Marx le premier. Sans réalisation de ce but, la vraie démocratie, c'est-à-dire l'égalité et la liberté, est irréalisable. Or, le seul moyen pratique d'y arriver est la démocratie soviétiste ou prolétarienne, puisque, appelant à prendre une part réelle et obligatoire au gouvernement les organisations des masses laborieuses, elle commence dès maintenant à préparer le dépérissement complet de tout gouvernement. »
C'est précisément contre les thèses de Lénine que se sont élevés les "communistes" français du P"C"F de Thorez lorsqu'ils ont mis en place la gigantesque mascarade du "front populaire", reprenant ainsi les vielles thèses trotskystes-menchevik réformistes et opportunistes mille fois critiquées par Lénine. Il n'y a d'ailleurs pas besoin de chercher bien loin pour trouver des thèses opportunistes absolument identiques chez nos maoïstes actuels.
A l'époque de Trotsky, la question était de savoir si "démocratie" bourgeoise et fascisme était ou non une seule et même chose.
La question était de savoir si Brüning et Hitler, c'était du pareil au même.
A l'heure actuelle, nos "anti-fascistes" ne reculent pas devant le ridicule lorsqu'ils comparent désormais le front national au NSDAP de Hitler.
A l'époque, il ne faisait aucun doute pour personne que Hitler était un fasciste. Ce qui se discutait était de savoir si Brüning l'était lui aussi ou non (les trotskystes affirmaient que non, les "staliniens" affirmaient que oui). Il y avait donc en théorie accord sur au moins la moitié des variables de l'équation.
Aujourd'hui, la caricature opportuniste va bien plus loin encore. Nos opportunistes ne se content plus de mystifier la "démocratie" bourgeoise. Ils cherchent maintenant à trouver un nouvel Hitler, pour nous refaire le coup du bon vieux "front populaire", et ainsi nous resservir de la collaboration de classe. A vrai dire, avec la "menace terroriste" et la "menace écologique", ils arrivaient à peu près au même résultat, à savoir réaliser une "untié nationale" derrière la bourgeoisie. Il fallait néanmoins nécessairement que ce cher Hitler revienne se réincarner.
Dans leur théorie cyclique de l'histoire, les petits et grands bourgeois nous préviennent : nous sommes comme dans les années 1930 (qu'importe que la vision cyclique de l'histoire soit anti-marxiste, puisqu'on vous dit que c'est un cycle bon sang !). Donc c'est logique, il va y avoir un nouvel Hitler. Reste à chercher ce nouvel Hitler, et pourquoi pas à le créer de toute pièce.
En France, le candidat tout trouvé était le front national. Ce parti à la réputation sulfureuse traînait derrière lui toute l'histoire de la collaboration, de l'OAS, etc. Un parfait candidat pour le poste de grand méchant.
Reste bien sur un problème, la réalité des faits. La réalité des faits, c'est qu'à partir des années 1980, le front national a absorbé le P"C"F de Marchais. Tant son électorat, que certains de militants, cadres, intellectuels et même son programme ! Le FN a aussi réussi à absorber des militants du NPA, de la LCR, et obtient des scores importants dans les catégories ouvrières, y compris les plus syndiquées à la CGT.
Dans le programme du FN, on peine à trouver autre chose que le vieux barratin réformiste du P"C"F, des augmentations de salaire, plus d'état providence, de préservation des "acquis-sociaux", de "redistribution des richesses", et des d'autres illusions qui avaient fait du P"C"F un "grand parti" pendant des décennies aux yeux de la classe ouvrière française en grande partie embourgeoisée.
Que le P"C"F se soit littéralement effondré, et il n'aura pas fallu grand chose pour que le FN l'absorbe complètement, même si sa base militante a mis plus de temps à évoluer que son électorat. C'est ainsi que le front national s'est imposé qu'on le veuille ou non comme le plus "grand" parti chez les ouvriers. La seule différence entre le FN et le P"C"F de Marchais, c'est que le P"C"F prétendait encore être "communiste", et avait gardé le symbole de la faucille et du marteau. Même sur la question migratoire, le FN n'a rien inventé, c'est le P"C"F qui incarnait le mieux le discours de rejet de l'immigration.
Avec un peu de recul donc, le fn apparaît comme un bien mauvais candidat pour jouer le rôle du "méchant fasciste", en dépit de son discours social-chauvin, révisionniste, réformiste, opportuniste, qu'avait jusque là incarné le P"C"F depuis sa fondation.
La réalité, c'est que le discours du NSDAP n'avait en fait pas grand chose à voir avec celui du front national.
On parle ainsi du rejet des immigrés, mais premièrement l'immigration est une traite esclavagiste moderne, qui est doublement utile à la bourgeoisie :
- pour lutter économiquement contre les prolétariat en entretenant une armée de réserve du capital, faisant pression à la baisse sur les salaires ; mais fournissant surtout une main d'oeuvre de travailleurs ou domestiques maléable à merci pour la bourgeoisie, permettant de lutter localement contre la chute démographique inévitable que cause le capitalisme,
- pour diviser politiquement le prolétariat et les travailleurs, en créant des divisions culturelles, puis en créant des catégories privilégiées en fonction de leur origine, créant des causes objectives à des affrontements horizontaux. Diviser pour régner.
Ces techniques n'ont rien de nouvelles. Déjà l'empire romain pratiquait à son époque un intense trafic d'esclaves. Les recommandations que se faisaient entre eux les maîtres esclavagistes sur la façon de procéder était très claire (je cite Varron, dans De agricultura) : "Évitez également d’avoir plusieurs esclaves de la même nation; car c’est une source continuelle de querelles domestiques."
Le rejet de l'immigration n'a rien d'un discours fasciste.
D'ailleurs, on perdrait son temps vainement à chercher dans mein kampf la moindre attaque contre l'immigration. Quand au règne d'Hitler, il s'est caractérisé par l'importation dans le reich de pas moins de 7,6 milllions d'immigrés, souvent de force, soit presque 8 fois plus que ne le fait aujourd'hui l'Allemagne avec le million de migrants de Merkel.
De la même manière, les régimes dits "démocratiques" (qui comme je l'ai démontré, ne diffèrent en rien du fascisme ouvert), pratiquent depuis des décennies un vaste trafic mondial d'eslaves immigrés, une véritable traite esclavagiste moderne, en particulier en provenance des pays sous domination en direction des pays impérialistes. Trafic à côté de laquelle la traite des noirs d'il y a plusieurs siècles passe pour une petite plaisanterie.
Nos "anti-fascistes" se trompent donc clairement lorsqu'ils tentent d'assimiler Marine Le Pen à Hitler parce qu'elle veut fermer les frontières de la France à l'immigration. De toute façon elle ne pourrait pas le faire, même en remportant toutes les élections, parce que l'impérialisme a besoin de l'immigration pour sa survie. Il s'en nourrit continuellement et ne laissera jamais qui que ce soit rompre cette pompe à chair humaine (on a vu Donald Trump n'a pas réussi à appliquer ce point pourtant central de son programme, la lutte contre l'immigration).
Sur les autres sujets, la bourgeoisie et ses alliés "anti-fascistes" de pacotille attaquent le front national en assimilant ce parti (ainsi que le NSDAP) au "populisme". Il va de soi que quiconque étudie sérieusement l'histoire du nazisme ne peut pas croire cinq minutes cette histoire. Déjà parce que contrairement au mythe bourgeois (ancré jusque dans la tête de nos super "marxistes-léninistes"), le parti nazi n'a jamais eu pour base sociale la classe ouvrière. Comme le rappelait notre camarade du site progrès humain :
« Sur le mythe du passage de la « base ouvrière » du Parti communiste (KPD) au NSDAP, l’échec des NSBO (Organisations nationales-socialistes d’entreprises) est suffisamment représentatif de la situation réelle ; lors des élections aux conseils d’entreprises de printemps 1933, alors que le NSDAP s’installait au pouvoir, les nazis n’ont reçu que 11% des voix alors que les communistes ne cessaient de progresser. Malgré leur discours « socialisant » dirigé contre la classe ouvrière, seule une petite partie de celle-ci, la plus arriérée, s’est fait avoir. Les ouvriers étaient le seul groupe social dont le pourcentage de membres du NSDAP était inférieur à son pourcentage dans la population totale. » (Source)
La réalité, c'est qu'en attaquant par des arguments de ce genre de le front national, nos gauchistes anarcho-trotskyo-maoïstes ne font que dévoiler leur profond mépris de classe en direction de la classe ouvrière et du prolétariat en général, qui serait paraît-il des beaufs fascistes.
Georges Marchais, en dépit du révisionnisme de toute l'idéologie du P"C"F, avait dévoilé le profond mépris de classe que dissimulait les attaques contre le P"C"F lorsque celui-ci insistait dans son discours sur la lutte contre l'immigration, la drogue, etc.
« Nous posons les problèmes de l'immigration. Ce serait pour utiliser et favoriser le racisme. Nous rechercherions à flatter les plus bas instincts. Nous menons la lutte contre la drogue, ce serait parce que nous ne voulons pas combattre l'alcoolisme, apprécié et répandu dans notre clientèle. Pour la jeunesse, je choisis moi. Oui, je choisis l'étude, le sport, la lutte, et non la drogue. Alors, comme l'autre jour un dirigeant socialiste, ils crient tous en coeur : "pétainiste !". Quelle honte, quelle honte, quelle idée lamentable se font ce gens-là des travailleurs. Bornés incultes, racistes, brutaux, voilà pour nos détracteurs, qui vont de la droite au parti socialiste, comment seraient les ouvriers et les ouvrières. De telles attaques ne déshonnorent que leurs auteurs et ils ne méritent que le mérpis. »
Comme Marchais l'avait souligné dans son discours, ce mépris de classe est caractéristique de la gauche (il parlait du parti socialiste), tout comme on le retrouve chez nos intellectuels trotskystes et maoïstes (BHL par exemple, qui lui-même avait récemment analysé dans un article le retour du P"C"F à travers le FN). L'infini mépris de classe de la bourgeoisie de gauche pour le peuple s'était récemment manifesté outre-atlantique lors de la campagne de la candidate du parti "démocrate", Hillary Clinton. Celle-ci avait alors considéré avec un mépris carcatéristique "la moitié" des électeurs de Trump, qu'elle qualifiait de "panier de gens déplorables", à savoir : "racistes, des sexistes, des homophobes, des xénophobes, des islamophobes", tout en regrettant que "lui [Trump], il les met en valeur" (Le fameux passage ignoble de ce discours de Clinton ).
Le mépris de cette bourgeoisie de gauche ne se limite pas aux "déplorables", mais se dirige aussi en direction de toutes les couches immigrées que cette bourgeoisie de gauche prétend défendre et prendre sous son aile pour la protéger du prétendu "racisme". Ainsi, ce double discours se révèle de façon frappante avec notre ancien premier ministre Manuel Valls. "Front républicain" oblige, nos "marxistes-léninistes" en carton auraient voté pour lui pour faire barrage à la "haine". Apprécions un peu le sérieux de l'anti-racisme de Valls : Tu me mets quelques blancos, quelques white.
Ou encore notre président Macron, qui fraîchement élu, se permet des blagues racistes, alors-même qu'il s'était présenté comme un "rempart à la haine du front national" pendant sa campagne : la blague des kwassa kwassa.
Ces faits et mille autre du même genre révèlent à quel point "l'anti-racisme" et le prétendu "l'anti-fascisme" que nous sert la bourgeoisie (à laquelle nous devrions soumettre sous prétexte d'un épouvantail pseudo-"fasciste") reposent sur du sérieux...
Même Jean-Marie Le Pen est instrumentalisé à cet égard, puisqu'on associe tout le poids de la répression de la guerre d'Algérie sur son dos alors qu'il n'était qu'un soldat. Ceux qui sont responsables sont justement ces salopard de la bourgeoisie (rappelons-le, bien de gauche), qui a réalisé aussi bien la colonisation que mené la guerre contre les peuples de l'empire français en soif de liberté. Ce sont tous ces donneurs de leçon "anti-raciste" qui ont le sang du peuple algérien sur les mains.
Ainsi il est intéressant de rappeler le rôle de la gauche dans la colonisation. Ecoutons ce vil héros de la gauche, Jules Ferry, dans son discours du 28 juillet 1885 :
« La première forme de la colonisation, c'est celle qui offre un asile et du travail au surcroît de population des pays pauvres ou de ceux qui renferment une population exubérante.[...]
Mais il y a une autre forme de colonisation, c'est celle qui s'adapte aux peuples qui ont, ou bien un excédent de capitaux, ou bien un excédent de produits.[...] Les colonies sont pour les pays riches un placement de capitaux des plus avantageux.[...] Dans la crise que traversent toutes les industries européennes, la fondation d'une colonie, c'est la création d'un débouché.[...]
Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai! Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures [...] parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont un devoir de civiliser les races inférieures.[...]
Ces devoirs ont souvent été méconnus dans l'histoire des siècles précédents, et certainement quand les soldats et les explorateurs espagnols introduisaient l'esclavage dans l'Amérique centrale, ils n'accomplissaient pas leur devoir d'hommes de race supérieure. Mais de nos jours, je soutiens que les nations européennes s'acquittent avec largeur, grandeur et honnêteté de ce devoir supérieur de la civilisation .[...]
A l'heure qu'il est, vous savez qu'un navire de guerre ne peut pas porter, si parfaite que soit son organisation, plus de 14 jours de charbon et qu'un navire qui n'a plus de charbon est une épave sur la surface des mers abandonné au 1er occupant. D'où la nécessité d'avoir sur les mers des rades d'approvisionnement, des abris, des postes de défense et de ravitaillement. »
La gauche a beau donner des leçons d'anti-pétainisme à corps et à cri, c'est la SFIO qui dominait à l'assemblée nationale en juillet 1940 quand il s'agissait de voter le pleins pouvoirs à Pétain. Mais cela vous ne l'entendrez jamais, non les gauchistes sont gentils, ils aiment le peuple voyons.
La réalité va bien plus loin que ça. Si on examine attentativement la nature du NSDAP, on comprendra rapidement que celle-ci est aux antipodes du front national. Déjà le NSDAP avait un programme économique beaucoup moins social-réformiste (c'est à dire beaucoup plus libéral) que le front national. Ensuite l'électorat et les militants du NSDAP n'était pas la classe ouvrière mais la bourgeoisie et la petite bourgeoisie. Le parti de Hitler réussit à se renforcer grâce à l'aide de généreux dons d'industriels et financiers, non seulement Allemands, mais aussi anglo-saxons (par calcul géopolitique contre l'URSS qu'Hitler avait désigné comme ennemi principal dans mein kampf, voir : Le mythe de la bonne guerre de Jacques Pauwels).
On aurait peine à trouver la moindre correspondance avec le front national, puisque ce dernier a pour base sociale la classe ouvrière et une partie de la petite bourgeoisie, a un programme d'illusions réformistes, et enfin aucune banque française ne souhaite financer le parti (qui a du aller chercher en Russie ses financements). Et on peut comprendre qu'aucune banque française ne souhaite financer le FN quand on voit le programme du parti et les conséquences qu'auraient son application (ou plutôt la tentative vouée à l'échec de son application, car le réformisme n'a plus les moyens d'exister). Il n'y a que de bien malhonnêtes "marxistes-léninistes" pour désigner le front national comme candidat du capital financier !
Le front national n'est nullement le "recours fasciste" de la bourgeoisie. Tout au plus si la bourgeoisie aura un jour une raison d'aider le front national, ce sera uniquement pour le tenir responsable de telle ou telle catastrophe économique. La bourgeoisie ne voit pas le fn comme autre chose qu'un épouvantail utile pour faire gagner des élections aux véritables fascistes qui nous gouvernent, ainsi qu'éventuellement un bouc-émissaire en cas de violente crise économique (plutôt que d'accuser la "gentille" bourgeoisie, il faudra trouver un fautif, un coupable tout trouvé, un responsable sur qui se dédouaner, le fn pourrait un jour jouer ce rôle, mais rien de plus).
Plus la bourgeoisie (et ses alliés pseudo-communistes) répètent ad nauseam ces arguments sur le "fn fasciste", plus précisément ils confirment précisément l'importance pour eux de dissimuler la véritable nature déjà fasciste du système "démocratique" bourgeois, depuis qu'il fut créé par la bourgeoisie. Il n'y a pourtant pas besoin de chercher bien loin. La surveillances et les écoutes de masse, la censure, les assassinats d'états, les attentats sous faux drapeau, etc. sont des pratiques courantes au sein-même des républiques les plus "démocratiques" comme les nôtres. Des faits innombrables comme ceux-ci existent en France, en Angleterre, en Europe en général ou en Amérique, et il n'y a que nos "anti-fascistes" pour ne pas le voir.
Les lois votées régulièrement pour renouveler l'arsenal répressif de l'état bourgeois n'ont jamais nécessité le moindre "saut qualitatif fasciste" et peuvent se passer totalement du front national. La NSA par exemple aux états-unis a été dotée de pouvoirs extra-ordinaires sans le moindre changement politique, et ce bien avant Trump. Des lois comme celles-ci sont à chaque fois votées discrètement, sans jamais qu'il y ait besoin du front national pour le faire. A ma connaissance, le front national avait même voté contre le renouvellement de l'état d'urgence. Là encore, il n'y a que nos "anti-fascistes" pour continuer à reprocher au front national tout ce que la prétendue "bonne" bourgeoisie fait impunément grâce au soutien de ces mêmes "anti-fascistes". C'est au nom de "l'anti-fascisme", de la "démocratie" et de la "lutte contre la haine" qu'on enferme et emprisonne des gens arbitrairement, qu'on surveille massivement, qu'on espionne, qu'on arrête, etc. Le jour où la bourgeoisie fera tirer sur le peuple à balle réelle, ce sera à cause non pas du front national, mais à cause du soutien benêt de nos spécialistes de la larmichette, de l'injonction morale, de ces soit-disant "anti-fascistes" qui ont fait paraît-il "barrage contre la haine", etc. Tout cela, ils devront un jour en rendre des comptes.
Au contraire, si on cherche un équivalent du NSDAP, l'élection de 2017 nous a offert par exemple le candidat Macron. Son électorat, la base sociale de ses militants et ses financements sont un parallèle frappant avec le NSDAP ou le parti de Mussolini. Mélenchon lui aussi avec quelques accoïntance avec le fascisme, notamment son absurde culte de la "république" (je renvoie à mon dossier sur le fascisme et les origines maçonniques de la "république" et du fascisme).
Bref, il fallait une dose de malhonnêtété très importante pour nous présenter Marine Le Pen comme la réincarnation d'Hitler. C'est tout juste si elle n'allait pas envahir la Pologne en cas de victoire !
Il n'y a pas besoin de chercher bien loin, Lionel Jospin, battu au premier tour contre Chirac et Le Pen (à l'époque, le père), avait reconnu plus tard que "l'anti-fascisme" n'était, je cite, "que du théâtre" : le fn n'est pas un parti fasciste selon Jospin.
Que certains "marxistes-léninistes" mal inspirés ignorent délibérément cette masse de faits au point d'avoir été prêts à voter Macron au deuxième tour (le plus fasciste de tous), prouve à quel point est solide et justifié le qualificatif de "marxiste" pour ces personnes.
L'une des plus grandes escroqueries de l'histoire, c'est le "front populaire". Nos gauchistes actuels arrivent sans cesse avec aplomb avec leur théorie toute prête de la "bonne" bourgeoisie et de la "mauvaise", cette dialectique d'escroc qui leur permet de justifier leur stratégie, elle aussi toute prête, de front de collaboration de classe (généreusement repeint en "front populaire"). J'avais d'ailleurs déjà dans mon dossier sur le maoïsme révélé ce qui se dissimulait derrière l'usage du mot "populaire" (effacement de la lutte des classes, réconcilation et collaboration de classe).
Pourtant, si on regarde un peu l'histoire de ce "front populaire", quels résultats a-t-il donné partout où il fut appliqué ?
En Espagne, le "front populaire", incapable de comprendre la situation, et surtout par vil calcul petit bourgeois, a conduit à un fiasco monumental. Nos petits bourgeois effrayés par la violence révolutionnaire tentaient alors de mener leur fameuse révolution réformiste, leur fameuse guerre pacifique. Nous avions pourtant les précieux conseils de Marx sur l'insurrection qui nous rappelait à quel point « La défensive est la mort de tout soulèvement armé ; dans la défensive, il est perdu avant même de s'être mesuré avec les forces de l'ennemi. »
En France, ce même front fut une véritable catastrophe. Non seulement il endormit les ouvriers dans le lit confortable des "acquis sociaux" et renforça le social-chauvinisme ainsi que le social-impérialisme. Mais en plus ce front n'a pas marché. Le P"C"F de Thorez fut pris à son propre piège. Comment la bourgeoisie remerçia le P"C"F pour sa collaboration ? En 1939, le P"C"F devenait une organisation interdite en France (sous de bien douteux prétextes internationaux) ! Ce que la prétendue menace "fasciste" n'a pas su faire, la gauche (vrais fascistes) l'a réalisé. Cette même SFIO, qui en 1936 manifestait aux côtés du P"C"F "contre le fascisme" votait en 1940 les pleins pouvoirs à Pétain.
En réalité, nulle part ce "front populaire" n'a réussi, c'est une mythologie complète du roman social. C'est un mensonge entrentenu dans la tête du peuple pour l'endormir. Tous ces mouvements anarchistes, réformistes, opportunistes, trotskystes ou maoïstes, n'ont jamais marché nulle part, n'ont jamais réussi à faire le socialisme. Seule la révolution socialiste, par exemple celle faite par les bolcheviques, a mené quelque part au socialisme. Les solutions d'accomodement et de compromis contre un épouvantail réactionnaire, non seulement n'ont pas mené au socialisme, mais en plus servent des intérêts on ne peut plus réactionnaires.
En 1901 déjà, Lénine avait déjà rappelé l'inaptitude complète de tous ces élements opportunistes à diriger le mouvement révolutionnaire. « Dans l'histoire récente de l'Europe, quel résultat a donné l'anarchisme qui régnait auparavant dans les pays latins ?
Aucune doctrine, aucun enseignement révolutionnaire, aucune théorie.
Morcellement du mouvement ouvrier.
Fiasco complet des expériences de mouvement révolutionnaire (proudhonisme 1871, bakouninisme 1873).
Soumission de la classe ouvrière à la politique bourgeoise. »
L'histoire de la France, de l'Espagne (et aussi de la Chine), lui ont donné entièrement raison. Nos opportunistes actuels se réfèrent souvent à Lénine. Il n'y a pourtant nulle part dans l'oeuvre de Marx et Lénine la porte ouverte ni au moindre renoncement ni au moindre accomodement opportuniste. Renoncements et accomodements qui ne sont pas juste de petites erreurs acceptables mais un piège mortel tendu au mouvement socialiste et au prolétariat.
C'est face à toutes ces abérrations opportunistes qu'écrivait à son époque Henri Barbusse : « Le réformisme est tentant. Il a l'air sage, il a l'air prudent, il a l'air d'épargner le sang. Mais ceux qui voient loin et qui discernent les grandes rançons de la logique, et de l’arithmétique sociale, et recueillent dans une mesure de plus en plus large, l'expérience historique, savent que sur la voie de la résignation opportuniste et de la vassalité réformiste, il y a mirage, puis piège, puis trahison — et que c'est la voie de la démolition et du massacre. Question de nuances, disent les bonnes gens. Non ! question cruciale, question de vie et de mort, parce que le minimalisme (qu'on appelle aussi moindre mal), est conservateur. »
Informations sur ce site
Ce site entend donner aux communistes les outils intellectuels et idéologiques du marxisme-léninisme. A son époque déjà, Lénine notait "la diffusion inouïe des déformations du marxisme", il concluait que "notre tâche est tout d'abord de rétablir la doctrine de Marx". Ces éléments théoriques ont pour but de participer à la formation des jeunes cadres dont le parti du marxisme révolutionnaire aura besoin en France au cours des prochaines années. A son époque, Marx remarquait déjà "qu'en France, l’absence de base théorique et de bon sens politique se fait généralement sentir". Le manque de formation marxiste-léniniste est un obsctacle majeur à la construction d'un futur parti et un terreau fertile au maintien (voire au retour) des thèses réformistes, révisionnistes, opportunistes qui occupent actuellement tout le terrain sous une multitude de formes. Ce site n'est qu'une initiation au marxisme-léninisme. Les textes ne sont pas suffisants à la maîtrise du marxisme, ils sont une tentative de vulgarisation, d'explication de la pensée marxiste, ainsi qu'un éclairage de l'actualité à l'aide de cet outil. Il va de soi qu'une lecture des classiques du marxisme-léninisme est indispensable.
Vive la révolution marxiste du prolétariat !
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