2017

Version 3.0



marx

Site des prolétaires de fer

Dialectique

La méthode dialectique pour comprendre le monde


I- Les deux logiques
II- Idéalisme et matérialisme
III- Contradiction et mouvement
IV- Note sur la différence avec le taoïsme






I- Les deux logiques



On dit qu'il existe deux formes de logiques, depuis l'antiquité, et non une seule.

La logique d'Héraclite l'ionien se base sur trois grands principes :

- le principe de totalité : "L'ensemble et les parties, le semblable et le non semblable, l'harmonieux et le discordant, se fondent dans un seul être et tous dans l'un et l'un dans tous".

- le principe du devenir : "Tu ne peux pas descendre deux fois dans le même fleuve car de nouvelles eaux coulent toujours sur toi".

- le principe de contradiction : "Nous sommes et nous ne sommes pas" ou "Il pleut et il ne pleut pas". En logique, on dirait qu'il y a une proposition A, et sa négation, non A. Dans la logique Héraclitéenne, (A et non A) peut être vraie.

Ce troisième principe découle des deux premiers.

Par exemple si je dis "Il pleut sur Paris" et "Il ne pleut pas sur Paris", ces deux propositions peuvent êtres vraies, car il peut très bien pleuvoir sur une partie de Paris, et pas sur une autre (principe de totalité).

Autre exemple, si je dis "mon coeur bat", cette proposition vraie devient fausse au moment où je parle puisque le battement est déjà passé (principe du devenir).



L'autre courant de pensée de la logique a été incarné par les éléates, les sophistes et Socrate, pour qui une proposition contradictoire est impossible : (A et non A) est toujours fausse. C'est le principe de non-contradiction.

En tentant d'évacuer la contradiction de la logique, ce courant n'a fait que donner de l'eau au moulin de la contradiction.

Avec Platon, on s'est alors mis à chercher la vérité au moyen du dialogue entre deux pensées contradictoires (d'où le nom de dialectique : dia-logos).

L'idée étant qu'en affrontant deux propositions, on pouvait montrer que les deux avaient une part de vérité. Les dialogues de Platon s'appuient donc (en partie seulement) sur Héraclite (car Platon était idéaliste mais Héraclite était plutôt matérialiste).

En même temps Aristote, l'élève de Platon, a au contraire développé le principe de non-contradiction. En clair, il n'a pas existé deux courants bien distincts, même si on peut simplifier en disant qu'il avait d'un côté la logique d'Héraclite et de l'autre la logique non-contradictoire d'Aristote.

Note : la dialectique de Platon n'est pas propre à la Grèce, elle vient d'Inde, est allée en Chine et s'est aussi répandue par exemple dans une version juive (le "pilpoul").


La pensée grec arriva jusqu'en Allemagne et Héraclite fut déterré par Hegel, alors que jusque là c'est Aristote qui avait été gardé par l'Eglise tout au long du moyen-âge.

Prenons un exemple de problème logique contradictoire :

Epiménide le crétois dit "tous les crétois sont des menteurs". Soit A la proposition "tous les crétois sont des menteurs".

Si A est vraie, tous les crétois sont des menteurs, et donc le crétois qui a parlé est aussi un menteur, donc il a menti, donc tous les crétois ne sont pas des menteurs, donc A est fausse.

Si A est fausse, alors au moins un crétois n'est pas un menteur, donc A est fausse.

Donc si A est vraie, A est fausse, et si A est fausse, A est fausse. Notez que nous avons ici suivi naïvement les canons de la logique aristotélicienne, qui arrive d'elle-même à pondre une contradiction. C'est ce qu'on appelle une antinomie.

On voit bien en fait qu'il est difficile d'aborder ce genre de problème avec la logique d'Aristote qui refuse la contradiction. La solution d'Aristote consiste à dire que c'est la formulation qui est contradictoire (le langage) et non la proposition, mais même cela bien sur ne résout en rien le problème, et qui plus est, c'est faux.

Face à l'antinomie, deux courants nés. Le premier est le courant agnostique, héritier de Protagoras : il est impossible de découvrir la vérité. Voire même, celle-ci n'existe pas. C'est notamment le chemin suivi par Kant. Schopenhaueur suivit aussi ce chemin, en montrant qu'opposer des concepts n'amenait en rien à la vérité. Dans "L'art d'avoir toujous raison", il montre pourquoi le débat ne fait pas triompher celui qui détient la vérité (mais celui qui triche).

De l'autre côté, Fichte, Shelling et Hegel (les idéalistes allemands) essayèrent d'assumer le principe de contradiction en cherchant du côté d'Héraclite. Fichte dit : « il faut que la contradiction soit levée par la synthèse des termes en apparence contradictoires en montrant que chacun d'eux est vrai sous un certain aspect »

Dès lors il faut abandonner l'idée qu'une proposition est forcément vraie ou fausse. Une proposition peut être vraie en partie, et fausse en partie. Par exemple certains crétois peuvent parfois mentir, parfois ne pas mentir, certains mentent tout le temps et d'autres jamais. On se rend compte alors que la contradiction est dans l'objet même et pas seulement dans notre proposition. C'est le grand apport de Hegel à la logique.




II- Idéalisme et matérialisme



Mais chez Hegel, c'est l'idée qui est première et la matière seconde. La contradiction existerait donc avant la matière, en dehors d'elle, et sa solution serait aussi une "idée absolue". Le schémas "thèse-négation-négation de la négation" ou "thèse-antithèse-synthèse" reprend le format des dialogues de Platon : il suffirait de débattre pour trouver la vérité. Et nous nous en approcherions par synthèses sucessives.

Evidemment une telle façon de concevoir la vérité empêche toute critique, tout est bien et mal à la fois, et donc tout se vaut. Une telle approche de la dialectique est totalement au service du pouvoir. Ce qui est logique car Hegel était payé par l'état pour enseigner sa doctrine.

En bref, Hegel est idéaliste.

C'est Marx qui a remis le problème à l'endroit, avec Feuerbach, en affirmant simplement que si des idées contradictoires existent, c'est parce que le monde lui-même est contradictoire. Nos idées n'étant qu'un reflet du monde, si nous avons des idées contradictoires, c'est que quelque part ces contradictions ont une existence réelle, première, d'où nos idées dérivent.

Et c'est là que la dialectique cesse d'être une mystique. Il ne s'agit plus de chercher dans nos têtes à résoudre des problèmes de crétois, mais d'étudier la réalité elle-même, car c'est la réalité elle-même qui est pleine de contradictions. Marx dit : « La question de savoir s'il y a lieu de reconnaître à la pensée humaine une vérité objective n'est pas une question théorique, mais une question pratique. C'est dans la pratique qu'il faut que l'homme prouve la vérité, c'est-à-dire la réalité, et la puissance de sa pensée, dans ce monde et pour notre temps. La discussion sur la réalité ou l'irréalité d'une pensée qui s'isole de la pratique, est purement scolastique. »

Et il ajoute : « Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe c'est de le transformer. » (Karl Marx, Thèses sur Feuerbach)

Lénine explique : « L'identité des contraires (leur « unité », dirait-on peut-être plus exactement, bien que la distinction des termes identité et unité ne soit pas ici particulièrement essentielle. En un certain sens, les deux sont justes) est la reconnaissance (la découverte) des tendances contradictoires, s'excluant mutuellement, opposées, dans tous les phénomènes et processus de la nature (dont ceux de l'esprit et de la société). »

Ainsi la gravité est une contradiction entre les astres, la lutte des classes est une contradiction entre les classes.

La dialectique de Marx pose en fait les jalons de l'Histoire et de la science. Elle est la théorie générale de l'évolution.



III- Contradiction et mouvement



Comme l'avait découvert Héraclite, le monde n'est pas figé et immuable. La société, l'homme, les astres, ne sont pas éternels, il y a eu un développement pour en arriver jusque là, et ce développement suit un schémas dialectique.

Engels dit : « Le mouvement lui-même est une contradiction; déjà, le simple changement mécanique de lieu lui-même ne peut s'accomplir que parce qu'à un seul et même moment, un corps est à la fois dans un lieu et dans un autre lieu, en un seul et même lieu et non en lui. Et c'est dans la façon que cette contradiction a de se poser continuellement et de se résoudre en même temps, que réside précisément le mouvement. »

Donnons une définition simple.

Engels dit : « La dialectique envisage les choses et leur reflet mental principalement dans leurs relations réciproques, dans leur enchaînement, dans leur mouvement, dans leur apparition et disparition. »

La dialectique, au sens marxiste, c'est donc l'étude des choses (a) dans leur relations réciproques, (b) leur enchaînement, (c) leur mouvement, et (b) leur apparition et disparition.

(a) Ce qui intéresse donc d'abord la dialectique, ce sont les relations réciproques entre les choses. Tout est lié. Les astres par la gravitation, l'électro-magnétisme, etc. Par exemple la Terre et le Soleil sont en contradiction, l'un et l'autre exerce mutuellement une attraction. Les classes sociales aussi forment une unité de contraires, par exemple les riches n'existent pas sans les pauvres, et inversement (de même qu'en terme d'idées, on ne peut pas concevoir la droite sans la gauche et inversement).

Staline expliquait ainsi : « Contrairement à la métaphysique, la dialectique regarde la nature non comme une accumulation accidentelle d’objets, de phénomènes détachés les uns des autres, isolés et indépendants les uns des autres, mais comme un tout uni, cohérent, où les objets, les phénomènes sont liés organiquement entre eux, dépendent les uns des autres et se conditionnent réciproquement. C’est pourquoi la méthode dialectique considère qu’aucun phénomène de la nature ne peut être compris si on l’envisage isolément, en dehors des phénomènes environnants ; car n’importe quel phénomène dans n’importe quel domaine de la nature peut être converti en non-sens, si on le considère en dehors des conditions environnantes, si on le détache de ces conditions : au contraire, n’importe quel phénomène peut être compris et justifié, si on le considère sous l’angle de sa liaison indissoluble avec les phénomènes environnants, si on le considère tel qu’il est conditionné par les phénomènes qui l’environnent. »

(b) Ces relations réciproques, ces contradictions, expliquent le mouvement. Si les choses bougent dans l'univers, c'est à cause des contradictions. Le moindre atome et la moindre particule ne bougerait pas si les choses étaient isolées les unes des autres. Tout mouvement vient des contradictions. Le mouvement lui-même est une contradiction, entre le passé et le présent. Principe du devenir : nous sommes et nous ne sommes pas. L'écoulement du temps n'est rien d'autre que la conséquence du mouvement. Lénine dit : "le développement est la lutte des contraires". Nous voyons donc que la dialectique étudie les choses dans leur mouvement, jamais de façon figée. Chaque chose qui se développe est donc à la fois en vie et en train de mourir. Il y a dans chaque chose qui se développe, une partie qui naît et une partie qui meurt.

Staline expliquait ainsi : « Qu'est-ce que la méthode dialectique ? On dit que la vie sociale est en état de mouvement et de développement continus. Et cela est juste : on ne peut considérer la vie comme quelque chose d'immuable, de figé ; elle ne s'arrête jamais à un niveau quelconque ; elle est en perpétuel mouvement, elle suit un processus perpétuel de destruction et de création. C'est pourquoi il existe toujours dans la vie le nouveau et l'ancien, ce qui croît et ce qui meurt, l'élément révolutionnaire et l'élément contre-révolutionnaire. La méthode dialectique affirme qu'il faut regarder la vie dans son mouvement et poser la question : où va la vie ? en perpétuel mouvement ; nous devons donc considérer la vie dans son mouvement et poser la question : où va la vie ? Nous avons vu que la vie offre le spectacle d'une destruction et d'une création incessantes ; notre devoir est donc de considérer la vie dans sa destruction et sa création, et de poser la question : qu'est-ce qui se détruit et qu'est-ce qui se crée dans la vie ? Ce qui naît dans la vie et grandit de jour en jour est invincible, on ne saurait arrêter son mouvement en avant. C'est-à-dire que si, par exemple, le prolétariat naît à la vie en tant que classe et grandit de jour en jour, si faible et si peu nombreux qu'il soit aujourd'hui, il finira néanmoins par vaincre. Pourquoi ? Parce qu'il grandit, se fortifie et va de l'avant. En revanche, ce qui dans la vie vieillit et s'achemine vers la tombe doit nécessairement être vaincu, même si cela représente aujourd'hui une force titanesque. »

(c) Les contradictions entraînent le mouvement. Mais cela peut se faire de plusieurs manières, car toutes les contradictions ne sont pas les mêmes. Par exemple dans le système solaire, la gravité entraîne un mouvement orbital des planètes autour du Soleil. Il s'agit d'un mouvement simple, cyclique. Ici il n'y a pas d'histoire et de développement car il s'agit d'une forme basse de la contradiction, tout comme l'électron et le proton. Le développement de la chimie, de la vie, et à fortiori de la société, est beaucoup plus complexe que ça. On observe des transformations successives, par exemple la glace qui fond à 0° pour devenir l'eau, qui elle-même se transforme en vapeur à 100°. Des petits changements quantitatifs insignifiants s'accumulent et débouchent sur un changement qualitatif qui mettent fin à la contradiction. L'unité des contraires est toujours temporaire. La transformation est une succession de bonds qualitatifs, du simple au complexe. Telle est la loi de la transformation qui vaut par exemple pour la société. L'histoire n'est pas une répétition cyclique. L'histoire a une fin, toute contradiction a une fin.

La théorie de l'évolution de Darwin, la théorie de la société capitaliste de Marx, par exemple, suivent exactement ce schéma dialectique.

Lénine dit : « La condition pour connaître tous les processus de l'univers dans leur « automouvement », dans leur développement spontané, dans leur vie vivante, est de les connaître comme unité de contraires. »

Et d'ajouter : « Le développement est la "lutte" des contraires. »

Par exemple Darwin part des liens entre les espèces entre elles et avec leur environnement. Ils découvre que la loi générale de la vie est la lutte pour l'existence que se livrent les animaux et plantes. Il observe la sélection naturelle, et en conclut que les espèces actuelles n'ont pas toujours existé, elles sont le produit d'une histoire, d'une évolution, à partir d'espèces antérieures.

De la même manière Marx analyse que le fondement de toute société n'est pas l'amour du prochain mais l'intérêt égoïste, qui provoque une domination des uns sur les autres. Et donc la lutte des classes est la loi générale de la vie en société. Il observe la succession des modes de production, (primitif, esclavagiste, féodal, capitaliste), et comprend comment l'évolution se fait par dépassements successifs. Il pose comme fin de l'histoire la fin de la contradiction dans la société, le communisme, qui est l'aboutissement de toute l'histoire antérieure, rendu possible et inévitable par ces étapes antérieures.

Pour conclure : les choses du monde sont reliées entre elles, ces contradictions entraînent le mouvement, donc rien n'est figé, et le développement se fait par bonds qualitatifs. Enfin La dialectique est simplement la découverte et la reconnaissance de ces principes, afin de les utiliser (conception marxiste de la liberté).

Lénine dit : « Ce que Marx et Engels appelaient la méthode dialectique — par opposition à la méthode métaphysique — n'est ni plus ni moins que la méthode scientifique en sociologie, qui considère la société comme un organisme vivant, en perpétuel développement (et non comme quelque chose de mécaniquement lié et permettant ainsi toutes sortes de combinaisons arbitraires des divers éléments sociaux) ; organisme dont l'étude requiert une analyse objective des rapports de production constituant une formation sociale donnée, et une recherche des lois de son fonctionnement et de son développement. »

Lénine dit qu'une vérité est toujours concrète. Si la réalité est toujours en mouvement, alors il ne peut pas y avoir non plus de vérité figée définitivement. En même temps que la science enterre l'idée d'un monde figé (métaphysique), elle enterre la possibilité de vérités figées (dogmatisme). Nous devons en permanence perfectionner notre connaissance du monde, l'actualiser. Il existe bien sur des vérités qui ne changeront pas telles que "la révolution française a eu lieu en 1789". Le procédé scientifique lui-même est et reste vrai. Ce qu'il ne faut pas considérer comme des dogmes, ce les certains produits de cette démarche scientifique. Cela veut dire que ces vérités sont bien sures vraies mais qu'il ne faut pas les extirper et les étendre au delà du domaine historique qu'elles expliquent. Par exemple les conclusions du Capital de Karl Marx sont absolument vraies tant qu'on parle de l'époque capitaliste, mais elles cessent d'être vraies si on prétend qu'elles s'appliquent aussi au-delà de la période que Marx a analysé.




IV- Note sur la différence avec le taoïsme



Le taoïsme est aussi une forme de "dialectique". En fait on sait que ce n'est pas en Grèce mais en Inde que fut développé le concept. Il a été certes en Grèce, mais aussi en Asie, avec le bouddhisme, puis dans le taoïsme.

La dialectique n'est donc pas quelque chose "d'occidental" mais au contraire quelque chose de commun à beaucoup de civilisations. C'est le contraire qui aurait été étonnant, car comme dit plus haut, la contradiction existe réellement dans le monde. Dès lors il n'est pas étonnant qu'elle ait été découverte ici ou là, qu'elle ce soit non seulement transmise mais aussi conservée partout dans le monde.

Cependant il faut prendre garde à ne pas mélanger les différentes dialectiques. Mao a tenté de mettre à pied d'égalité la pensée chinoise (taoïsme) et la dialectique de Marx. Ce faisant il a introduit des erreurs et a fait régresser la conception scientifique du monde. Bien sur ces erreurs ne sont pas naïves mais intéressées.

Les différences entre le taoïsme et la dialectique marxiste sont les suivantes. Pour Mao, il n'y a pas de distinction entre les différents types de contradictions (proton-électron, bourgeois-prolétaire). Donc pour Mao, la société bourgeoise est de fait indépassable, l'histoire humaine serait une inversion cyclique, comme le mouvement des astres. Mao n'a pas vu, ou plutôt n'a pas voulu voir la spécificité des luttes, par exemple dans la vie ou la société. Celles-ci ne produisent pas un mouvement simple et cyclique mais un développement qui a une fin. Pour Mao, "sans contradiction pas d'univers" ou encore "il n'est rien de tel que la négation de la négation". Dès lors le communisme serait impossible car justement il signifie la fin de la contradiction, son dépassement.

Marx dit : « Ce qui constitue le mouvement dialectique, c'est la coexistence des deux côtés contradictoires, leur lutte et leur fusion en une catégorie nouvelle. »

C'est précisément sur ce point que le maoïsme butte, car jamais la fin de la contradiction n'est envisagée. Autrement dit, le maoïsme utilise une dialectique entièrement conservatrice voire réactionnaire, elle est l'exact inverse de la dialectique révolutionnaire de Marx.

Mao dit : « L'unité des contraires est la loi la plus fondamentale. [...] Il n'existe rien de tel que la "négation de la négation". » et « Il n'est rien qui ne contienne des contradictions. Sans contradictions, pas d'univers. »

Marx dit pourtant : « Le communisme pose le positif comme néga­tion de la négation, il est donc le moment réel de l'émancipation et de la reprise de soi de l'homme, le moment nécessaire pour le développement à venir de l'histoire. Le communisme est la forme nécessaire et le principe énergétique du futur prochain. »

La conception de Marx pour comprendre la contradiction au sein de la société se résume ainsi : « Le prolétariat et la richesse sont des contraires. Comme tels, ils constituent une totalité. Ils sont tous deux des formations du monde de la propriété privée. La question est de savoir quelle place déterminée chacun d'eux occupe dans cette contradiction. Dire que ce sont deux faces d'un tout ne suffit pas. La propriété privée en tant que propriété privée, en tant que richesse, est forcée de perpétuer sa propre existence ; et par là même celle de son contraire, le prolétariat. La propriété privée qui a trouvé sa satisfaction en soi-même est le côté positif de la contradiction. Inversement, le prolétariat est forcé, en tant que prolétariat, de s'abolir lui-même et du coup d'abolir son contraire dont il dépend, qui fait de lui le prolétariat : la propriété privée. Il est le côté négatif de la contradiction, l'inquiétude au cœur de la contradiction, la propriété privée dissoute et se dissolvant. La classe possédante et la classe prolétaire représentent la même aliénation humaine. Mais la première se sent à son aise dans cette aliénation ; elle y trouve une confirmation, elle reconnaît dans cette aliénation de soi sa propre puissance, et possède en elle l'apparence d'une existence humaine ; la seconde se sent anéantie dans cette aliénation, y voit son impuissance et la réalité d'une existence inhumaine. Elle est, pour employer une expression de Hegel, dans l'avilissement, la révolte contre cet avilissement, révolte à laquelle la pousse nécessairement la contradiction qui oppose sa nature humaine à sa situation dans la vie, qui constitue la négation franche, catégorique, totale de cette nature. Au sein de cette contradiction, le propriétaire privé est donc le parti conservateur, le prolétaire le parti destructeur. Du premier émane l'action qui maintient la contradiction, du second l'action qui l'anéantit. »

Marx dit aussi: « Avant tout, la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs. Sa chute et la victoire du prolétariat sont également inévitables. »

La lecture de Mao offre donc un point de vue bien différent sur le monde. Ces "erreurs" vis à vis du marxisme, sont bien sur totalement intéressées, c'est à dire que ce ne sont pas des erreurs mais des déformations volontaires, dans l'intérêt de la bourgeoisie chinoise. La dialectique était utile à la bourgoisie quand elle était révolutionnaire. Mais une fois au pouvoir elle cherchait à décréter la fin de l'histoire, et donc que la contradiction allait se figer éternellement (ou cycliquement). Voilà la base du révisionnisme maoïste.

L'idée d'éternel retour cyclique dans le taoïsme est en fait une forme masquée de métaphysique (au fond rien ne changerait vraiment). De plus cela nous ramène à une forme d'idéalisme, la contradiction existant avant et en dehors de la matière.

Marx remarquait déjà : « Le petit-bourgeois, dans une société avancée et par nécessité de son état, se fait d'une part socialiste, d'autre part économiste, c'est-à-dire il est ébloui par la magnificence de la haute bourgeoisie et sympathise aux douleurs du peuple. Il est en même temps bourgeois et peuple. Il se vante dans son for intérieur de sa conscience d'être impartial, d'avoir trouvé le juste équilibre, qui a la prétention de se distinguer du juste milieu. Un tel petit-bourgeois divinise la contradiction, car la contradiction est le fond de son être. Il n'est que la contradiction sociale, mise en action. Il doit justifier par la théorie ce qu'il est en pratique. » (Misère de la philosophie)

L'évolution, le développement, n'est pas seulement une lutte des contraire, c'est aussi un dépassement des contradictions. En cela, le marxisme et la pensée chinoise (taoïste ou maoïste) divergent radicalement.

Marx conclut : « Sous son aspect mystique, la dialectique devint une mode en Allemagne, parce qu'elle semblait glorifier les choses existantes. Sous son aspect rationnel, elle est un scandale et une abomination pour les classes dirigeantes, et leurs idéologues doctrinaires, parce que dans la conception positive des choses existantes, elle inclut du même coup l'intelligence de leur négation fatale, de leur destruction nécessaire; parce que saisissant le mouvement même, dont toute forme faite n'est qu'une configuration transitoire, rien ne saurait lui imposer; qu'elle est essentiellement critique et révolutionnaire.

Le mouvement contradictoire de la société capitaliste se fait sentir au bourgeois pratique de la façon la plus frappante, par les vicissitudes de l'industrie moderne à travers son cycle périodique, dont le point culminant est la crise générale.
» (Karl Marx, le Capital)

Informations sur ce site

Ce site entend donner aux communistes les outils intellectuels et idéologiques du marxisme-léninisme. A son époque déjà, Lénine notait "la diffusion inouïe des déformations du marxisme", il concluait que "notre tâche est tout d'abord de rétablir la doctrine de Marx". Ces éléments théoriques ont pour but de participer à la formation des jeunes cadres dont le parti du marxisme révolutionnaire aura besoin en France au cours des prochaines années. A son époque, Marx remarquait déjà "qu'en France, l’absence de base théorique et de bon sens politique se fait généralement sentir". Le manque de formation marxiste-léniniste est un obsctacle majeur à la construction d'un futur parti et un terreau fertile au maintien (voire au retour) des thèses réformistes, révisionnistes, opportunistes qui occupent actuellement tout le terrain sous une multitude de formes. Ce site n'est qu'une initiation au marxisme-léninisme. Les textes ne sont pas suffisants à la maîtrise du marxisme, ils sont une tentative de vulgarisation, d'explication de la pensée marxiste, ainsi qu'un éclairage de l'actualité à l'aide de cet outil. Il va de soi qu'une lecture des classiques du marxisme-léninisme est indispensable.


Vive la révolution marxiste du prolétariat !