2017

Version 3.0



marx

Site des prolétaires de fer

Petite bourgeoisie

Définition de la petite bourgeoisie


La petite bourgeoisie est la classe moyenne. Déjà dans la Rome antique on distinguait trois classes sociales : les patriciens, les esclaves, et entre les deux une foule de citoyens libres mais moins riches : la plèbe.

La petite bourgeoisie est une classe intermédiaire. Idéalement, elle n'aspire à exister qu'en tant que classe moyenne, car c'est son intérêt.

Contrairement à une idée reçue, Marx n'a pas fait l'impasse sur la classe moyenne. A son époque, la classe moyenne était celle des petits producteurs, artisans, commerçants, paysans riches, etc.

Pour la définir le plus précisément possible, nous dirons que la petite bourgeoisie est la classe sociale qui possède un capital, mais qui est tout de même obligée de travailler pour vivre.

Cette situation lui offre un niveau de vie supérieur aux prolétaires. Elle a des raisons de maintenir la société telle qu'elle est. La situation des petits bourgeois ressemble à celle de prisionniers attachés avec des chaînes dorées.

Engels remarquait déjà dans sa lettre à Marx du 7 octobre 1858 : « L'histoire de Jones est écœurante. Il a organisé ici un meeting et parlé tout à fait dans l'esprit de la nouvelle alliance. Après cette histoire on peut vraiment conclure que le mouvement prolétarien anglais, sous sa vieille forme traditionnelle chartiste doit sombrer définitivement avant de pouvoir évoluer une forme vivace nouvelle. Il est cependant difficile de prévoir ce que sera cette forme. J'ai l'impression que Jones's new move [le dernier coup de Jones], comme toutes les tentatives précédentes plus ou moins réussies, d'une alliance de ce genre, s'expliquent par le fait que le prolétariat anglais s'embourgeoise de plus en plus et que cette nation, la plus bourgeoise de toutes, veut donc apparemment, en venir à posséder une aristocratie bourgeoise et un prolétariat bourgeois à côté de la bourgeoisie. Il va sans dire que pour une nation qui exploite le monde entier c'est assez normal. Seules quelques années très mauvaises pourraient y remédier, mais il ne faut pas trop compter dessus depuis la découverte des terrains aurifères. »

Ailleurs il poursuit : « depuis plus de quinze ans, ce ne sont pas seulement leurs employeurs qui sont satisfaits d'eux, mais eux-mêmes qui sont également très contents de leurs employeurs. Ils constituent une aristocratie à l'intérieur de la classe ouvrière; ils sont parvenus à conquérir une situation relativement confortable et cette situation ils l'acceptent comme définitive. Ce sont les travailleurs modèles des sieurs Leone Levi et Giffen (et aussi de ce bon bourgeois de Lujo Brentano) et en fait, ils sont très gentils et nullement intraitables pour un capitaliste raisonnable en particulier et pour la classe capitaliste en général. »

Et Lénine d'ajouter : « Voilà donc, nettement indiquées, les causes et les conséquences. Les causes : 1) l'exploitation du monde par l'Angleterre; 2) son monopole sur le marché mondial; 3) son monopole colonial. Les conséquences : 1) l'embourgeoisement d'une partie du prolétariat anglais; 2) une partie de ce prolétariat se laisse diriger par des hommes que la bourgeoisie a achetés ou que, tout au moins, elle entretient. L'impérialisme du début du XXe siècle a achevé le partage du globe entre une poignée d'Etats, dont chacun exploite aujourd'hui (en ce sens qu'il en retire du surprofit) une partie du "monde entier" à peine moindre que celle qu'exploitait l'Angleterre en 1858. »

Et cela, toutes les métropoles impérialistes avancées l'ont connu au siècle dernier.

Actuellement la petite bourgeoisie est aussi dans les professions intellectuelles, les cadres, ce qu'on appelle la petite bourgeoisie intellectuelle, les étudiants, etc. Quand la France dominait le monde, la bourgeoisie pouvait se payer une classe moyenne. Etudes supérieures, croissance élevée, rente coloniale, "ascenceur social", méritocratie, CDI, emploi stable, sont autant d'éléments qui ont acheté la paix sociale. Voilà le terreau de la petite bourgeoisie actuelle.

C'est ainsi qu'en France, la classe moyenne a constitué, et constitue encore le socle de tout l'édifice social, la base la plus large et nombreuse.

Pour s'en convaincre, il suffit de lire les données de la banque de France. L'encours de l'épargne des ménages vaut quelques 4400 milliards d'euros, soit deux fois le PIB annuel de la France. Voilà à peu près ce que pèse la classe moyenne en France.

Il ne s'agit pas seulement des placement en livret A, mais bien sur des assurances-vies, des plans d'épargne logement, des placements immobiliers locatifs, etc. Ces sommes colossales sont la base concrète de la classe moyenne, et pas seulement en France.

C'est cette classe moyenne si forte qui fait qu'il n'y a eu en Europe occidentale aucune révolution socialiste qui a réussi. La cause de cela, c'est bien sur l'impérialisme, qui achète la paix sociale grâce à la colossale rente coloniale.

Mais cette position privilégiée d'une nation est temporaire. Les capitalistes ont investi partout sur la planète. Dans un premier temps cette rente coloniale compensait la perte des industries délocalisées. Les marchandises importées pas cher avaient créé en métropole toute une économie de bazar et de consommation. Une classe moyenne du tertiaire et éduquée remplaçait la classe moyenne des ouvriers. Mais ces investissements partout dans le monde ont surtout accéléré l'émergence de la Chine, de l'Inde, du Brésil, etc. Ces pays font maintenant ce que nous avons fait. La concurrence est rude. Du coup les investissements français à l'étranger n'arrêtent pas de baisser. La classe moyenne du tertiaire qui vivait sur ce nouveau commerce triangulaire mondial devient à son tour menacée d'extinction.

Elle ressent ce déclin comme une "précarisation" ou une "augmentation des inégalités". Mais ce n'est que le fonctionnement normal du capitalisme.

Sa courte période d'euphorie et de "société de consommation" ou de prospérité n'avait rien de "normale". La tendance du capitalisme est l'effondrement. La crise est sa véritable loi. La classe moyenne n'était qu'un produit temporaire d'une domination temporaire de nos pays sur le reste du monde.

Dès lors que les métropoles européennes et d'Amérique se voient dépassés par la Chine par exemple, cette place privilégiée s'effondre. Alors la crise ne peut plus être cachée, la paix sociale devient trop chère à payer, et le temps de l'austérité arrive !

La robotisation touche aussi les métiers intellectuels maintenant. Ce n'est plus seulement l'ouvrier de chez Renault qui se fait remplacer par un bras mécanique. Maintenant les intelligences artificielles menacent aussi la classe moyenne des travailleurs éduqués. Pourtant, le remplacement du travail humain par les machines, Marx l'avait prédit. Il avait bien dit qu'il était inévitable. Tout cela est normal, et puis c'est aussi une bonne chose.

Tout ce déclin de la classe moyenne est une bonne chose. C'est l'étape nécessaire vers la révolution. Le prolétariat seul est apte à mener la révolution socialiste.

C'est pourquoi Marx disait : « De toutes les classes qui, à l'heure présente, s'opposent à la bourgeoisie, le prolétariat seul est une classe vraiment révolutionnaire. Les autres classes périclitent et périssent avec la grande industrie; le prolétariat, au contraire, en est le produit le plus authentique.
Les classes moyennes, petits fabricants, détaillants, artisans, paysans, tous combattent la bourgeoisie parce qu'elle est une menace pour leur existence en tant que classes moyennes. Elles ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices; bien plus, elles sont réactionnaires : elles cherchent à faire tourner à l'envers la roue de l'histoire.
»

Mais en même temps la petite bourgeoisie va continuer à poser problème.

Le socialisme en Europe a toujours été dominé par le socialisme petit bourgeois. Quelle est sa substance ? Critiquer la bourgeoisie sans remettre en cause son existence et l'existence, 1- de la propriété privée 2- des principes de liberté qui vont avec

Quelle est l'attitude de la petite bourgeoisie vis à vis des autres classes sociales ? Elle cherche dans tout groupe social un moyen de pression, de chantage contre la bourgeoisie. Par exemple le prolétariat est pour elle un moyen de pression parmi d'autres : femmes, gays, "racisés". Pour elle tout ça est la même chose : des "opprimés" qui sont autant de petits soldats prêts à s'embarquer dans leur caprice et leur chantage infantile. La petite bourgeoisie cherche l'équilibre, elle veut des forces contraires qui s'annulent à son avantage à elle. Pourquoi ? Afin que rien ne bouge et qu'elle persiste en tant que petite bourgeoisie.

Par exemple le français Proudhon allait exactement dans ce sens petit bourgeois. Il critiquait la bourgeoisie mais ne voulait surtout pas la dépasser. Par exemple il affirmait «la propriété c'est le vol» (celle des bourgeois) tout en défendant la propriété privée des petits bourgeois. Les socialistes comme Proudhon, Jaurès, Guesde, Kautsky, Berstein (etc.) voyaient le mouvement syndical et prolétaire comme un moyen de faire pression sur les bourgeois, pour que rien ne bouge. Que ce soit aux Etats-Unis, en Europe continentale ou en Angleterre, le socialisme (petit bourgeois) est totalement réactionnaire.

La petite bourgeoisie ne s'imagine pas un meilleur monde possible qu'un monde où elle existe en tant que petite bourgeoisie. Elle ne veut pas laisser progresser la conscience des prolétaires. Elle veut entraver le processus historique et «résister» à la marche de l'histoire, défendre ses «acquis sociaux». Par exemple les petits bourgeois pensent qu'il faut «changer les mentalités», promouvoir la culture. Leur but n'est pas de transformer la réalité, mais de la préserver. Leur «culture» est ce à quoi il s'accrochent pour se consoler de leur déclassement. Leur véritable but : nier l'évolution de la société qui se fait à leur dépens, empêcher le prolétariat d'avoir sa propre conscience de classe.

La petite bourgeoisie n'aime pas vraiment le marxisme. Ce qui l'intéresse c'est juste le cachet de sérieux de Marx. Marx était du côté des prolétaires, il voulait la dictature du prolétariat, le renversement de la société capitaliste. Marx avait démontré que la crise du capitalisme était inévitable. Bien sur la petite bourgeoisie ne veut pas entendre tout ça. Donc les petits bourgeois ont essayé de détruire Marx, de le "corriger", de le "réviser". Par exemple en répétant ses phrases en dehors de leur contexte, en en faisant des dogmes. "Marxiens" "Trotskystes" "Maoïstes". On connaît tous le côté sectaire, confus et renfermé des soit disant partis communistes en Europe, même aujourd'hui. Combien de groupuscules, de sous-groupuscules, de branches, de séparations, de tendances, de scissions, etc. ? Si ils sont aussi sectaires et dogmatiques, c'est qu'il y a une raison simple : la petite bourgeoisie qui est partout présente dans ces mouvements.

Les marxistes auront encore longtemps sur leur route la petite bourgeoisie et son révisionnisme. En France, il n'a jamais existé non plus de vrai parti communiste. Le PCF n'a jamais été vraiment marxiste non plus. L'impérialisme a tellement embourgeoisé le peuple. Il faudra encore des années de déclin de l'impérialisme, plus un combat méthodique contre le socialisme petit bourgeois. Tout cela va prendre du temps.

Informations sur ce site

Ce site entend donner aux communistes les outils intellectuels et idéologiques du marxisme-léninisme. A son époque déjà, Lénine notait "la diffusion inouïe des déformations du marxisme", il concluait que "notre tâche est tout d'abord de rétablir la doctrine de Marx". Ces éléments théoriques ont pour but de participer à la formation des jeunes cadres dont le parti du marxisme révolutionnaire aura besoin en France au cours des prochaines années. A son époque, Marx remarquait déjà "qu'en France, l’absence de base théorique et de bon sens politique se fait généralement sentir". Le manque de formation marxiste-léniniste est un obsctacle majeur à la construction d'un futur parti et un terreau fertile au maintien (voire au retour) des thèses réformistes, révisionnistes, opportunistes qui occupent actuellement tout le terrain sous une multitude de formes. Ce site n'est qu'une initiation au marxisme-léninisme. Les textes ne sont pas suffisants à la maîtrise du marxisme, ils sont une tentative de vulgarisation, d'explication de la pensée marxiste, ainsi qu'un éclairage de l'actualité à l'aide de cet outil. Il va de soi qu'une lecture des classiques du marxisme-léninisme est indispensable.


Vive la révolution marxiste du prolétariat !