La question juive en URSS
A propos des juifs d'URSS, de la question sociale et des enjeux nationaux
La question juive était un problème important en URSS. Il semble que peu de gens comprennent vraiment les tenants et les aboutissants de ce problème. Aussi il convient de raconter un peu l'histoire de la question juive en URSS.
D'abord qui sont les juifs ashkénazes, les juifs d'europe de l'est, ceux qui vivaient notamment en URSS ?
Les juifs ashkénazes n'ont rien à voir avec les juifs de la bible. Les juifs ashkénazes sont un peuple turco-mongole ou hunnique, c'est à dire un peuple des steppes nomade ou semi-nomade en provenance des montagnes de l'est de l'Asie. Les migrations de ces peuples vers l'Europe et la Chine pour se sédentariser couvrent une large période historique. Le peuple juif en particulier, les ashénazes, sont l'un de ces peuples, arrivé en Ukraine au moyen-âge. Ils y fondèrent une civilisation sédentaire entre la Crimée, l'Ukraine et le nord du Caucase. L'empire khazar s'est converti au judaïsme au moyen-âge, sans doute parce que la religion des juifs, une religion de nomades cherchant la "terre promise", faisait écho à leur propre situation.
Cet empire ne dura pas très longtemps. Les descendants de ce peuple sont principalement les juifs ashénazes actuels, mais certains se sont convertis à l'islam sous l'impulsion de l'empire ottoman (ainsi, probablement les tatars de Crimée et les tchétchènes). Retournant à une situation semi-nomade, ce peuple vivait, comme beaucoup de peuples nomades, du commerce. La route de la soie qui reliait l'Europe à la Chine leur conférait une place dans ce commerce, comme aux lombards, ou aux phéniciens à une autre époque.
Il suffit de voir les noms de juifs ashénazes pour voir qu'il n'ont rien à voir avec la palestine ou les arabes. Par exemple Domnique Strauss-Khan (Khan → Gengis Khan), Jacques Attali (Attali → Attila). On voit clairement la consonnance mongole ou hunnique.
Depuis le règne d'Ivan le terrible, c'est à dire de puis l'émergence de l'empire Russe, les juifs étaient interdits en Russie. Avec l'extension de l'empire Russe, de nombreux juifs vivaient à l'intérieur de l'empire, et étaient contraints de rester à l'extérieur d'une zone (à peu près la Russie actuelle), tandis qu'ils pouvaient vivre en Ukraine ou en Pologne par exemple. Cette zone d'exclusion n'a pris fin que par l'action des bolcheviques après la révolution de 1917.
On accuse tantôt les bolcheviques de "judéo-bolchevisme", tantôt d'antisémitisme (notamment Staline après la seconde guerre mondiale).
En réalité, ces deux thèses sont complètement fausses. Il faut rappeler à ceux qui ne savent pas réfléchir que les marxistes posent les problèmes en terme de lutte des classes et nom en terme de "pro-juif" ou "anti-juif". Ainsi le peuple juif, comme tous les peuples, est divisé en classes sociales opposées les unes aux autres. Ce n'est pas un choix, une sorte de style, mais un fait scientifiquement établi, que pour comprendre toute société, il faut partir du mode de production, de la division du travail et de la division de la société en classes avant tout. C'est la considération principale que le marxisme a découvert pour comprendre la société.
Beaucoup de juifs engagés en politique en Russie faisaient partie du Bund, un parti qui souhaitait séparer le prolétariat juif et le prolétariat des autres peuples afin de mener leur propres luttes. Il s'agissait en fait de la lutte de la bourgeoisie juive ou de la classe moyenne juive qui cherchait à obtenir des droits au même titre que les autres sujets de l'empire Russe. Il s'agissait donc de luttes purement bourgeoises, le Bund était un adversaire des bolcheviques.
La spécificité du peuple juif, du fait de son histoire, est le fait qu'il est également traversé par des différents ancrages nationaux. Les juifs ne sont pas une nation. Une nation suppose tout d'abord un territoire commun. Or les juifs d'Amérique, de Russie ou de France vivent sur des territoires différents, parlent souvent une langue différente, ont en général une culture différente, et ainsi de suite.
L'idée de fonder une "nation juive" (le sionisme), renvoie à la fois au projet biblique, et à la fois à l'achèvement de la formation partout en Europe des nations capitalistes à partir du 18ème siècle. C'est ainsi que la bourgeoisie juive de chaque pays entendait elle aussi avoir "sa" nation. Pour ce faire, elle devait lutter à la fois contre l'intégration des juifs dans leurs nations réelles (car la nation juive a toujours été un projet imaginaire sans aucune base concrète), et aussi lutter contre la solidarité de classe du prolétariat juif avec le prolétariat de chaque pays.
Concernant le nombre importants de juifs au sein des rangs des bolcheviques (et du premier gouvernement bolchevique), cette accusation simpliste vient de gens qui ne savent pas réfléchir ou qui n'ont qu'une connaissance superficielle de l'histoire de la Russie. En réalité, à partir du 19ème siècle, les juifs participaient activement aux mouvements politiques en général et pas seulement au partis socialistes. Aussi bien les mencheviks (c'est à dire les adversaires des bolcheviques comme Trotsky), que les socialistes-révolutionnaires, ou encore les anarchistes, les partis libéraux, conservateurs, ou partisans de l'ancien-régime, tous comportaient une forte composante juive dans leurs rangs. La raison est que du fait de la problématique nationale juive et de leur discrimination, les juifs étaient forcés de fait à s'intéresser à la politique. De manière générale les "provinciaux" (géorgiens, polonais, ukrainiens, etc.) avaient une forte activité politique, y compris et surtout dans les mouvements révolutionnaires socialistes ou les mouvements nationalistes. Les juifs ne sont donc pas les seuls à avoir participé de façon importante aux mouvements politiques de l'époque. Staline lui-même par exemple était géorgien.
Peu importe l'issue des évènements de 1917, il était évident que des juifs auraient fini par arriver au gouvernement du fait qu'ils étaient présents dans tous les partis de l'époque. Par conséquent, l'accusation de "judéo-bolchevisme" est complètement erronée. La majorité des juifs de l'époque faisaient partie de la classe moyenne, c'est à dire étaient des petits artisans ou petits producteurs (petite bourgeoisie). En réalité la majorité des juifs de l'époque était donc opposée aux bolcheviques, du fait de leur situation de classe. La majorité des juifs était en réalité plutôt conservatrice et une bonne partie d'entre eux ont aussi participé à la guerre civile contre les bolcheviques.
La réalité de la lutte de classes fait qu'il n'y a pas de juifs "en général" mais des juifs pauvres, des juifs riches, et ainsi de suite ; que leur intérêt de classe n'était pas le même et que par conséquent le critère "juif" ne permet pas de comprendre la réalité politique de la Russie de l'époque.
La lutte de classes au sein du peuple juif était bien réelle. La bourgeoisie juive en Russie collaborait souvent avec les pogroms (contre les juifs pauvres) afin d'enfermer ceux-ci dans leur identité de juifs et de les détourner de la solidarité de classe avec le prolétariat russe, ukrainien, etc.
De même la bourgeoisie juive et sioniste de divers pays vis d'un bon oeil l'arrivée au pouvoir d'Hitler. L'accord Haavara est un accord signé le 25 août 1933 après trois mois de négociations entre la Fédération sioniste d'Allemagne, la Banque anglo-palestinienne (sous les ordres de l'Agence juive, une agence exécutive officielle en terre palestinienne) et les autorités économiques du régime de l'Allemagne nazie d'Hitler, arrivé au pouvoir le 30 janvier 1933. Cet accord permettait le transfert des juifs d'Europe vers la palestine, là où la bourgeoisie juive comptait créer sa nouvelle nation. Le projet fut ensuite repris après la guerre avec les états-unis pour donner naissance à l'état d'israël dans un territoire appartenant à l'époque à l'empire britannique.
Cette bourgeoisie juive, alliée aux bourgeoisies américaines et des pays d'europe occidentale fit tout pour utiliser le sionisme afin de nuire à l'unité des peuples soviétiques. C'est ainsi qu'une partie des juifs d'URSS, y compris au sein de l'appareil d'état, passa dans le camp sioniste. Ce projet de collaboration de classe, anti-communiste (maquillé par un "socialisme de kibboutz") était contraire à l'unité des peuples soviétiques. Une partie des juifs d'URSS émigra en israël et une autre partie trahit ouvertement l'URSS pour le compte des pays capitalistes occidentaux et israël. C'est en réaction à ce mouvement que l'URSS créa la doctrine de l'antisionisme soviétique (sionologie). La dénonciation marxiste du cosmopolitisme de cette bourgeoisie juive, à l'époque, était tout à fait logique, et n'a rien à voir avec de "l'antisémitisme". En réalité, la "nation israëlienne" est une fiction puisque les citoyens de cette nation sont des immigrés provenant de nations différentes, avec une culture différente et une langue différente. Voilà pourquoi les soviétiques parlaient de cosmopolitisme.
Il faut bien comprendre le point de vue marxiste sur la question nationale. Le marxisme reconnaît l'existence des nations. L'URSS était en partie parvenue au but de créer une nation soviétique, dépassant les anciennes nations (Russie, Ukraine, etc.) : une langue commune, une culture socialiste-démocratique, un territoire et une intégration économique socialiste, le tout avec des peuples de religions différentes et vivant en paix entre eux. Tel est le projet que les pays capitalistes d'occident ont tout fait pour faire voler en éclat, notamment avec le sionisme, et plus tard avec les autres formes de nationalisme (que les révisionnistes Khrouchtchévien ont contribué à renforcer en décentralisant l'administration et la planification avec la réforme de 1957 qui mettait fin au socialisme).
Certains accusent Staline d'être devenu antisémite après la deuxième guerre mondiale. Rien n'est moins vrai. La lutte contre le sionisme était déjà menée par les bolcheviques. Voici le point de vue professé par Staline en 1913 dans son article sur le marxisme et la question nationale :
« Et la vague de nationalisme belliqueux, partie d'en haut, toute une suite de répressions de la part des « détenteurs du pouvoir », qui se vengeaient sur la périphérie pour son « amour de la liberté », provoquèrent une contre-vague de nationalisme montant d'en bas, qui se transformait parfois en un grossier chauvinisme. Le renforcement du sionisme [Sionisme, courant politique nationaliste-réactionnaire, qui avait des partisans dans la petite et la moyenne bourgeoisie juive commerçante et artisanale, parmi les intellectuels, les employés de commerce, les artisans et dans les couches les plus arriérées des ouvriers juifs. Ce courant se donnait pour but d'organiser en Palestine un Etat bourgeois juif propre et cherchait à isoler les masses ouvrières juives de la lutte commune du prolétariat.] parmi les Juifs, le chauvinisme croissant en Pologne, le panislamisme [Panislamisme, idéologie politique des couches supérieures turques, tatars, etc. (khans, moulahs, grands propriétaires fonciers, marchands, etc.), qui tendaient à réunir en un tout unique tous les peuples confessant l'islamisme (religion musulmane). Un autre courant proche du panislamisme, c'est le panturquisme ; celui-ci tendait à grouper les populations musulmanes turkies sous le pouvoir des Turcs.] parmi les Tatars, le renforcement du nationalisme parmi les Arméniens, les Géorgiens, les Ukrainiens la tendance générale du philistin à l'antisémitisme, autant de faits connus de tous. »
Ici Staline fait référence à la vague de nationalisme que le régime tsariste a agité lors de la guerre contre le Japon en 1905. La défaite russe a mené ensuite à la première tentative de révolution. L'échec et le reflux de la révolution a entraîné un regain de nationalisme, mais cette fois au sein des peuples opprimés dans l'empire Russe, menaçant d'entraîner le prolétariat dans cette vague de chauvinismes multiples, et donc de briser l'unité du prolériat et l'internationalisme prolétarien.
« La nation est une communauté stable, historiquement constituée, de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique, qui se traduit dans la communauté de culture. Et il va de soi que la nation, comme tout phénomène historique, est soumise aux lois de l'évolution, possède son histoire, un commencement et une fin. Il est nécessaire de souligner qu'aucun des indices mentionnés, pris isolément, ne suffit à définir la nation. Bien plus : l'absence même d'un seul de ces indices suffit pour que la nation cesse d'être nation. On peut se représenter des hommes ayant un « caractère national » commun, sans que l'on puisse dire toutefois qu'ils forment une seule nation, s'ils sont économiquement dissociés, s'ils vivent sur des territoires différents, s'ils parlent des langues différentes, etc. Tels sont, par exemple, les Juifs russes, galiciens, américains, géorgiens, ceux des montagnes du Caucase qui, à notre avis, ne forment pas une nation unique. »
La question juive en URSS est donc bien plus vaste que la question des 6 millions de morts du génocide par les nazis. On voit clairement quels sont les enjeux historiques et politiques derrière la question juive. A l'heure actuelle, le terrosisme intellectuel sur "l'antisémitisme" (réel ou supposé) tente aussi de masquer l'implication de la bourgeoisie juive de divers pays dans la persécution et l'éliminations des juifs (généralement des juifs pauvres) par les nazis. Il tente de maintenir les juifs pauvres dans l'enfermement "national" sioniste (cosmopolite), en lieu et place de l'internationalisme prolétarien et de la solidarité de classe.
Les sionistes en URSS, aidés des impérialismes américains et britanniques ont pris une part considérable à la guerre contre l'URSS et les représentants du peuple soviétique (Staline, Jdanov, etc.), notamment par des assassinats (fameux "complot des blouses blanches"), ils sont probablement directement responsables de la mort de Staline. La question du sionisme est un élément à prendre en compte pour comprendre le basculement de l'URSS après la seconde guerre mondiale jusqu'à la prise du pouvoir par les révisionnistes en 1956. La responsabilité directe des sionistes dans l'effondrement du socialisme est à prendre en compte dans les multiples causes qui ont conduit à la défaite des bolcheviques. L'assimiliation de l'antisionisme à l'antisémitisme apparaît totalement erronnée au vu de cet expoxé, les premiers véritables antisémites étant les sionistes eux-mêmes.
Informations sur ce site
Ce site entend donner aux communistes les outils intellectuels et idéologiques du marxisme-léninisme. A son époque déjà, Lénine notait "la diffusion inouïe des déformations du marxisme", il concluait que "notre tâche est tout d'abord de rétablir la doctrine de Marx". Ces éléments théoriques ont pour but de participer à la formation des jeunes cadres dont le parti du marxisme révolutionnaire aura besoin en France au cours des prochaines années. A son époque, Marx remarquait déjà "qu'en France, l’absence de base théorique et de bon sens politique se fait généralement sentir". Le manque de formation marxiste-léniniste est un obsctacle majeur à la construction d'un futur parti et un terreau fertile au maintien (voire au retour) des thèses réformistes, révisionnistes, opportunistes qui occupent actuellement tout le terrain sous une multitude de formes. Ce site n'est qu'une initiation au marxisme-léninisme. Les textes ne sont pas suffisants à la maîtrise du marxisme, ils sont une tentative de vulgarisation, d'explication de la pensée marxiste, ainsi qu'un éclairage de l'actualité à l'aide de cet outil. Il va de soi qu'une lecture des classiques du marxisme-léninisme est indispensable.
Vive la révolution marxiste du prolétariat !
![]() |
![]() |